Les nouvelles petites histoires de Mamido - Solène Tavernier - E-Book

Les nouvelles petites histoires de Mamido E-Book

Solène Tavernier

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Beschreibung

Ce deuxième opus des Petites histoires de Mamido est une véritable pépite de suspense et de mystère. À travers ces 27 courtes fictions contemporaines, Solène Tavernier vous embarque dans un voyage captivant où les rebondissements inattendus sont monnaie courante. Les personnages, tous plus fascinants les uns que les autres, vous entraînent dans des aventures drôles, touchantes, parfois tragiques, mais toujours passionnantes. Préparez-vous à devenir accro à ces petites histoires qui ne manqueront pas de vous surprendre à chaque tournant.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Solène Tavernier a longtemps été bercée par les fictions réalistes et les intrigues policières. Après une expérience dans le théâtre, l’écriture s’est imposée à elle comme un besoin vital, besoin qu’elle a modelé en participant à un atelier d’écriture. "Les nouvelles petites histoires de Mamido" est sa seconde production littéraire.

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Solène Tavernier

Les nouvelles

petites histoires de Mamido

Nouvelles

© Lys Bleu Éditions – Solène Tavernier

ISBN : 979-10-422-1306-0

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Le secret de Fernand

Fernand est un vieil homme chétif, mais solaire. Il habite une maisonnée à l’entrée du hameau. Qui ne connaît pas Fernand !

C’est « l’ancien » comme l’ont baptisé les habitants du village du fait de son âge avancé, 88 ans, ou « Merlin l’enchanteur » selon les enfants, car il porte les cheveux mi-longs et une barbe blanche.

Très alerte, il se promène régulièrement, sourire aux lèvres, armé de son bâton de pèlerin, coiffé d’une casquette à carreaux.

Particulièrement sociable, il fait chaque matin le tour des trois derniers commerces encore en activité. À la boulangerie, il achète sa demi-baguette pas trop cuite, à cause de ses dents et un chausson aux pommes, son péché mignon. Il continue immanquablement par un arrêt à l’épicerie où il passe en revue, tel un inspecteur, les différents rayons afin de vérifier que rien ne manque ; déformation professionnelle sans doute, car il a été l’épicier du village pendant trente ans.

Il termine sa tournée quotidienne au bar-tabac où il s’installe, heureux de lire son journal, papoter avec le patron et certains habitués comme lui.

Il y rencontre parfois le maire qui lui parle inlassablement de ses projets et surtout du manque de moyens. Les idées, ça n’est pas ce qui manque. Il n’y a que 810 âmes sur la commune, mais presque toutes sont forces de proposition.

Cependant il faut bien faire des choix. Cette année, le budget resserré ne permet pas beaucoup d’options.

« Il faudra décider entre la réfection de la cour d’école, le changement de certains jeux, la rénovation des murs du foyer communal, le remplacement des bancs sur la place principale… » lui a soufflé Monsieur le Maire, un peu découragé. « Le prochain conseil municipal va certainement être animé ».

Fernand dodeline de la tête. Cependant, de nature optimiste, il encourage l’élu à ne pas baisser les bras et à poursuivre ses fonctions.

Lui aussi a été maire autour des années 1970. C’est vrai qu’à l’époque c’était plus facile, car les administrés respectaient le premier officier municipal comme les élèves respectaient l’instituteur.

Beaucoup de nos valeurs ont disparu, pense-t-il, ce n’est pas pour autant qu’il dénigre la jeunesse. Les jeunes, Fernand les soutient. Peut-être parce qu’il n’a pas eu la chance d’avoir de descendance. Célibataire endurci, il n’a pas trouvé « chaussure à son pied » comme il aime répondre aux gamins qui l’interrogent parfois. Cependant des rumeurs courent. On le voit souvent se recueillir au cimetière sur la tombe de Rose et Émile, les anciens fromagers du village. Émile était le meilleur ami de Fernand. Les mauvaises langues disent que Rose était sa maîtresse et que son fils Robert, dont Fernand est le parrain, serait le fruit de leurs étreintes coupables.

Le vieil homme n’a jamais donné prise à ces rumeurs.

Robert a quitté le village après le décès accidentel de ses parents. Voilà plus de 20 ans qu’il vit au Canada où il a fondé une famille. Fernand a régulièrement pris de ses nouvelles les premières années puis les courriers et les appels téléphoniques se sont espacés avant de cesser définitivement. Son filleul n’a plus donné signe de vie, ce qui l’a profondément peiné.

Habituellement Fernand aime prendre son temps, cependant aujourd’hui il abrège la conversation avec le maire, car il a un rendez-vous important en début d’après-midi. Il passe casser une croûte en vitesse chez lui avant de s’apprêter en vue d’une grande occasion. À 14 h précise, il monte dans le bus qui dessert Grasse, la ville où se trouve son notaire à une vingtaine de kilomètres du village. Fernand vient de prendre la décision de modifier son testament.

Il a passé une heure en tête à tête face au notable. Le vieil homme retourne chez lui avec le sentiment du devoir accompli.

Trois mois plus tard, c’est le facteur qui découvre son corps sans vie, allongé sur le sol de sa cuisine, foudroyé par une crise cardiaque.

« L’ancien » a droit à tous les honneurs. Nombreux sont ceux qui assistent à son enterrement. Coïncidence heureuse, il est inhumé à côté du caveau de Rose, ce qui ne manque pas encore de faire jaser, d’autant plus que Robert a réapparu miraculeusement la veille des obsèques.

Sa présence parmi la foule ne fait pas l’unanimité. Les langues vont bon train. « Il vient toucher le magot », « il doit être couché sur le testament ». Les hypothèses les plus farfelues circulent de bouche à oreille. La plupart des proches de Fernand l’observent d’un mauvais œil.

Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’est pas le bienvenu.

Quelques semaines plus tard, c’est l’effervescence à la mairie. Un conseil municipal extraordinaire a été convoqué.

Le silence se fait quand l’élu pénètre dans la salle.

« J’ai une incroyable nouvelle à vous annoncer. Le notaire de Fernand m’a informé récemment que notre ami a légué ses biens et valeurs numéraires à la commune. Le montant net de l’ensemble s’élève à 150 000 euros ! »

Pendant quelques secondes, la stupéfaction laisse sans voix la plupart des participants puis quelques murmures de satisfaction rompent le silence. Avant même que l’euphorie ne s’empare de l’ensemble des membres, le Maire les avertit que le filleul de Fernand a formulé une réclamation, arguant du fait qu’il se revendiquait comme étant son fils.

Il a obtenu qu’un examen de l’ADN soit fait. De ce fait, l’exhumation du corps de « l’ancien » doit être pratiquée et selon les résultats le legs pourra être accepté définitivement ou refusé.

C’est la douche écossaise pour les conseillers municipaux.

Des cris de protestation s’élèvent. Chacun y va de son avis et le maire a bien du mal à calmer l’assemblée. Il exprime à voix haute ce que beaucoup d’entre eux pensent, à savoir que Fernand ne mérite pas ça.

Il va falloir patienter jusqu’à ce que les conclusions tombent.

Le Jour J est arrivé. Le maire a rendez-vous à l’office notarial.

L’officier public l’informe que les ADN ne correspondant pas, le legs à la mairie va être validé à l’issue des délais légaux.

Il lui explique ensuite que Fernand avait effectivement désigné Robert comme légataire universel sur son premier testament avant de venir le modifier au profit de la commune, un peu avant son décès.

Secret professionnel oblige, ce que le notaire ne dira jamais au maire, ce sont les confidences que Fernand lui a faites ce jour-là. Les rumeurs qui couraient au sein du village n’étaient pas totalement infondées. Rose était très proche de Fernand, mais elle n’était pas sa maîtresse. Fernand était l’amant d’Émile.

 

 

 

 

 

La convocation

 

 

 

Encore sous le coup de l’émotion, Véronique sort de la gendarmerie. Les pensées se bousculent dans sa tête. Comment aurait-elle pu imaginer en se rendant à cette convocation que sa vie en serait grandement bouleversée ?

 

Jusqu’à ce matin-là, sa vie de famille était plutôt ordinaire, la vie de monsieur et madame Tout-le-monde. Fille unique, issue de la classe moyenne, un diplôme technico-commercial en poche, elle travaillait dans le milieu de l’immobilier. C’est à l’occasion de la visite d’un appartement qu’elle avait rencontré celui qui devait devenir son mari. Alex était steward sur une grande compagnie aérienne. Très vite ils s’étaient mariés et deux anges étaient venus éclairer leur foyer. Ils vivaient en maison à Opio, une jolie petite commune des Alpes-Maritimes.

Passionné par son métier, Alex était devenu chef de cabine principal. Il était amené à se déplacer souvent. C’est donc très naturellement la jeune femme, très active et sociable, qui avait pris en charge l’organisation familiale. Afin de se faciliter le quotidien, elle avait créé sa propre agence indépendante, ce qui lui permettait de planifier son activité professionnelle en fonction de ses obligations maternelles. À 34 ans, elle consacrait la majeure partie de son temps libre à ses deux filles de 7 et 9 ans, celles-ci souffrant parfois de l’absence de leur père.

 

Assise au volant de son véhicule, Véronique se prend la tête à deux mains, fermant les yeux. Elle est effondrée. Elle ne veut pas croire ce qu’elle vient d’entendre. Il doit y avoir une explication rationnelle, il faut qu’il y ait une explication sinon elle va devenir folle. C’est un cauchemar. Elle va se réveiller et lorsqu’elle racontera son mauvais rêve à Alex à son retour, ils en riront ensemble. Elle revoit son visage souriant, ses yeux débordants d’amour après l’avoir longuement embrassée avant de partir. « Je reviens dans quinze jours ma chérie. N’oublie pas de confirmer l’hôtel à Porquerolles. J’ai promis aux filles une belle balade à vélo ».

Ça n’était pas la première fois qu’il s’absentait aussi longtemps, ça arrivait régulièrement en période de formation. Comme une demande de pardon, il ramenait parfois un sac plein de surprises aux fillettes qui l’attendaient avec impatience. Les jours suivant son retour, il était à ses petits soins. Il lui disait sans cesse combien il culpabilisait de la laisser tout gérer. À chaque fois elle le rassurait en lui rappelant que c’était leur choix dès le départ.

Toujours prostrée dans sa voiture, Véronique a l’impression que son cerveau va exploser. Elle est incapable de mettre de l’ordre dans ses idées, elle étouffe. Soudain sa respiration devient saccadée et bruyante. La crise de sanglot qui suit est si violente qu’elle la laisse pantelante.

 

Ayant vérifié son identité, les gendarmes lui avaient demandé si son mari s’appelait bien Alexandre Fauré. Elle avait acquiescé, étonnée par la question et assuré qu’elle avait été en contact téléphonique avec lui avant-hier soir. Généralement, lorsqu’il était en déplacement, il l’appelait en début de soirée. C’est vrai que la veille elle n’avait pas eu de nouvelles de sa part et n’avait pas réussi à le joindre, mais elle ne s’en était pas alarmée. Il arrivait qu’il ne téléphone pas lorsqu’il rentrait trop tard à l’hôtel.

Les fonctionnaires ne l’avaient pas rassurée quand ils l’avaient informée que son mari était recherché. Une plainte pour enlèvement et séquestration d’enfant avait été déposée à son encontre par une habitante de Meudon, la mère d’un garçonnet dont on était sans nouvelle depuis 48 heures. Interrogé, l’employeur d’Alexandre avait confirmé aux gendarmes qu’il ne s’était pas présenté sur son lieu de formation et que ce n’était pas son genre de ne pas prévenir.

Les enquêteurs ne pouvaient pas ou ne voulaient pas lui en dire plus. Ils lui avaient conseillé de ne surtout pas tenter de le contacter. Sa ligne téléphonique allait être mise sur écoute au cas où il l’appellerait et son domicile surveillé. Ils avaient refusé de répondre aux nombreuses questions qui se bousculaient dans sa tête. De quel enfant parlaient-ils ? Qui était la plaignante ? Elle et son mari ne connaissaient personne à Meudon. Il devait y avoir confusion. Un homonyme peut-être ?

Incapable de reprendre le volant, la jeune femme finit par appeler un taxi.

Il est à peine midi au moment où elle rentre. Ne se sentant pas d’affronter les petites à leur retour de l’école, elle prétexte un dîner important avec un client afin que leur grand-mère accepte de les récupérer et les garder cette nuit.

Elle est convaincue qu’Alex n’est pas l’auteur de ce rapt. Pourquoi aurait-il fait ça ? C’est un homme intègre, prévenant, attentif au bien-être de sa famille. Il adore ses deux blondinettes comme il les surnomme. Comment pourrait-il faire du mal à un enfant ? Alex avait toujours rêvé d’avoir un petit gars c’est vrai, de là à en kidnapper un !

La sonnerie de la porte d’entrée interrompt ses réflexions.

Deux enquêteurs se tiennent sur le palier.

Ce qu’ils lui révèlent va détruire ses espoirs et amplifier le cauchemar dans lequel elle est plongée.

 

Alex avait une double vie. Le garçonnet de 3 ans qui a disparu est son propre fils, même s’il ne l’a pas reconnu officiellement. La maman du petit a prouvé qu’il y avait cinq ans qu’Alex et elle étaient en couple. Elle ignorait, comme Véronique, qu’il avait une autre famille, néanmoins elle se doutait que quelque chose ne tournait pas rond.

Elle l’avait surpris en flagrant délit de mensonges à plusieurs reprises ces derniers mois. Elle avait évoqué leur séparation, ce qui avait déclenché une violente réaction de son compagnon qui ne voulait pas en entendre parler. Il était parti au milieu de la nuit, emmenant le gamin. Ne le voyant pas rentrer, elle avait prévenu la police.

En dépit des recherches lancées dès le lendemain, le véhicule et ses passagers n’avaient pu être retrouvés.

 

Véronique est abasourdie. Une double vie ! Elle refuse d’y croire. Elle l’aurait su ! Au fur et à mesure de l’avancée du récit des enquêteurs, elle prend conscience que l’homme de sa vie l’a trahie, pire il a trahi ses filles à qui il ne cessait de dire qu’elles étaient les prunelles de ses yeux. Il a menti à tous. Comment a-t-elle pu être dupe pendant toutes ces années ? Elle lui faisait entièrement confiance ! En une fraction de seconde, sa vie heureuse, si équilibrée, si protégée, vient de s’écrouler. Une peine incommensurable l’envahit.

Devant sa détresse les deux fonctionnaires l’invitent à contacter un proche pour venir la soutenir.