Les Règles de la méthode sociologique d'Émile Durkheim - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Les Règles de la méthode sociologique d'Émile Durkheim E-Book

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Après la longue gestation de sa thèse consacrée aux rapports de l’individualisme et du socialisme qu’il intitulera finalement en 1893 De la Division du travail social, et toute une série d’articles remarqués, Durkheim, alors professeur à la faculté des lettres de Bordeaux sur un poste créé spécialement à son attention par L. Liard, rédige, entre décembre 1892 et avril 1894, les fameuses Règles<, publiées initialement dans les tomes 37 et 38 de la Revue philosophique en 1894, puis, l’année suivante, sous forme d’un livre préfacé chez Alcan.

Une fiche de lecture spécialement conçue pour le numérique, pour tout savoir sur Les Règles de la méthode sociologique d'Émile Durkheim

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Seitenzahl: 56

Veröffentlichungsjahr: 2015

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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782852295575

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Karavai/Shutterstock

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Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Les Règles de la méthode sociologique, Émile Durkheim (Les Fiches de lecture d'Universalis).

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LES RÈGLES DE LA MÉTHODE SOCIOLOGIQUE, Émile Durkheim (Fiche de lecture)

Après la longue gestation de sa thèse consacrée aux rapports de l’individualisme et du socialisme qu’il intitulera finalement en 1893 De la Division du travail social, et toute une série d’articles remarqués, Durkheim, alors professeur à la faculté des lettres de Bordeaux sur un poste créé spécialement à son attention par L. Liard, rédige, entre décembre 1892 et avril 1894, les fameuses Règles, publiées initialement dans les tomes 37 et 38 de la Revue philosophique en 1894, puis, l’année suivante, sous forme d’un livre préfacé chez Alcan. Après le relatif discrédit dans lequel les polémiques entre positivistes et spiritualistes ont laissé la sociologie au sein de l’Université, l’ouvrage manifeste fermement l’intention de sortir la discipline de ses tâtonnements épistémologiques premiers en la dotant de principes méthodologiques forts et de normes de scientificité incontestables. S’appuyant, pour mieux fonder sa critique, sur les analyses abstraites menées par Comte et Spencer, sur l’autorité du rationalisme scientifique inspiré par la triade Descartes-Bacon-Galilée ainsi que sur le succès du raisonnement expérimental exposé par Claude Bernard, Durkheim affiche aussi, en attendant la légitimité définitive qu’il tirera à partir de 1897 de son école de pensée regroupée autour de L’Année sociologique, sa volonté d’occuper une place hégémonique dans un domaine disciplinaire devenu, avec la formation de groupes rivaux comme celui de l’Institut international de sociologie animé par R. Worms, extrêmement concurrentiel.

• Une quête de l’objectivité par la méthode et la preuve

Ouvrage de taille modeste, les Règles se composent de six parties qui, comme le précise l’Introduction, se donnent pour objectif commun de « faire une enquête sommaire sur les ressources les plus générales dont dispose l’investigation sociologique » en vue de construire « une méthode plus exactement adaptée à la nature particulière des phénomènes sociaux ».

Le chapitre I se propose de délimiter le domaine de la sociologie à l’aide d’une définition des faits proprement sociaux. Ces derniers, consistant en des « manières de faire, de penser et d’agir » qui peuvent autant être fixées dans des règles ou procédures formelles que s’exprimer dans des courants sociaux sous forme de sentiments collectifs plus labiles, ont pour traits distinctifs d’être « extérieurs à l’individu et doués d’un pouvoir de coercition en vertu duquel ils s’imposent à lui ». L’impératif d’écarter les prénotions, jugements de valeur et impressions subjectives qui entourent spontanément tout phénomène présent à l’esprit impose, pour que celui-ci devienne un véritable objet de science, de recourir en sociologie à une première règle déjà en vigueur dans les autres disciplines positives. En effet, il s’agira, explique Durkheim dans le chapitre II, d’adopter une méthode d’observation qui consiste à « considérer les faits sociaux comme des choses ». La caution qu’apporte la biologie en séparant conceptuellement la santé de la maladie, autorise Durkheim, dans le chapitre III, à étendre, sans tomber dans le piège idéologique, les droits de la raison sociologique à la recherche d’un critère objectif susceptible de distinguer en société le normal du pathologique. Érigée en condition de la scientificité de la sociologie qui pourra ainsi « servir à la direction de la conduite », « la généralité [sera] prise comme critère de la normalité » des phénomènes sociaux. Cette généralité, encore appelée type moyen, ne suffit pas à fonder la distinction en question qui requiert aussi la définition d’un nouveau concept, le « type social » que l’auteur présente brièvement, dans le chapitre IV consacré à la taxonomie et à la segmentation, comme intermédiaire à ceux d’humanité et de société particulière. Tout le travail de définition, de clarification conceptuelle et de classification n’est cependant qu’un préambule marquant les étapes d’un « acheminement à la partie vraiment explicative de la science ». À partir d’une critique du finalisme, le chapitre V fait ainsi prévaloir comme mode d’explication en sociologie, la démarche classique du raisonnement expérimental, en mobilisant le principe de causalité qui pourra être toutefois secondé par l’analyse fonctionnelle. La validité de l’explication est par ailleurs assujettie à l’administration de la preuve que Durkheim, à la suite de Mill, fait reposer dans le dernier chapitre, sur la méthode des variations concomitantes, c’est-à-dire sur la comparaison des covariations entre les facteurs retenus.

• Destin d’un classique de la sociologie

En dépit de sa contribution décisive à la construction scientifique d’une discipline jusque-là encore engluée dans « l’ère des généralités », ce véritable classique de la sociologie (réédité 27 fois) reçut à sa parution un accueil réservé. En effet, la rupture qu’offre la « choséification » du social par rapport aux compromissions idéologiques et rhétoriques des discours savants de l’époque, fut interprétée comme le signe d’un positivisme outrancier ou d’un « mysticisme » et d’une « mythologie nouvelle » (Andler), tandis que bon nombre d’auteurs (Tarde, Brunschvig, Halevy, et même les futurs durkheimiens Bouglé et Lapie) refusèrent la séparation très nette faite entre le social et le psychologique. D’une manière générale, les querelles, déclenchées autour du programme objectiviste, déterministe et naturaliste que les Règles défendent ouvertement, témoignent de l’opposition, constitutive de toute l’histoire de la sociologie, entre la tradition allemande de la compréhension, attachée à la spécificité épistémologique des Geistwissenchaften, et les tenants d’une explication empruntant, moyennant adaptations et ajustements, les voies démonstratives classiques des sciences de la nature. Au XXe siècle, l’exploitation de l’ouvrage, souvent réduit à l’éclairage théorique qu’il offre aux œuvres maîtresses de l’auteur (De la division du travail social, Le Suicide), déclinera l’ensemble du répertoire de la référence, allant, de la simple allusion positive ou dépréciative à l’argument d’autorité, de la recension neutre à l’authentique projet analytique. La diversité de ces utilisations et interprétations ne diminue en rien la valeur propre d’un écrit soutenu, malgré la présence résiduelle d’éléments métaphysiques, par une intention argumentative constante. S’attachant à la fois aux finalités pratiques de la sociologie, aux conditions générales d’accès à la prétention scientifique légitime et à la mise en place d’une procédure d’objectivation valable pour tout objet d’étude, les Règles intéressent principalement l’épistémologie et renvoient, autant pour leur destinée particulière et les filiations complexes qu’elles suscitent que par leur contenu heuristique, à la question toujours actuelle de la nature et du statut de la connaissance sociologique.

Éric LETONTURIER

Bibliographie
E. DURKHEIM, Les Règles de la méthode sociologique