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Quatre nouvelles pour quatre relations.
Un amour salvateur
Un père et son fils
Des amants tragiques
Une amitié toxique
Das E-Book Liberty wird angeboten von BoD - Books on Demand und wurde mit folgenden Begriffen kategorisiert:
nouvelles, amour salvateur, amour père/fils, amants tragiques, amitié toxique
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Seitenzahl: 69
Veröffentlichungsjahr: 2024
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MESSAGE AUX LECTEURS
LIBERTY
LE PÈLERINAGE
LE SYNDROME DES INSÉPARABLES
THÉRAPIE VÉNÉNEUSE
Si le passage à l’autoédition m’a bien apporté quelque chose, c’est la liberté. Aucun lien pourtant avec le titre de la nouvelle éponyme de ce recueil mais la coïncidence est belle.
Je n’ai plus besoin de réfléchir en terme de ligne éditoriale, de délai ou de confiance… Je travaille avec qui je veux et je peux enfin transmettre certains textes, courts ou non, anciens ou non, que je souhaite partager avec les personnes assez curieuses pour tourner ces pages.
J’ai écrit peu de nouvelles dans ma « carrière » (à vrai dire elles sont toutes dans ce recueil), mais il me tenait à cœur qu’elles prennent leur envol. Je leur dois bien ça. J’ai même l’impression de devoir cela à tous mes écrits. Chacune de ses nouvelles a été un exutoire, une idée longtemps germée qui a enfin vu le jour. Pourquoi les laisser dans un ordinateur, cachées de tous ?
Une sorte de hasard (il n’y a pas de hasard) fait ressortir un thème assez clair et une énergie commune à ces histoires…
Parcourez ces pages en vous immergeant dans une compilation de piano de Ludovic Einaudi. Laissez-vous aussi emporter par Alyve Music, et ses morceaux Nightscape, 37 et les autres.
Alors les voilà… dans un ordre déchronologique d’écriture…
Il est des hommages qu’on veut crier au monde.
(Achevée à l’automne 2022)
À ma femme, A. À ma fille, N. Et à ma fille, D.
*
Ce texte est né de l’écoute d’une chanson de Kelly Jones nommée « Liberty », tirée de l’album Only the names have been changed. Si les sujets n’ont rien à voir entre eux, ce titre m’a inspiré une ambiance, puis une histoire.
*
Je fus réveillé par une impression de début de vie. Comme une seconde naissance. J’étais un nouveau-né avec la conscience qu’il ne savait rien.
Je renaissais sans pleurs, sans cri, sans peur.
Dès mon réveil, mon esprit se focalisa sur la sensation de chaleur et d’inconfort. Mon corps reposait sur une surface dure, chaude et granuleuse. Mes yeux s’ouvrirent en luttant contre la lumière vive du soleil pour découvrir le bitume gris sur lequel j’étais allongé et, au-delà, le sable rouge.
Je ne bougeai pas.
Malgré l’urgence qu’aurait pu éveiller en moi le fait d’être au beau milieu de ce qui semblait être une route, je demeurai immobile. Le vent chaud soufflait en silence, charriant avec lui des nuées de poussière. Je me sentais étrangement bien, en dépit de cette incompréhension lascive. À plat ventre, la joue gauche écrasée contre le sol, les yeux ouverts sur le rien et les mains posées au niveau de ma tête, je me laissai le temps de décider. Allais-je me rendormir, me lever ou mourir ?
Rien ne m’obligeait à trancher. Pas pour l’instant.
Mes yeux engourdis captèrent l’encre noire au creux de ma main à demi ouverte. Je n’eus qu’à faire légèrement pivoter le poignet pour prendre connaissance du message à peine caché :
Liberty
Ce mot et cette écriture allumèrent quelque chose en moi. C’était comme si le lire avait donné vie à une partie de ma conscience.
Il n’y avait rien eu avant.
Pas ici.
Pas maintenant.
J’ouvrais les yeux sur cette existence nouvelle. J’aurais aimé vouloir paniquer, hurler, bondir sur mes pieds pour enfin agir et comprendre… mais il n’y avait rien de tout cela en moi. Cette absence de toute impulsion ne provoqua rien d’autre qu’un léger doute. La seule véritable énergie qui circulait dans mon être était l’éveil.
Prenant appui sur ma main droite, je roulai sur le dos, pour finir en étoile face au bleu du ciel. Pas un seul nuage ou avion pour venir casser la perfection du dôme azur. Les gravillons du bitume collés sur ma joue se décollèrent et allèrent retrouver le sol dans un cliquetis surnaturel. Rien ne bougeait, rien ne se passait. Le temps, la Terre, moi, nous étions là. J’appréciais de ne rien savoir, de ne rien espérer, de ne rien craindre, de ne pas désirer… J’appréciais juste d’être.
Je crois que je me rendormis. Je n’en suis pas sûr. En rouvrant mes paupières, le soleil était toujours là, épinglé au-dessus de moi. Il brillait sans aveugler.
Il me semblait que je pouvais tenir l’astre solaire entre mes mains, qu’il me suffisait de le décrocher pour le faire mien. Je tendis le bras. Mes doigts ne purent que frôler ses rayons et jouer avec. Flashs et ombres se succédaient devant mes yeux, créant des images rémanentes. L’espace d’une fraction de seconde, mon esprit se transposa à la place du soleil ; et je vis. Un immense désert rouge sans fin, une route comme un fil de couture tombé sur un sol de tomettes, et un point noir, les membres en étoiles. D’homme, j’étais passé à dieu puis de nouveau à homme dans l’éternité d’un claquement de doigts.
Un simple mouvement de bassin me fit passer à la station assise sans effort et je découvris enfin ma tenue. Un costume cravate noir, une chemise blanche et des chaussures de ville noires. Pas de montre, pas de chaîne, pas de bague. M’avait-on volé mes biens ? En avais-je seulement possédé ?
Me mettre enfin debout parut activer une énergie inattendue. J’éprouvai le besoin de dégourdir mes muscles, d’inspirer profondément, et même de grogner, comme pour me prouver que j’étais capable d’émettre un son, sans pour autant vouloir parler.
Face à moi, la route s’allongeait à l’infini, prenant exemple sur le désert. La planète Terre aurait aussi bien pu s’arrêter net sur la ligne d’horizon, comme tranchée par une épée divine, ou bien n’être qu’une boule de sable ceinturée d’une seule et unique route dans un décor monotone. Peut-être qu’avec de bons yeux, j’aurais pu me voir de dos, au loin, en train de m’observer, dans une boucle tout aussi infinie.
Mes jambes n’attendirent pas ma réflexion pour se mouvoir et faire un demi-tour, comme si elles savaient que la suite de mon chemin se trouvait par là.
Sur le bas-côté gauche, une maison en bois. Ou plutôt une immense cabane extirpée de mes souvenirs. Je l’avais déjà lue. Elle abritait un oracle ou une vieille dame, je ne savais plus. Les murs, jadis d’un blanc immaculé, avaient subi les assauts du sable. Son toit fatigué supportait avec peine une cheminée à moitié écroulée. Sur le porche, un vieux monsieur était assis sur un banc. Peut-être était-il mon oracle ?
Son pantalon large d’un bleu passé était tenu par une paire de bretelles marron qui contrastait avec son t-shirt jaunâtre. Il portait un chapeau mou et me regardait en mâchouillant une brindille. Ses mains étaient agrippées à une canne qui lui servait à reposer son menton.
— Je vous attendais, dit-il à mon intention en tapotant la place à côté de lui.
Je l’ignorai un instant, tournant sur moi-même pour me reconnecter au vide apaisant. Mes yeux se posèrent à nouveau sur l’endroit où je m’étais réveillé. C’était le point de départ de quelque chose. Le point d’arrivée aussi.
Mes pensées étaient confuses. Je sentais un tiraillement en moi, très doux, très lent, comme plongé dans le fond d’un lac à l’eau claire. Un Moi d’avant et un Moi de cet instant se disputaient poliment la place comme dans un jeu courtois de corps musical, les deux versions de moi-même, ne sachant laquelle devait prendre le contrôle.
Lorsque je reportai mon attention sur le vieil homme, il n’avait pas bougé, sa main toujours posée sur le banc dans une invitation à le rejoindre.
Mon corps se mit en mouvement. Je quittai la route qui m’avait vu naître, rejoignis le bas-côté et gravis les deux marches du perron avant de m’asseoir à ses côtés sans cérémonie.
Nous attendîmes. Les regards pointés sur le droit devant, vide et beau comme la croisée de chemin des choses qui avaient été, de celles qui sont, et des autres qui seraient un jour. Aucune pensée ne tournait dans ma tête, rien ne venait altérer ce moment de calme spirituel. Je fus donc surpris de moi-même lorsque je pris la parole :
— Pourquoi est-ce que je ne ressens aucun besoin de savoir pourquoi je suis là ?
— Parce que c’est là que tu es et que tu dois être ? tenta le vieillard.