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L’œuvre considérable du savant, philosophe et mystique persan Avicenne (Ibn Sīnā, 980-1037), comme celle de son maître Aristote, nous est parvenue incomplète.
Une fiche de lecture spécialement conçue pour le numérique, pour tout savoir sur Livre de la guérison d'Avicenne
Chaque fiche de lecture présente une œuvre clé de la littérature ou de la pensée. Cette présentation est couplée avec un article de synthèse sur l’auteur de l’œuvre.
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Seitenzahl: 46
Veröffentlichungsjahr: 2015
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ISBN : 9782852295322
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Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Livre de la guérison, Avicenne (Les Fiches de lecture d'Universalis).
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L’œuvre considérable du savant, philosophe et mystique persan Avicenne (Ibn Sīnā, 980-1037), comme celle de son maître Aristote, nous est parvenue incomplète. Ainsi, on ne connaît qu’un fragment de sa Philosophie orientale, qui en fut considérée un temps comme l’expression « ésotérique ». Le Canon de la médecine offre la somme du savoir médical de son temps – et une référence obligée jusqu’à la Renaissance –, dont il intègre la synthèse au principal traité philosophique que nous connaissons de lui, le Kitāb al-Shifā’ ou Livre de la guérison de l’âme.
Avicenne. Au carrefour de la pensée orientale et de la pensée occidentale, l'œuvre encyclopédique d'Avicenne (980-1037) recouvre tout le champ du savoir : de la logique et de la linguistique aux mathématiques, de la métaphysique à la médecine. Sur cette enluminure française du XVe siècle, on le voit aux côtés de deux autres grandes figures, Galien et Hippocrate, et en présence du clerc et médecin Guy de Chauliac (1300-1368), auteur d'un traité de chirurgie qui fit date. Bibliothèque nationale de France, Paris. (AKG)
Profond métaphysicien, Avicenne a subi l’influence d’al-Fārābī et de Plotin – assimilée à celle d’Aristote, car les Arabes (et après eux les Latins, jusqu’au XIIIe siècle) attribuaient au Stagirite une Théologie qui était en réalité d’origine néo-platonicienne. Le Dieu de la physique, premier moteur ou cause première, est-il le Dieu de la métaphysique ? Avicenne semble être le premier, dans sa réexposition de la Physique aristotélicienne, à avoir nettement marqué que l’être appartenant à la nature n’étant pas l’être nécessaire, la preuve de l’existence de Dieu ne peut pas appartenir à la physique, mais seulement à la métaphysique. La distinction de l’être créé et de l’être incréé formulée ensuite par Thomas d’Aquin, et la doctrine thomiste de l’analogie de l’être doivent beaucoup par conséquent à l’avicennisme. Les Latins considéreront la thèse de l’Intellect séparé, issue de l’interprétation avicennienne du De Anima d’Aristote, comme plus caractéristique encore. L’intellect actif du Stagirite y apparaît comme séparé de l’âme humaine, devenue, selon cette conception, seulement passive, car l’intelligible lui est donné de l’extérieur, l’âme ne pouvant mieux faire que de tendre vers lui.
Ce mouvement désirant vers l’Intelligible, assimilé au Bien, peut être appelé « amour ». Dans les débats souvent confus sur la mystique, on a parfois rapproché Avicenne de tendances gnostiques ou symboliques, supposées contraires à son inspiration métaphysique. Mais la question du lien entre l’amour et la connaissance n’en demeure pas moins l’une des formulations classiques de celle, plus générale, de la relation entre foi et raison. Le Livre des directives et des remarques (Kitāb al-Ishārāt wa-l-tanbīhāt), écrit dans le style concis et ramassé, presque cryptique, des Ishārāt (Les Instructions), marque bien le rapprochement avec le soufisme. La thèse controversée d’Henry Corbin (Avicenne et le récit visionnaire, 1954) rapproche une « angélologie » avicennienne de la mystique iranienne (et du « platonicien » Sohrawardī). Mais l’état parcellaire de la transmission de l’œuvre nous interdit d’assimiler tout à fait une éventuelle voie mystique d’union à Dieu avec la doctrine de l’intellect agent telle que l’exprime Avicenne.
L’influence d’Avicenne philosophe ne se limite pas à la pensée musulmane. Sa conception de la philosophie comme encyclopédie, intégrant l’ensemble des connaissances du temps, y compris leur dimension expérimentale, a été déterminante pour la scolastique occidentale, et reprise en particulier par Albert le Grand. Outre son rôle essentiel de relais, déjà évoqué, entre la doctrine péripatéticienne et la métaphysique thomiste, sa doctrine de l’âme a encore influencé tout le courant d’un « augustinisme avicennisant » (Étienne Gilson).
François TRÉMOLIÈRES
Avicenne est un des plus grands noms de la philosophie islamique et l’avicennisme se situe au carrefour de la pensée orientale et de la pensée occidentale. La forme du nom sous lequel Avicenne est traditionnellement connu dans l’histoire de la philosophie et de la médecine en Occident résulte d’une mutation de la forme authentique Ibn Sīnā, advenue au cours du passage de ce nom à travers l’Espagne. Cette mutation est déjà un indice de la double perspective sous laquelle on peut envisager l’œuvre d’Avicenne et, d’une façon générale, l’avicennisme : perspective occidentale, telle que nous l’avait léguée la scolastique latine