Lumeon Legends Redemption - Tom Chabiron - E-Book

Lumeon Legends Redemption E-Book

Tom Chabiron

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Beschreibung

Lumeon, un continent autrefois paisible, est aujourd'hui ravagé par la guerre, les génocides et les monstres. Cette terre est malade, affamée, terrifiée. Dans les villes, les clans de voleurs se multiplient, et dans les campagnes, les villages sont incendiés par centaines. Mais aujourd'hui, cette terre impie accueille un nouveau venu, un très vieil ennemi : Vali. La mort appelle la mort, les corbeaux en sont témoins.

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Seitenzahl: 340

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Note de l'auteur

Bienvenue sur Lumeon, un continent imaginaire rempli de magie, de mystère et d'aventure. Dans ce livre, vous allez découvrir un monde totalement nouveau. Mais prenez garde, à première vue, cette histoire semble ordinaire, mais vous pourriez être surpris des mystères et des secrets cachés derrière la surface. Un petit conseil, méfiez-vous des détails, car ils cachent souvent les secrets les plus importants. Bonne lecture, et que vos pas vous guident vers les sables chauds.

Tom Chahiron

SOMMAIRE

Chapitre 1

La première lune

Chapitre 2

L’homme à la hache

Chapitre 3

Dans la gueule du loup

Chapitre 4

Dans la lumière du cristal

Chapitre 5

Vieilles tignasses

Chapitre 6

Nuages noirs

Chapitre 7

La grande assemblée

Chapitre 8

Mort ou vif

Chapitre 9

Le véritable Lumeon

Chapitre 10

Entrevue royale

Chapitre 11

La vieille étoile

Chapitre 12

Sous la surface

Chapitre 13

Quand viendra l’aube

Chapitre 14

Les ailes de la liberté

Chapitre 15

Bataille sur trois fronts

Chapitre 16

L’élévation de Vali

Chapitre 17

Ce jour, cet instant

Chapitre 18

Le 23 juin

Chapitre 19

Avant et après

Chapitre 20

Une nouvelle route

Chapitre 1 La première lune

Le 11 novembre de l’année 201, selon le calendrier d’Ireon, Eksil, petit village du Nord. En ce lieu et à cet instant, tous les éléments clés de cette histoire se mirent en place, avec une précision d’horlogerie.

Aux alentours de trois heures du matin, tandis que la lune presque hivernale planait encore derrière son épais rideau de nuages. Un homme poussa la lourde porte boisée de son chalet. Il venait d’entendre un cri strident, et cela l’avait naturellement sorti de son sommeil. En quittant sa maison, il espérait découvrir l’origine de ce cri, et si cela était possible, de le faire cesser.

Il observa de toutes parts autour de lui, pourtant, à gauche comme à droite, rien, si ce n’étaient les croassements des corbeaux ainsi que le bruit calme du vent d’hiver poussant la neige dérangée par de belles traces de bottes. Mais par la faible luminosité actuelle, l’homme ne put distinguer ces empreintes, elles demeuraient invisibles.

Alors, sans détourner son regard du dehors, et comme pris d’un simple réflexe, l’homme leva la main vers son manteau de belle fourrure qui était tenu au mur par un petit morceau de bois finement taillé. Il n’avait nulle autre intention que de le vêtir pour sortir découvrir d’où provenait le fameux cri ayant troublé la nuit noire. Il fallait y être en personne pour comprendre, mais la température était si froide que le souffle de l’homme propulsait de la vapeur jusque très haut dans le ciel, et ce en très grande quantité. Mais malgré son intention de se couvrir, sa main n’atteignit pas l’habit, car avant cela, l’homme regarda au dernier endroit accessible depuis sa porte d’entrée : ses pieds. Il comprit alors enfin ce qu’était ce fameux cri.

Il fit tomber sa main le long de son corps, observant avec stupeur, la vapeur avait stoppé son ascension vers les cieux. L’homme en avait le souffle coupé.

Là, sur son porche, à même ses bottes, éclairé par une simple bougie murale et recouvert d’un épais drap blanc neige, un nourrisson, oui, un nourrisson, à peine endormi, tel l’ours débutant son long repos d’hiver, une fumée glacée sortant de ses toutes petites narines.

L’homme n’en revenait pas, il observa de nouveau à gauche, puis à droite, les corbeaux s’étaient envolés vers le sud-ouest, mais rien d’autre. L’homme s’essuya un instant les yeux. L’enfant était bel et bien réel, ce n’était ni un rêve ni un cauchemar, un nourrisson dormait en effet sur le pied de sa porte.

Mais à y regarder de plus près, l’enfant ne venait pas les mains vides, puisqu’il tenait entre ses petits doigts recroquevillés, un morceau de parchemin jauni légèrement abimé. Sans même devoir attraper la feuille, l’homme comprenait ce qui se dessinait sous ses yeux, et malgré cela, son visage n’exprimait rien d’autre que de la nostalgie, et de l’ébahissement.

Le silence contemplatif régna un instant dans le froid d’Ireon, ni l’homme ni l’enfant ne bougèrent le petit doigt. Tout à coup, un nouveau corbeau vint surprendre la nuit en se posant sur le toit du chalet, son croassement fit sursauter l’homme.

Ce dernier reprit alors confiance et se baissa tout de même pour attraper délicatement la note, en faisant bien attention au précieux sommeil du nouveau-né. Il la déplia lentement et l’observa, de l’encre noire sur un parchemin jaunit, une lettre comme on en voit partout, et comme on en écrit tous les jours, bien que d’ordinaire, on confie plutôt ce genre de lettre à des pigeons voyageurs, pas à des nouveau-nés. L’homme commença, malgré tout et sans attendre, à la déchiffrer :

« Mon cher Berlin, nul doute que ce présent te fera remonter de très anciens souvenirs, des souvenirs faussés par le temps, mais des souvenirs d’une grande puissance.

Je t’offre cette vie en gage de ma gratitude et, bien que tu en doutes encore, de ma très sincère amitié.

Élève-le comme s’il était ton propre enfant, mais surtout, ne t’entête jamais à le considérer comme plus faible que toi, car n’oublie pas que vous deux, êtes du même acabit, j’entends que vous avez la même valeur.

Signé : le corbeau »

L’homme se leva de nouveau, lettre en main, il n’avait toujours pas repris son souffle, pourtant, il eut la force de se tourner et de la poser sur la table la plus proche, puis il s’agenouilla sur la neige et saisit chaleureusement le nourrisson. Berlin le colla contre son cœur, les larmes coulant le long de son visage mélancolique.

Ainsi, sa décision était prise, Berlin élèvera cet enfant, et ce, comme si depuis toujours il était sa propre progéniture. Alors, le corbeau s’envola dans la sombre nuit d’hiver, et le temps reprit son cours au moment où la vapeur s’envola de nouveau vers la lune.

Chapitre 2 L’homme à la hache

Bien des années passèrent, le nourrisson devint grand et fort, son visage s’était endurci avec le temps, ses yeux brillaient désormais d’un vert éclatant. La silhouette de l’enfant devenu adulte marchait de ses bottes usées dans une poudreuse blanche, une cape de tissu bleu noirci recouvrait son corps, assombrissant son visage sous une capuche de mauvaise facture, laissant sa tête n’être visible que par la faible lueur de ses yeux vert émeraude.

Ses pas ainsi que son allure confiante et déterminée suivaient un sentier peu fréquenté des petites gens de ces terres gelées, il menait pourtant vers un lieu fort magnifique : la mer miroir. Et c’est évidemment là-bas que Vali, de son nom, devait se rendre, sans détour, en suivant précisément ce chemin tout tracé.

Cependant, ne vous y trompez pas, il ne s’y rendait guère afin d’observer les spectaculaires panoramas qu’offrait ce lieu, ou pour dénicher les trésors enfouis au cœur des abysses. Personne de conscient n’irait s’aventurer dans des eaux aussi glaciales pour quelque chose d’aussi futile. En vérité, son but se résumait à une chose, une simple tâche : traverser cette vaste mer. Pourquoi donc ? Ça, c’est une question qu’il vaudrait mieux poser directement à l’intéressé. Quant à cette histoire de traversée, et bien quelqu’un allait justement pouvoir l’y aider.

Mais pour l’heure, Vali se contentait de marcher dans un rythme régulier, laissant derrière lui les empreintes de son passage. L’homme traversa une forêt de sapins, puis un petit pont de pierre complètement recouvert de neige. Il croisa quelquefois des vagabonds comme lui, mais jamais il ne leur accorda ne serait-ce qu’un simple regard. La marche continua, un pas, puis un autre, sans aucun instant d’arrêt, et ce, durant une longue période.

Ainsi, ce fut au rythme de ses pas qu’une silhouette très lointaine se dessinait dans la brume glaciale d’Ireon, une silhouette plutôt petite, mais robuste. Vali la remarqua immédiatement, mais ce ne fut toutefois pas réciproque.

Il fallut attendre cinq bonnes minutes de marches supplémentaires afin que la silhouette remarque Vali. Puis, sans prévenir, cette silhouette se mit à hurler de toutes ses forces en direction de Vali :

— Hé ! Dépêche-toi, je n’ai pas toute la journée moi !

Une phrase très ironique quand on sait que dans le ciel à ce moment-là, seule la lune éclairait Ireon et nos deux silhouettes, mais le petit homme robuste avait crié cela partant d’un réflexe, il n’avait pas vraiment réfléchi. Néanmoins, la chose à retenir n’était pas vraiment celle-ci, en vérité, le plus incroyable venait avant, car le fait est que très peu de gens seraient capables d’entendre aussi clairement à une telle distance de la source du bruit, et en plein blizzard qui plus est. Pourtant, Vali n’eut aucun mal à comprendre distinctement les paroles de la silhouette, qui se tenait tout de même à presque un kilomètre.

Seulement, il savait que s’il lui répondait d’une phrase, quel que pouvait être le volume de cette dernière, l’homme au loin n’aurait très certainement entendu qu’un brouhaha de mots formulant un son grotesque que seul un individu proche de Vali n’aurait eu la capacité d’entendre, sans compter le fait pourtant primordial qu’il n’avait aucune envie de parler, le silence lui allait pour le mieux.

Ainsi, tout en avançant dans la froide neige nocturne, Vali saisit l’arme qu’il portait toujours à sa ceinture, dissimulée sous sa cape pour ne pas éveiller de soupçons. C’était une hache remarquablement bien décorée, un manche en bois de sapin particulièrement dur sur lequel était gravée une marque «  », et une lame à la teinte légèrement bleutée semblant plus robuste que du diamant brut. De l’autre main, il saisit dans une de ses poches, un vieux morceau de parchemin, une chose bien inhabituelle à transporter je vous l’accorde, mais, bien que pour les habitants de l’autre terre, cela puisse paraitre étonnant, ici en Ireon, les voyageurs ne partaient jamais sans un rouleau de parchemin.

Bien que généralement il ne serve qu’à allumer un feu afin de se remettre du froid frigorifiant, il pouvait aussi être utilisé pour écrire, comme pour prendre des notes d’un voyage ou inscrire un emplacement particulier. Toutefois, dans ce cas-ci, Vali ne transportait rien qui pourrait faire office de crayon, et comme le seul matériau aux alentours était de la poudreuse, l’homme dû ainsi faire un choix plus… inhabituel.

Aidé de ses dents tranchantes comme du métal, il s’entailla le pouce afin de faire sortir quelques gouttelettes de sang frais, suffisamment pour inscrire quelques mots sur le papier : « Amarre le bateau », de nouveau, cet acte étrange pourrait paraitre sauvage, et en effet, ici, aucune tradition ne justifierait un tel acte, pas plus en Ireon que sur Lumeon d’ailleurs. Mais Vali n’en avait que faire des coutumes et autres idioties de ce genre, pour lui, cette forme d’encre se trouvait parfaitement opportune, il écrivait avec un désintérêt total pour une action qui, vue par d’autres, pourrait être perçue comme totalement sauvage et insensée. En fait, il ne se demanda pas même un instant si son acte était cohérent ou simplement stupide, c’était juste un choix comme un autre.

Après sa prise de note sanglante, il enroula le parchemin autour du manche de la hache et le bloqua avec un bout de tissu qu’il arracha violemment de son vieux manteau. Une fois le message accroché, Vali saisit de pleine main la hache par son manche et la lança avec une très grande force dans le ciel, à tel point qu’elle laissa derrière elle une grande trainée bleuie et un son venteux très fort, tout cela bien sûr, en direction du fameux « bateau ».

Le message rouge vint se planter dans un saillant rocher moussu près de l’eau, et cela d’une telle force qu’il le coupa presque intégralement en deux. La silhouette, qui était en fait celle du capitaine du « bateau », qui, soit dit en passant, ressemblait plus à une vieille barque qu’à un fier navire prêt à chevaucher en haute mer, sursauta évidemment et fixa la belle hache avec une grande stupeur et une totale incompréhension.

Au bout de quelques secondes qui parurent plusieurs minutes dans l’esprit du capitaine, l’homme repéra le papier jauni accroché au manche de sapin et l’enleva avant de le dérouler. De nouveau stupéfait, l’homme vit le sang encore coulant de Vali, le sien ne fit qu’un tour, l’homme comprit que Vali, son futur client, posait très probablement un danger énorme envers sa propre vie. Le pour et le contre s’opposait dans sa tête, valait-il mieux partir en courant pour ne prendre aucun risque ? Ou faire preuve de courage en restant malgré la peur ? Le capitaine n’en avait aucune idée, ce fameux courage pourrait aussi s’apparenter à de la folie pure. Mais fier de son métier, le marin n’était pas très enchanté avec l’idée d’abandonner son bateau, mais c’est une autre pensée qui le fit pencher vers l’idée de tout de même conduire Vali au-delà de la mer, il naviguera évidemment le plus rapidement possible, et pour ne pas offenser son client, le marin prit la décision de réduire le cout monétaire habituel. Cette décision se fit après une simple réflexion, vu le sang et la force du lancer, nul doute que Vali aurait été capable de le saigner et de laisser son corps inerte près de la berge avant de partir lui-même à la mer avec le bateau, et la bourse du défunt marin comme prime, et courir n’aurait rien apporté au vu de la précision du lancer de hache. L’homme conclu que malgré toutes ses possibilités, seul rester lui apporterait un espoir de survie, un choix fort peu commun, mais très pertinent.

Enfin, tout ceci n’était que pure théorie d’un marin acculé par la peur, malgré ça, il s’agissait d’une conclusion bien logique compte tenu de la situation actuelle, que penser d’autre je vous le demande ?

Quelques minutes s’écoulèrent quand Vali arriva enfin près de la barque, et seulement maintenant, il dénia ouvrir la bouche :

— Allez marin, nous partons.

Son ton était détaché, presque comme si ces mots n’avaient pour lui aucun poids, mais du point de vue du capitaine, la voix de Vali était très autoritaire, grave et particulièrement pesante. Cela le rassura étonnement, lui qui avait pressenti quelqu’un de violent ou de méchant, se retrouvait déboussolé, il ne savait plus du tout sur quels pieds danser en voyant apparaitre cet homme, ce grand gaillard ne semblait pas méchant, simplement un peu excentrique, le capitaine cru d’ailleurs un instant apercevoir un soldat en la personne de Vali. Sa réponse fut donc accompagnée de cette voix surprise :

— Heu, eh bien oui, vous pouvez monter, mais… Le capitaine avala sa salive et reprit petit à petit sa pleine conscience en comprenant qu’il avait le devoir de faire bonne impression, Vali demeurait tout de même son client. Vous ne récupérez pas votre hache avant de monter à bord ?

Vali s’avança en effet vers le rocher glacé et retira violemment sa hache, ce qui, au passage, acheva de trancher la pierre en deux, ceci avant d’apercevoir le papier remit soigneusement à sa place, l’homme tourna son regard vers le capitaine puis arracha le parchemin pour le jeter à la mer. Après cela, Vali marcha de manière déterminée, comme au premier jour, vers le bateau, sans ajouter un seul mot. Le capitaine ne fut pas loin derrière, mais il avait choisi de tout de même garder une certaine distance de sécurité, l’histoire de quelques mètres tout au plus.

Et c’est ainsi que le voyage commença, Vali partant en quête des terres du sud dans un objectif plus que trop vague, laissant les hautes montagnes gelées d’Ireon derrière lui, et les horribles souvenirs qui l’accompagne avec. Enfin tout ceci n’était qu’un début, quoique pas pour le marin bien sûr, mais pour Vali, ce petit moment de calme maritime faisait partie de la première étape de son grand projet, le projet de sa vie.

Le grand homme observait donc la grande mer sous l’œil avisé d’une grande lune claire, une nuit de printemps, le paysage se dessinant sous ses yeux devenait, à mesure que le brouillard se retirait, simplement spectaculaire, la lumière bleutée de la nuit, entrecoupée à tout ce vide maritime et à l’immensité qu’il représente, tout ceci grâce à cette vaste prairie aquatique qui possédait des propriétés de réflexion uniques au monde.

La lumière se voyait reflétée presque entièrement, laissant croire que malgré les quelques vaguelettes, la barque flottait sur une mer de nuages et d’étoiles scintillantes, le tout sublimé par le miroir de l’astre blanc, illuminant les deux hommes de toute sa beauté. Cet aspect mer de nuages fut davantage amplifié lorsque le capitaine remarqua le morceau de parchemin flottant sur l’eau, de quoi penser que le papier traversait les nuages au gré des vents.

Le marin en fut époustouflé, à tel point que la peur quitta un instant son corps et laissa son émerveillement s’exprimer tout à fait naturellement :

— Ouah, c’est absolument fantastique ce que la nature peut faire de nos jours, cela me surprendra toujours autant, pourtant j’ai traversé cette mer un nombre incalculable de fois… Mais la peur reste la plus puissante des émotions, et son ton merveilleux changea rapidement en une voix moins certaine lorsqu’il aperçut le regard de Vali se tourner vers lui, heu, et vous ? C’est la première fois que vous venez ? Non ?

— Non, je suis déjà venue, mais pas par tel temps, quelle est cette magie ?

— De la magie ? Oh non, on dit que c’est un groupe de Magnae qui aurait créé ce miroir au-dessus de la mer, mais cela remonte à bien avant ma naissance, et la vôtre aussi, je suppose.

Le marin ne s’aperçut de rien, mais au moment où il prononça le mot Magnae, le visage assombri de Vali se durcit davantage que ce qu’il affichait déjà, et plus par respect que par curiosité, l’homme posa la question suivante :

— Marin, que sais-tu des Magnae ?

Le capitaine ralentit ses coups de rames frénétiques et mit sa main à l’horizontale contre son front, il observait en fait les terres qui commençaient à surgir au loin derrière une brume très lointaine, puis, il débuta sa longue réponse.

— Si je ne me trompe pas, les Magnae sont des fils ou des filles de dieux, ceux d’au-dessus, mais ils ne sont pas considérés comme des divins, car l’un de leurs parents est systématiquement humain ou animal, ils peuvent être considérés tels des demi-dieux, je suppose. Toutefois, leurs pouvoirs sont souvent aussi puissants que ceux de leur parent, parfois même supérieur. Enfin tout ça ce ne sont que de vieilles légendes que me racontaient parfois l’ancien de mon patelin, rien de véritable, ou même de vérifiable. D’ailleurs, je ne suis pas spécialement adepte de ce genre de religion fantaisiste, pour moi, le reflet du ciel dans l’eau n’a rien de magique, c’est un simple cadeau de la nature.

L’homme venait de faire preuve d’une grande force de caractère pour s’opposer à sa peur de Vali, mais outre cela, tout ce qu’il venait d’énoncer sans bavure se révélait tout à fait exact, ce culte était devenu la religion principale d’Ireon, elle était celle pratiquée par la haute reine, la personne la plus puissante du continent gelé. Mieux valait donc en connaitre les coutumes. Pourtant, une grande majorité des petites gens ne prenaient pas ces mythes au sérieux, ils faisaient simplement mine d’y croire pour ne pas éveiller les armes des grands de ces terres, ainsi, ceux croyant véritablement à cette culture devenaient de plus en plus localisés, malgré la peur.

— Oui, c’est bien ce que j’imaginais. Termina Vali de sa voix grave et autoritaire.

Après cela, quelques heures s’écoulèrent, les deux hommes vaquaient à leurs occupations, sans s’adresser une seule fois la parole, le capitaine ramant à pleins bras comme il se l’était promis et Vali polissant soigneusement sa hache à l’aide d’une pierre ramassée près d’un pont, l’ambiance semblait paisible, ou tout du moins en apparence.

Enfin, tout ceci allait prendre fin, y compris l’ambiance tendue de la traversée, car un événement tout à fait naturel et même circadien, pour ainsi dire, débuta. Car la nuit donna naissance à l’aube, et au soleil qui de sa lumière orangée transperça la brume pour illuminer la barque, se reflétant dans la belle hache du grand homme et surtout, dans la belle eau claire de la mer miroir.

— Nous approchons, je sens l’odeur des arbres, affirma Vali en tranchant le silence et la tension du capitaine.

— Oui, c’est vrai, Lumeon apparaitra bientôt clairement devant nous. Mais maintenant que j’y pense, vous ne m’avez toujours pas indiqué votre destination, quoique c’est en fait un peu tard pour le décider, l’homme prit quelques instants pour se concentrer puis reprit la parole, d’ici je ne pourrai pas vous amener partout, à la limite je peux vous conduire dans deux endroits. Ils sont plutôt opposés l’un de l’autre, un village de pêcheur plus à l’est ou une tour en ruine à l’ouest. Le second choix est moins accueillant, mais il est bien plus simple à atteindre d’ici, c’est comme vous le sentez, le village sera peuplé là où la tour sera très isolé de toute vie, alors, que décidez-vous ?

— Va vers la tour.

— D’accord, alors je tourne le bateau, nous y serons dans une vingtaine de minutes.

Le capitaine semblait très calme par rapport au début de la traverser, c’est comme s’il avait totalement oublié le coup de hache et la note de sang, ou même la carrure et les réponses de Vali, mais en réalité, c’était plutôt une sorte d’image que l’homme s’imposait, comme pour un spectacle où l’on imaginerait un public dévêtu afin de ne pas avoir l’ombre d’un doute sur sa prestation, et cela fonctionnait diablement bien pour le capitaine.

Et alors que le bateau s’approchait, l’ombre de la terre se retira, un vaste environnement apparu alors sous les yeux des deux regards observateurs, un endroit boisé, verdi de toute part, montagneux au plus loin, une terre comme on en connait plus en Ireon, là-bas, seules les montagnes gelées et les prairies de sable blanc recouvrent la roche continentale, sans parler de l’insupportable vent frigorifiant.

Ici, la terre semblait chaleureuse, et le soleil brillant à leur gauche venait enrichir cette impression. Tout était bien plus beau, bien plus vivant, il y avait même des oiseaux au-dessus de la barque, chose impensable en Ireon. Leurs chants mélodieux vinrent d’ailleurs réchauffer le cœur de Vali l’espace d’un instant.

Mais alors que ce dernier commençait à raccrocher sa hache par la droite de sa ceinture, se préparant à accoster sur Lumeon, un rugissement d’une puissance phénoménale vint le surprendre et fit stopper son mouvement, un cri si fort que le ciel lui-même paraissait trembler, on pouvait même entrevoir les arbres au loin qui se soulevaient dans tous les sens.

La barque se secoua dans toutes les directions, vacillant de manière incontrôlable, elle tanguait d’une force si brute que Vali lui-même crut qu’elle finirait par le fond.

Nul doute que seule une bête d’une taille totalement déraisonnable aurait pu causer un tel vacarme, une bête peu commune de toute évidence.

Et alors que le regard du capitaine se figea de terreur et d’incompréhension, celui de Vali resta très calme, et par ailleurs, extrêmement concentré, il fixait un point précis, un endroit près de la côte, comme s’il percevait une chose qui échappait totalement au marin. Et au lieu de ranger sa lame, il la garda bien en main, serrant le manche de sapin de toutes ses forces.

Dans cette scène totalement énigmatique, la mer s’ouvrit en un siphon gargantuesque duquel, sortie sans prévenir, une bête toute droit venue d’un conte mythique, comme celles des légendes de Lumeon, celles du sud.

Là, marchant sur l’eau agitée de la mer miroir, un gigantesque loup au poil gris bleuté et aux dents affûtées, il ne bougeait pas, mais son regard fixé sur la barque semblait pourtant en dire long, très long…

Cet enchaînement d’action parut interminable pour le capitaine, pourtant, seules soixante minuscules secondes venaient de s’écouler depuis le cri…

Elles furent cependant totalement suffisantes pour préparer Vali à sa première rencontre sur ce continent si éloigné d’Ireon, ce continent qui par ses mystères attire de plus en plus d’étranges personnages, le continent de Lumeon.

Chapitre 3 Dans la gueule du loup

Les yeux se fixaient entre eux, intensément, et avec un respect grandissant l’un envers l’autre, pourtant, une haine farouche sembla régner sur tout, Vali et la bête se jaugeaient, le regard de l’un plongé dans celui de l’autre.

L’homme se mit alors en position, prêt à lancer sa hache au moindre mouvement qui semblerait agressif, pourtant, la bête n’agit pas, elle se contenta de parler, d’une voix lente et intrigante.

— Ainsi, homme non-homme, tu souhaites pénétrer sur Lumeon ? puis-je te demander pourquoi quelqu’un comme toi voudrait venir sur une terre qui n’est pas la tienne ?

Le guerrier n’oscilla pas de sa posture, au contraire, il serra sa hache plus fort que jamais, calculant l’angle, vérifiant la trajectoire, et l’impact de son premier coup. Les mots de la bête avaient plus que jamais amplifié la tension actuelle.

— Tu n’es, je le constate, pas très bavard, homme nonhomme, alors, tu ne comptes pas donner suite à ma question, c’est regrettable. Je suis le gardien de ces terres, je les protège de tout danger, et tu ne m’as pas l’air d’apporter la charité, je n’ai donc aucun autre choix que de t’empêcher de cheminer plus en avant. Mais d’abord, j’aimerai connaître ton nom, par respect.

— Par respect ? Vali, je suis Vali d’Ireon !

— Intéressant, ton nom restera gravé dans ma mémoire, Vali d’Ireon, mais je remarque que tu ne me retournes pas la question… Je vais tout de même te donner le mien, hommes et femmes de cette terre me surnom, loup blanc, toutefois, de naissance, je me nomme Fenrir. La bête s’exprimait avec une très grande qualité, et également avec une lenteur qui rendait chacune de ses phrases mystérieuses et particulièrement intrigantes.

— Tu parles trop, loup blanc, approche ! lança Vali à son interlocuteur.

Aussitôt, et sans laisser le temps à sa proie de réagir, Vali leva sa hache et la jeta d’une force titanesque en direction de l’œil du loup.

Mais l’animal bondit dans les airs, évitant de justesse le coup mortel de Vali, puis il fonça droit sur la barque en se laissant tomber de tout son poids, tel un boulet au fond de l’eau.

— Tu ne me laisses donc pas le choix, je vais t’envoyer rejoindre les épaves ! hurla Fenrir.

Le guerrier dû faire preuve d’une agilité et d’un temps de réaction proche de la perfection pour réaliser son mouvement, car d’un coup, il se retrouva lui et le marin, de l’autre côté du loup, sur la terre ferme, les pieds sur une plage baignée de lumière pourtant à plus de cent mètres de la barque.

— Comment ? Le capitaine tenait son souffle coupé depuis presque deux minutes, et enfin il réussit à prendre une grande inspiration et à parler de nouveau, que se passe-t-il, Vali, que ? Comme est-ce possible ? Je n’ai absolument rien compris…

Mais le guerrier n’eut pas le temps d’écouter les propos interrogatifs du marin, son adversaire n’avait pas l’intention de lui accorder ne serait-ce qu’un instant de répit, alors instantanément après son mouvement, il se retourna et lança de nouveau sa hache, mais vers le pied de l’animal cette fois-ci.

— Hein, mais comment peut-il tenir sa hache ? le marin commença à s’interroger de manière plus cohérente sur le mouvement de Vali, je me souviens l’avoir vu lever le bras et serrer sa lame, puis il m’a agrippé de son autre main, et il a de nouveau tiré sa hache vers le loup, mais il a manqué son coup… Non ! Il ne l’a pas jeté vers l’animal ! C’est impossible puisqu’il venait de sauter dans les airs. Il a plutôt tiré là où se trouvait le loup, vers la terre. Mais pourquoi ? Tout ceci n’a aucune logique, après son tir, je me suis retrouvé sur la plage et Vali tenait sa hache de la main droite… J’ai beau réfléchir, je ne comprends pas une seconde de tout ce bourbier, et… un instant, Vali avait déjà lancé sa hache vers le loup, alors comment a-t-il pu la lancer une seconde fois sans l’avoir récupéré au préalable ? Et puis, en vingt ans, je n’avais jamais vu ce… ce loup blanc.

Pendant que le marin se creusait la tête dans l’espoir de comprendre, Vali continuait son spectacle, le tir en direction de la patte du loup fit mouche, car le guerrier se trouvait déjà accroché au pied de la bête, tenant sa hache fermement par le manche, elle avait entaillé profondément Fenrir qui pourtant, ne sembla rien ressentir.

Ce dernier, qui s’était élancé vers la barque, venait enfin d’atterrir, la réduisant en morceaux qui vinrent se jeter dans la mer, juste après ça, Fenrir se leva comme un cheval partant au galop, tout ceci dans l’espoir de faire chuter Vali qui se tenait fermement aux poils de l’animal.

Le guerrier commençait déjà à grimper le long de la jambe de Fenrir, il escaladait sur les longs poils de la bête qui se tordait de toutes parts, se servant de sa hache comme d’un pieu pour l’aider à monter. Vali atteint le sommet de l’animal en quelques secondes, là, il attrapa sa hache et sauta de toutes ses forces vers le ciel, il atteignit au moins vingt mètres de hauteur d’après le capitaine.

Et là, flottant dans le ciel matinale, éclairé d’une somptueuse lumière orangée, il se retourna vers le loup, le regard ferme, puis il fonça tête la première vers les yeux de l’animal, mais le loup compris le geste et se retourna à la dernière minute, posant lourdement son dos sur l’eau, alors, d’un rapide geste de la main, Vali lança sa hache vers le ventre du loup, mais l’animal profita de cette fine ouverture pour donner un coup de patte dévastateur au guerrier, il fut projeté à plus de deux cents kilomètre-heure en direction de l’est, fonçant à vive allure vers la mer miroir.

— Déguerpis de ma terre, guerrier à la hache ! s’écria le loup.

Le marin vu avec clarté le mouvement de la bête, aussi clairement qu’il aperçût Vali décoller à une vitesse extrême, et alors que tout semblait incohérent et totalement embrumé dans son esprit, un geste de Vali vint balayer la brume, et pour le marin, tout devint vite très clair.

Le guerrier plongeait vers l’est, chutant vers la mer, tout semblait terminé, la victoire de Fenrir paraissait déjà acquise. Pourtant à peine quelques centimètres avant d’atteindre l’eau, Vali disparut, et une légère lueur bleutée partant de sa position s’élança trois ou quatre fois plus rapidement par rapport à la vitesse de Vali en voltige, cette lumière fonça droit vers la hache, toujours en chute libre en direction du ventre du loup qui ne pouvait désormais plus faire quoi que ce soit pour l’esquiver.

Et là, lorsque la lueur atteignit enfin la hache, Vali apparut de nulle part dans une vague de particule bleutée, fonçant avec son arme vers le loup qui avait placé sa patte devant son ventre comme ultime bouclier.

Là, la capuche de Vali, resté miraculeusement en place depuis le début de l’affrontement, se retira de sa tête, laissant apercevoir au grand jour des cheveux grisâtres et une barbe âgée, sans son capuchon, l’homme donnait l’impression de faire face à un vieillard, un vétéran d’une soixantaine d’années au moins, son corps exprimait pourtant tout le contraire, il voltigeait et se battait avec l’acharnement d’un jeune homme.

Ainsi, dans l’ardeur d’une jeunesse vieillie, le guerrier saisit la hache de ses deux mains et se recroquevilla, l’arme dans son dos presque en contact avec ses pieds, puis il se mit à virevolter telle une toupie, une toupie façonnée en acier trempé et par le plus habile des forgerons.

Et avec toute la dévotion que la profession exige, l’arme fonça de toute sa brutalité en direction de la patte, et la trancha en deux dans une explosion horrifique de sang frais. Vali hurlait, il exprimait sa rage, sa colère, sa passion, puis, sans stopper son mouvement, il accéléra vers le ventre du loup qui ne se tenait plus qu’à quelques mètres, et dans une effusion de sang écarlate, l’arme ouvrit le ventre de l’animal en deux, laissant échapper le rugissement de douleur de la bête, signe d’une souffrance abominable.

Le combat venait de s’achever, Vali parvint à vaincre sa cible, en ne lui laissant aucune seconde de répit, et son dernier coup troquait tellement avec la force pure, que l’homme tournoya encore sous l’eau l’espace de quelques secondes, flottant dans le sang coulant de l’animal, avant de remonter à la surface à la nage, escaladant de nouveau le loup encore vivant, affaibli agonisant, se tordant de douleur, pourtant, seuls de l’admiration et un profond respect pour son adversaire berçaient son esprit.

— Tu as été un rival à la hauteur, repose en paix, loup blanc. Exprima Vali avec gratitude et remerciement.

Vali se tenait debout sur le ventre ouvert de l’animal, il observait sa tête illuminée d’une lumière orangée, faisant briller le sang écarlate.

Le loup cracha une vague de ce sang avant de répliquer au guerrier.

— Merci, merci pour cette bataille, Vali, homme à la hache… Mon esprit ne t’oubliera pas… Que les corbeaux soient avec toi… Ami.

Ce furent malheureusement ses dernières paroles, la bête venait de s’éteindre, plongeant dans les abysses de la mer miroir, laissant régner un silence macabre près de la côte de Lumeon. L’animal flottant sur l’eau depuis le début s’écroulait désormais au fond de la mer, partant rejoindre les épaves.

Vali lâcha sa hache vers la plage et se retrouva au côté du marin, observant le loup dans sa dernière chute, vers le lieu auquel il aura consacré l’entièreté de sa vie, la mer.

— Vous êtes extrêmement puissant, ce duel, je n’avais jamais vu cela, et vous n’êtes même pas essoufflé… Mais qui était donc ce loup ? Et qu’est-ce qu’il voulait dire par, que les corbeaux soient avec toi ?

Vali mit sa main sur l’épaule du marin, comme pour lui dire de laisser le silence exposer le reste. Le respect des morts allait bientôt devenir une des obsessions de Vali, bien qu’il l’ignorait encore. Ainsi, ils contemplèrent ensemble avec respect, la fin d’une bête remarquable, et jusqu’à ce que le dernier poil gris ne soit tombé dans les profondeurs ni Vali ni le capitaine n’ouvrirent la bouche.

— Que son âme repose en paix. Proclama respectueusement Vali, qui ne le voyait absolument pas comme un ennemi.

— Oui, adieu, Fenrir, loup blanc. Suivit le capitaine afin de soigner son image.

Vali saisit de la poche de son manteau toujours étonnement en bon état, un petit sac, il le jeta doucement au capitaine qui l’ouvrit aussitôt.

— Adieu, marin. Affirma Vali, partant déjà vers l’intérieur des terres.

— Quelle quantité, je n’en demandais pas tant ! De belles pièces sonnantes et trébuchantes, mais… Et mon bateau ! comment je vais faire maintenant ? Hééé ! monsieur Vali ! revenez ! le loup à démoli mon navire, comment vais-je retourner à Ireon ?

L’homme se retourna et observa le capitaine, ou plutôt l’ex-capitaine, son regard, sa posture, et si sa quête commençait par-là ? Cela serait une idée somme toute plausible, et pas des plus éloignée de son objectif initial, bien que pour l’heure, ce dernier demeure des plus mystérieux.

— Avances marin, tu as parlé d’une cité maritime, partons-y acheter un autre bateau.

— Euh, quoi ? Vous comptez faire tout ce chemin à pied ? Quel enfer ! s’écria le capitaine, et puis, qui va payer hein ! Je n’ai absolument pas assez d’argent pour acheter un nouveau bateau !

— Tu parles trop ! Avances ! Tu te reposeras à la tour. Dis Vali d’un ton ferme, tout en pointant de son index, le donjon délabré qui occupait la colline à quelques dizaines de mètres d’eux.

Le haussement de voix de la part de Vali vint rappeler au marin la dangerosité qu’il représentait, rester courtois était possiblement une bonne idée en fin de compte. Mais l’ex-capitaine n’était toutefois pas de la même confiance que Vali, il n’avait également pas la même vision de Fenrir que celle de l’homme à la hache. Vali le voyait comme un adversaire honorable, le marin quant à lui, le percevait simplement comme un fauteur de trouble, une sale bête ayant réduit son superbe navire en lambeau. Mais il dut bien admettre que sur le moment, la proposition de Vali se révélait comme la plus optimale.

— Bon, vous avez certainement raison, allons dormir un peu. Finit donc par accepter l’ex-capitaine.

Les deux avancèrent donc un pied devant l’autre en quête d’un lieu où trouver le repos, mais ni l’un ni l’autre ne se doutait que la mort de Fenrir venait de provoquer quelque chose de très grand, quelque chose que même la force brute de Vali ne pourrait mettre en échec…

Très loin au sud-ouest, dans un manoir en plein centreville de Dentro, capitale de Cihntra, l’un des pays de Lumeon, un homme profitait calmement d’une partie d’échecs.

Ses longs cheveux bruns foncés atteignaient ses épaules, se frottant avec un habit digne de la noblesse locale, et le visage de l’homme venait compléter cela, une barbe très fine parfaitement entretenue au même titre que ses sourcils, des yeux verts brillants, et une odeur de lilas très agréable.

Il se distrayait avec l’une des meilleures joueuses du continent, une brillante championne d’échecs : Alani.

— Tour blanc h2.

— Il est vraiment très fort, je suis totalement acculé, je ne peux que suivre le schéma qu’il a prévu, je n’ai pas d’autre choix, et même après ce tour, il faudrait qu’il commette une grosse erreur pour que je puisse retourner la situation à mon avantage, je ne peux rien faire pour le moment, pensa la joueuse de haut niveau, roi g1. Dit-elle à son adversaire.

— Roi d2, échec et mat.

— Incroyable, sa stratégie m’a totalement paralysé, je n’avais jamais vu un tel niveau. Eh bien, vous avez fait preuve de beaucoup de minutie durant ce match, bien joué monsieur. Félicita la joueuse.

— C’est vrai, mais maintenant que j’y réfléchis, j’aurai pu finir avec un coup de moins, un petit roc m’aurait assuré une victoire plus rapide.

— Vous êtes impressionnant, la partie vient à peine de s’achever et déjà vous en tirez des améliorations potentielles, si vous avez atteint un tel niveau en un mois de jeu, nul doute que vous deviendrez rapidement le meilleur de tous.

— Je te remercie.

À ce moment, un homme s’approcha calmement du vainqueur et lui murmura quelque chose à l’oreille, aussitôt, le visage du vainqueur changea du tout au tout, passant du calme contemplatif à l’expression d’un nouveau joueur gagnant sa première partie, une exaltation sans borne.

— C’est parfait, la partie va enfin pouvoir commencer, Alani retourne dans tes quartiers, je te payerais comme convenu pour ces matchs merveilleux. Dit-il en ricanant.

— Bien, j’y vais de ce pas. Énonça Alani la joueuse, avant de se retourner et de partir par la grande porte qui gardait cette grande pièce lumineuse.

L’homme la regarda faire et une fois hors de sa vue, il annonça quelque chose au messager qui venait de lui chuchoter à l’oreille.

— Jester, préviens les autres, le conseil annuel aura un peu d’avance cette année, affirma-t-il, un grand sourire aux lèvres.

Jester, le bras droit de l’homme, partit alors sans attendre prévenir on ne sait qui, mais que cache ce fameux conseil ? Et qu’est-ce que Jester a t’il murmuré à l’homme brun ? La question reste pour l’heure en suspens…

Chapitre 4 Dans la lumière du cristal

La route vers la tour ne fut pas des plus longues pour l’ex-capitaine et Vali, cela dit, la traversée de la mer enchainée par un affrontement épique, tout causait fatigue et tension chez le marin, une sieste paraissait donc de rigueur.

Mais à peine arrivé au sommet de la colline, qu’une chose vint ennuyer le marin, l’entrée du donjon ne présageait rien de confortable, une arche de brique presque entièrement écroulée avec une porte cassée à deux clous de s’arracher, mais ce n’était rien comparé à l’état désastreux de la tour, une pierre grisâtre loin d’être neuve, recouverte par de la mousse et toute sorte de plantes, entouré de chêne dissimulant le soleil.

Un endroit à vous en donner des frissons, et surtout de nuit, par chance, l’heure du petit déjeuner approchait, pas une lune à l’horizon.

Vali fut le premier à mettre le pied sur la pierre abimée par le temps qui constituait la tour, mais le marin marchait non loin derrière, toutefois, une différence entre