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Dans un royaume où les esprits sont modelés par des voix intérieures, un prince découvre l’illusion à laquelle tous se soumettent : ces murmures ne sont qu’un instrument de contrôle. L’arrivée d’un peuple étranger, d’abord célébrée comme un échange fertile, se révèle être une insidieuse invasion de l’esprit, le contraignant à l’exil. Lorsqu’il revient, porteur de vérité, il dévoile la supercherie. Tandis qu’un ciel rougeoyant, sombre présage d’un basculement imminent, s’étend au-dessus du royaume, les sages, au nom d’une unité fallacieuse, fracturent le peuple. Dès lors, une question s’impose : qui, du prince ou des maîtres de la parole, façonnera le destin de ce monde vacillant ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Au-Giral-Amed Ebomb-Simba, passionné par les sciences et technologies du numérique, explore, dans ce premier tome, le destin, les forces invisibles et l’influence des décisions humaines. À travers une écriture immersive, il interroge les liens entre le tangible et l’inexplicable, invitant à repenser le rapport entre déterminisme et libre arbitre.
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Seitenzahl: 185
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Au-Giral-Amed Ebomb-Simba
Makwambalé
Tome I
J’ai entendu des voix
Roman
© Lys Bleu Éditions – Au-Giral-Amed Ebomb-Simba
ISBN : 979-10-422-6367-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Dans les replis silencieux de l’esprit humain, une bataille insidieuse se déroule. Une guerre non pas de chair et de sang, mais d’idées et d’influences, où les armes sont les mots et le champ de bataille, la conscience elle-même. C’est au cœur de ce conflit invisible que nous plonge ce roman, une allégorie poignante des mécanismes subtils par lesquels les voix extérieures peuvent façonner nos pensées, nos perceptions et, ultimement, notre identité.
L’histoire se déroule dans un royaume où la quiétude apparente masque une fragilité profonde. Les habitants, bercés par des traditions ancestrales et une apparente harmonie, ignorent l’emprise progressive de forces invisibles. Au centre de ce récit se trouve un prince, figure solitaire et contemplative, dont la quête personnelle va révéler les rouages cachés du pouvoir et de la manipulation. Son voyage introspectif le mènera à découvrir l’existence de ces « voix », ces murmures insidieux qui s’insinuent dans les esprits, échos déformés du monde extérieur.
L’arrivée d’un peuple étranger, porteur de coutumes et d’idées nouvelles, marque un tournant décisif. L’hospitalité se transforme peu à peu en une source de « contamination mentale », un processus subtil d’influence et d’assimilation qui menace l’équilibre du royaume. Le prince, confronté à cette menace insidieuse, est contraint à l’exil, une épreuve initiatique qui le dépouillera de ses illusions et le préparera à la vérité.
De retour sur ses terres, il porte en lui une révélation cruciale, condensée dans une phrase devenue le leitmotiv de son combat : « Les voix que tu écoutes de tes oreilles, tu les entendras de ta tête. » Une sentence lapidaire qui souligne avec force le lien inextricable entre ce que nous entendons et ce que nous finissons par croire, entre l’influence extérieure et la construction de notre propre réalité.
Face à un événement mystérieux et menaçant qui plane sur le royaume, les sages, figures traditionnellement associées à la sagesse et à la guidance, se révèlent être les artisans d’une division manipulatrice. Au lieu d’apaiser les craintes et de promouvoir l’unité, ils instrumentalisent la peur et le doute pour asseoir leur pouvoir, confortant chacun dans ses certitudes et dressant les individus les uns contre les autres.
Ce roman n’est pas un simple conte. C’est une exploration profonde des mécanismes de l’influence, une réflexion sur la fragilité de l’identité face aux manipulations et un appel vibrant à l’esprit critique. Il nous invite à interroger les voix qui nous entourent, à discerner les intentions cachées derrière les mots et, surtout, à cultiver notre propre voix intérieure, celle qui nous permet de nous forger notre propre vérité. Il résonne avec une actualité troublante, dans un monde saturé d’informations et d’influences où la distinction entre le vrai et le faux, entre l’authentique et le fabriqué, est devenue plus cruciale que jamais.
Un matin, sous un ciel sans étoiles, de couleur rouge écarlate et d’une atmosphère paisible, se trouve un petit royaume superstitieux du nom de Makwambalé. Un royaume rempli de secrets et de mystères au milieu d’une grande forêt ombragée.
La canopée dense des arbres bloque la plupart de la lumière du soleil, ce qui donne à cette forêt une sensation de fraîcheur et d’obscurité. Cette absence de lumière du soleil ainsi que la végétation dense contribuent à créer une atmosphère calme et silencieuse.
De l’interdiction de ne pas crier à celle de ne pas donner l’argent la nuit, par crainte de mourir ou celle de devenir pauvre, on reconnaît au peuple de ce royaume l’art de trouver des explications à des coïncidences.
Ce matin, dans ses artères, il régnait un silence aussi profond et pesant que celui d’un cimetière. Nul n’avait osé franchir le seuil de sa porte, car le coq n’avait pas encore chanté. Selon eux, il est frappé de malédiction quiconque sort de son toit avant que quatre coqs aient chanté quatre fois.
Dans ce royaume, chaque coq chantait cinq fois à intervalles de temps réguliers chaque matin. À la sortie des maisons, il faudrait y vivre pour témoigner de la beauté de cette symphonie que donne le déverrouillage des verrous, et la rotation des charnières de toutes les portes des veilleuses.
Les veilleuses, ce groupe de femmes volontaires engagées dans la sûreté de Makwambalé et le bien-être de sa population. Elles ont pour mission d’informer les habitants quand il est l’heure de sortie.
Chaque matin, au chant matinal des coqs, ces femmes aux gestes précis, mues par une ponctualité irréprochable, s’éveillent. Leurs oreilles attentives captent les premiers chants des coqs, puis comptent jusqu’aux troisièmes. Le silence s’installe, suivi d’une attente patiente jusqu’aux quatrièmes chants des coqs. C’est le signal tant attendu : l’heure de la sortie a sonné.
Chacune sort de sa demeure, tenant fermement la porte de sa maison. Un ballet harmonieux se met en place : d’un mouvement simultané, elles ouvrent et referment les portes, faisant chanter les charnières dans une mélodie harmonieuse.
Accomplir cette tâche n’est pas chose facile et accessible à tous. En effet, l’heure de sortie n’est soumise à aucun horaire précis. Il n’y a pas d’heure fixe pour la sortie. Certains jours, la sortie est plus tôt, d’autres plus tard. Même si tout le village pouvait se lever, personne ne sortait de sa demeure avant que ces femmes ne donnent le signal, pas même le Roi. On retrouve ici l’expression utilisée pour désigner les portes : les gardiennes des foyers.
Chaque jour, ces tatillonnes sont confrontées à ce double piège : le mélange des chants des gallinacés d’un côté et la ressemblance trompeuse entre le cri d’un diable et celui d’un coq de l’autre. Leur vigilance est constamment mise à l’épreuve, car leur responsabilité est immense : protéger leurs foyers et leur royaume des forces du mal.
Dans le royaume de Makwambalé, le chant du coq n’est pas un simple son matinal, mais un signal précis, un horloger naturel rythmant la vie du peuple. Loin d’être élevés pour leurs œufs ou leur chair, les coqs y tenaient un rôle crucial, celui de gardiens du temps.
Au cœur de la nuit, lorsque les ténèbres cèdent timidement le pas à la lumière naissante, un chant clair et puissant résonne à travers le royaume : « COCORICO ! » C’est le premier chant du premier coq, annonçant l’aube d’un nouveau jour. Ce cri inaugural porte un message crucial : « La vie appartient à ceux qui se lèvent tôt ».
Un à un, les chants des autres coqs se joignent à la mélodie, rythmant l’arrivée du jour. Les veilleuses, gardiennes d’une tradition ancestrale, prêtent une attention particulière aux chants des 4e, 5e, 6e et 7e coqs, les distinguant des trois premiers et de ceux qui suivent, car elles ne pouvaient donner le signal qu’au quatrième chant du 7e coq.
Avec une vigilance aiguisée, elles comptent les chants de ces quatre coqs, attendant patiemment que chacun d’entre eux émette quatre fois son appel. Le signal tant attendu arrive enfin : le quatrième chant du 7e coq. C’est le moment pour les veilleuses de sortir de leurs maisons, afin que commence le bal.
Mais la mission est loin d’être simple. Il leur est impératif de ne pas confondre les chants des coqs, car la moindre erreur pourrait plonger le royaume dans une terrible malédiction. Le destin du royaume repose sur leurs épaules, et aucune marge d’erreur n’est autorisée.
Si le chant d’un coq se fait entendre plus de deux minutes après son chant précédent, il est considéré comme ayant perdu la pendule. Ce coq est alors éliminé du royaume par incinération, un sacrifice nécessaire pour préserver l’équilibre fragile qui protège le peuple.
Dans ce royaume, la symphonie matinale est perturbée par une menace insidieuse : les diables.
Ces créatures maléfiques, esprits de personnes malveillantes revenues pour semer le chaos, cherchent à tromper les veilleuses. Leur objectif : imiter le chant d’un coq avec une précision méphistophélique, afin d’exposer le royaume à une malédiction dévastatrice.
Les veilleuses sont conscientes de ce danger. Elles doivent redoubler de vigilance pour distinguer les chants authentiques des imitations diaboliques. La moindre erreur pourrait avoir des conséquences désastreuses.
Si une veilleuse se laisse berner par le chant d’un diable, elle risque de compter un chant faux, et plonger le royaume dans la malédiction. Le royaume sombrerait alors dans le chaos.
Ainsi, dès les premières lueurs de l’aube, s’engage une lutte invisible entre les femmes et les diables. Une lutte où le chant des coqs devient un champ de bataille, et où la vigilance et la connaissance sont les armes ultimes contre le mal.
Le sort des veilleuses n’est pas non plus clément. Si l’une d’entre elles commet une erreur, elle est immédiatement conduite devant le Roi et condamnée à renoncer à ses fonctions. Jugée indigne de poursuivre cette tâche cruciale, elle est cependant épargnée du bannissement et peut vivre paisiblement au sein du royaume.
Derrière cette tradition ancestrale se cachent des secrets et des vérités que seules ces tatillonnes détiennent. Leur connaissance, transmise de génération en génération, est le pilier invisible qui maintient l’harmonie et la prospérité du royaume.
Cette tradition ancestrale a une importance capitale dans l’organisation de la vie quotidienne. La journée était ainsi rythmée par les coqs, assurant une harmonie et une efficacité remarquables dans le royaume.
Ce matin, sous ce ciel sans étoiles et de couleur rouge écarlate, à leur sortie des maisons, plusieurs étaient stupéfaits à la vue de ce ciel peuplé de nuages d’une géométrie elliptique, qui devenait rose et de cette atmosphère limpide. Nous pouvions le reconnaître en regardant l’expression faciale de plusieurs habitants : coins des yeux plissés, pommettes et coins des lèvres remontés.
D’autres étaient abasourdis et d’autres indifférents. Certains se demandaient : « Qu’est-ce que c’est ? Que signifie ce jour aux allures démentielles, comme si aujourd’hui est un jour nouveau ? »
Un jour sans pareil à ceux que nous avons déjà passés dans ce royaume ! Pendant que les uns se questionnaient ou cherchaient des réponses, les autres en proposaient et les autres encore se contentaient de faire la discussion.
De si bonne heure, tout le royaume était alerté ! Des gens disaient que ce présage que nous voyons annonce l’arrivée des jumeaux et d’autres à côté y voient l’arrivée des jumelles. Quelque part dans un coin, ce qui se faisait entendre, nous laissait croire : cela signifie que nous aurons de bonnes récoltes cette année.
Le royaume de Makwambalé est dirigé par un Roi et son conseil de sages. Le peuple de Makwambalé est un peuple qui se fie au conseil de sages et aux mots de leur Souverain.
Et, comme il n’y avait pas d’entente parmi les habitants, la population décida unanimement, enfin plus de la moitié, de réunir le conseil des sages en vue de trouver des réponses à leurs questions. Et, cette fois-ci, nous allons vivre une chose qui ne s’est jamais produite dans ce royaume : le soulèvement des uns et des autres débouchant à des divisions au sein des familles.
Sur le chemin menant à la cour royale, les pas des randonneurs soulevaient une épaisse couche de poussière semblable à celle des pas des chevaux qui galopent, quand le vent souffle fort.
Le peuple se rassembla dans la cour royale en présence du conseil de sages.
Un homme s’éleva et dit :
— Chers membres du conseil de sages, que nos ancêtres vous bénissent ! Pas plus tard que ce matin, nous nous sommes réveillés chacun chez soi. Ensuite, avions remarqué quelques signes qui, pour certains, n’étaient pas anodins. Et, pour chercher explication à ce qui se cache derrière ce présage, nous…
À ses propos, de jeunes gens, des vieillards, des enfants ainsi que des femmes s’élevèrent dans la foule avec des cris de protestation et disaient : « Cela ne cache aucun mystère, cela n’est pas un présage et cela ne signifie rien du tout. »
Et comme l’homme qui parlait ne se faisait plus entendre, une bonne moitié de la foule se souleva également pour soutenir l’homme qui avait la parole, scandant qu’il y a un mystère. Il y eut un bruit très assourdissant : des cris, des bousculades…
En réaction à ce vacarme, le conseil de sages intervint et rétablit le calme. Alors, le conseil décida de séparer la foule en deux groupes et dit :
— Tous ceux qui, derrière cette atmosphère voient un mystère, passez à droite et tous ceux qui pensent le contraire allez à gauche.
Contre toute attente, au lieu de deux groupes, le conseil est surpris de remarquer que trois groupes se sont formés. Un groupe de gauche, un groupe de centre et un groupe de droite.
Le conseil demanda donc au groupe du centre de prendre la parole et de dire pourquoi ils ont opté pour la neutralité ?
Celui-ci désigna une jeune femme pour parler de leur part et elle disait :
— Nous vous saluons très respectueusement chers membres du conseil de sages. Notre présence en ce lieu est justifiée par le fait que nous avons remarqué plusieurs personnes quitter leurs domiciles dans cette direction. Alors, nous sommes venus pour savoir exactement ce qui se passe : voilà l’objet de notre présence.
Le conseil donna la parole au groupe de gauche pour s’exprimer et présenter leur besoin.
— Les sages sont comme des lanternes qui éclairent dans l’obscurité, a dit un jeune homme qui se leva et salua le conseil.
Chers anciens et chers membres du conseil, nous ne pouvons contenir notre indignation. Depuis ce matin, un trouble est en train de s’installer à Makwambalé : un trouble dans nos maisons, un trouble dans nos familles et nous voulons retrouver la paix. Nous voulons que ceux qui propagent ces affabulations dans ce royaume arrêtent de le faire. Nous nous sommes réveillés, et le ciel aujourd’hui était normal comme toutes les autres fois, nous ne pouvons pas faire un rapprochement avec un mystère qui se cacherait derrière ce phénomène à caractère naturel. Si c’était le cas, pourquoi jusqu’à ce soir, rien ne s’est produit ? C’est dire simplement qu’il n’y a rien derrière tout ça. Notre présence, ô chers membres du conseil des sages, est que vous apaisiez nos cœurs, que vous dissipiez ce mauvais nuage qui vole sur nous, en nous rassurant que tout cela n’annonce rien. Puis l’homme s’assit.
La parole fut donnée alors à ceux du groupe de droite. Il y eut un silence et une pleine hésitation. Cette hésitation s’explique donc par le fait que dans ce groupe, bien qu’il voie derrière ce ciel rouge un mystère caché, ses membres ne partageaient pas le même avis. Car, certains en donnaient l’explication d’un événement heureux et d’autres d’un malheur qui allait s’abattre sur ce royaume. Et ceux-ci devaient donc s’y préparer en conséquence.
Et enfin, quelqu’un se leva pour sauver l’honneur du groupe.
— Votre sagesse, vous savez, il est souvent dit que le diable se cache dans les détails. Une manière pour nous de dire donc, si on ne fait pas attention aux détails, nous pouvons le louper. Nous comprenons bien l’indignation de certains sur ces faits, et nous craignons aussi que ces faits nous cachent un message que nous n’aurions pas décodé et qu’à la fin, tout tourne au vinaigre. Chers membres du conseil, nous voulons des réponses venant de vous. Si ce que nous avons vu était déjà arrivé ne serait-ce une seule fois, nous aurions dû trouver réponse à notre questionnement. D’aucuns pensent que ces faits cachent la naissance des jumeaux au sein du royaume et pour d’autres, ce serait bien des jumelles qui sont en vue. D’autres pensent que cela annonce une saison de bonnes récoltes, etc. Une bonne moitié pense à une catastrophe et une autre à une bénédiction. Les signes sont contradictoires et nous ne savons quoi décider. Alors, oh grands sages, dites-nous : à quoi devrions-nous nous attendre afin que nous y soyons préparés ? Est-ce que cela annonce quelque chose de catastrophique ? Nous nous en remettons à vous.
Un silence de mort se fit remarquer, comme s’il n’y avait personne dans la cour royale.
Subitement, il y eut un chuchotement qui se fit entendre de partout. Et alors une voix venant du conseil de sages s’élève disant à la foule : « Nye ! Nye ! » Qui veut dire silence absolu, et le peuple répondit comme un seul homme « Nye ». Et tout à coup, il y eut de nouveau un silence de mort.
— Population de Makwambalé, prit la parole l’un des sages. Nous connaissons tous que, dans ce beau royaume, quelque chose de pareil ne s’est jamais produit, où les uns se lèvent contre les autres, les familles et les maisons se séparent en des clans. Et pendant qu’il continuait, le soir laissa la place à la nuit.
Abasourdi, le sage s’arrêta net de parler, regard fixé dans la direction de la voie qui donne accès au royaume, et demanda à la population : « Qui de ce royaume n’est pas parmi nous ? Qui a quitté le royaume ce matin ? N’y aurait-il pas un sujet de ce royaume qui aurait quitté ce royaume ce matin ? »
À toutes ces questions, personne n’osa répondre et dire quoi que ce soit, car nul ne comprenait non seulement ces questions, mais aussi la raison de celles-ci.
— Après cela, renchérit-il, qu’est-ce qui transparaît au loin là-bas ? À ces dires, tout le monde regarda dans cette direction. Attendez ! Quel est cet être à l’apparence humaine que j’aperçois au loin, qui a l’air de se diriger vers nous ? À mesure qu’il s’avançait, tous s’en préoccupaient, et l’on apporta des torches, l’ombre de loin donnait l’apparence d’un jeune homme.
Voyant des torches allumées et aussi une foule de personnes s’avançant dans sa direction, cet être à l’apparence d’un jeune homme s’arrêta net, fit demi-tour pour regagner la forêt sombre.
La foule, voyant cela, crut qu’il s’agissait d’un malfaiteur. Aussi, elle se mit donc, à sa poursuite. Le jeune homme, aussi épuisé du fait d’avoir parcouru une grande distance, ne pouvait guère échapper aux pas des vaillants hommes de Makwambalé, qui finissent par le rattraper.
Il cria d’une voix essoufflée, « Laissez-moi, je ne reviendrai plus, laissez-moi. » Ces vaillants hommes le transportèrent jusqu’à le ramener là où il y avait la lumière, sans porter le moindre coup sur lui. Lorsqu’ils éclairèrent le visage de cet homme, tous furent surpris par celui qu’ils voyaient, non pas à cause de son comportement étrange, mais en raison de son visage ; d’autres n’en revenaient pas.
« Mais qu’est-ce qui se passe donc ? »
Il fut ramené au milieu de la foule pour être vu de tous. Et même à ce niveau-là, il y avait des étonnements, des cris d’abasourdissement. Et lorsqu’il a été présenté au conseil, le conseil fut saisi d’étonnement.
— Alors qu’est-ce que qui se passe ?
Pourquoi cette réaction sur les visages des familles réunies ? Nul ne disait mot à cet instant et tout le royaume calme, les hommes et les femmes étaient éblouis par ce qu’ils voyaient.
Et aussitôt, il y eut un chuchotement, et de plus en plus les voix se firent entendre. Le conseil de sage qui se réunit dans la cour royale, a jugé de se remettre au Roi, vu la portée de cette affaire. Alors, on fit appeler le Roi.
Dès que le Roi sortit de sa résidence, tout le royaume se leva et cria :
« Vit éternellement votre Majesté ! » D’autres disaient : « Longue vie au Roi ! » Ces cris se firent entendre, jusqu’à ce que le Roi rejoignît son trône.
Un membre du conseil des sages prit la parole et dit :
— Oh, Roi ! vis éternellement. Cette foule ici rassemblée l’est depuis plusieurs heures. Nous étions donc en train de les écouter par rapport à leurs soucis. Il y a ceux qui sont venus pour que nous les soutenions par rapport à leur avis ; d’autres au contraire, sont là pour avoir des réponses et d’autres encore, sont là pour faire approuver leurs assertions. Et nous avons écouté de manière générale, le point de vue de tout un chacun. Justement au moment où nous nous étions en train de répondre au peuple, c’est là où de loin nous avons vu s’approcher un jeune homme.
La plupart de ceux qui sont là partirent à sa rencontre, mais celui-ci n’a plus voulu avancer et prit la fuite. Nous avons pensé probablement que c’était un brigand. Autrement, nous aurions cru qu’il s’agissait d’un homme malveillant qui voulait du mal à ce royaume, et, comme il avait été démasqué, il prit la fuite. C’est ainsi que nos vaillants guerriers, ceux qui gardent et protègent notre royaume contre toute menace extérieure, se sont mis à sa suite. De toute évidence, comme ce jeune homme ne pouvait l’emporter sur nos vaillants guerriers dans cette épreuve de course, l’agilité de nos éléments leur permit de le rattraper.
Quand ils l’ont emmené au milieu de la foule, nous avons tous été abasourdis ! Lorsque nous l’avons vu, nous n’avons pas pu dire quelque chose et nous ne savons quoi dire. Et voilà pourquoi Votre Majesté, nous vous avons fait appel.
La Majesté prit, la parole et dit :
— Qu’est-ce donc devenu cet homme ? Faites-le sortir et placez-le au milieu.
Dès qu’il fit ramener au milieu de la foule, la Majesté, le voyant, se leva de son trône, observa trois minutes sans rien dire. Il resta ainsi, sans mouvement, de sorte qu’on lui reconnaît le mérite d’avoir battu le record mondial des statues. Puis s’étant remise sur son trône, finalement la Majesté parla avec une voix fine :
— Nous ne savons comment t’appeler ce soir ? Devons-nous t’appeler fils de ce royaume ou étranger ? Devons-nous te traiter comme un fils digne de Makwambalé ou comme un vulgaire étranger, semblable aux précédents qui ont semé du trouble dans notre royaume ?
Ce peuple qui est réuni en ce lieu cherche des réponses et je pense que tu peux les leur donner. Alors jeune homme, réponds, pourquoi as-tu pris la fuite lorsque tu as vu des gens venir à ta rencontre ?
Le jeune homme prit la parole et répond :