Martin Luther - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Martin Luther E-Book

Encyclopaedia Universalis

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Au lendemain de la mort de Luther, ses amis soulignèrent l'œuvre immense qu'il laissait derrière lui : un véritable renouveau de l'exégèse biblique, de la prédication, des sacrements et de la liturgie, ainsi que de la fonction ecclésiastique. L'école et la formation universitaire avaient subi des changements. On avait acquis une nouvelle compréhension de l'État, du mariage, de l'activité professionnelle et de la vie économique.

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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782341004022

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Tarapong Siri/Shutterstock

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Martin Luther

Introduction

Au lendemain de la mort de Luther, ses amis soulignèrent l’œuvre immense qu’il laissait derrière lui : un véritable renouveau de l’exégèse biblique, de la prédication, des sacrements et de la liturgie, ainsi que de la fonction ecclésiastique. L’école et la formation universitaire avaient subi des changements. On avait acquis une nouvelle compréhension de l’État, du mariage, de l’activité professionnelle et de la vie économique. Cette œuvre, dans ce qu’elle avait de créateur, était issue chez Luther d’une nouvelle prise de conscience de la relation avec Dieu à la lumière de l’Écriture. Il s’était représenté Dieu d’abord sous des couleurs sombres, voyant en lui le Dieu terrifiant et juge, puis il en vint à le reconnaître dans le Christ comme le Dieu miséricordieux et bienveillant qui justifie le pécheur. La volonté du Dieu juge et cependant miséricordieux devint, pour Luther, le critère qui, appliquée à l’Église, à la théologie, au monde et à l’homme, devait les redéfinir intrinsèquement et dans leurs relations mutuelles.

Luther im Weinberg, L. Cranach. L. Cranach, Luther im Weinberg, peinture sur bois, 1569. Les réveils religieux, comme ceux du pays de Galles ou ceux de l'Allemagne baroque, tentent de remettre la religion à l'unisson d'une société environnante qui s'est transformée. (AKG)

Le moyen dont il se servit pour cette transformation était la parole prêchée et écrite, une parole puissante et forçant l’assentiment, parce qu’il avait quelque chose d’original à dire, une parole parfois paradoxale et irritante, puis à nouveau parfaitement claire et d’une simplicité enfantine. Ayant conscience d’être l’instrument de Dieu, il se montrait incommode et ne se laissait guère manipuler. Il se livrait vis-à-vis de ses adversaires à des critiques acerbes et à des polémiques violentes, souvent même à des propos vulgaires. Mais, en même temps, il savait trouver les accents chaleureux qui consolent merveilleusement. Ce n’était pas un saint ; au contraire, il avait toujours conscience d’être devant Dieu comme un pauvre homme totalement dépendant de lui. Son portrait au regard de l’histoire ne pouvait dès lors que susciter la controverse. Salué par les uns comme un héros religieux ou national, exalté comme incarnant l’idéal culturel ou bourgeois, il devait être condamné par les autres comme hérétique, dénoncé comme un modèle d’immoralité ou accusé d’être à la solde des princes et l’ennemi de la démocratie. Néanmoins, dans les dernières décennies, les Églises se sont mises à écouter ensemble le message de Luther, et la science historique elle-même en est venue à le juger d’une manière plus objective.

1. La vie et l’action du Réformateur

• Origine et formation

Quoique, à l’occasion, il se soit réclamé de son humble origine paysanne, Luther, né le 10 novembre 1483 à Eisleben en Thuringe dans le comté de Mansfeld, a passé sa vie dans les villes. Son père, Hans, était un petit exploitant dans les mines de cuivre. On a cherché à expliquer les conflits religieux auxquels Martin fut exposé par ses rapports avec un père exigeant et une mère quelque peu mélancolique. D’après le peu d’informations dont nous disposons, l’éducation de cet enfant à la vive sensibilité fut, selon la coutume d’alors, sévère certes, mais ses rapports avec ses parents paraissent dans l’ensemble avoir été bons. D’ailleurs, le père, désireux lui-même de s’élever socialement, nourrissait au sujet de Martin de grandes ambitions. Soucieux, pour cette raison, de lui assurer une bonne formation scolaire, il l’envoya en 1497 à Magdebourg, puis, l’année suivante, à Eisenach. À Magdebourg, chez les Frères de la Vie commune, et à Eisenach, dans une ambiance pieuse, Martin reçut ses premières empreintes religieuses. En 1501, il entra à l’université d’Erfurt pour y préparer une carrière de juriste. Le nominalisme, comme le courant de pensée caractéristique de la fin du Moyen Âge, y était encore dominant ; parallèlement, l’humanisme y faisait cependant déjà son entrée. Luther termina cette première phase de ses études en 1505 avec l’obtention du grade de maître ès arts. Depuis le début de cette année-là, une crise, marquée par la peur de la mort et par les doutes qu’il éprouvait sur l’orientation de sa vie, s’était développée en lui, et, quand, au cours d’un voyage, durant l’été de 1505, il se trouva pris dans un orage près d’Erfurt et que la foudre éclata à ses côtés, l’incident amena chez lui un revirement. Il fit ce vœu : « À mon aide, sainte Anne ! Je veux me faire moine. » Son intention était, en faisant ce pas, de consacrer entièrement sa vie à Dieu afin d’assurer son salut éternel.

Admis en juillet 1505 au couvent des Augustins d’Erfurt, Martin, qui y devint un religieux fervent, fit vite carrière. Ordonné prêtre en 1507, il fut bientôt désigné pour enseigner la philosophie au couvent d’études d’Erfurt. Simultanément, il étudiait par lui-même la théologie. En 1510-1511, il fut envoyé à Rome pour les affaires de son ordre. Certes, il y perçut quelques-uns des abus ecclésiastiques qui y régnaient, mais il ne s’en laissa guère émouvoir ; en revanche, il fit un ample usage des trésors spirituels de la Ville éternelle.

À la différence de sa vie extérieure, son évolution intérieure était tout autre que rectiligne. Dans son effort sincère vers la perfection monastique, il s’aperçut qu’il n’était pas en état de vivre sans péché et de produire envers Dieu la preuve d’une parfaite obéissance. Ses problèmes intérieurs ne venaient donc pas du fait qu’il n’arrivait pas à s’adapter à la vie monastique, mais bien de ce qu’il prenait celle-ci au sérieux et voulait la vivre de manière rigoureuse. Dans son cas, la formule du monachisme se solda par un échec. La théologie nominaliste représentée à Erfurt enseignait que, si l’homme faisait ce qui était en son pouvoir, Dieu ne lui refusait pas sa grâce. Or Luther doutait de plus en plus de sa capacité à accomplir les bonnes œuvres prescrites.

Il se distinguait encore de la théologie régnante en ce que, dès son entrée au couvent, il s’était intéressé ardemment à la Bible et avait acquis vis-à-vis d’elle une familiarité unique. Dans sa recherche, il se servait déjà des moyens linguistiques modernes que proposait l’humanisme. Mais cette étude était pour lui autre chose qu’une simple occupation intellectuelle ; elle ne faisait qu’un avec la prière, la méditation et le culte divin. Les paroles de la Bible pouvaient l’effrayer ou bien le consoler ; en même temps, il remarquait que, dans leur teneur véritable, elles ne s’accordaient pas toujours avec la doctrine ecclésiastique. Cette passion pour l’