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Adam, un homme ordinaire en apparence, se lève chaque matin avec un cerveau aussi agité qu'une bouteille d'Orangina. Mais peu importe, chacun a sa propre personnalité. La sienne est unique, c'est certain. On ne risque pas de se battre pour lui voler.
Il a parfois des délires où il imagine qu'il danse des claquettes sur les clusters de son ordinateur. Malheureusement, il ne sait pas danser, les pas de danse l'énervent, et il en pique des crises.
Adam, un prénom ordinaire pour un homme ordinaire. D'autres Adams ont traversé l'histoire sans laisser de traces.
Un jour, les services d'urgence le ramassent au milieu de la rue. Il semblait perdu, à la recherche d'insectes dans sa tête, après avoir partagé sa glace avec des fourmis. Leur solidarité semblait suspecte, elles avaient l'air affamées. Elles étaient joyeuses de partager son repas, tandis qu'il les mangeait avec une petite cuillère.
Les insectes qui envahissent son cerveau sont un phénomène périodique. Il se bat souvent contre eux avec une fourchette ou un coton-tige. Un de ses amis lui a conseillé d'utiliser une pince à épiler pour retirer les araignées.
Il se bat aussi contre elles, mais lorsqu'il les attrape entre ses orteils, il rit comme un damné. C'est gênant au milieu de la rue.
L'échange entre lui et le médecin montre clairement que le raisonnement a quitté son mode de pensée.
Écrire une histoire sur la sexualité et l'amitié au sein d'un hôpital psychiatrique, est-ce raisonnable ? Ou est-ce un signe de détérioration de mes facultés mentales ?
À PROPOS DE L'AUTRICE
Charline Christophe - Elle écrit des textes érotiques. Sa seule limite est son imagination. Une plume à la main, elle peut concevoir des situations qui la choquerait dans la réalité.
Elle aime partager ses écrits, alors elle publie des e-books.
Elle va vous envoyer une ou deux photos ce sera plus expressif de ses envies que des mots maladroits.
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Seitenzahl: 149
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Je me lève, ma montre indique midi, je mets un pied à terre à l’heure que je peux, je n’ai pas choisi cette heure. Elle m’a agrippé en imitant le piolet de l’alpiniste qui s’accroche à la paroi d’une montagne. Aïe, j’en ressens une douleur dans la cuisse, elle me lance de temps en temps comme une démangeaison.
Hier soir, je me suis promené un peu à travers les rues, j’ai acheté une glace italienne, celle qu’on confectionne avec de la crème glacée molle, je les adore. La commerçante s’appelle Germaine, une femme à l’allure rondelette, elle fait souvent une permanente à ses cheveux noirs. Fasciné, j’observe la tour de Pise posée au-dessus du cornet. Je prie qu’elle ne s’écroule pas, à moins qu’elle soit aussi solide que sa sœur jumelle perdue en Italie. Qu’est-ce qu’elle a été s’égarer là-bas ? Je vous demande. Je parle aux murs, j’en ai le droit, je suis célibataire. Évidemment, les soirs de solitude, je converse avec les murs, le plafond, c’est plus compliqué, je suis obligé de prendre une échelle, il est un peu sourd. Je ne me souviens pas si c’est la droite ou la gauche. Le fait qu’il ait un handicap n’empêche pas de lui tendre la main. L’autre jour, je me remémore plus duquel, il avait une tache de rousseur, je l’ai lessivé à la grande eau, si bien que le bailleur a coupé l’eau, mon voisin n’a pas apprécié l’inondation. Il hurlait en sautant à pieds joints, c’est un sportif.
– Toi, tu possèdes une araignée qui se balade au milieu de ton cerveau !
Je la regarde abasourdi. Est-ce que les pattes de la bête dépassent de mon oreille ? Je me rends compte que cela gratte en imitant un vieux disque dur qui recherche une donnée perdue au sein de ses sillons, elle se promène. Je vais l’écraser. Je suis embêtée, je n’ai pas ma tapette avec laquelle j’aplatis les mouches. J’ai fouillé dans mes poches, j’y trouve un peu de tout sauf ce tue-insectes. Du chewing-gum séché, un bouton, un peu de teub, du fil rouge, une aiguille, une épingle à nourrice et trente-quatre centimes, j’en suis troublé. Je m’en excuse.
Voilà une semaine, je m’étais endormi sur mon canapé en copiant une masse, tu en prends une, tu la jettes, elle épouse la forme des coussins, c’est moi lorsque je m’y affale sans mauvaise conscience. Je me réveille en sursaut, je dansais sur les stries de mon disque dur, je n’arrivais plus à sortir de mon ordinateur, d’autant plus que c’est un modèle portable, j’avais baissé le capot.
J’ai raconté cette aventure à Paul, il m’a conseillé de me reposer, car mon visage démontrait ma fatigue.
Paul est le serveur d’un bar où je vais boire un jus de temps en temps, j’y lis le canard, il se nomme le Progrès. J’y cherche un copain parmi les avis de décès. On ne sait jamais, tout est en mesure de se produire au sein de la vie, d’autant plus qu’elle détient la possibilité de s’échapper sans prévenir. Un coup de vent, tout part et tout s’en va sans regret, sauf les girouettes qu’on a fixées au toit. L’existence est dérisoire.
Je prépare un café bien noir. Je me méfie en le buvant, l’autre jour, j’ai avalé une blatte, elle prenait son bain, en maillot de bain, elle nageait la brasse, je n’ai pas fait attention. J’ai senti un truc qui gigotait sous la langue, mais je l’ai gobé. J’en ai pleuré, la pauvre petite bête, j’aime les animaux. Je pourrais être presque végétarien, quant à être végétalien, je n’y crois pas. J’avais rencontré un vieux maçon italien, il mangeait des limaces, c’est un remède contre le cancer, parait-il. Il le prenait et la faisait glisser dans la bouche, il en souriait. Il m’a avoué qu’il aimait bien les animaux. Il donnait un euro par an à LA SPA, et il soutenait toutes les actions de lutte contre la souffrance animale.
Je déguste une madeleine. Proust me jette à l’image d’un sac de pommes de terre au temps de mon enfance. J’avais cueilli des jonquilles toutes jaunes, elles s’ennuyaient au milieu d’un pré tout vert, et j’ai mangé une madeleine. C’est vraiment idiot d’en dévorer une, cela te balance sans te prévenir des souvenirs qui se prélassaient au fond de ton subconscient. Ils s’en sont extirpés sans demander leur reste, d’ailleurs ils n’en ont pas eu le loisir. J’ai lu Proust, je me suis endormi à la deuxième page. Par contre Sartre, je n’ai rien compris au premier paragraphe de la nausée. C’est pratique un tel ouvrage, je l’ouvre sur la place publique en baillant aux corneilles, les gens doivent penser que je suis un intello. Notre société est celle du paraitre.
On frappe à ma porte, c’est bizarre puisque je n’attends pas le facteur. Je l’entrebâille, deux infirmiers me sourient. Ils me demandent d’entrer pour discuter avec moi, des personnes s’inquiètent de ma santé. Je leur réponds que tout va bien, je finis mon petit-déjeuner, je ne me suis pas encore rasé, Gainsbourg aussi avait une barbe naissante. Hélas, je ne suis pas un poète. Un petit freluquet aux allures de roquet, un rageur sans témérité s’enquiert si je suis ce chanteur. Je le regarde, étonné, il me parait bien frappé, pire que l’Orangina, son cerveau va déborder par les oreilles. Je me demande pourquoi je les mentionne souvent. De ma main, je vérifie si elles se tiennent toujours là, peut-être elles ont pris la poudre d’escampette pendant que j’ouvrais la porte ; normal, le facteur n’était pas là. Je me révèle plus malin qu’elles, et voilà, je ricane. Un gros homme noir m’observe sans prononcer un mot, il est tout noir, on ne décèle rien de blanc, sauf sa blouse. Il parait plus obscur que le café. Je croquerais bien un bout de chocolat. Enfant, ma mère mettait du charbon dans la cuisinière, et des chardons à l’intérieur d’un vase, elle aimait cette plante, je m’en souviens encore. Les réminiscences du passé ont un gout de poison qui te noircit le sang.
Ils me demandent de les accompagner en vue de discuter avec un médecin, je leur dévoile que je n’ai rien mangé, je voulais dévorer une petite orange en raison de la vitamine C ; je prends garde à ma santé.
Ils me conduisent à l’hôpital, pourtant, je n’ai bobo nulle part, je leur dis, le tout noir me regarde, il rit. Il m’apprend qu’il s’appelle Mickaël. Lit-il à l’intérieur de mes pensées ? Cette question s’amuse à courir un marathon au fond de mon cerveau. Mes neurones fument.
Après une heure de route, je reconnais la clinique Saint-François de Paul, un établissement psychiatrique, on est arrivé. Je me sens mal à l’aise, j’ai peur qu’on m’interne. Quelqu’un désire-t-il m’écarter de l’existence ?
À l’intérieur d’un couloir aux murs blanc, je suis assis sur un banc en bois scellé au sol, craint-on que des malades les brisent contre les murs ? J’attends, je vais voir un médecin, je m’épouvante. J’aime la vie, je voudrais courir, boire un café sur une terrasse, sourire à des inconnus, parler à une fille, rire. Je sursaute, un cri a déchiré le silence. Que font-ils à cet homme ? Ils doivent le torturer.
Après de longues minutes interminables où j’ai compté les carrés minuscules du carrelage qui décore le sol, ma tête tourne, un individu chauve m’invite à le suivre. Petit et des lunettes rondes, il ressemble à un bonhomme de neige qui s’est égaré. Je lui donne bien cinquante ans, disons, cinquante-deux, je ne vais pas jouer les radins. Adjugé, vendu ; et l’on n’en parle plus. Il me convie à m’assoir. Le ton de sa voix se révèle doux, il se montre gentil ; il aurait pu me laisser debout. Il me demande de me présenter. Lui, c’est le docteur David Bronstein. Il m’avoue des origines sémites, toutefois, elles s’avèrent légères, sinon plein d’ennuis lui tomberaient sur la tête, en outre, ce matin, il a oublié son parapluie. Je le réconforte en lui affirmant que le soleil brille.
– David, je me nomme Adam tout seul !
– Est-ce votre patronyme ?
Je le fixe, celui-là, il n’est pas normal : avez-vous déjà vu une personne s’appeler tout seul ? Je parle aux mouches qui devraient être là, elles ont pris un raccourci, néanmoins, elles ne vont pas tarder. Cependant, je ne dispose pas de pot de confiture, j’en suis navré.
– Mon père et ma mère, que Dieu garde leurs âmes, n’ont choisi que le prénom Adam, donc, il est tout seul ! Il se balade en solitaire. Il en possède le droit.
– Vos parents, sont-ils morts ?
– Pourquoi la camarde les aurait emportés ? Je vais me renseigner, je vous enverrai un SMS.
– Votre nom de famille.
Je m’avance en approchant mon torse vers le bureau et je souffle :
– Fiacotti.
– Disposez-vous de votre carte vitale ? Me dit-il en baissant le ton de sa voix.
– Non, le tout noir n’a pas voulu que je prenne mes papiers, lui, il s’avère méchant.
– On ne parle pas ainsi des gens de couleur !
– Tu m’étonnes, ma télévision est bloquée sur le noir et blanc, la couleur s’est enfuie, je n’ai pas eu la possibilité de la rattraper.
– Vous croyez-vous à l’intérieur d’une télévision ?
Je l’observe, je sens mes yeux s’écarquiller, à force de travailler au sein de ce milieu, les psychiatres deviennent plus fous que leurs malades. Je l’écoute, je m’attends au pire.
– Hier soir, vous avez acheté une glace à l’étal d’une commerçante qui d’ailleurs vous voit souvent. Vous l’avez écrasé par terre, en dansant autour, et vous l’avez mangé en étant assis à même le goudron avec une petite cuillère.
– Les fourmis voulaient gouter le parfum, saisi de compassion, j’ai partagé. Un acte normal si vous aimez les autres. Vous devez toujours être ouvert vers autrui.
– La semaine dernière, vous lui avez affirmé que vous étiez l’arrière-petit-fils du guerrier apache Geronimo.
– Elle n’a pas compris, elle doit mal se laver les oreilles, moi, je prends une aiguille à tricoter, ainsi, on nettoie bien, les petites bêtes s’en vont. Cette femme, je la connais, j’ai dû la croiser au sein d’une autre vie, j’ai été un roi barbare, excusez-moi du peu.
– Quel âge avez-vous ?
– Si l’on croit l’acte civil, j’ai atteint vingt-deux balais, le six mai, en imitant certains qui perçoivent un ballet de trente-six chandelles au moment où ils reçoivent un coup sur la tête.
– si l’on en doute.
– J’hésite entre six-cent-cinquante-deux ans et deux-mille-cent-cinquante-trois ans.
La discussion continue, je m’inquiète de plus en plus en raison de son état de santé. Les minutes passent, il m’apprend que je suis interné le temps de suivre quelques examens, et qu’ils avertiront Monsieur le Procureur de la République. Je serai à même contester cette décision. Il appuie sur un bouton, deux personnes arrivent en blouse blanche, je leur donne quarante ans, des cheveux bruns grisonnants, une allure sportive, je me croirais presque à l’intérieur d’un club de remise en forme. Ils s’emparent de moi. Ils me conduisent dans une salle presque vide, du matériel médical, une table d’examen, des fils partout des boitiers qui clignotent. Je suis persuadé d’être sur une station qui tourne autour de la terre, je vais me poser sur la planète mars.
Une infirmière blonde arrive, elle me requiert d’un ton sec de me déshabiller entièrement, je m’exécute. Nu, je m’allonge sur la table. Elle me caresse les testicules en me demandant si parfois, elles jouent comme les ascenseurs. Je ne sais pas ce qu’elle veut. Je sens mes yeux qui s’agrandissent tout seul. Je prie le bon Dieu sans croire à son existence, mais il doit être bon tout de même, tout le monde le dit. Elle reformule sa question, si jamais, elles disparaissaient de temps à autre. Je secoue la tête en signe de négation. Elle me doit en regardant au fond des prunelles, que parfois elles montent, elle veut éviter qu’elles atteignent le plafond. Elle les serre et me demande si j’ai mal.
Elle devient silencieuse.
Un infirmier après avoir mis des gants glisse mes vêtements à l’intérieur d’un sac, ses gestes et sa mine montrent sa répugnance. Elle exige que je m’accoutre d’une tenue de couleur blanche. On dirait un pyjama. Je devrais marcher à l’aide d’une paire de sandales de la même teinte. L’infirmier me demande de le suivre, il me conduit dans une pièce avec un lit, une table, deux chaises, une fenêtre et des barreaux. Avant de me laisser, il s’enquiert si j’ai mangé, je lui signale que j’ai dévoré une madeleine et un café. Il s’en va.
Je reste seul, je m’assieds sur le matelas. Je sais que je parle seul. Ce n’est pas la maladie, mais depuis quelque temps, je vis sans relation sociale ni amoureuse, alors je discours, je raconte ma vie aux murs, aux oiseaux, aux insectes, aux nuages et au soleil. Si l’on échange avec des êtres qui ne peuvent pas nous répondre est-ce qu’on est fou ? Tant qu’on ne se discute pas, tout va bien, si jamais, j’en venais à vouloir boxer le soleil, je m’inquièterai.
On m’apporte un plateau-repas, je mange quelques betteraves rouges qui baignent dans une mare de vinaigrette. Puis je dévore un morceau de poisson pané accompagné de pommes de terre, deux kiwis finissent ce déjeuner. Je reste immobile, j’attends.
Sortir de là devient une obsession, les barreaux forment un frein à mes envies, ils castrent mon désir de courir. Je me questionne si l’infirmière voulait me les couper.
Je ne sais si ma pensée n’a pas un effet désastreux, l’infirmière blonde est là devant moi, elle m’ordonne de me mettre nu. J’obéis, elle m’informe que le médecin a exigé des examens complémentaires. Assise à côté de moi, elle me touche encore les testicules, les pinces, la peur entre doucement en moi. Elle prend un du double décimètre, et me dit que mon sexe mesure 7,5 centimètres au repos, ce qui est vraiment peu. Elle me caresse le pénis. Elle me demande pourquoi je suis homosexuel, je lui rétorque que j’aime les femmes. Elle me réplique que je suis un menteur. Elle me touche le zizi en questionnant si lorsqu’il gonflait il formait un angle ou une autre forme géométrique. Éberlué, je l’observe.
Elle part en disant au revoir petit pédé.
Quelques minutes plus tard, je remarque un homme maigre, mal coiffé et rasé à l’aide d’une biscotte, il me regarde depuis le dehors, la liberté me sourit. J’interrooge cet inconnu s’il va bien, il me répond que oui, puis il rigole, soupire puis gémit. Il me confesse qu’il ramasse des feuilles, il les collectionne ; en les empilant l’une sur l’autre, il arrivera à la lune. Je le sollicite en vue de savoir pourquoi je suis enfermé, il hausse les épaules et s’en va. Je l’appelle, il ne réplique pas. Il se saisit d’une feuille, la regarde et crie.
Je suis entré dans le monde de la folie. Suis-je un dément ?
Maman, où es-tu ?
Je me sens seul et perdu. Comment suis-je parvenu ici ?
J’habite Lyon, mes parents sont nés en cette ville, mes grands-parents viennent d’ailleurs, au-delà de la frontière, ils ont atteint cette cité en enjambant les Alpes. Le grand écart permet de changer de pays.
J’ai grandi au cœur du vieux Lyon à l’intérieur du cinquième arrondissement. Un monde disparu depuis, je n’en ai pas gardé un souvenir impérissable.
Voilà dix-sept ans, aujourd’hui, ce temps parait si loin. Une nuit, des bruits et des sanglots me réveillent.
Je me levais doucement, pieds nus, une femme pleurait, je connaissais son identité : ma mère. Puis le silence, l’obscurité, j’avais peur, c’était stupide d’être effrayé ainsi en pleine nuit, ce n’était même pas un cauchemar. Le sol du couloir se formait d’un parquet en bois, en avançant, j’étais épouvanté à l’idée qu’il grinçât. Je m’assis à l’intérieur de ce couloir. L’absence de bruit se révélait horrible. Je m’endormis là.
Au matin, je me réveillais, j’avais raté l’heure de m’extirper de mon sommeil. Ma mère ne m’avait pas appelé, le vacarme de cette nuit vint frapper à ma porte, je poussais celle devant moi en grimaçant. J’entrais à l’intérieur de la cuisine, on n’avait pas ouvert les volets. J’allais dans le salon, je reculais, collé au mur, je ne bougeais plus, puis je me mis à hurler. Mon corps vibrait.
Je me souvins d’avoir regardé en cachette un film d’horreur, voilà quelque temps. L’histoire se déroulait au début à l’image d’un film presque romantique, puis un monstre avait jailli sans prévenir, j’en avais reculé de dix mètres. Cet être hideux semblait irréel, il s’avérait si affreux qu’on n’en rencontrait qu’au cinéma, cette créature avait hanté mes jours et mes nuits.
Ma mère gisait au sein d’une mare de sang, on lui avait crevé les yeux, et on l’avait égorgé. Cette vision m’horripila. Je continuais de hurler, mais personne ne vint, mes cris devaient paraitre normaux.
Je téléphonais à la Police.
Quinze minutes s’écoulèrent, je restais collé au mur, puis elle se tint là enfin. Ce que j’avais vu se résumait au néant, j’avais juste entendu du bruit et des cris, j’avais eu peur, je n’avais pas bougé. Je ne serai jamais un homme, un vrai possédait du courage à l’image des héros de bandes dessinées. Je n’avais pas reconnu de voix, j’avais perçu ma mère horrifiée, elle s’égosillait en imitant un cochon qui braillait. Je concevais la scène où le boucher égorgeait une truie ; le sang giclait ; des frissons me parcouraient.
Ils me laissèrent, une ambulance arriva, des individus en blanc fouillèrent la pièce. J’allais à la cuisine, j’avais faim, le temps avait passé, l’heure du déjeuner avait sonné, personne n’avait pensé à mon repas, je pris une biscotte et une banane.
Les policiers me demandèrent si je savais où se trouvait mon père. Il était parti avec mon grand-père en Italie quelques jours.
Je me rappelais ma mère.