Pulsions - Charline Christophe - E-Book

Pulsions E-Book

Charline Christophe

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Beschreibung

Je me suis posé la question : qu’est-ce qu'un artiste ? Qu’est-ce l’art ?

Tout le monde se revendique artiste : peintre, écrivain, poète, dessinateur, photographe, sculpteur, graveur, etc.

L’art, c’est une création d’une œuvre de l’esprit. Dans la définition de l’art que nous pouvons trouver ici et là, le mot important ou l’idée fondamentale, c’est la création. Nous façonnons à partir du néant.

De là, existe-t-il une limite à la création ? Devons-nous respecter une barrière, un garde-fou à ne pas franchir ?

Écrire, pouvons-nous inventer une histoire, une fiction qui relaterait une histoire d’amour qui se déroulait dans l’univers concentrationnaire géré par les SS. Moralement, c’est très difficile, c’est inconcevable. Ce n’est pas souhaitable

Devons censurer l’art ? Facebook censure Courbet pour une peinture. Peut-on limiter la créativité de l’artiste ?

Le principal thème de ce livre est là, peut-on limiter un artiste ?

Dans une famille d’enseignants, nous rencontrons trois jeunes de plus de 18 ans. La plus âgée est en sciences économiques, le garçon en mathématiques supérieures, la dernière qui a redoublé est toujours en terminale d’arts plastiques.

Un enseignant de cinéma et théâtre ami des parents évoque le cinéma trash, la jeune fille s’emballe.

Un autre thème : pouvons-nous avoir confiance aux rencontres que nous faisons sur les réseaux sociaux ? Ils vont influencer notre héroïne.

Un autre thème : est-ce que la femme est un objet ? C’est sur elle que se focalise le désir masculin. L’outrance peut conduire à rendre le sexe féminin non désirable.

Un autre thème : notre société a perdu son âme, la famille, l’entraide, la solidarité, l’amitié ont disparu. Il reste un monde qui paraît abject. Aujourd’hui, écrire une histoire d’amour, c’est écrire au passé.

L’histoire que je vous conte est une fiction pessimiste. Le désir n’existe plus, nous avons plus que des pulsions de pouvoir, de domination.

Roméo et Juliette liraient aujourd’hui les ouvrages du marquis de Sade.


À PROPOS DE L'AUTRICE

Charline Christophe - Elle écrit des textes érotiques. Sa seule limite est son imagination. Une plume à la main, elle peut concevoir des situations qui la choquerait dans la réalité.

Elle aime partager ses écrits, alors elle publie des e-books.
Elle va vous envoyer une ou deux photos ce sera plus expressif de ses envies que des mots maladroits.





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Seitenzahl: 159

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Présente

Pulsions, dans les méandres de l'art: une jeune fille face à ses démons

 

 

 

 

 

 

Charline Christophe

 

Chapitre 1

 

 

 

 

 

 

 

Ce matin, comme, à chaque lever du soleil, je me lève, c’est con, mais c’est ainsi, tous les jours, je me couche en sachant que, demain, le calendrier en affichera un nouveau.

Nous sommes en novembre, il ne fait pas froid, je ne viens pas m’en plaindre. Mon connard de frangin n’arrête pas de se lamenter du réchauffement climatique, quand nous sommes idiots, nous le demeurons toute notre vie. Se geler le cul et le reste aussi n’est quand même pas un paradis, nous devons stopper le délire. Il milite à EELV, le fameux parti écologique, à chaque élection depuis qu’il a douze ans, il distribue des tracts. Je ne vais pas dire de conneries, ils sont au moins dix en Rhône-Alpes. Et encore, je compte les demi-portions en portion entière.

Ma famille habite une maison au centre-ville de Lyon, je dénomme ainsi le vieux Lyon, les quartiers de Lyon qui n’ont plus d’âge. Ils sont si vieux que je ne dénombre plus les rides. Une petite demeure avec un peu d’herbe, et une barrière, elle a deux niveaux. Moi, mon frère et ma sœur, nous bénéficions d’une chambre à l’étage, et une salle de bain pour trois. Le matin, c’est l’embouteillage.

Je suis la plus jeune, j’ai eu dix-huit ans le 8 mars. À chaque anniversaire, mon père s’exclame qu’il n’a pas mis son casque à pointe qu’avaient les armées prussiennes du conflit franco-allemand de 1870-1871. Il mentionne cela, non pour ma fête d’un nouvel âge, mais, pour la journée de la femme, il en est allergique.

Mon frère a 19 ans et ma sœur 20 ans. Nous avons tous neuf mois d’écart entre nous, du moins moi et ma sœur, nous en avons 18 ; c’est-à-dire, 9 mois plus 9 mois. Je ne vous dis pas, c’est quand même la chevauchée fantastique dès qu’un est apparu.

Je suis toujours au lycée, car j’ai redoublé la seconde, je suis en terminal arts plastiques cette année. Mon frère, Paulo, fait mathématiques supérieures, je vous avais avertis, c’est une tâche. Ma sœur fait sciences économiques, ce n’est guère mieux. Elle s’appelle Géraldine, mon père, Jean, devait être bourré lorsqu’il a été à l’état civil.

Moi, c’est Anaïs, il a montré là qu’il pouvait avoir de la classe.

Mes parents sont enseignants, un professe le français et l’autre les mathématiques. Une existence après le lycée, n’est qu’un rêve. Hier soir, ils ont invité à boire un apéritif, un enseignant spécialisé en théâtre et cinéma, je vous le donne en mille ; c’est le mien, Hubert kronrief. J’ai eu droit à un kir, et à des blagues vaseuses sur la vie interne au lycée. Ma mère, Marie, nous apprend que, Camille Jouyda, la professeure d’art plastique a abandonné le domicile conjugal, elle loue une chambre de bonne avant de trouver mieux. Hubert ne me quitte pas des yeux si bien que je baisse les miens, et je croque une olive. J’ai avalé le noyau.

Ma mère demande pourquoi je reste silencieuse, je lui réplique que les on-dit du lycée ne m’intéressent pas. Hubert me requiert de ce que je pense de son cours, je suis tellement surprise que je manque d’en ingurgiter un autre. Je le crache dans ma main, et je dépose dans le cendrier en cristal qui ne sert à rien, mais ma mère le place toujours sur la table pour décorer. Je trouve que cela donne un genre débile. Je reste sidéré, alors je réponds qu’il est bien. Il me questionne si j’ai des critiques à formule. Je lui souligne que c’est un cinéma intellectuel, qui oublie les sucés populaires, et le cinéma indépendant des circuits classiques. Il me réplique que je veux approfondir dans une voie qui mène vers les métiers du cinéma, une école existe à Lyon. Je lui révèle que je ne suis pas encore décidé, car j’aime le dessin et la peinture, et que je ne peux concilier ces deux mondes. Il me précise que le cinéma c’est l’univers du rêve, et que nous y rencontrons que peu d’élus. Je lui réplique que ce que j’adore, c’est le cinéma indépendant, il est plus développé aux états unis qu’en France. Il me dit non que beaucoup de gens s’investissent au sein de court métrage. Mon père avoue qu’il ne connait pas ce genre, je lui remémore que je lui ai déjà montré des films. Il concède qu’il en a vu, il les a estimés décousus, et même un peu chiants. Hubert, lui signale que des longs métrages plus légers que ceux qui sont gnangnans existent. Ils partent en fou rire sur ce qualificatif. De temps à autre, je juge mes parents franchement bêtes, surtout dans de telles situations.

Nous buvons plusieurs verres, des allées et venues, je m’étonne que mon téléphone se trouve sur une étagère, alors que je suis persuadé qu’il fut vers moi. Je le remarque, ma mère me requiert de ralentir le kir. Autour de nous, mon frère et ma sœur nous ont rejoints. Énervée, je monte à l’étage, j’éclabousse mon visage à l’eau froide, je sentais des bouffées de chaleur. Mon frère toque à la porte, il me questionne si tout va bien, je le laisse entrer. Je lui raconte mon malaise avec mon mobile, il me rassure, puisqu’un intrus aurait du mal à avoir accès s’il ne possède pas le code, je lui précise que je le déverrouille avec mon empreinte digitale. J’admets que j’ai paniqué pour rien. Je remarque son regard sur l’échancrure de ma chemise. J’en ai mise une d’homme blanche. Je lui demande s’il veut une gifle, il me réplique qu’il n’a rien vu.

Gênée, je retourne m’assoir, j’avoue avoir eu un coup de chaud. Hubert nous quitte, nous mangeons des assiettes salades. Je remarque qu’Hubert est spécial, il a l’air bizarre. Mes parents lui trouvent toutes les qualités du monde, ils ont vraiment des idées à part.

Quinze jours plus tard, je m’aperçois qu’un compte s’est joint à tous mes réseaux sociaux, c’est le seul qui n’a pas de photo. Je le questionne en vue d’en connaitre la raison. Il me réplique que c’est un jeu qu’il fait avec une de ses amies, il reste incognito, elle doit le dénicher. Il me précise qu’elle fait partie de mes relations sur internet. Je tente d’en savoir plus, il demeure distant. Je lui demande qu’est-ce qu’on gagne à ce jeu. Une photo d’elle, habillée d’une tenue sexy, sur son email, tant qu’elle ne l’a pas découvert. Je l’interroge s’il a une âme de collectionneur, il le reconnait. Je lui avoue que je suis sceptique, car c’est assez facile à vous retrouver en relevant le nom des contacts. Il me dit d’un seul coup qu’hier, il a reçu une photo de ses seins. Je le préviens que s’il est mon frère, je le tue, il me questionne si ce dernier aime les regarder. Je lui réplique qu’il est très curieux. La conversation s’enlise.

Je le retrouve le soir, nous discutons en nous chamaillant de 22 heures à une heure du matin. La quinzaine finissante, je lui demande une photo, j’ai envie de voir son visage, de savoir qui s’exprime. Il accepte si je montre ma poitrine, je pousse des cris, bien que j’aie déjà fait des nues. Une femme ne doit pas tout céder à un homme. Il me propose sous forme de jeu. J’acquiesce sans prévoir ce qui peut se produire. Si je commence à dévoiler des renseignements sur moi, il complète, s’il a juste, je dois une photo. J’écoute, je réfléchis, ne serait-ce pas une pente savonneuse où je risque de déraper, mais j’adore ce genre de glissades. Je ris sans le montrer. Mais le jeu ne débute pas, cela m’énerve.

Agacée, je me retourne au sein de mon lit, je me lève dans le dessein de boire un verre d’eau. À la cuisine je tends mon verre sous le robinet, il se remplit goute à goute ; j’en frissonne. Quelqu’un arrive. Qui est-ce ? Mon frère, en caleçon, moi, j’ai juste un t-shirt, il s’arrête au-dessus de la mi-cuisse. Il me révèle qu’il a du mal à dormir, il se sert un jus d’orange, il le boit doucement. Nous échangeons des mots banals, presque bancals. Je remonte, il me suit. Si l’inconnu était mon frère, c’est possible, mais il doit savoir l’intitulé de mon compte. Je n’ai pas posté ma carte d’identité. Il n’exigerait pas une photo de mes seins. Tout d’un coup, je n’en suis pas sure.

Angoissé, je m’endors.

Le lendemain, Hubert nous révèle l’existence de circuits indépendants de distribution de films. Il me requiert d’en parler. Je mentionne ce que je sais. Il m’interroge si quelqu’un me demandait de faire un bout d’essai, je me lancerais. J’avoue que oui. Il nous propose de nous regrouper par trois, et de réaliser un petit film que tout le monde visionnera, en le critiquant. Nous sommes vingt-et-un, il désire sept groupes. Il prend une feuille, il note ceux qui se constituent. Je le questionne sur le scénario, il nous laisse la liberté, simplement, la limite est fixée à dix minutes, l’histoire sera succincte. Nous avons déjà appréhendé quelques techniques du cinéma.

Je suis avec Morgane, et Gaëlle, notre classe ne comporte que deux garçons. Le choix est étroit, d’autant plus qu’ils sont nigauds et balourds comme deux ours.

Pendant la pause, nous en discutons, ce n’est pas aussi facile que tout un chacun le croit, nous avons besoin d’une idée, et ensuite nous devons l’exploiter. Le soir, Gaëlle nous propose par SMS qu’une frappe à la porte, la deuxième ouvre, et celle qui a toqué se fait trucider à coups de couteaux. J’avoue que j’aime bien, et que je veux jouer la victime, je me sens l’âme à mourir, je m’esclaffe. Nous avons juste besoin de deux ou trois litres de sauce tomates. Nous tenterons de réaliser ce scénario. Entre l’idée et le tournage, tout un monde vit. Après cette parenthèse, je discute avec mon inconnu. Je lui communique ce que nous comptons mettre en œuvre, il me suggère une minijupe très courte, il me précise ras des fesses, je lui confesse que je n’en possède pas. Il me conseille de couper le tissu en trop. J’avoue que si l’idée me plait, je n’oserai pas tourner ainsi. Il me demande une petite photo. Je reconnais que je veux bien, mais je dois couper. Je prépare un ciseau, je trace un trait à peu près parallèle à la taille, là c’est ras des fesses. J’hésite, c’est une belle jupe noire, au diable l’avarice. Je cisaille. Je la mets. En face d’un miroir, je prends un cliché. Je lui envoie. Il me requiert d’autres poses, je lui rétorque que c’est plus compliqué seule, il l’admet. Dix minutes plus tard, il me demande de descendre à la cuisine, d’aller chercher un verre d’eau en étant habillé ainsi. J’accepte son jeu. J’en suis émoustillée. J’ingurgite d’un trait ma boisson, mon frère arrive, et me questionne si c’est une nouvelle jupe. Je lui réplique que c’est un jeu avec une copine. Je pique un phare, je l’impression d’être rouge coquelicot. Mes joues chauffent. Il me requiert si cela va bien, il me conseille une douche, je suis écarlate comme une écrevisse. Je ne réponds rien, je remonte dans ma chambre. Il est derrière moi. Je clos la conversation sur Snapchat, et je me couche.

Quelques jours plus tard, avec Gaëlle et Morgane, nous réalisons notre œuvre qui restera sans doute dans les annales, les premiers pas d’Anaïs au cinéma. Morgane tient son téléphone et filme, en minijupe, je gravis les escaliers en bois qui mène chez Gaëlle, elle fait plusieurs prises de vue, en avant et en arrière. Le dialogue, nous ne nous sommes pas trop foulés, nous ne risquons pas d’être fatiguées après cet exercice. Je toque plusieurs fois à la porte, Gaëlle ouvre, elle me demande d’entrer. Elle la ferme, en grimaçant, elle exige son argent. Je lui promets de lui rendre la prochaine fois. Elle me pousse, je trébuche et je tombe. Assise sur mon abdomen, elle me donne plusieurs coups de couteau. Morgane nous fait recommencer plusieurs fois de façon qu’on aperçoive mes cuisses. Morgane sort de la sauce tomate, du fric, j’en ai sur la gorge et le ventre. Morgane se charge de monter le film. Plus de trois heures pour un court métrage vraiment amateur.

Le soir, je deviens accro des messages de l’inconnu, je lui demande s’il réside loin de Lyon, il me répond non. Je lui communiquerais bien mon adresse, mais c’est risqué. J’ignore totalement sa véritable identité, est-il informé de la mienne ? Il me requiert cinquante photos, s’il est capable de me la donner. Je coupe la conversation.

Le lendemain, dans un cours, nous visionnons nos réalisations, je ne suis pas déçu du résultat. Hubert nous reproche le côté trop visuel, sans au moins un début d’histoire. Cependant, il trouve notre travail pas mal, je ne sais comment apprécier cette expression, je m’attendais à un mot équivalent à l’excellence.

Dans les couloirs, il m’interroge si je m’intéresse aux productions trashs ; c’est visuel, sans, vraiment, de trame. Il me propose de m’en envoyer des exemples par mail, j’accepte, je lui donne mon adresse émail et mon numéro de téléphone. Il m’invite à venir boire un verre dans un troquet à quelques mètres du lycée. Il me demande ce que je désire, je réponds un café, lui aussi en prend un. Nous parlons de cinéma ; employer « nous » est exagéré ; je l’écoute. C’est un passionné. La plupart des noms qu’il me cite ne m’évoque rien, ils sont morts depuis belle lurette, ou leur notoriété n’a pas dépassé la rue où ils habitent. Les métiers du cinéma sont une voie sans issue, un parking sauvage dans une cité cratère. Et d’ailleurs, je suis plus grande que Marylin Monroe. Il me questionne au sujet de mon air pensif, je lui réplique sans réfléchir que Marylin Monroe est plus petite que moi.

Il sourit, il boit son café, je croque mon chocolat. Je l’ai cassé dans son élan, je lui dis que j’aime bien le cinéma de Pasolini. Il m’interroge si j’ai vu les cent-vingt jours de Sodome. Je lui dis que j’ai adoré. Il me questionne si je ne l’ai pas trouvé un peu dur. Je lui déclare que non.

— Si je te demande si tu veux faire un bout d’essai d’un remake de ce film, qu’est-ce que tu me répondras ?

Je le regarde, est-il sérieux ?

— Ben, je l’ignore, je sauterais sur l’occasion.

— Tu te précipiterais pour être actrice, interpréter un rôle, une des jeunes filles.

Je ne sais pas moi-même, ce que je répliquerais dans la réalité. J’hésite.

— Ton incertitude est normale.

— Je pense que je le ferai, mais je serai mal à l’aise.

— Un comédien devient le personnage du film, il n’est plus lui-même, il est l’autre.

—Je dompterais ma gaucherie.

Il me propose des photos en reprenant des scènes de ce long métrage. J’hésite, mais il connait mes parents. Il me précise qu’il a une robe de mariée, je n’aurais qu’à la mettre. L’inconstance m’accueille en son royaume. Musset la disait sœur de la folie. Elle guide mes pas. Il se lève, je le suis, je ne sais pas si je dois appeler au secours. Je suis assise du côté passager de sa voiture, une berline sportive. Il conduit nerveusement, il aura peut-être un accident. Quel âge peut-il avoir ? Il doit être plus jeune que mes parents.

Nous montons les escaliers, ils pourraient s’écrouler, je prie le seigneur, Dieu pourrait me venir en aide. Je lui garantis d’aller à la messe le dimanche matin, même si j’ai fait la fête. Il ouvre sa porte, elle serait en mesure d’exploser. Il me fait entrer au sein de petit loft dédié au théâtre au cinéma, des grandes affiches de films, des portraits d’acteurs et d’actrices. Il s’arrête, nous échangeons au sujet des comédiens qui ont collaboré avec l’occupant pendant la Seconde Guerre mondiale. Il me désigne une photo de Daniele Darrieux. Il m’apprend qu’elle a rencontré le couple Goebbels, elle s’est rendue à Berlin dans le but de représenter le cinéma français aux dignitaires nazis, elle n’était pas seule. Elle a dit que c’était pour sauver son amant. Il me prête un livre qu’il tire d’une bibliothèque, le titre évocateur « Chantons sous l’occupation » d’André Halimi. J’avoue que je ne le connaissais pas. Je n’avais pas imaginé que les arts et les spectacles avaient continué pendant cette période funeste. Pour moi, la France s’est mise en retrait, les gens ne sont pas allés au spectacle alors d’autres succombaient. Si quelqu’un pense acteur ou comédien pendant les années noires, il ne doit pas oublier que sans quelqu’un qui vient applaudir un artiste, son show ne tiendra qu’une soirée. Il prépare un paravent, et sort une d’une valise, une robe de mariée blanche assez simple. Cette cloison japonaise en papier de riz doit être juste utile à faire des ombres chinoises. Il m’invite à passer au dos de ce bouclier qui protège des regards. Il s’excuse du manque de place pour l’intimité, une vitre sépare cet endroit du loft. En feu, je me glisse derrière les panneaux, devenue effeuilleuse, je me déshabille, je garde ma culotte et mon soutif, avant d’enfiler la robe. Le voile se maintient avec une couronne sur la tête, il forme une pièce à part.

J’apparais devant lui, il me prend en photo. Il m’apporte une trousse de maquillage et me demande de me grimer de poudre, de rouge à lèvres, de fards et d’autres artifices avec outrance. Il me requiert de ne pas avoir peur, ce n’est juste que pour faire un portrait. Je m’applique, en regardant la transformation sur un miroir, je ressemble à une fille aux mœurs légères, je suis gentille pour me qualifier, je serais capable d’être plus excessive dans le choix de la terminologie.

Une fois fini, il reprend des photos et me demande de marcher, il filme. Il me requiert d’ôter la robe. Je rougis, il me rappelle que, dans le long métrage, les actrices n’avaient que les voiles sur la tête. Ce n’était qu’une mise en scène de chair et de peau, la femme et la personnalité n’existaient pas. Elles n’ont aucun dialogue. Je retire la robe, ma culotte et mon soutien-gorge que je pose sur un fauteuil. Il me prend en photo. Accroupi devant moi, il saisit en plusieurs clichés mon sexe en gros plan, mon derrière, mes seins. Il me requiert de marcher autour de la pièce. Il filme. J’avance mécaniquement, j’ai l’impression d’avoir de la fièvre. J’ai atteint au moins 42 degrés. Je suis sur un petit nuage.

À la fin, je lui demande la permission de me démaquiller, il m’apporte une cuvette d’eau froide et un gant et une serviette. À genoux, je trempe ma main, c’est glacé, je passe le gant sur mon visage, j’ai des frissons partout, il me donne un morceau de savon de Marseille, je lave ma figure. J’essuie et je sèche avec la serviette, je me rhabille.