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Les Méditations cartésiennes marquent une étape importante dans l’œuvre d’Edmund Husserl (1859-1938), le créateur de la phénoménologie.
Une fiche de lecture spécialement conçue pour le numérique, pour tout savoir sur Méditations cartésiennes d'Edmund Husserl
Chaque fiche de lecture présente une œuvre clé de la littérature ou de la pensée. Cette présentation est couplée avec un article de synthèse sur l’auteur de l’œuvre.
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Seitenzahl: 50
Veröffentlichungsjahr: 2015
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ISBN : 9782852295254
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Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Méditations cartésiennes, Edmund Husserl (Les Fiches de lecture d'Universalis).
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Les Méditations cartésiennes marquent une étape importante dans l’œuvre d’Edmund Husserl (1859-1938), le créateur de la phénoménologie. C’est d’abord l’un des rares exposés synthétiques et introductifs qu’il ait tenté de cette dernière, la plupart de ses écrits publiés, depuis les inaugurales Recherches logiques (1900-1901), constituant plutôt des états, souvent techniques et arides, d’une réflexion en cours, jamais arrêtée. C’est ensuite le signe d’un tournant majeur dans cette réflexion, venue des langues formelles et de l’abstraction mais tendue vers le « monde de la vie » – et l’occasion d’un hommage rendu à Descartes, qui est aussi une critique.
Les Méditations cartésiennes se donnent comme une Introduction à la phénoménologie. Il s’agissait au départ de quatre conférences prononcées en allemand à Paris, les 23 et 25 février 1929. Profondément remaniées à destination de leur public français, elles ont paru en 1931 dans une traduction d’Emmanuel Lévinas (alors jeune docteur de l’université de Strasbourg, et qui deviendra l’un des principaux introducteurs de la phénoménologie en France) et de Gabrielle Peiffer, revue par Alexandre Koyré.
Déjà dans la Philosophie première (son cours à l’université de Fribourg en 1923-1924), Husserl confronte son projet à l’histoire de la philosophie. Kant y est présenté comme le plus proche de la science purement descriptive qu’il cherche à fonder. Mais la « voie cartésienne » s’avère la principale des « voies phénoménologiques ». C’est elle en effet qu’empruntent les Idées directrices pour une phénoménologie (1913, traduites en 1950 par un autre des grands phénoménologues français, Paul Ricœur). Même distinguée de « la tentative cartésienne de doute universel », l’« épochè phénoménologique » ou « réduction transcendante », mise entre parenthèses de « l’attitude naturelle » permettant d’atteindre une évidence « réellement apodictique » (et donc dotée du statut de vérité nécessaire), apparaît comme une héritière directe du « subjectivisme » cartésien. La quatrième des Méditations cartésiennes semble couronner ce parcours, quand elle propose de considérer « l’explication phénoménologique véritable de l’ego cogito » comme « idéalisme transcendantal ».
Définissant les Méditations de Descartes comme le « prototype du retour philosophique sur soi-même », Husserl fait sienne la « nécessité d’un recommencement radical en philosophie ». Cette nécessité entraîne au-delà de son illustre modèle : Descartes n’a pas suffisamment mis en cause l’idéal géométrique d’un « fondement axiomatique », car la science géométrique elle-même a besoin d’un fondement. Elle n’en aboutit pas moins, on l’a dit, à une reformulation de l’ego. Mais alors que les quatre premières Méditations de Husserl s’en tenaient pour l’essentiel à « la corrélation de l’être et de la conscience » (soit la relation bipolaire sujet-objet), la cinquième et dernière opère un changement de taille en se demandant si nous avons « poussé nos recherches assez loin pour nous rendre intelligible, dans sa structure générale et essentielle, la possibilité (très étrange, nous le sentons tous) de l’existence d’autrui pour nous ». Faute de quoi, « notre évidence ne deviendrait-elle pas chancelante ? »
Husserl est ainsi conduit à opérer une ultime « réduction », celle de l’expérience transcendantale à la « sphère de l’appartenance » (« ce qui m’appartient », « le non-étranger » ou sphère du propre). Alors que la fondation cartésienne de la science passait par le dualisme de l’âme et du corps, la refondation husserlienne comprend au contraire le « corps propre » (Leib, ce que les phénoménologues contemporains, à la suite en particulier de Merleau-Ponty, préfèrent appeler la chair) radicalement autrement que les corps en général, tels qu’ils nous sont donnés à connaître par la physique. Lorsque la conscience met le monde entre parenthèses, s’isolant comme solus ipse, elle produit une apparence d’elle-même, que l’explication phénoménologique, faisant retour sur « l’intuition » d’être au monde, permet de dissiper. Brisant net les frontières induites par une philosophie de la conscience psychologique, l’intentionnalité reconnaît ainsi son propre fondement dans « l’expérience de l’autre ». Elle se rapporte à une « Nature intersubjective » qui est la condition (la « première forme », écrit Husserl) de toute « objectivité ».
Les Méditations cartésiennes offrent donc pour finir une critique de la phénoménologie comme « expérience transcendantale » – ou encore une réponse à l’objection qui pouvait lui être faite de retomber dans un « solipsisme transcendantal », une réponse proprement phénoménologique et non pas métaphysique (comme celle de Leibniz face au solipsisme cartésien, avec la monadologie), pas plus qu’ontologique, selon le déplacement que venait d’opérer Martin Heidegger (Être et Temps, 1927). Elles ouvrent à l’enquête le domaine de l’Einfühlung : « la théorie de l’expérience de „l’autre“ », ou « comment l’extranéité des „autres“ est transférée au monde entier, en qualité de son „objectivité“, et lui confère justement ce sens ». C’est bien d’une ouverture au « monde de la vie » qu’il s’agit, selon l’expression plus explicite du dernier ouvrage (inachevé) de Husserl : La Crise de la conscience européenne.
François TRÉMOLIÈRES