Mémoires de deux jeunes mariées d'Honoré de Balzac - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Mémoires de deux jeunes mariées d'Honoré de Balzac E-Book

Encyclopaedia Universalis

0,0

Beschreibung

Mémoires de deux jeunes mariées est un roman épistolaire d’Honoré de Balzac (1799-1850). D’abord publié en feuilleton, en trois parties, dans le journal La Presse, le livre paraît en janvier 1842 chez Souverain, assorti d’une préface et d’une dédicace à George Sand datées de 1840. En septembre de la même année, ce roman est intégré au deuxième volume de la première édition de La Comédie humaine. Il constitue le premier texte du deuxième tome de Scènes de la vie privée, dans les « Études de mœurs ». Composé de 57 lettres, le livre est divisé en deux parties, très déséquilibrées, avec 47 lettres pour la première et 10 pour la seconde. Entamée en 1823, la correspondance court sur quatorze ans, mais elle s’interrompt fréquemment, et durant des périodes allant de quelques mois à plusieurs années.


À PROPOS DE L'Encyclopaedia Universalis
Reconnue mondialement pour la qualité et la fiabilité incomparable de ses publications, Encyclopaedia Universalis met la connaissance à la portée de tous. Écrite par 8 000 auteurs spécialistes et riche de plus de 31 000 médias (vidéos, photos, cartes, dessins…), l’Encyclopaedia Universalis est la plus fiable collection de référence disponible en français. Elle aborde tous les domaines du savoir.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 81

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782341013055

© Encyclopædia Universalis France, 2023. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Monticello/ Shutterstock

Retrouvez notre catalogue sur www.boutique.universalis.fr

Pour tout problème relatif aux ebooks Universalis, merci de nous contacter directement sur notre site internet :http://www.universalis.fr/assistance/espace-contact/contact

Bienvenue dans la collection Les Fiches de lecture d’Encyclopædia Universalis.

Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Mémoires de deux jeunes mariées, Honoré de Balzac (Les Fiches de lecture d'Universalis).

Afin de consulter dans les meilleures conditions cet ouvrage, nous vous conseillons d'utiliser, parmi les polices de caractères que propose votre tablette ou votre liseuse, une fonte adaptée aux ouvrages de référence. À défaut, vous risquez de voir certains caractères spéciaux remplacés par des carrés vides (□).

MÉMOIRES DE DEUX JEUNES MARIÉES, Honoré de Balzac (Fiche de lecture)

Mémoires de deux jeunes mariées est un roman épistolaire d’Honoré de Balzac (1799-1850). D’abord publié en feuilleton, en trois parties, dans le journal La Presse, le livre paraît en janvier 1842 chez Souverain, assorti d’une préface et d’une dédicace à George Sand datées de 1840. En septembre de la même année, ce roman est intégré au deuxième volume de la première édition de La Comédie humaine.Il constitue le premier texte du deuxième tome de Scènes de la vie privée, dans les « Études de mœurs ». Composé de 57 lettres, le livre est divisé en deux parties, très déséquilibrées, avec 47 lettres pour la première et 10 pour la seconde. Entamée en 1823, la correspondance court sur quatorze ans, mais elle s’interrompt fréquemment, et durant des périodes allant de quelques mois à plusieurs années.

1. « Le cœur est prolixe » (préface)

Tout juste sorties du couvent où elles ont été élevées et sont devenues amies, Louise de Chaulieu et Renée de Maucombe décident de s’écrire pour se raconter leur vie et se confier l’une à l’autre. Très vite, deux personnalités et deux itinéraires se dessinent. Louise, idéaliste et rebelle, part s’installer à Paris où, ayant retrouvé son père et hérité de la fortune de sa grand-mère, elle se laisse entraîner, fascinée, dans le tourbillon de la mondanité aristocratique. Elle ne tarde pas à vivre une idylle enflammée avec son professeur d’espagnol, Felipe Hénarez, qui n’est autre que le baron de Macumer, un grand d’Espagne exilé pour des raisons politiques, lequel se soumet aux caprices de Louise. Tous deux se marient et connaissent quatre années de passion réciproque, qui s’achèvent tragiquement par la mort de Macumer, épuisé par les exigences tyranniques de sa « reine ».

Entretemps, Renée, plus sage et aspirant à une paisible vie de famille, est retournée en Provence. Elle a épousé Louis de Lestorade, son aîné de vingt ans, riche aristocrate de province au physique ingrat, avec lequel elle s’est installée à La Crampade, une bastide sinistre. Très vite, elle donne naissance à un garçon, suivi de deux autres enfants, maternité qui rend Louise jalouse lorsqu’elle rend visite à son amie. Quatre ans après le décès de Macumer, Louise tombe à nouveau amoureuse d’un écrivain désargenté, beaucoup plus jeune qu’elle, Marie Gaston, qu’elle épouse et avec qui elle entretient une relation inverse de la précédente, quoique tout aussi ardente et exclusive. Devenue à la fois mécène, muse et esclave de son mari-amant, elle s’efforce de le garder pour elle seule, à l’écart du monde (ils s’installent à la campagne, en Seine-et-Marne). Près de trois ans après le début de cette union intense mais douloureuse, croyant ‒ à tort ‒ être trompée, folle de jalousie, Louise se laisse mourir de désespoir. Renée, de son côté, a trouvé le bonheur dans sa vocation de mère autant que dans l’affection profonde et réciproque qui la lie à son mari, lequel, encouragé par son épouse, a fait une brillante carrière jusqu’à être nommé ambassadeur.

Mémoires de deux jeunes mariées constitue le seul véritable roman épistolaire d’Honoré de Balzac, genre prisé du siècle précédent (il est fait à plusieurs reprises allusion à La Nouvelle Héloïse de Rousseau). On voit ce qui a pu séduire l’auteur dans « ce mode si vrai de la pensée », comme il qualifie le roman par lettres dans la préface, à la fois proche du journal et du genre dramatique par lequel il a toujours été attiré : sa capacité à rendre de manière directe, sans la médiation d’un narrateur extérieur, les pensées et les sentiments des personnages, et à faire entendre le dialogue de leurs « voix » singulières, entre les épanchements exaltés de Louise et le ton sentencieux de Renée. Car si la forme épistolaire se prête particulièrement à l’expression de la sensibilité, elle favorise également le débat d’idées. Bien conscientes d’incarner deux modes de vie mais aussi deux philosophies opposées, Renée et Louise manient toutes deux la rhétorique argumentative avec talent.

2. « Une cantate à deux voix » (Jean Rousset)

Atypique dans l’œuvre de Balzac par sa forme, le livre ne l’est nullement par son sujet. DepuisPhysiologie du mariage (1829), le romancier n’a cessé et ne cessera d’étudier cette institution, qui concentre les deux grands thèmes de La Comédie humaine : l’amour et l’argent. Régi par le code Napoléon, qui place les femmes sous la tutelle de leur père puis de leur mari, le mariage joue en effet, à travers les questions de titre, de dot et d’héritage, un rôle capital dans la circulation des personnes et des biens au sein de la noblesse et de la bourgeoisie du XIXe siècle. Seule alternative au couvent, il détermine ici concrètement la vie de Renée et de Louise.

Dans ce jeu cynique et complexe où la famille apparaît comme le centre stratégique d’enjeux à la fois financiers et sociaux, l’amour est censé ne pas avoir sa place, ou uniquement à titre d’obstacle, d’élément incongru, d’où la charge hautement romanesque du choc des deux univers. Il serait néanmoins trop rapide de faire de Louise sa seule représentante. Le récit illustre en réalité deux conceptions de l’amour, aussi anciennes que le discours amoureux lui-même : eroscontrephilia. Ainsi, tout en obéissant aux codes de la société et à l’injonction paternelle, Renée n’en défend pas moins une certaine forme d’amour, cette « amitié » (philia) qui la lie, et de plus en plus au fil du temps, à son mari. Inversement, la passion (eros) de Louise n’est pas exempte de sous-entendus sociaux, et sa quête d’un amour idéal fait bon ménage avec son goût du luxe et de la mondanité.

On le voit, les positions sont donc moins figées qu’il n’y paraît. Le récit semble, il est vrai, dessiner deux trajectoires inverses, une chute et une ascension, et mener à une moralité. Louise, éprise d’absolu, emportée dans la frénésie de la vie parisienne et de ses amours romanesques, finira par déchoir socialement et par mourir de jalousie, comme dans un mélodrame. Renée, brave mère de famille engluée dans la vie de province et la médiocrité d’un mariage avec un homme laid et insignifiant, aimera finalement son époux d’un amour sincère et le poussera vers une ascension spectaculaire. Il serait pourtant imprudent de faire de Balzac le défenseur du mariage de raison. Moins moraliste qu’observateur et défenseur du monde féminin, l’écrivain montre une Renée et une Louise cherchant avant tout à se faire actrices de leur destin, à l’intérieur et contre la société patriarcale qui prétend les asservir, notamment dans leur rapport aux hommes, chacune à sa façon : l’une avec éclat et assurance (« Il est mon esclave », lettre XVI), l’autre de manière moins directe mais tout aussi efficace (« Mon mariage ne sera pas une servitude, mais un commandement perpétuel », lettre XIII).

Au-delà de sa dimension argumentative, ce roman épistolaire offre un double portrait de femmes, peint du point de vue des modèles eux-mêmes. Balzac se fait l’anatomiste d’une amitié profonde, mais où, sous les protestations sincères d’affection pointent parfois l’envie, l’amertume et les reproches, autant que la tentation de vivre par procuration l’existence de l’autre. Il reste que cet intérêt et cette empathie pour la condition féminine se manifestent à travers la solidarité qui, par-delà leurs différences, unit les deux personnages : « Entre nous deux, écrit Renée, qui a tort, qui a raison ? Peut-être avons-nous également tort et raison toutes deux, et peut-être la société nous vend-elle fort cher nos dentelles, nos titres et nos enfants ! » (lettre XVIII)

Guy BELZANE

BALZAC HONORÉ DE(1799-1850)

Introduction

Prométhée, Protée, homme à la robe de bure, créateur halluciné immortalisé par Rodin, Balzac a suscité toutes les imageries et toutes les gloses. L’œuvre immense vit, de réédition en réédition : elle est traduite et lue dans le monde entier et la télévision lui a redonné, plus que le cinéma, peut-être, une nouvelle fortune.