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Bienvenue dans la collection Les Fiches de lecture d’Universalis

Choses vues est un volumineux ensemble de textes que Victor Hugo (1802-1885) avait laissés impubliés.

Une fiche de lecture spécialement conçue pour le numérique, pour tout savoir sur Mémoires, journaux, autobiographies

Chaque fiche de lecture présente une œuvre clé de la littérature ou de la pensée. Cette présentation est couplée avec un article de synthèse sur l’auteur de l’œuvre.

A propos de l’Encyclopaedia Universalis :

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Seitenzahl: 153

Veröffentlichungsjahr: 2015

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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782341002448

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Monticello/Shutterstock

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Bienvenue dans ce dossier, consacré à des fiches de lecture sur les Mémoires, journaux, autobiographies, publié par Encyclopædia Universalis.

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CHOSES VUES, Victor Hugo (Fiche de lecture)

Choses vues est un volumineux ensemble de textes que Victor Hugo (1802-1885) avait laissés impubliés. Réunis en volume, ils ont paru pour la première fois deux ans après sa mort, en 1887. Le titre a été donné par les éditeurs de ses écrits posthumes et repris par la tradition. Il s’avère d’ailleurs approximatif, dans la mesure où Hugo n’est pas toujours le témoin oculaire des faits qu’il relate et où les « choses » s’avèrent être aussi bien des événements que des bribes de conversation, des instantanés du quotidien, des descriptions ou des portraits.

• Un recueil disparate

Si Choses vues a connu dès sa parution un grand succès, le texte établi était loin d’être définitif. Il n’a cessé durant un siècle de s’enrichir de fragments demeurés inédits qui, très disparates, rendaient toujours plus délicate la mise au point d’une édition logique et ordonnée. Certains éditeurs ont donc tenté de donner une unité à ce qui n’en avait guère, en classant les textes en fonction de la chronologie des faits relatés et non de la rédaction et en les faisant artificiellement apparaître comme les pages d’un journal intime. D’autres se sont tenus aux indications des manuscrits, laissant côte à côte, sans les unifier, les grands blocs auxquels l’auteur avait donné un titre particulier : « Journal de ce que j’apprends chaque jour », « Faits contemporains » et « Le Temps présent ».

Par-delà leur diversité, ces écrits ont en commun d’avoir, pour la plupart, été rédigés entre 1844 et 1851, c’est-à-dire à une période où Hugo délaisse la création littéraire – hormis son grand projet Jean Tréjean, qui deviendra Les Misères puis Les Misérables –, pour se consacrer à la vie publique. Il est entré à l’Académie française en 1841 ; il est fait pair de France en 1845 ; il est élu député de Paris en 1849. Par ailleurs, en 1843, il a perdu sa fille Léopoldine, accidentellement noyée dans la Seine avec son mari. Le fait d’être devenu un observateur privilégié des lieux de pouvoir et de mondanité semble se conjuguer avec le deuil qui est le sien et le désir de ne pas parler de soi, pour donner aux textes qui composent Choses vues un statut particulier. Comme si Hugo, à la manière d’un greffier, s’effaçait de son texte pour faire de celui-ci un compte rendu impersonnel.

S’il n’écrit ni de lui-même, ni pour lui-même, et pas davantage pour ses contemporains, c’est qu’il s’adresse à la postérité. Léguer aux lecteurs du futur le carnet de bord d’un grand témoin du XIXe siècle et sauvegarder ainsi des informations dont il aura été l’un des rares détenteurs, tel est son objectif. Il note ainsi : « Personne n’a donné sur l’exécution de Louis XVI certains détails caractéristiques qu’il importe de recueillir. » À Royer-Collard lui disant : « Au reste, ces détails-là ne seront jamais recueillis et ne seront jamais de l’histoire », il répond : « Peut-être ».

• Les archives d’une histoire à venir

Justement quels détails retenir ? Quels sont ceux auxquels la postérité accordera de l’importance ? Certes, il y a des événements dont on sait qu’ils seront d’emblée mémorables : le retour des cendres de l’Empereur, les derniers instants de Balzac ou de Chateaubriand, la révolution de 1848 ou l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte. Là, Hugo fait œuvre de journaliste et relate les faits à l’instant même où ils entrent dans l’Histoire. Ainsi de la fuite de Louis-Philippe : « Chemin faisant, le roi ôta son faux toupet et se coiffa d’un bonnet de soie jusqu’aux yeux. Sa barbe n’était pas faite de la veille. Il n’avait pas dormi. Il était méconnaissable. Il se tourna vers la reine qui lui dit : „Vous avez cent ans“ ». Mais, pour le reste, comment établir des critères de sélection ? Hugo choisit précisément de ne pas choisir. Il engrange les données sans les hiérarchiser. Choses vues est un vaste pêle-mêle d’anecdotes, de bons mots, de confidences recueillies auprès des Grands : « le roi m’a dit... » ; « M. le duc d’Orléans me contait... ». S’y ajoutent des notations brutes : « Février 1848. Des canons et des caissons traversent les rues et se dirigent vers les Champs-Élysées » ; des scènes insolites : Louis-Philippe classant les ossements de ses ancêtres dans le caveau familial ou un domestique jetant aux égouts le cerveau de Talleyrand après l’embaumement de celui-ci ; des historiettes concernant les gens de théâtre ; enfin, une multitude de portraits où Hugo aiguise son trait à la manière d’un Saint-Simon. Ainsi de Thiers : « Spectacle étrange que ce petit homme essayant de passer sa petite main sur le mufle rugissant d’une révolution » ou de Blanqui : « C’était une sorte d’apparition lugubre dans laquelle semblaient s’être incarnées toutes les haines nées de toutes les misères ». Davantage que les menus faits-divers de l’Histoire, ce sont ainsi les petites mythologies de son époque que Hugo semble traquer, c’est-à-dire des données riches de sens, mais dont le sens, encore indécis, attend une définition ultérieure. Exemple frappant de ce travail de sémiologue : la scène où, flânant dans l’hémicycle vide de l’Assemblée, il entreprend de déchiffrer ce que les députés ont griffonné sur leurs pupitres.

Passant du recueil de notes au décryptage de signes, Choses vues perd alors de son objectivité. Si le ton reste impersonnel, l’auteur prend parti. Du règne finissant de Louis-Philippe, il souligne la décadence à travers le compte rendu des nombreux procès de l’époque, comme celui du duc de Praslin, accusé d’avoir sauvagement assassiné sa femme. Des députés de la gauche, il souligne la petitesse et met en exergue les perles de leurs discours. Il cite des extraits de ses propres allocutions, formule des sentences et des aphorismes, mentionne ses engagements et ses visites parlementaires, dans les prisons notamment. Bref, les fragments de Choses vues révèlent peu à peu le spectacle d’une conscience politique qui s’éveille. Lorsque celle-ci s’affirmera, que Hugo sera devenu un opposant politique en exil, ils n’auront plus de raison d’être. De plus en plus critiques et subjectifs, ils iront en se raréfiant pour laisser place aux œuvres littéraires que l’auteur remet en chantier.

Quoi qu’il en soit, Choses vues compose en ensemble sans équivalent dans la littérature française. À la fois chronique, journal de bord, dossier de travail, almanach et essai, il se situe, comme l’a dit Claude Duchet, quelque part entre le Journal des Goncourt et les Cahiers de Paul Valéry. Il reste une des créations les plus étonnantes de Hugo, essentielle pour pénétrer le cœur du XIXe siècle.

Philippe DULAC

Bibliographie
V. HUGO, Choses vues, in Histoire, Œuvres complètes de Victor Hugo, J. Seebacher et G. Rosa éd., coll. Bouquins, Robert Laffont, Paris, 1987.
Études
J.-M. HOVASSE, Victor Hugo, t. 1 : Avant l’exil 1802-1851, Fayard, Paris, 2001H. PENA-RUIZ & J.-P. SCOT, Un poète en politique. Les combats de Victor Hugo, Flammarion, Paris, 2001.

CONFESSIONS D’UN MANGEUR D’OPIUM ANGLAIS, Thomas de Quincey (Fiche de lecture)

Les Confessions d’un mangeur d’opium anglais assurèrent à Thomas De Quincey (1785-1859) la célébrité de son vivant et un rang honorable dans l’histoire de la littérature anglaise de l’époque romantique. Non qu’il n’ait rien écrit d’autre. Au contraire : il publia quelque cent cinquante essais, dont plusieurs restent marquants ; en particulier De l’assassinat considéré comme l’un des beaux-arts (1827), La Malle-Poste anglaise (1849) et Suspiria de profundis (1845), qui vint s’ajouter aux Confessions.

Né en 1785 à Manchester, De Quincey voulut rompre avec sa famille en s’enfuyant en 1802 de l’école où il faisait ses études, dans l’idée de rencontrer ses poètes vénérés, Coleridge et Wordsworth. Il se rendit en fait à Londres, où il vécut misérablement et connut la jeune prostituée Ann, grande figure – à la fois angélique et initiatrice – des Confessions. Réconcilié avec sa famille, il devint en 1803 étudiant à Oxford, qu’il fréquenta par intermittence. Pour soulager des douleurs faciales intolérables, il se tourna vers l’opium en 1804 ; il devait continuer à en consommer sous forme de laudanum à peu près jusqu’à la fin de sa vie, parfois à très hautes doses. Il finit par faire la connaissance de Coleridge, puis de Wordsworth. Ayant reçu un petit héritage en 1806, il le gaspilla promptement. De Quincey épousa en 1817 Margaret Simpson, après la naissance de leur fils en 1816. Il lui fallut alors écrire pour vivre. Il produisit surtout des articles pour divers magazines. C’est ainsi que parurent en 1821 dans le London Magazine ses Confessions, avant de devenir un livre en 1822 et de faire l’objet d’une nouvelle édition augmentée en 1856. De Quincey resta cependant en butte aux difficultés financières. À la fin de sa vie il révisa ses écrits et rassembla ses œuvres complètes en quatorze volumes.

• Un art de la digression

Son livre majeur, Confessions d’un mangeur d’opium anglais, commence par le récit de son enfance. Il s’y attarde longuement. Les Confessions présentent à peu près tous les défauts qui sont censés nuire aux œuvres littéraires : De Quincey manque de mesure et, à un degré plus grave, de méthode ; il multiplie les digressions ; sa sincérité paraît douteuse ou partielle. Il manifeste un égocentrisme forcené. Il n’est pas exempt de pédantisme, ni de lourdeur dans l’humour. Pour lire la description des visions induites par l’opium, il faut attendre les six dernières pages, sorte de conclusion presque bâclée. C’est dire qu’il a fallu à De Quincey des qualités littéraires éblouissantes pour gagner la place qui est sienne aujourd’hui. Le Tristram Shandy de Sterne a de longue date démontré les vertus et l’efficacité narrative de la digression. Pédant ? De Quincey l’est, sans doute. Mais la culture dont il fait étalage est d’une richesse et d’une authenticité rares. Enfin, et surtout, son art d’écrire se révèle irrésistible : le rythme, la sonorité, l’ampleur, la retentissante musique de ses phrases procurent un intense plaisir du texte. La véhémence est l’essence de son art.

• Un bouleversement de l’esprit

Des questions demeurent : que doit à l’opiomanie la magie de cette prose ? Et quel est le véritable dessein des Confessions : De Quincey voulait-il essentiellement se justifier ? En matière d’opiomanie, visait-il la dissuasion ou la propagande ? Qui le dira ? Deux grands chapitres des Confessions d’un mangeur d’opium traitent de l’opiomanie : les « Plaisirs », puis les « Souffrances » de l’opium. Rares sont les lecteurs qui ne trouveront pas la première partie plus chaleureuse que la seconde. Il décrit ainsi sa première expérience : « Je l’absorbai ; et en une heure, juste ciel ! quelle révolution ! quelle résurrection de mon être intérieur surgissant du fond du gouffre ! quelle apocalypse de l’univers qui m’habitait ! La disparition de mes douleurs n’était plus qu’une bagatelle à mes yeux ; cet effet négatif se trouvait englouti dans l’immensité des effets positifs qui s’ouvraient devant moi, dans l’abîme de félicité divine ainsi soudainement révélé. » Cette exaltation pénètre l’esprit du lecteur, d’autant plus que les visions terrifiantes annoncées comme la plus grande des souffrances de l’opiomane sont escamotées à la fin du livre. Il faut rappeler que dans l’Angleterre du XIXe siècle, l’opium du peuple n’était pas tant la religion que le laudanum.

Les Confessions d’un mangeur d’opium donnaient le départ à une riche tradition littéraire : à commencer par Baudelaire qui, dans Les Paradis artificiels (1860), accorde une place considérable au livre de De Quincey qu’il commente et réécrit à la fois. Le rapport de l’écrivain aux drogues (chez Michaux, Burroughs, entre autres) n’allait plus cesser de mettre en question la nature de l’inspiration littéraire.

Sylvère MONOD

Bibliographie
T. DE QUINCEY, Confessions d’un mangeur d’opium anglais, suivi de Suspiria de profundis et de La Malle-Poste anglaise, trad. P. Leyris, Gallimard, Paris, 1962 ; rééd. coll. L’Imaginaire, no 234.
Étude
F. MOREUX, Thomas De Quincey, P.U.F., Paris, 1964.

CONFESSIONS, saint Augustin (Fiche de lecture)

Les Confessions, ouvrage de saint Augustin (354-430) le plus célèbre avec La Cité de Dieu, furent rédigées de 397 à 401. L’auteur s’adresse directement, dans un dialogue intime, à ce Dieu qu’il avait tant cherché « en labeur et fièvre » ailleurs que là où le Dieu d’amour l’attendait, comme il le lui déclare : « Mais toi, tu étais/ Plus intérieur que l’intime de moi-même/ Et plus haut que le plus haut de moi-même » (III, VI, 11). L’influence de ce chef-d’œuvre de la littérature universelle s’est exercée, au cours des siècles, sur les plus grands mystiques, du dominicain Maître Eckhart (1260-1328) à Jean de la Croix ou Pascal, de même que sur les esprits les plus divers, de l’érudit latin Cassiodore (490-580) aux écrivains du XXe siècle Péguy ou Camus.

Saint Augustin, Botticelli. Botticelli, «Saint Augustin», 1480. Fresque. 152 cm ×112 cm. Ognissanti, Florence. (Rabatti - Domingie/ AKG)

• Un ouvrage apologétique

Les Confessions sont composées de treize livres. Dans les livres I à IX, Augustin raconte les principaux événements de son existence, depuis sa naissance à Thagaste, le 13 novembre 354, jusqu’à la fameuse « extase d’Ostie », à l’automne 387, suivie peu après de la mort de sa mère, Monique. La scène capitale de la conversion, qui eut lieu au mois d’août 386, dans un jardin à Milan, est évoquée au livre VIII (XII, 29) : à l’incitation des paroles d’une chanson d’enfant, prises pour une injonction divine, Augustin lit au hasard un passage de l’Épître aux Romains de saint Paul : « ... ce fut comme une lumière de sécurité infuse en mon cœur, dissipant toutes les ténèbres du doute. » Peu après, à la Pâque de l’an 387, Augustin recevait le baptême administré par saint Ambroise.

Le livre X marque une pause. Il contient une méditation sur le récit qui vient d’être fait. Le triple sens du titre (Confessiones) est alors expliqué. Il s’agit tout d’abord d’une confession faite directement à Dieu, qui connaît déjà tout : « Tu m’as percé à jour, Seigneur, quel que je sois ;/ Le fruit de ma confession ? Je te l’ai dit,/ Nullement par les mots, par les cris de la chair,/ Mais par les mots de l’âme, clameur de la pensée » (X, III, 3). C’est ensuite aux hommes que s’adresse cet aveu des fautes passées, afin qu’eux aussi entendent la parole qui a décidé de la conversion du pécheur : « D’en lire ou d’en entendre les confessions éveille le cœur, l’empêchant de s’endormir dans la désespérance en criant à l’impossible, le tenant éveillé dans l’amour de ta miséricorde et dans la douceur de ta grâce [...] Et, pour les justes, c’est une joie d’entendre le récit des fautes passées de ceux qui en sont désormais délivrés ; et ils trouvent de la joie, non parce que ce furent des fautes, mais parce qu’elles ont existé et qu’elles ne sont plus » (X, III, 4). Enfin, le troisième sens du titre est qu’il s’agit de confesser la grandeur de Dieu.

La louange de Dieu, doublée d’un chant d’action de grâces, tel est l’objet majeur de ce livre. Dans une perspective néo-platonicienne, il est remarquable que pour Augustin ce soit la mémoire qui s’avère le lieu et la formule de cette rencontre avec le Seigneur : « ... je ne t’ai pas trouvé en dehors d’elle. Je n’ai rien trouvé de toi qui ne fût dans mon souvenir, du jour où je te connus [...] Là où j’ai trouvé la vérité, là j’ai trouvé mon Dieu qui est la vérité, que je n’ai plus oubliée, du jour où je la connus » (X, XXIV, 35).

• À la recherche de la vérité

Du livre XI jusqu’à la fin des Confessions, Augustin projette son autobiographie dans le cadre biblique de la création du monde. Une méditation fondée sur les Écritures sert de fil directeur, comme le suggère une Prière liminaire : « Que tes Écritures soient pour moi chastes délices,/ Sans me tromper sur elles et sans tromper par elles ! » ( XI, II, 3).

Dans un élan mystique, l’ancien professeur de rhétorique, naguère rebuté par la Bible, entreprend une longue méditation, nourrie des Saintes Écritures, au sujet de la création du monde et du Verbe de Dieu « par qui tout est dit de toute éternité ». L’auteur traite ensuite longuement du problème du temps. La matière, la mémoire et la connaissance, la forme et l’informe, le ciel et la terre, le mystère de la Trinité, la foi et l’espérance, le sens de la création de l’homme : tous ces sujets de réflexion alternent avec d’ardentes invocations à Dieu, des citations de la Bible et des raisonnements passionnés. Contre les objections, c’est Dieu lui-même que l’évêque d’Hippone Augustin, appelle à trancher entre ses déclarations et les contradictions qui lui seraient opposées (XII, XVI, 23).

Dans le dernier livre, la méditation d’Augustin s’élève vers les plus hauts sommets quand il considère la Création comme signe de la Trinité et figure de l’Église. L’ensemble s’achève sur un chant exalté d’espérance et de confiance en Dieu « toujours en action et toujours au repos [...] unique et bon, qui n’a jamais cessé de faire le bien » (XIII, XXXVIII, 53).

Plus qu’une simple évocation des événements d’une vie, les Confessions sont le récit de l’aventure intellectuelle et spirituelle, tourmentée et passionnée, d’un esprit éperdument lancé à la recherche de la vérité. L’accueil de la grâce divine par le libre arbitre est au cœur de la destinée, dont ce livre, dans un style à la fois sublime et frémissant, donne le témoignage exceptionnel.

Bernard SESÉ

Bibliographie
AUGUSTIN, Confessions, trad. P. Cambronne précédées de Dialogues philosophiques,