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Joe Smith pose ses valises à Chicago et devient inspecteur de la brigade des mineurs. Un beau jour, il reçoit l’appel du 911 intervenant dans un cas de maltraitance. Il parvient à secourir l’enfant, Agathe, à qui il s’attache très rapidement. Quand celle-ci lui dévoile l’existence de son frère et sa sœur, Joe se lance dans une course contre la montre pour les retrouver… Seulement, cela ne se fera pas sans mal. Parviendra-t-il à supporter les horreurs qui parsèmeront sa quête ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Dominique Vialar utilise l’écriture comme un antidépresseur, une raison d’avancer. Par ailleurs, elle est auteure de dix livres dont Pris sur la toile.
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Veröffentlichungsjahr: 2022
Dominique Vialar
Moi enfant, toi adulte
Roman
© Lys Bleu Éditions – Dominique Vialar
ISBN :979-10-377-5247-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Si de la main droite tu fouettes l’enfant, de la main gauche tu le presses sur ton cœur. (Nigérien)
Après le roman Pris sur la toile, je reviens avec un deuxième. Je continue ma lancée avec Moi enfant, toi adulte qui parle de la maltraitance infantile.
Je n’ai pas mis longtemps à me plonger dans mon écrit pour retrouver les maux du passé. Je me suis posé la question : comment être le plus clair possible ? Comment les gens pourraient-ils percevoir mon histoire ? C’est alors que cette nuit, je me suis mis à mon bureau et j’ai commencé à écrire. J’ai passé la plus grande partie de ma vie entre les aventures d’un soir et les voyages dans les quatre coins du monde. De temps en temps, j’envoyais des cartes postales à mon frère resté à Miami. Un jour, nos échanges postaux se sont transformés en appels téléphoniques. J’ai pris conscience que, même avec un handicap, il a tout de même réussi. Avec le temps, il a réussi à fonder une famille, avec une femme et un enfant. Je me suis rendu compte que la vie est courte et que Michael, Madison et ma petite nièce Jessy me manquaient énormément. Quelques fois, j’avais des amis de mon ancienne vie qui me donnaient des nouvelles. Même si j’ai renoncé à devenir policier, il y a des moments où tout cela me manque. Je vais sur mes quarante-six ans et j’ai comme une folle envie de stabilité. Pour mon ultime voyage, j’ai décidé de poser ma valise à Chicago. Quelque temps plus tard, j’ai appris que l’ancien inspecteur partait à la retraite et donc je suis allé tenter ma chance. Tout s’est très bien passé et j’ai eu le poste sans trop de mal. Toutefois, ce que je n’avais pas pris en compte, c’est que j’allais m’occuper des enfants maltraités et pas d’enquêtes criminelles. Je n’ai rien contre ça, mais je ne savais pas qu’il y avait des services de police qui s’en occupaient. Je ne sais pas combien de nuits blanches j’ai passées. Choqué et blessé dans mon âme, mon cœur commençait à saigner de cette douleur. Avec le temps, mon caractère s’est endurci et je ne me laisse plus faire par tous ces « MONSTRES » qui osent faire du mal aux enfants. Je travaille avec Amanda Henderson, très compétente mais trop sensible.
Quand j’ai rencontré pour la première fois la petite Agathe, je ne pouvais pas m’imaginer que ma vie allait changer. Je n’ai jamais pensé que c’était vrai, mais comment ne pas croire à un enfant ? Quand je l’ai vue pour la première fois, je n’avais pas d’autre choix que de l’aider et de la protéger. Je suis Joe Smith et je suis inspecteur de police dans la brigade des mineurs. Notre brigade n’a pas de grand luxe, dans notre métier on voit tellement d’horreurs que la seule décoration que j’ai pu mettre, c’est les photos des enfants qui sont heureux. Des enfants de tout âge, que nous avons aidés. Des enfants de tous les âges qui ne demandent rien que de l’amour et de la tendresse. Ils ont eu trop souvent subi ses actes de violence par leurs parents, voire leurs familles.
Je ne me suis jamais lassé de ce travail, je le trouve très intéressant. Je suis peut-être un peu excentrique ou fou de dire cela, mais je pense que je ne pourrai jamais m’arrêter. La loi du silence ne devrait pas interdire à l’enfant de parler pour se protéger. Un enfant devrait jouer, courir, se faire des copains et vivre. Un enfant devrait être aimé, protégé et heureux. Un enfant ne devrait pas être insulté, maltraité, séquestré et frappé.
Je me rappelle cette longue conversation avec mon frère. Il m’a souvent rappelé comment notre famille a été déchirée par notre père. Devenir inspecteur de cette brigade est une façon pour moi d’empêcher les parents d’agir de la sorte. Quand j’ai rencontré Agathe pour la première fois, mon passé est malheureusement revenu à la surface. Tant de similitudes entre elle et moi. Je ne me souviens plus de la date de notre rencontre, je me rappelle juste le contexte. Je n’aurais jamais commencé cette enquête si j’avais su que toute cette histoire allait me rendre dingue. Je me souviens de son regard apeuré, de ses mains moites et de ses mots. J’ai tout noté, même la moindre preuve. Certains soirs, je rouvre le dossier et je me rends compte cette enquête m’a redonné foi à l’humanité.
Quand j’ai commencé à travailler dans ce service, je n’avais pas d’autre choix que celui de me documenter au maximum. Au fur et à mesure que je résous les enquêtes, je découvre énormément de choses qui me glacent le sang. Je n’ai jamais vu autant de cas d’enfants maltraités, salis et battus de toute ma vie. Il y a tellement de petits bouts de choux qui en souffrent, je ne sais pas comment cela existe. Les enfants maltraités gardent en mémoire ces actes de cruauté et très peu en survivent. Dans un article, j’ai lu : un enfant sur cinq décède sous les coups de ses parents, voire d’un adulte. Devenir inspecteur c’est protéger, aider, guider ces enfants et adolescents en souffrance. Très souvent, il n’y a personne pour les aider ou ces derniers ont peur de parler sous peine d’attirer les foudres de leur bourreau. La première enquête m’a terriblement choqué. J’ai failli démissionner. Une adolescente de seize ans avait été pendant onze ans sous l’emprise d’un homme qui s’appelle « père ». Coups de ceinture, coups de chaussure, séquestration, humiliation et le plus grave de tout, l’abandon. Onze longues années, un supplice. Quand je les interroge, ces derniers restent de marbre. Les enfants gardent ces supplices psychologiques tout au long de leur vie. Certains s’en sortent et d’autres se suicident. Quand j’ai signé avec le capitaine, je travaillais dans une toute petite pièce avec très peu de lumière. Cependant, j'avais demandé une requête avant qu'il parte à la retraite. J’ai attendu un bon moment et nous avons trouvé un local avec un dortoir assez grand pour pouvoir accueillir les enfants maltraités. Peu de temps après, j’ai recruté Amanda et Elfie. Normalement, j’aurais dû passer au grade de capitaine mais je ne suis pas comme mon frère et je suis très bien comme ça.
Je ne vous cache pas qu’au début je racontais tout à mon frère. Seulement, à la longue, j’ai arrêté. De temps en temps, je peux me confier à ma collègue, mais comme on fait tous les deux le même travail, je n’osais plus trop me plaindre donc je me suis réfugié dans le café. Les journées sont souvent très longues et aussi très pénibles, et cela nous coûte d’avoir une vie privée. Quand je dois me rendre à la morgue, j’ai toujours une boule au ventre. Voir des enfants maltraités est une chose mais voir des enfants décédés, cela me brise le cœur. Je voudrais faire plus mais je ne sais que résoudre des enquêtes et je trouve que ce n’est pas assez.
Rapidement, toutes les forces de police débarquent à l’adresse donnée par l’opératrice du 911. Ma collègue et moi-même sommes arrivées peu de temps après les forces d’intervention. L’équipe de secours arrive vers nous avec une fillette de huit ans. De première vue, elle n’était pas blessée mais elle était très maigre. Ses cheveux noirs et brillants sont sales et en bataille. Les collègues lui ont mis une couverture sur le dos. La petite fille tenait dans sa petite main un vieux doudou à moitié déchiré. Elle tremblait de tout son corps. Nous sommes plus qu’à quelques mètres l’un de l’autre. Au loin, des hurlements d’un homme proférant des insultes et menaces de mort à l’égard de cette dernière. À ces mots, la petite fille fond en larmes et sans réfléchir elle se jette dans les bras de ma collègue.
Après que Martha est partie, je me suis mis à la hauteur de la petite fille et je lui ai dit. Je suis Joe et la dame c’est Amanda. Tu n’as plus rien à craindre, tu vas venir avec nous et on va aller dans un foyer pour que tu puisses passer la nuit au chaud. Je te promets que personne ne pourra te faire du mal. Elle nous suit jusqu’à notre voiture. Tout au long du chemin, elle reste silencieuse. On arrive devant le foyer qui est aussi l’endroit où on travaille. Pauvre petite princesse, comment était son enfance ? Je me dirige vers Elfie qui est notre surveillant.
Je le comprends, quand nous avons signé pour avoir ce lieu, jamais on aurait pu s’imaginer qu’il y aurait autant d’enfants. Au début, tout était très agréable. Les enfants pouvaient jouer en toute sécurité. Un jour, les conseillers de la mairie ont décidé que c’était un lieu inutile et sans intérêt, qu’il était grand temps que le foyer ferme ses portes. Je me suis battu durant de longs mois. Sans ce foyer, les enfants ne seraient plus protégés. Ce foyer, c’est l’âme de chaque policier. Mais voilà, on l’a gardé mais ils nous ont coupé les subventions et notre foyer est actuellement en sale état. Elfie nous amène jusqu’à sa chambre. Agathe reste collée à Amanda, je les laisse seules encore quelques minutes.
Au loin, je suis la conversation du bout des lèvres. Je la vois arriver vers moi. Son expression corporelle avait changé. Je ne l’avais jamais vue comme ça.
Je donne mon accord pour qu’elle puisse rester avec Agathe. Pendant qu’elle retrouve la petite fille dans sa chambre, je monte dans mon bureau. Je me cale dans mon fauteuil et je réfléchis. C’est bien de vouloir commencer l’enquête mais par où commencer quand il est 22 h 30 ? Je vais tout de même voir si Apolline, notre « police secours », est toujours réveillée. Je compose son numéro de téléphone. Ouf, soulagé ! elle décroche.
En attendant son arrivée, je vais faire une cafetière, car je pense que la nuit va être très longue. J’envoie un texto à ma collègue « Apolline va arriver avec les premiers éléments de l’affaire. Est-ce que tout se passe bien ? À demain ». Je pousse un soupir et je me retrace les premiers éléments. Un petit bruit me fait reprendre mes esprits. Je commence à me servir quand arrive Apolline.
— Tu m’en fais un, s’il te plaît ?
Je me retourne brusquement et je vois Apolline dans l’entrebâillement de la porte.
— Bien sûr !
— Alors, dis-moi tout.
— La pauvre gamine, elle en a bavé avec les Miler, sa « famille ». Il se trouve qu’ils ne sont pas ses vrais parents. Ces derniers l’ont adoptée quand elle avait six ans. Elle a été ballottée de famille en famille depuis l’âge de trois ans. Les Miler sont des personnes très croyantes et, d’après les dires des voisins, monsieur Miler adorait la séquestrer et lui faire apprendre la bible et toutes les autres croyances. Si elle refusait, il la tapait.
— Je vois, je comprends pourquoi cette petite croit que tout le monde est le diable en personne. Je vais demander à Amanda d’amener Agathe voir un médecin, il ne faudrait pas que cette petite ait des blessures qui ne soient pas guéries.
— Je te laisse mon compte rendu, mais je te demande de me tenir informé de la suite des événements. Tu sais, je compte quitter la police secours, cela devient trop dur. Entendre la souffrance au téléphone sans pouvoir aider, j’en peux plus.
— Je te comprends, mais personnellement je ne pourrai quitter mon travail pour rien au monde. C’est vrai que c’est très dur de voir tant de souffrance. De plus, travailler dans des lieux où la moisissure a pris place commence à me monter à la tête. Mais tant que le café existe, pour moi, tout n’est que du super flux.
— Je ne sais pas comment tu fais ! même si je dois dire que la caféine n’est pas forcément une bonne idée. Je te laisse travailler !
— Je te tiendrai au courant, je te le promets.
Café fini, discussion finie, direction le lit ! Bien sûr que non… Direction une deuxième tasse. Motivation maximum, je ne vais pas l’abandonner à son triste sort. Les Miler vont payer pour le mal qu’ils ont fait à cette petite fille.