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G. W. Leibniz (1646-1716) n’a publié de son vivant qu’un seul ouvrage d’importance, la
Théodicée (1710).
Une fiche de lecture spécialement conçue pour le numérique, pour tout savoir sur Monadologie de Leibniz
Chaque fiche de lecture présente une œuvre clé de la littérature ou de la pensée. Cette présentation est couplée avec un article de synthèse sur l’auteur de l’œuvre.
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Seitenzahl: 68
Veröffentlichungsjahr: 2015
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ISBN : 9782852294998
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Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Monadologie, Gottfried Wilhelm Leibniz (Les Fiches de lecture d'Universalis).
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G. W. Leibniz (1646-1716) n’a publié de son vivant qu’un seul ouvrage d’importance, la Théodicée (1710). La mort de Locke, en 1704, le dissuada de publier les Nouveaux Essais, en réponse à l’Essai sur l’entendement humain du philosophe anglais. Renommé dans toute l’Europe pour ses multiples interventions dans les débats savants, politiques et religieux, Leibniz offre avec la Monadologie, écrite à la fin de sa vie (1714) en français pour le prince Eugène de Savoie, ce qui peut être considéré comme le principal exposé des principes de sa philosophie.
La Monadologie se présente comme le résumé du système de son auteur en quatre-vingt-dix alinéas d’une grande densité (et avec de multiples renvois à la Théodicée). Elle ne sera publiée qu’en 1840 (l’édition de référence n’étant fournie qu’à la fin du XIXe siècle, par Émile Boutroux), mais connue par une traduction latine dès 1721. Quoiqu’elle n’affiche pas clairement de plan, il est habituel de la diviser en trois parties : sur les monades (paragr. 1-36) ; sur Dieu (paragr. 37-48) ; sur le monde (paragr. 49-90). Monade (du grec monas, « unité ») signifie « une substance simple qui entre dans les composés ; simple, c’est-à-dire, sans parties » (paragr. 1). Le terme peut paraître synonyme de celui d’atome. Mais si Leibniz le lui a préféré – emprunté sans doute à Giordano Bruno, il s’impose à lui à partir de 1697 –, c’est que l’atome désigne plutôt un « point physique ». Pour Leibniz, l’étendue étant indéfiniment divisible, le simple ne peut être en réalité qu’un « point métaphysique » ou un « atome formel ». La Monadologie exprime donc une critique radicale du cartésianisme : il ne peut y avoir de science de la pure étendue (la physique de Descartes est erronée pour avoir éliminé la notion de force) ; la matière ne peut se comprendre que comme phénomène ; les apories morales du cartésianisme, liées au dualisme des substances (entraînant la séparation du corps et de l’esprit), trouvent leur solution dans la thèse de l’harmonie préétablie.
En tant que distinctes les unes des autres, les monades possèdent nécessairement des qualités propres. Elles ne peuvent qu’avoir en elles-mêmes les perceptions et appétits : aussi pourraient-elles être appelées « âmes », si le terme ne devait être réservé aux monades « dont la perception est plus distincte et accompagnée de mémoire » (paragr. 19). Le terme d’esprit (le propre de l’homme), lui, désigne l’« âme raisonnable », c’est-à-dire capable de connaissance. Tous nos raisonnements sont fondés sur deux principes : « celui de la contradiction » (paragr. 31) et « celui de la raison suffisante » (paragr. 32). La raison suffisante nous conduit à Dieu comme cause nécessaire : le monde ne peut trouver en lui-même, dans le détail des causes qui le constitue, sa raison d’être. Dieu se distingue à son tour de tout le reste, par sa perfection ; et toutes les monades sont des « fulgurations » (paragr. 47) de la divinité. Les relations entre elles ne se conçoivent qu’en tant qu’« influence idéale », préordonnée par Dieu. La « rencontre » entre ce que la science cartésienne nomme des corps, ou même entre le corps et l’âme, se fait « en vertu de l’harmonie préétablie entre toutes les substances » (c’est-à-dire les êtres individuels), chaque monade se trouvant le « miroir d’un univers indestructible », qu’elle « représente » ainsi en son entier (paragr. 77-78). Par leur capacité de connaître, les esprits sont de plus « des images de la Divinité même », chacun « comme une petite divinité dans son département » (paragr. 83). Aussi le leibnizianisme culmine-t-il dans l’idée d’une « société des esprits », sorte de « monde moral » au sein même du monde naturel, nouvelle « Cité de Dieu », « Cité divine des esprits » (paragr. 87) voués à l’amour du Créateur et se conformant à Sa volonté.
Le style serré de la Monadologie exprime mieux que nul autre le caractère si prenant de fiction métaphysique – d’aucuns ont pu dire : de poème – qu’a la philosophie de Leibniz. Sous la forme systématique que lui donnera Wolff, cette dernière est apparue à Kant comme le type même du « dogmatisme », c’est-à-dire une pensée exclusivement déductive et logique. Sous la forme « populaire » de la Théodicée, elle s’attirera les sarcasmes d’un Voltaire. Profondément religieuse, elle pourrait être qualifiée, au moins autant que celle de Malebranche que l’on a ainsi définie, de rationalisme mystique. Avec l’occasionnalisme malebranchiste, avec le monisme de Spinoza (théorie de l’expression), elle constitue l’une des grandes options visant à surmonter le dualisme hérité de Descartes.
François TRÉMOLIÈRES
Dans l’histoire de la philosophie, Leibniz doit être situé à l’intersection du plus ancien et du plus moderne : traditionnel par sa filiation scolastique avouée et par le souci théologique constant dans sa pensée, il est sans nul doute le plus moderne des philosophes ; précurseur, par sa démarche, de l’actuel structuralisme ; représentant, par la multiplicité de ses orientations, le souci contemporain de pluridisciplinarité ; enfin, occupant, dans l’histoire des découvertes mathématiques et scientifiques, une place essentielle. Leibniz est à la fois un inventeur et un encyclopédiste : inventeur, par la méthode du calcul infinitésimal autant que par la métaphysique de la description du réel ; encyclopédiste, par le projet qu’il a formé de faire « un inventaire exact de toutes les connaissances acquises et mal rangées » (Couturat, Opuscules et fragments inédits de Leibniz). Aussi est-il, avec une égale compétence, philosophe et mathématicien, mais encore linguiste, juriste, historien, géographe, diplomate et théologien. Parler de son œuvre exige de tenir pour double norme la variété des objets traités, d’une part, et la permanence de la méthode, l’identité à travers la multiplicité, d’autre part.
Gottfried Wilhelm Leibniz. Esprit encyclopédique, Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716) est à la fois philosophe, mathématicien, linguiste, juriste, théologien. Dans la Monadologie (1721), il évoque la possibilité d'une harmonie préétablie de l'Univers. Portrait de Leibniz, Hist. Museum am Hohen Ufer, Hanovre. (AKG)
On insistera au préalable sur cette variété, car on sera dans l’impossibilité de la décrire, sauf à répéter la masse immense des écrits leibniziens conservés à la bibliothèque de Hanovre : deux cent mille pages de manuscrits, consacrés en grande partie aux travaux d’érudition pour lesquels Leibniz n’est pas le plus célèbre. De ce point de vue, Leibniz est un véritable anthropologue, tout autant philosophe des merveilles que des lumières. Émerveillé, Leibniz l’est à l’indéfini : « [pour aimer Dieu] il faut connaître les merveilles de la raison et de l’esprit et les merveilles de la nature. Les merveilles des raisons et des vérités éternelles que notre esprit trouve en lui-même dans les sciences... de raisonner des nombres, des figures, du bien ou du mal, du juste et injuste. Les merveilles de la nature corporelle sont le système de l’univers, la structure des animaux, les causes de l’arc-en-ciel, de l’aimant, du flux et du reflux et mille autres choses semblables » (G. Grua, Textes inédits de Leibniz