6,99 €
Paru en mai 1936, Mort à crédit est le deuxième roman de Louis-Ferdinand Céline (1894-1961). Quatre ans plus tôt, ce médecin de banlieue, tard venu à l'écriture, avait créé l'événement littéraire avec Voyage au bout de la nuit.
Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:
Seitenzahl: 36
Veröffentlichungsjahr: 2016
Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.
ISBN : 9782341011273
© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.
Photo de couverture : © Monticello/Shutterstock
Retrouvez notre catalogue sur www.boutique.universalis.fr
Pour tout problème relatif aux ebooks Universalis, merci de nous contacter directement sur notre site internet :http://www.universalis.fr/assistance/espace-contact/contact
Vous pouvez accéder simplement aux articles de ce dossier à partir de la Table des matières.Pour une recherche plus ciblée, utilisez l’Index, qui analyse avec précision le contenu des articles et multiplie les accès aux sujets traités.
Afin de consulter dans les meilleures conditions cet ouvrage, nous vous conseillons d'utiliser, parmi les polices de caractères que propose votre tablette ou votre liseuse, une fonte adaptée aux ouvrages de référence. À défaut, vous risquez de voir certains caractères spéciaux remplacés par des carrés vides (□).
Paru en mai 1936, Mort à crédit est le deuxième roman de Louis-Ferdinand Céline (1894-1961). Quatre ans plus tôt, ce médecin de banlieue, tard venu à l’écriture, avait créé l’événement littéraire avec Voyage au bout de la nuit. Ce livre coup de poing, d’une rare violence de ton et de vision, avait divisé les critiques. Beaucoup néanmoins y avaient vu un chef-d’œuvre parvenant, par sa dimension et sa puissance narrative, à se faire l’écho des convulsions et des tragédies de l’époque.
Louis-Ferdinand Céline. «Ce qui guide encore le mieux, c'est l'odeur de la merde» (Voyage au bout de la nuit). C'est cette odeur, respirée dans les tranchées de 1917 et en Afrique, « dans le cœur des ténèbres » de l'empire colonial français, que Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline (1894-1961), écrivain et médecin, injecte violemment dans la littérature, révolutionnant les codes littéraires et ceux du beau langage. Portrait de Céline à Meudon, 1952. (Daniel Frasnay/ AKG)
Mort à crédit s’inscrit dans la lignée de Voyage au bout de la nuit. On y retrouve le même héros-narrateur, Ferdinand Bardamu, désormais désigné par son seul prénom : il restera le personnage central de l’œuvre de Céline et, d’une certaine manière, son double, avant de se fondre, à partir de Féerie pour une autre fois (1952), dans Céline devenu personnage. On retrouve aussi dans Mort à crédit les mêmes allures d’apparente autobiographie : dès les premières pages, Ferdinand se présente au lecteur en tant que médecin-écrivain. En fait, tout comme dans le Voyage au bout de la nuit, il s’agit non pas des mémoires d’une vie, mais bien d’une œuvre de fiction où le vécu de l’auteur, même s’il constitue sa principale source d’inspiration, se trouve constamment transposé, déformé et inventé.
Voyage au bout de la nuit narrait le passage initiatique de Bardamu dans le monde des adultes ; Mort à crédit revient en arrière pour retracer les années de jeunesse du personnage. Mais, alors que le récit d’enfance et d’adolescence propose souvent la vision idéalisée du passé et l’exaltation nostalgique d’un paradis perdu, Céline rédige ici la chronique noire d’existences sordides.
C’est à Paris, vers 1900, entre la Bourse et les grands boulevards, dans un Paris populaire de petits artisans et commerçants, que se déroule l’enfance de Ferdinand, fils unique d’un rédacteur aux Coccinelle-Assurances et d’une marchande de dentelles. La famille réside passage des Bérésinas, galerie couverte empuantie par l’éclairage au gaz, dans un petit logis au dessus de la boutique : « Ma mère escaladait sans cesse, à cloche-pied. Ta ! pa ! pam ! Ta ! pa ! tam ! Elle se retenait à la rampe. Mon père ça le crispait de l’entendre. Déjà il était mauvais à cause des heures qui passaient pas. Sans cesse il regardait sa montre. Maman en plus, et sa guibole, ça le foutait à cran pour des riens. » Entre les coups de sang d’un père velléitaire et les jérémiades d’une mère boiteuse, Ferdinand y apprend les premières leçons de la vie : la gêne des petites gens, les courbettes devant les clients, les combines, le linge douteux, tous les vices des adultes.