3,99 €
Nestor Berlin, ancien commissaire en chef de la police criminelle de Cologne, a quitté la grande ville pour s´installer avec sa femme Gretchen à Bielefeld. "Recyclé" détective privé, il enquête sur des affaires diverses jusqu´au jour où son ami, l´inspecteur Weber du commissariat de Bielefeld, l´instruit d´un meurtre ayant eu lieu à Wismar. La police de cette petite ville baltique aurait bien besoin de l´aide d´un grand criminaliste. Nestor se propose à élucider l´affaire et mène l´enquête d´une main de maître.
Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:
Seitenzahl: 92
Veröffentlichungsjahr: 2020
Les personnages et actes de ce roman sont entièrement fictif.
Caroline regarda autour d’elle d’un air désespéré. Il n’y avait plus de doute ; elle s’était perdue et tournée en rond. Elle était partie de chez elle, voilà quelques jours déjà, avec pour tout bagage un sac à dos refermant une petite tente, quelques habits et de la nourriture déshydratée. Elle avait décidé de faire une randonnée dans le massif de la Lauzière. Seule avec la nature, quoi de mieux pour se ressourcer ? ! Elle était partie de la vallée de la Tarentaise puis avait longé la cascade du Nant. Quel magnifique paysage, quelle sérénité ! Elle avait pris la direction des monts de Bonneval, entendant encore longtemps l’eau de la cascade s’écrasant sur la roche montagneuse, lorsqu’il lui fallut bien réaliser, qu’à un moment donné, elle avait pris la mauvaise direction. Partout où son regard se posait, il n’y avait que la forêt. Il commençait à faire sombre, des bruits étranges surgissaient de partout à la fois. Les bottes s’enfonçant dans la mousse et la terre molle, Caroline reprit sa marche d’un pas rapide. Si elle avançait toujours tout droit, elle finirait bien par arriver quelque part. Et pas question de monter la tente dans cet endroit plutôt sinistre et effrayant à la tombée de la nuit. La fatigue commençait à se faire ressentir, mais Caroline avançait toujours d’un bon pas. Elle voulait absolument sortir de cette forêt avant qu’il fasse complètement nuit. Elle leva les yeux au ciel, mais elle ne pouvait apercevoir que le feuillage dense des arbres. Elle n’avait aucune idée d’où elle se trouvait ni de la direction qu’elle était en train de prendre. Elle sentit l’angoisse la gagner, une boule dans la gorge et un nœud à l’estomac, elle refoula les larmes qui lui montaient aux yeux. Il faisait de plus en plus sombre. Elle fit une pause, le temps de sortir une lampe de poche de son sac et une barre de céréales. Remettant son sac sur son dos, elle reprit sa marche d’un pas un peu traînant. Elle se sentait épuisée, elle marchait depuis le matin. Les bandoulières de son sac lui blessaient les épaules. Elle avait l’impression qu’il était rempli de cailloux. Un craquement se fit entendre derrière elle puis un autre. Elle s’arrêta et tendit l’oreille, son regard scrutant les ombres de la forêt. Sûrement un petit animal cherchant quelque chose à se mettre sous la dent. Elle reprit sa marche, lorsqu’un autre craquement se fit entendre, tout près d’elle. Elle s’arrêta à nouveau, tendant l’oreille, attentive à chaque bruit. Elle perçut une respiration lourde et un râle rauque. Un animal sauvage ? Un être humain ? Elle ne pouvait le dire, mais la peur s’empara d’elle avec une telle force que sans réfléchir, elle jeta son sac à dos à terre et se mit à courir aussi vite qu’elle pouvait. La chose poussa un cri qui la fit trembler des pieds à la tête. C’était un cri de bête, un cri qui vous transperce d’horreur, comme venue des entrailles de la Terre. Ce cri lui donna assez d’adrénaline pour accélérer encore sa cadence. La bête la poursuivait. Ce ne pouvait être un humain, ce cri n’était pas humain ! Il résonnait, encore à ses oreilles. Le sang lui battait les tempes et elle courait, courait comme une furie à travers la forêt sombre, courait pour sa vie. Elle le savait, elle avait la certitude, au fond d’elle, que si elle n’échappait pas à cette bête, elle n’y survivrait pas. Ses bottes glissaient sur la terre molle et moussue, elle trébuchait sur des racines, des branches basses lui fouettaient le visage, mais elle courait encore, hors d’haleine, épuisée, apeurée. Elle se retourna. Elle ne voyait pas la bête, mais elle pouvait l’entendre. Elle entendait sa respiration, elle ne devait pas être loin derrière elle. Quelle idée avait-elle eu de faire cette randonnée seule ! Elle voulait se reposer, se ressourcer, se laver du bruit et de la pollution de la ville. Et voilà qu’elle fuyait une bête sauvage au milieu d’une forêt hostile. Des sanglots montèrent dans sa gorge. « Cours ma fille... cours ! se dit-elle. Tu vas y arriver. Tu dois y arriver ! » Elle se donnait ainsi la force et le courage qui lui manquait. Ses jambes la faisaient souffrir, son cœur battait la chamade et sa bouche était tellement sèche, qu’elle avait l’impression de ne pas avoir bu depuis des jours. Ses longs cheveux roux se prirent dans une branche et freinèrent sa course. Un petit cri de douleur lui échappa. Elle tira sur ses cheveux de toutes ses forces pour se libérer et en arracha pas mal en se faisant. Mais tout était mieux que de tomber entre les mains de la bête. Elle courait, ses jambes ne pouvant à peine la porter tant elle était fatiguée, mais elle courait toujours. Si seulement elle pouvait la semer ! Elle était tout près, trop près, elle pouvait la sentir dans son dos. « Au secours, au secours, aidez-moi », priait-elle en sanglotant. Mais personne ne pouvait l’entendre. Elle était seule, perdue dans un endroit hostile et inconnu. Seule avec la bête. Une douleur atroce lui traversa le crâne et elle s’écroula sur le sol froid et humide. Elle était allongée sur quelque chose de doux sous la main. Elle ouvrit doucement les yeux. Le plafond était de roche, un regard alentour lui permit de constater qu’elle se trouvait dans ce qui semblait être une grotte. Ses yeux se posèrent sur sa couche dont elle caressa délicatement la texture. C’était sans aucun doute une peau d’animal, ça ressemblait beaucoup à une peau d’ours. Elle poursuivit son exploration. Dans un coin de la grotte, un feu de camp brûlait. C’est alors qu’elle vit la bête. Elle lui tournait le dos, agenouillée devant le feu. Le dos était large et musclé. Une longue tresse noire lui descendait jusqu’au bas des reins. Elle tenta de se relever, mais une douleur atroce lui martela le crâne et laissa échapper un juron de sa bouche. La bête l’avait entendu. Elle se releva doucement et se retourna vers sa victime avec un râle rauque. Le sang de Caroline se glaça dans ses veines. La bête était en fait un homme, un homme immense. Il devait bien faire deux mètres. Il se dégageait de lui une force effrayante, mais le plus effrayant c’était son regard. Ses yeux étaient d’un noir intense, on n’y voyait ni pupille ni lumière. On s’y perdait comme dans deux trous noirs qui vous engloutissent dans les ténèbres. La bouche était charnue et pourvue d’un rictus dur qui ne laissait rien prévoir de bon. Le torse était nu et extrêmement musclé tout comme les longues jambes moulées dans un pantalon de cuir noir. La bête, oui la bête, car aucun être humain n’était pourvu d’un tel regard, s’approcha d’un pas lent et félin. Pétrifiée, Caroline osait à peine respirer. La sueur perla à son front. La bête se pencha au-dessus d’elle, la renifla et sur ses lèvres se dessina un sourire mesquin. Bien sûr ! Elle sentait sa peur ! Et ça avait l’air de lui plaire grandement ! Des larmes brouillèrent la vue à Caroline. « – Où suis-je ? Quelle est cette créature ? Que va-t-elle faire de moi ? » Toutes sortent de pensées, lui traversaient l’esprit, se bousculant, l’empêchant de réfléchir vraiment. Et ce mal de crâne qui la tenait prisonnière de sa couche ! Elle tenta une nouvelle fois de se relever, mais la bête la clouât au lit de roche d’une main sur la poitrine et poussât un cri... Ce cri des ténèbres qui l’avait pétrifiée dans la forêt. C’est alors que tout fut noir, elle s’était évanouie. — Mange ! La voix rauque la sortit de sa torpeur. La bête se tenait devant elle et lui tenait sous le nez une souris en brochette. Elle dégagea cette chose de sa vue d’une main tremblante et se releva doucement sur un coude. Son crâne ne la faisait plus souffrir, c’était déjà ça. C’est alors qu’elle réalisa que la bête avait parlé ! Ainsi cette chose avait la capacité de communiquer ? D’où tenait-il le langage des hommes ? Avec un râle de mécontentement, la bête jeta la brochette dans le feu qui brûlait toujours dans un coin de la grotte. Caroline en profita pour sauter sur ses deux pieds et chercher du regard la sortie lorsqu’un bras lui entoura la taille. La bête la souleva et la jeta sur la peau d’ours. D’une main, elle dégagea ses longs cheveux roux de son visage et fixa la bête de ses yeux de biche apeurée. C’est alors qu’elle entrevit une lueur dans ce regard ténébreux. Peut-être, y avait-il un brin d’humanité dans la bête. Il fallait tenter sa chance. Que pouvait-elle faire d’autre ? — Je t’en prie, laisse-moi partir, la pria-t-elle en adoucissant son regard de velours brun. Je ne dirais rien à personne, je le promets. Mais s’il te plaît, laisse-moi partir. La bête l’attrapa par les cheveux et planta ses yeux dans les siens. Un frisson de terreur la parcourut. Elle n’aurait pas dû lui dire cela, elle avait seulement réussi à mettre la bête en colère. — Tais-toi, femme ! La tirant par les cheveux, la bête la traîna jusqu’au feu. Elle prit le médaillon qu’elle portait autour du cou et le mit dans les braises. C’était un gros médaillon en or. Elle n’en avait jamais vu de pareil. Le symbole de la vie éternelle ressortait en relief sur une demi-lune que tenait une main aux doigts crochus. Que voulait la bête ? Pourquoi avait-elle jeté son médaillon dans le feu ? La voix profonde et rauque de la bête la sortit de ses pensées. — Tu m’appartiens. Je vais prendre possession de ton corps et de ton âme. Tu es ma chose, mon esclave. Tu feras ce que je commande sans discussion. Tu n’as plus de vie, plus de passé. Je vais effacer tes souvenirs. Je suis ton maître. Tu me dois obéissance pour l’éternité. Si tu te rebelles, j’écraserais ton crâne d’une seule main et je te jetterais aux loups. Caroline tremblait de tout son corps. La panique la prit lorsque la bête sortit le médaillon des braises. Elle ne sentait pas la brûlure de cet or chaud ? Mais qu’était-ce cette chose ? ! Agrippant de plus belle la crinière de Caroline, la bête lui tira la tête en arrière. C’est alors qu’elle posa le médaillon sur son front. La douleur était insoutenable. Caroline poussa un cri qui résonna dans tous les coins de la grotte. Elle la marquait, elle la marquait comme on marque le bétail ! — À présent, tu es Lioba. Dis la bête en retirant le médaillon du front de Caroline. Elle la souleva et la jeta sur la peau d’ours. — Ton âme m’appartient maintenant, je vais prendre possession de ton corps. Quand tu te réveilleras, tu ne te souviendras de rien. Ton passé sera parti en fumée, il ne te restera que ton nom, Lioba et le devoir de me servir. La bête arracha les vêtements de Caroline avant de les jeter dans le feu. Caroline hoquetait, la peur l’empêchait de dire un mot, les sanglots restaient coincés dans sa gorge. Elle était nue et à la merci de cette bête monstrueuse. La bête la retourna, écrasant son visage sur la peau d’ours d’une main et soulevant son ventre de l’autre. C’est alors qu’elle eut l’impression qu’on lui déchirait les entrailles. Dring… Dring… — Chut !!! murmurèrent plusieurs personnes dans la salle de cinéma. — Berlin, répondit le fautif de cette interruption en prenant la direction de la sortie.