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Le programme Nouvel Eden a commencé. Son but ? Repeupler la Terre, abandonnée mille ans auparavant, suite à une série d'événements climatique catastrophique provoquées par l'homme. Eve18 a une avenir tout tracé, et ce depuis sa création. Elle est destinée à devenir une des mères de la nouvelle humanité, ainsi que sa mémoire. Seulement, lors de son largage, un problème survient et au lieu d'atterrir au Sanctuaire, elle s'écrase au beau milieu d'une ville fantôme remplie de créatures effrayantes... et qui veulent sa mort. Alors qu'elle tente de survivre à ce monde hostile, elle rencontre Chasseur, un homme de la Terre. Chasseur est sa lueur d'espoir et peut-être sa seule chance de rentrer saine et sauve chez elle. Eve18 doit reprendre la place qui lui est due dans l'Histoire.
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Seitenzahl: 155
Veröffentlichungsjahr: 2021
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Pour ma mère
CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5
CHAPITRE 6
CHAPITRE 7
CHAPITRE 8
CHAPITRE 9
CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
CHAPITRE 12
CHAPITRE 13
CHAPITRE 14
CHAPITRE 15
CHAPITRE 16
ÉPILOGUE
Arche, 1er janvier 3021, 17 h 45.
C’est impressionnant comme le temps semble se rallonger lorsqu’on marche vers son propre destin. Une seconde dure une heure, chaque pas semble être fait au ralenti, on peut entendre les battements de son propre cœur, et le bruit de ses chaussures qui claquent quand elles touchent le sol.
Et pourtant, je voudrais que ce moment se fige dans le temps, pour ne jamais arriver au bout du couloir blanc et aseptisé où m’attend un médecin, pour une dernière vérification avant le lancement.
Car aujourd’hui, comme les trente-neuf autres participants au programme Nouvel Eden, j’ai vingt ans et je vais être envoyée sur Terre pour devenir une Eve.
Les deux soldats qui marchent près de moi sont sur leurs gardes et me lancent des regards curieux. Ils craignent peut-être que je me défile et tente de m’enfuir, mais c’est mal me connaître. J’appréhende ce qui va se passer, mais je n’ai pas peur. Toute ma vie, j’ai été préparée à ce seul et unique objectif : repeupler la Terre avec une humanité meilleure. Et cette mission, je le sais, je la mènerai à bien sans flancher.
Mon médecin, Lewis, me sourit quand il me voit et m’invite à m’asseoir sur le fauteuil médical. Lewis est le docteur qui a surveillé chaque étape de ma croissance pour s’assurer que rien ne cloche chez moi, que je n’ai aucune maladie, et surtout que mon appareil reproducteur fonctionne à merveille. Je l’ai toujours connu calme et réservé, avec sa blouse blanche impeccable et ses cheveux bruns gominés. Pourtant, ce soir il paraît angoissé.
Je m’assois sur le fauteuil qui passe immédiatement en mode auscultation et m’allonge. Je sens mon corps s’enfoncer dans son rembourrage à mémoire de forme et la machine à côté commence à émettre des bips réguliers et rassurants.
— Comment te sens-tu aujourd’hui, Eve ? me demande-t-il en enroulant autour de mon bras son tensiomètre.
— Bien, je suis un peu stressée, mais mon corps est en parfait état et mon esprit toujours aussi acéré, j’assure d’une voix calme.
— C’est normal d’être inquiète, me sourit-il, mais tu verras, tout va bien se passer, tu as fait des centaines de simulations, tu sais comment ça marche.
— Oui.
Mais je sais aussi que les simulations n’ont rien à voir avec la vraie vie. Après cet examen médical, je serai mise dans la capsule de transport qui m’attend sagement à l’autre bout de la pièce, direction Terre.
Je ne suis jamais allée sur Terre. Je suis née et j’ai grandi sur l’Arche, tout ce que je connais de la planète autour de laquelle nous gravitons est ce que j’ai appris dans les livres, un paradis réduit à néant par l’égoïsme de l’humanité. Ça fait plus d’un millénaire que l’être humain a quitté son foyer d’origine, et le programme Nouvel Eden va nous y ramener. Pas tous, évidemment, seulement les élus. Les vingt Eve et les vingt Adam conçus spécifiquement pour cette tâche : créer une humanité meilleure, une humanité digne de vivre sur Terre.
Pour cela, des androïdes furent lâchés sur Terre, vingt ans plus tôt, le jour même de notre naissance, pour nous bâtir un Sanctuaire. Un morceau de Terre sainte, protégé et confortable où nous pourrons vivre, faire des enfants et vieillir en paix.
— Eh bien, ton corps est parfaitement opérationnel, m’assure le docteur Lewis en m’aidant à me relever.
— C’est une bonne chose.
Je souris, mais je ne le pense pas vraiment. Toute mon attention est portée sur la capsule minimaliste blanche qui m’attend.
— Tu as quelques minutes pour t’habiller avec ta combinaison, dépêche-toi, tu ne voudrais pas être en retard le jour de ton anniversaire.
Je hoche la tête et passe derrière le paravent holographique pour enfiler ma combinaison thermique, aussi blanche que la capsule. Elle sera ma tenue pour le reste de ma vie, afin que l’Arche puisse garder un œil sur moi et sur ma santé. Elle me permettra aussi de garder une température agréable durant tout le transport jusqu’à la Terre. La combinaison composée de nanotechnologies paraît trop grande, mais elle s’adapte à ma physionomie dès lors que j’appuie sur le petit bouton sur mon plexus solaire ; c’est une véritable armure.
Il ne me reste plus que quelques minutes pour entrer dans ma capsule. Pour donner à l’événement une symbolique particulière, chaque Adam et chaque Eve se voit quitter l’Arche à la minute précise de son anniversaire L’ironie du sort veut que je sois née à 18 h 00, tout juste une minute avant Adam19 qui partira donc un peu après moi.
J’ai beau ne l’avoir jamais rencontré, je ressens une certaine sympathie pour ce garçon qui vivra la même chose que moi à une minute d’intervalle. Les Adam et les Eve ne se sont jamais rencontrés, nous avons soigneusement été tenus à l’écart les uns des autres. D’une part pour que les Eve gardent leur pureté, et d’autre part pour que notre intégration au Sanctuaire puisse être filmée et retransmise à l’Arche en maintenant l’intérêt du public. Car en plus de créer une humanité nouvelle, nous sommes aussi là pour apporter l’espoir à nos centaines de milliers de compatriotes qui resteront dans l’Arche. À travers nous, ils pourront contempler la Terre, l’effleurer du doigt.
Dès que je quitterai la protection du paravent, tous les habitants de l’Arche auront le regard rivé sur moi. Je devrais avoir l’habitude : depuis le temps, chacun de mes pas, chacune de mes réussites ont été retransmis en direct. Pourtant, je sens qu’aujourd’hui, plus que jamais, mon comportement peut avoir des conséquences sur le reste de ma vie.
Je prends une profonde inspiration, et avant que le docteur Lewis n’ait pu m’interpeller, je quitte le paravent. Je ne vois pas les caméras, mais je sais qu’elles sont là.
— Tu es prête, Eve ? me demande mon médecin.
Il est devant la capsule, dont le couvercle est ouvert. Ovale, elle fait trois mètres de haut et elle est constituée d’un fuselage en titane épais d’une cinquantaine de centimètres, suffisant pour supporter l’entrée dans l’atmosphère terrestre.
— Prête, c’est quand vous voulez, j’assure avec un sourire pour les caméras.
Lewis me fait signe de m’installer. L’intérieur de la capsule est recouvert d’un épais matelas à mémoire de forme pour rendre mon voyage agréable. Comme elle est faite pour être commandée à distance, il n’y a qu’un gros bouton pour activer les réacteurs et une manette pour les parachutes, à n’utiliser qu’en cas d’urgence. Il y a aussi une trousse de secours au-dessus de ma tête, mais tout le monde m’a assuré que je n’en aurai pas besoin.
Je m’allonge dans la capsule et laisse le docteur Lewis m’attacher. Cinq ceintures m’harnachent : deux partent du dessus de mes épaules, une de chaque côté de ma taille et la troisième entre mes jambes. Elles se clipsent au-dessus de mon plexus comme une étoile à cinq branches. Accrochée ainsi, je n’ai aucune chance de bouger durant tout le voyage.
— Tout va bien se passer, Eve18, tu verras, en quelques heures seulement tu rejoindras tes camarades au Sanctuaire et tu pourras commencer ta nouvelle vie.
— J’ai hâte, j’assure en me détendant le plus possible.
— C’est l’heure, fait-il en s’écartant de moi pour refermer hermétiquement la capsule.
Il y a une grande vitre de plexiglas qui me permet de voir l’extérieur. C’est la seule chose que je reproche à cette machine : j’aurais préféré ignorer le monde qui m’entoure jusqu’à arriver à destination.
— Bonjour Eve18 ! chantonne une voix familière dans mon oreille, là où est intégré un micro-écouteur qui me relie directement au centre de commandement.
— Bonjour, Commandante ! Tout va bien là-haut ?
Un rire cristallin résonne dans mes oreilles.
— Tout va pour le mieux, détends-toi, profite du voyage et de la vue, ma chérie, c’est la dernière fois que tu voyages dans l’espace.
Je sais que tous les regards sont fixés sur moi, alors je me force à glousser malgré la boule dans ma gorge.
— En espérant que ce ne soit pas mon dernier voyage tout court.
J’entends la Commandante rire et en arrière-plan, tous les ingénieurs l’imitent.
— Ne t’inquiète pas pour ça, nous gérons tout.
Il est presque l’heure, tu veux compter avec nous ?
Incapable de parler, je hoche la tête, pressée d’arriver au Sanctuaire et de sortir de cette boîte. Je ne suis pas claustrophobe, mais l’idée de me retrouver projetée dans l’espace à plusieurs centaines de kilomètres à l’heure dans un œuf ne me réjouit pas.
J’entends dans mon oreille le début du décompte qui commence à vingt secondes. J’imagine aisément toute la population de l’Arche scander le compte à rebours. Ces personnes que je n’ai jamais côtoyées, mais qui me connaissent mieux que mes donneurs de gènes.
— Trois, deux, un, bon voyage, Eve18.
Le largage est brutal, mais je suis préparée. J’encaisse le choc du changement soudain de vitesse comme on me l’a appris.
— Bienvenue à bord d’Air Eden, veuillez boucler votre ceinture et conserver à l’intérieur du compartiment bras, jambes et tête, plaisante la Commandante. Vous atteindrez l’atmosphère terrestre dans approximativement trois heures et vingt minutes. Température au sol 38 °C et grand soleil.
J’entends en arrière-plan le décompte pour Adam19, j’essaie de me concentrer sur la voix de la Commandante pour empêcher mon estomac, pourtant habituellement solide, de remonter dans ma gorge. Je ne peux pas m’empêcher d’avoir un mauvais pressentiment. Adam19 et moi voyagerons presque côte à côte, puisque notre trajectoire sera la même. Le temps me semble long et je m’occupe comme je peux en écoutant la musique d’ambiance que l’Arche passe dans mon oreillette incrustée.
Le choc lorsque la capsule percute la première couche de l’atmosphère me secoue et je sens les ceintures dont je suis bardée s’enfoncer douloureusement dans mes chairs malgré la protection de ma combinaison. Pourtant, je suis incroyablement heureuse d’être ainsi harnachée.
— To… va… en ? demande la Commandante d’une voix hachée.
— Ça secoue ! je lâche entre mes dents.
La seconde d’après, j’ai l’impression que quelque chose d’énorme vient percuter ma capsule qui commence à tourner sur elle-même.
— Commandante, qu’est-ce qui se passe ?!
Je hurle dans l’espoir d’avoir une explication alors que mon cœur et tous mes organes remontent dans ma gorge. Par la vitre en plexiglas, je vois tantôt la Terre, tantôt l’espace, alors que je vrille de plus en plus vite.
— Je…. Pris …rde…calme Eve… capsule… 19…. dévié… trajectoire… percuté… entr… atm… on fait… pouvoir… stabilisé.
L’explication entrecoupée de la Commandante, dite d’une voix inquiète, ne me rassure pas. Je suis ballottée dans tous les sens et ça n’a rien d’une attraction. Le frottement de l’air contre la coque de ma capsule fait un bruit effrayant, et je vois la Terre se rapprocher vite et en même temps pas assez. Si je dois mourir aujourd’hui, j’ai tout le temps de le voir venir.
— Commandante ! je hurle dans une énième secousse.
Ma tête part en avant et cogne contre la trousse médicale solidement harnachée, puis elle repart en arrière et heurte les matelas à mémoire de forme si violemment que je sens presque la carlingue derrière. De droite à gauche, mon corps est secoué, je dois perdre connaissance un instant car, quand je reviens à moi, la Commandante parle de nouveau.
— Act… para… manu… ! … perdu… trôle…. cap… ule,… tive… chute… réa… Main…enant Eve !
Je lève lentement et avec maladresse mon bras vers le bouton pour les réacteurs, près du levier qui enclenchera les parachutes. J’ai du mal à me concentrer sur mon objectif, ma main part dans tous les sens, j’ai l’impression que je n’y arriverai jamais. Pourtant, mes doigts réussissent à appuyer sur le bouton des réacteurs qui se mettent en branle dans une grande secousse. Ma vision est floue et j’ai du mal à voir les informations qui défilent sur l’écran intégré, qui me donnent ma vitesse et ma distance du sol. Si je vais trop vite, les parachutes se déchireront à l’ouverture, si je ne suis pas assez haut, je m’écraserai dans une gerbe d’étincelles et de flammes spectaculaires visible depuis le télescope de la station.
Au moins, les réacteurs ont permis de stabiliser un minimum ma capsule, même si d’après la vision que j’ai, je suis dans le mauvais sens. Je ne vrille plus, mais je ne ralentis pas non plus. Dans ce genre de situation, les personnages des romans que j’ai lus jurent en cherchant une solution. Mais comme je n’ai pas le droit de jurer – je me suis fait suffisamment réprimander pour ça dans ma jeunesse –, je me contente de réfléchir à une solution.
Depuis l’œuf, je ne peux rien faire, je n’ai aucun contrôle, à part sur les parachutes et les réacteurs. Je ne suis pas censée piloter la capsule, elle est juste là pour faire un trajet, partir de la base spatiale et se poser au Sanctuaire.
Ma seule solution réside dans l’ouverture des parachutes. Et bon sang, il existe tellement de possibilités différentes pour que ça se passe mal. Déjà, ma vitesse peut déchirer les parachutes, malgré ses fibres de titane. Ensuite, la capsule peut décider de ne pas se remettre dans le bon sens et les parachutes peuvent se prendre dans les réacteurs, et là, c’est directement le feu d’artifice. Mais si j’attends plus longtemps, ma célérité ne réduira jamais, et je percuterai la Terre comme une vulgaire météorite de deux cents kilogrammes.
— Eve18 à base ! je crie dans l’espoir d’être entendue par les micros tout autour de moi. Je me dirige vers la Terre… (J’essaie de voir la vitesse sur l’écran, mais ma vision est encore floue.) Je me dirige vers la Terre beaucoup trop vite, et je ne suis pas dans le bon sens, mes réacteurs sont fonctionnels, mais ne me ralentissent pas ! Je dois déployer mes parachutes !
À peine ces mots sont-ils sortis de ma bouche que je me saisis du levier et l’abaisse de toutes mes forces. Il y a une seconde de flottement pendant laquelle il ne se passe rien, puis une brusque secousse me déboussole. Il me faut donc une minute pour m’apercevoir que la Terre se rapproche toujours aussi vite. Les parachutes m’ont remise dans le bon sens, mais ils ne me ralentissent pas assez. Je vais m’écraser.
En quelques secondes, j’atteins le sol. Puis plus rien.
Terre, 1er janvier 3021, 21 h 35.
Quand je reviens à moi, j’ai l’impression que mon corps entier est passé à la moulinette. J’ai du mal à reprendre mon souffle, je crois que j’ai une côte cassée. La bonne nouvelle, c’est qu’au vu de la douleur que je ressens, je suis vivante. La mauvaise, c’est que ça risque de ne pas durer.
Au moins, mon œuf a eu la bonne idée de s’écraser de sorte que la porte puisse s’ouvrir. C’est ce qu’on doit appeler la gravité, sans doute, et ce qui fait qu’un objet retombe sur sa face la plus lourde, la plupart du temps.
J’essaie de reprendre mon souffle, et observe mon environnement.
Je vois le ciel depuis le hublot de plexiglas plein de poussière. Le moniteur de contrôle est endommagé et grésille en lançant des étincelles, mais je n’en ai plus besoin : je suis sur terre et immobile.
D’une main tremblante, je me débarrasse de mes ceintures, qui m’ont probablement sauvé la vie. Il faut que je sorte de la capsule et que je tente de contacter la base spatiale de l’Arche. J’ai incroyablement mal à la tête, peut-être une blessure grave. Il faut que je sorte, que je prenne la trousse médicale, et que je trouve un endroit sûr pour me soigner.
Cette liste de tâches en tête, je cherche du regard le bouton censé ouvrir la porte, mais il pend lamentablement sur le côté, inutile. J’appuie tout de même dessus avec espoir, et un déclic se fait entendre, mais la porte reste close.
J’essaie de ne pas laisser la panique m’envahir. Je ne suis pas claustrophobe, mais l’idée de rester bloquée dans cet œuf et d’y mourir de soif ou de mes blessures ne me plaît pas du tout.
En désespoir de cause, je lance mes jambes de toutes mes forces contre la vitre de plexiglas. Elle vibre, mais ne bouge pas, fidèle au poste. Je recommence, encore et encore et encore, le cœur battant la chamade. L’exercice est douloureux. Je ne veux pas mourir ici. C’est sur cette pensée que, soudain, comme sortie de ses gonds, la porte saute.
Le soulagement m’envahit lorsque la brusque lumière d’un soleil couchant inonde l’intérieur de la capsule qui a failli être mon tombeau. Je me hisse difficilement hors de mon petit vaisseau, consciente de la douleur que me procure chacun de mes muscles endoloris. Bizarrement, je me dis que je vais avoir des bleus partout, et que ce ne sera pas du tout gracieux. Cette idée me fait rire, mais c’est un rire nerveux, inquiet.
Je regarde autour de moi, découvre pour la première fois la Terre autrement qu’à travers les livres ou le hublot de ma chambre. L’air est brûlant, et mes poumons, peu habitués à autre chose que l’air frais et aseptisé dans lequel j’ai grandi, hurlent de douleur. Je tousse, comme si je pouvais sortir tout cet air chaud, comme si je pouvais arrêter de respirer sans mourir. Mais rien n’y fait.
En s’écrasant, ma capsule a provoqué un cratère de plusieurs mètres de profondeur, la poussière qu’elle a soulevée est encore en train de redescendre. Elle s’accroche à ma peau et à mes cheveux, s’introduit dans mon nez et dans mes yeux.
Il n’y a rien autour de moi, que de la terre. Pas d’arbre ou d’herbe, comme dans les livres que j’ai lus. Super, de tous les endroits où j’aurais pu tomber, il a fallu que ce soit un lieu inhabitable. Le Sanctuaire a été construit au cœur d’une forêt, pour qu’il nous soit plus agréable d’y vivre, mais je n’ai pas connaissance d’un désert dans ses alentours. Avec inquiétude, je me demande si je n’ai pas trouvé le moyen d’atterrir dans le désert du Groenland. Ce territoire, autrefois gelé, était devenu sableux et brûlant après la fonte des derniers grands glaciers 900 ans plus tôt.