Nuru et le chant du vent - Néa Solara - E-Book

Nuru et le chant du vent E-Book

Néa Solara

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Beschreibung

Nuru naît sourd et aveugle mais son lien instinctif avec la nature lui ouvre des perceptions insoupçonnées. Dans la savane, guidé par les vibrations du monde et l’amitié d’un éléphant, il part en quête d’un équilibre menacé par une ancienne ombre. Traversant des épreuves initiatiques, Nuru révèle une force intérieure hors du commun. Un roman poétique et lumineux où le silence devient langage et l’invisible, évidence.

À PROPOS DE L'AUTRICE 

Éducatrice sportive, étudiante en kinésiologie, Néa Solara puise son inspiration dans les histoires contées à la tombée de la nuit. Portée par les regards émerveillés de ses enfants, elle transforme ses récits en aventures sensibles, peuplées de héros atypiques et d’animaux qui parlent au cœur. Avec "Nuru et le chant du vent", elle unit imagination, lien à la nature et expression au-delà des mots, offrant un univers où la différence devient force et le silence, langage.

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Seitenzahl: 72

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Néa Solara

Nuru et le chant du vent

Roman

© Lys Bleu Éditions – Néa Solara

ISBN : 979-10-422-7763-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Nuru

Chapitre 1

Le silence de la naissance

Le ciel de la savane s’étendait à l’infini, tissé de nuages légers et d’un soleil éclatant, versant sur la terre un manteau brûlant. Dans une petite hutte de branchages et d’argile, cachée parmi les acacias, un miracle silencieux eut lieu.

Nuru vint au monde sans un cri.

Sa mère, Asha, l’avait attendu avec espoir, ses mains caressant son ventre rond chaque soir en murmurant des prières aux étoiles. Mais lorsque l’enfant naquit, il y eut un silence pesant, un vide inquiétant. Pas de pleurs, pas de gémissements. Juste l’écho du vent glissant sur les hautes herbes.

Le guérisseur du village, un vieil homme aux yeux pleins de sagesse, le prit doucement dans ses bras. Il posa son oreille sur la minuscule poitrine de l’enfant. Le cœur battait – un rythme doux, mais irrégulier, comme un tambour qui cherchait encore sa cadence. Asha, affolée, appela son fils :

— Nuru… mon soleil, mon trésor… Réponds-moi.

Mais l’enfant resta immobile. Il ne tourna pas la tête, ne tendit pas l’oreille, ne suivit pas le son de la voix de sa mère. Ses yeux, grands et sombres comme la nuit sans lune, fixaient le vide sans jamais cligner. Asha sentit son cœur se briser, une fissure profonde, silencieuse, bien plus douloureuse que l’accouchement.

Les jours passèrent, et bientôt, il devint évident que Nuru ne voyait pas. Il ne réagissait pas non plus aux tambours du village, aux chants des femmes, aux rires des enfants. Le guérisseur revint, s’agenouilla auprès de l’enfant et déclara avec une voix douce mais lourde de gravité :

— Il ne voit pas… et il n’entend pas.

Un vent sec traversa la hutte à cet instant précis, faisant danser les flammes de la petite lampe à huile. Asha serra son fils contre elle, des larmes silencieuses coulant sur ses joues. Le monde extérieur s’effaça peu à peu, laissant place à ce lien invisible entre une mère et son enfant, tissé d’amour pur et inconditionnel.

Les saisons défilèrent, et, malgré l’ombre du destin qui semblait s’être abattue sur lui, Nuru grandissait. Mais il ne grandissait pas comme les autres enfants.

Privé de sons et d’images, Nuru développa autre chose. Un sixième sens, invisible, profond. Il sentait les vibrations sous ses pieds quand les éléphants passaient à des kilomètres de là. Il percevait les changements d’air sur sa peau avant qu’un orage n’éclate. Ses doigts effleuraient les feuilles, et il semblait lire des secrets cachés dans leur texture.

Asha comprit vite que, même s’il ne pouvait entendre ses mots, Nuru comprenait ses caresses. Elle lui apprit le monde avec ses mains : un geste pour dire « je t’aime », un autre pour dire « attention ». Nuru répondit par des sourires légers, de ceux qui allument une lumière dans le cœur.

Il avait appris à ressentir la chaleur des autres. Il savait quand un animal s’approchait, bien avant qu’il soit visible aux autres villageois. Une nuit, alors que le village dormait, Nuru s’était levé brusquement. Il sentit une vibration étrange, une onde lourde qui montait du sol. Il se leva et courut jusqu’à la hutte de sa mère, tirant doucement sur sa main pour la réveiller.

Quelques minutes plus tard, un troupeau d’éléphants traversait le village endormi, évitant miraculeusement toutes les huttes. Comme s’ils avaient su. Comme si Nuru leur avait parlé sans un mot.

Chapitre 2

L’ombre du silence

La savane se parait de ses couleurs d’ambre et de feu, et le soleil, lourd d’or, s’enfonçait doucement derrière l’horizon. Nuru, désormais âgé de dix ans, se tenait pieds nus sur la terre chaude, les bras ouverts comme s’il écoutait un secret porté par le vent. Chaque soir, il quittait le village, accompagné de Safa, son fidèle éléphanteau, pour communier avec le monde invisible.

Ce soir-là, cependant, l’air portait quelque chose de différent. Une vibration sourde, venue du plus profond de la terre. Elle n’était pas celle d’un troupeau qui passe ni celle d’un orage lointain. C’était une onde froide, étrange, qui glissa le long de son échine comme une ombre silencieuse.

Nuru s’accroupit et posa ses paumes sur le sol. Le cœur de la terre battait d’une manière inhabituelle. Un battement lourd, irrégulier, chargé d’une tension qu’il n’avait jamais ressentie auparavant. Safa, lui aussi, frissonna, émettant un grondement bas et inquiet.

Les jours suivants, la nature sembla s’éveiller à cette même inquiétude. Les oiseaux, d’ordinaire bruyants à l’aube, s’étaient tus. Les zèbres, d’ordinaire curieux, s’éloignaient prudemment à son approche. Même les singes, joueurs et espiègles, avaient disparu des arbres alentour.

Une nuit, tandis que Nuru reposait ses mains sur la terre, il ressentit un appel, un frisson venu de loin, un message muet d’une intensité saisissante. Ce n’était pas seulement une vibration ; c’était un avertissement.

Le lendemain, Asha remarqua l’agitation de son fils. Il ne mangeait plus, passait des heures à marcher en cercles, touchant l’air comme s’il tentait de comprendre un mystère invisible. Elle posa une main douce sur son épaule, mais il ne réagit pas. Ses pensées semblaient ailleurs, happées par une force mystérieuse.

Cette nuit-là, alors que la lune éclairait faiblement la savane, Nuru rêva. Il ne rêvait jamais. Dans son esprit silencieux, il vit une forme obscure, massive, se dessiner dans l’obscurité. Une ombre sans visage, avançant lentement vers lui. Le sol tremblait sous son poids.

À son réveil, il sut que ce n’était pas un simple cauchemar. Quelque chose approchait.

Une menace venue du cœur même de la savane. Une ombre que seul Nuru pouvait sentir. Et cette fois, même ses dons extraordinaires pourraient ne pas suffire.

Le vent se leva, froid et rapide, sifflant entre les herbes hautes. La savane retenait son souffle. Et Nuru, l’enfant du silence, savait que le véritable voyage venait de commencer.

Chapitre 3

Le souffle de l’Ancien Monde

À l’aube, les premières lueurs du soleil s’étirèrent lentement sur la savane, illuminant les brins d’herbe perlés de rosée. Mais Nuru savait que ce matin ne serait pas comme les autres. Une énergie étrange, ancienne et lourde, planait dans l’air. Elle vibrait dans ses os, comme un écho venu d’un autre temps.

Safa, inquiet, restait proche de lui, ses grandes oreilles battant l’air avec nervosité. Nuru posa ses mains sur le sol, cherchant à comprendre ces signaux mystérieux. C’est alors qu’il sentit quelque chose de nouveau : une pulsation lointaine, différente de tout ce qu’il avait ressenti auparavant. Elle semblait appeler depuis les profondeurs de la terre, résonnant comme le murmure d’un esprit ancien.

Soudain, les vibrations prirent forme dans son esprit. Une image floue, presque irréelle : un arbre gigantesque, aux racines tordues, perdu au cœur de la savane. Cet arbre n’était pas ordinaire. Il était ancien, plus vieux que le temps lui-même. Les anciens du village parlaient d’un lieu sacré, L’Arbre des Âmes, où le vent chantait les secrets du monde.

Sans attendre, Nuru se leva. Il savait que c’était là qu’il devait aller. C’était une intuition profonde, viscérale. Ce n’était pas seulement un voyage à travers la savane, mais un appel du destin.

Il partit au lever du soleil, Safa à ses côtés. Ils traversèrent les plaines silencieuses, franchirent des rivières desséchées, et affrontèrent la chaleur implacable du jour. Chaque pas résonnait comme une promesse de révélation.

À la tombée de la nuit, ils atteignirent une clairière où l’air était plus froid, plus dense. Nuru sentit immédiatement que ce lieu était différent. Au centre s’élevait l’arbre qu’il avait vu dans ses visions. Immense, majestueux, ses branches tordues s’étendaient vers le ciel comme des bras d’ombres.

En s’approchant, il posa sa main contre l’écorce rugueuse. Une vibration puissante, ancienne, parcourut tout son corps. Ses sens s’ouvrirent soudainement, plus aiguisés que jamais. Il vit, non pas avec ses yeux, mais avec son cœur. Les âmes des anciens l’entouraient, formant un cercle protecteur.

Une voix muette résonna dans son esprit :