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La famille Di Napoli partit au Kenya pour des vacances familiales idylliques. Cependant, ses membres furent propulsés dans une longue descente aux enfers, confrontés à la trahison la plus inimaginable qui fit voler en éclats toutes les barrières morales et mentales de chacun. Comment peut-on affronter ses pires cauchemars et assouvir sa soif de vengeance ? Ou comment vivre en ayant perpétré des crimes odieux ? C’est le chemin que durent parcourir les protagonistes de cette aventure pour parvenir à en sortir indemnes et à se reconstruire.
À PROPOS DE L'AUTEUR
L’amour de la langue française et l’envie d’écrire, longtemps refoulée par manque de temps, ont poussé
Patrick Savreux à donner libre cours à son imagination littéraire. Ses motivations principales sont le plaisir de raconter des histoires et donner corps à des personnages, tout en incorporant des pensées, des sentiments et des éléments d’actualité.
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Seitenzahl: 332
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Patrick Savreux
Odieuse trahison
Roman
© Lys Bleu Éditions – Patrick Savreux
ISBN : 979-10-377-9395-9
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Comme tous les matins, le taxi la déposa à sept heures devant la tour de la Défense à Paris où elle rejoignait les bureaux de sa société. Elle tenait à cette ponctualité et éprouvait un indicible plaisir à investir son bureau dont la vue dominait la Capitale. Là, avant l’arrivée de son mari Simon qui occupait le local mitoyen, elle aimait tranquillement boire son café accompagné d’un croissant avant l’activité débordante qui allait l’envahir toute la journée. Les employés arrivaient ensuite et elle mettait un point d’honneur à les saluer, trouvant un mot agréable pour chacun, en attendant de réunir les cadres de son entreprise pour donner les objectifs et les directives nécessaires. Cette courtoisie la faisait apprécier ainsi que la classe et l’empathie qui émanaient d’elle car elle tenait beaucoup à l’image qu’elle pensait normal de présenter à son entourage.
Elle était une jolie femme très séduisante et séductrice, sachant jouer de ces atouts dans les négociations commerciales qu’elle menait dans un environnement très masculin. Jamais un geste d’énervement ni d’humeur, pas plus que des propos déplacés ou coléreux. Elle aimait la concertation tout en étant une femme énergique et déterminée, il le fallait bien quand on dirige une société importante dont elle avait pris les rênes au décès de son père.
Celui-ci, Paolo Di Napoli, un modeste maçon italien originaire de Sicile et non de Naples comme son nom pouvait le laisser entendre, était arrivé en France avec sa mère avant la Deuxième Guerre Mondiale, son père ayant péri dans les purges mussoliniennes. Ils fuyaient à la fois la misère et le régime fasciste, et, à force de travail et d’intelligence, il avait développé une entreprise de bâtiment florissante grâce à son courage et un apport de la famille de sa femme Lucie épousée à la fin de la guerre. Elle était tombée amoureuse de ce bel homme généreux, d’une gaieté et d’un optimisme à toute épreuve, pourtant plus âgé qu’elle. Il avait quarante ans et elle vingt-six quand ils se sont mariés. De leur couple épanoui et fidèle, naquirent trois enfants Margot l’aînée de 36 ans, Andréa 34 ans et Claudia 28 ans. La famille s’est complétée ensuite avec Emeline, la filleule de Lucie dont les parents étaient malheureusement décédés dans un accident de voiture. Ils l’avaient adoptée comme leur fille si bien que Claudia et elle avaient été élevées comme des sœurs jumelles, car elles avaient le même âge.
Il créa une société immo.com Di Napoli, en tenant compte des capacités différentes de chacun de ses enfants, en leur confiant le fruit de son travail comme un trésor. Il s’arrangea pour qu’aucun n’ait une majorité de blocage, pour les obliger à travailler ensemble. Il avait toute confiance en eux et il savait qu’ils resteraient fidèles à leur origine et à l’éducation qu’ils avaient reçue, mais il se méfiait des pièces rapportées, comme il disait, avec un délicieux accent italien qu’il n’avait jamais perdu. Margot le soupçonnait même de l’entretenir volontairement pour apporter une touche singulière à sa personnalité attachante extrêmement latine.
C’est ainsi que Margot développa une société immobilière conséquente, tout en confiant la partie construction à son mari qui était ingénieur en bâtiments. Andréa créa une branche communication et publicité et Claudia ouvrit son cabinet d’architecture et décoration d’intérieur. Ils mirent ainsi en place une synergie qui contribua à la réussite de leur société. Emeline les avait d’ailleurs rejoints en développant une entreprise d’événementiel rattachée à la branche gérée par Andréa. Tout ce petit monde se complétait en harmonie et l’arrivée de Corentin qui épousa Claudia ne perturba pas cet équilibre car il voulait travailler aux côtés de son épouse dont il était fou amoureux. Quant à Andréa, il avait épousé Sylvie qui avait aussi complété l’entreprise pour prendre les rênes de la comptabilité générale, elle qui était diplômée d’une grande école de commerce. La naissance de leur petit garçon Lucas les obligeait à se partager leur présence parentale à laquelle ils tenaient, particulièrement dans sa petite enfance. Pour l’instant, il était le seul héritier de la dynastie parce que, malheureusement Margot et Simon ne pouvaient pas avoir d’enfants. Leurs essais infructueux et les nombreux bilans médicaux n’y avaient rien changé. Margot avait beaucoup de difficultés à s’y résigner, ce qui expliquait en partie son acharnement au travail ainsi que la mélancolie qui la submergeait parfois, elle qui avait pourtant hérité de l’exubérance et de la joie de vivre de son père.
Il décéda assez jeune à l’âge de soixante-dix ans en laissant Lucie veuve à cinquante-cinq ans, des suites d’un cancer des poumons qui le punissait de l’abus de tabac car c’était un gros fumeur. Avant son décès, il s’organisa pour la répartition de l’ensemble des parts de la société, Paolo avait procédé à un habile dosage qui satisfaisait tout son petit monde. Margot, Andréa et Claudia reçurent 30 % des parts, Emeline et Lucie 5 %. Il tenait ainsi à ce que son épouse continue de contribuer au Conseil d’administration et qu’Emeline puisse aussi faire partie de sa grande famille à laquelle il laissait un confortable matelas financier à faire fructifier. Lucie possédait un patrimoine immobilier qui lui assurait de confortables rentes, sans compter divers placements la mettant à l’abri du besoin. À chacun donc de se débrouiller, en assumant la Direction de son domaine. Quant à Margot, en plus de la Direction du compartiment immobilier, elle assumait la place de PDG de la société immo.com au sein du Conseil d’administration, ce qui lui conférait de grandes responsabilités, mais elle avait les épaules assez solides pour cela de façon incontestable. Le petit émigré italien avait de quoi être fier de sa réussite honnête, et il ne se lassait pas de le répéter à ses enfants pour les pousser à entreprendre et à développer encore l’entreprise Di Napoli. Son nom, il l’arborait comme le plus beau des drapeaux, l’étendard de son royaume. Nul doute que les générations suivantes puissent le porter fièrement en suivant son exemple de rigueur et de travail. En tout cas, ses enfants étaient sa plus belle réussite, sa joie et, avec Lucie, ils les regardaient avancer dans la vie avec une grande satisfaction. Lui, sans le sou, elle l’avait épousé malgré les réticences de ses parents et ils avaient formé un couple aimant, prospère, uni et soudé. Il aimait à dire qu’il était un exemple de la méritocratie du travail et de l’amour, et qu’il n’y avait pas besoin de sortir avec de bons diplômes des grandes écoles pour réussir sa vie professionnelle. C’est pour cela qu’il avait affiché dans son bureau la fable de La Fontaine, « le laboureur et ses enfants » qui était sa bible et qu’il prenait plaisir à mettre en exergue devant ses interlocuteurs, particulièrement la morale :
« Travaillez, prenez de la peine, c’est le fonds qui manque le moins ».
Son diplôme d’HEC en poche après de brillantes études, Margot rejoignit son père pour développer son entreprise. C’est au cours d’une réunion de chantier qu’elle rencontra Simon, jeune ingénieur talentueux et ambitieux, dans une réunion d’affaires alors qu’il était chef de projet dans une entreprise avec laquelle ils étaient en affaires. Cette belle brune affriolante et attirante ne pouvait laisser indifférent ce play-boy patenté qui accumulait les conquêtes féminines. Il faut dire qu’il était extrêmement séduisant, intelligent, très drôle avec un humour décapant, et particulièrement festif voire fêtard ce qui n’enlevait rien à ses capacités de travail.
Les yeux verts de Margot hérités de sa grand-mère sicilienne d’après son père, faisaient des ravages dans son entourage masculin, et elle ne se privait pas d’en jouer dans un jeu de séduction qu’elle maniait à merveille. Elle tomba amoureuse immédiatement et ils se lancèrent dans une vie débridée et passionnée qui les amena au mariage. Malgré les réserves de son père qui le trouvait flambeur et arriviste, sans nier pour autant ses qualités professionnelles, ils se marièrent et filèrent le parfait amour. Ils sortaient beaucoup ce qui agaçait Paolo pour qui les dépenses inutiles n’avaient pas lieu d’être, mais sans délaisser leur activité au sein de l’entreprise qu’ils transformèrent en société pour élargir leur champ de compétences. Paolo ne pouvait nier leur efficacité mais il n’appréciait guère l’opportunisme de son gendre mais, du moment que sa fille était heureuse, il fit taire ses reproches tout en restant méfiant à son sujet. Il refusa toujours de céder des parts de sa société, prétextant que cette dernière ne devait pas quitter le giron de sa famille. Simon s’en accommoda avec la Direction Générale de la branche immobilière qui lui assurait de confortables revenus. Il se disait que son épouse ferait ce qu’elle voudrait ultérieurement et donc ce que lui souhaitait, quand son père se retirerait des affaires. À ce moment, il pourrait ambitionner une plus large association, ce n’était qu’une question de patience. Il ne pouvait pas se douter que son beau-père « bétonnerait », pas étonnant pour un ancien maçon, la répartition des biens en héritage.
Ils achetèrent un bel appartement dans la rue de Vaugirard que décora à merveille Claudia dont c’était la spécialité. Ils aimaient se réfugier dans leur nid douillet comme disait Margot, sans pour cela délaisser leurs nombreux amis souvent invités à partager des soirées festives car ils aimaient s’amuser. Ils sortaient beaucoup aussi et leur couple faisait des envieux dans les différents cercles qu’ils fréquentaient. Dès qu’ils le pouvaient, ils sautaient dans un avion pour de courtes escapades ou bien réservaient une ou deux nuits dans un établissement de charme dans toute la France. Ils aimaient se réserver des surprises et oubliaient ainsi le manque d’enfant qui les tenaillait. Ils commençaient à envisager une solution médicale ou une adoption pour combler le vide affectif qui les grignotait peu à peu, insidieusement.
La naissance de Lucas le fils de Sylvie et Andréa eut un impact équivoque sur leur vie parce qu’ils se réjouissaient du bonheur que leur neveu apportait dans leur famille, mais creusa encore plus leur frustration. D’ailleurs, Simon commença à rendre de plus en plus visite à sa belle-sœur et son beau-frère sous différents prétextes, et passait beaucoup de temps avec son neveu. Il se détachait progressivement de Margot qui n’était pas dupe, mais sa culpabilisation lui évitait d’en être jalouse. Même la complicité qui rapprochait Simon et Sylvie, en particulier leur passion commune du golf qu’ils pratiquaient ensemble dans le même club, elle s’en accommodait et, à chaque fois qu’elle était tenaillée par la tristesse, elle se plongeait dans son travail et faisait semblant de ne pas en être contrariée. Elle fermait les yeux évidemment sur les infidélités de son mari qui n’avait jamais perdu son attitude de séducteur, attitude qui l’avait tant séduite quand elle l’avait rencontré. Elle avait rendu folle de jalousie toutes les filles qui lui tournaient autour, en se l’attachant et, aujourd’hui encore, elle le trouvait tellement beau qu’elle aimait se montrer à ses côtés en éprouvant un plaisir de satisfaction devant le couple qu’ils formaient, tout au moins de l’image de couple qu’ils dégageaient.
Sa crainte était qu’il la quitte parce qu’ils n’avaient pas d’enfants, pour fonder une autre famille avec une femme plus jeune. Elle avait beau se rassurer en sachant qu’il perdrait sa situation dorée s’il se séparait d’elle, et qu’il s’était bien trop habitué au luxe de sa vie actuelle pour tout compromettre, une impression bizarre s’emparait d’elle parfois, quand elle le sentait lointain et préoccupé. Son désir s’estompait et il ne lui faisait plus autant l’amour qu’auparavant, avec fougue et tendresse à la fois comme elle aimait tant, car ils s’entendaient bien sur le plan sexuel. Malgré ses efforts pour lui plaire, elle sentait bien qu’il était moins sensible à sa sensualité, aux jeux érotiques qu’elle aimait tant et à ses élans amoureux. Elle se disait que c’était sûrement l’usure inévitable de la vie de couple tout en ne se satisfaisant pas de cette explication banale.
Aussi, quand il l’invita dans leur restaurant préféré pour lui parler de quelque chose d’un air secret, elle essaya d’en savoir un peu plus, en vain. Ce mystère l’intrigua et l’inquiéta tout à la fois, mais elle préféra jouer le jeu et se prépara avec grand soin. Elle glissa la robe rouge décolletée et moulante qu’il affectionnait, laissa couler ses longs cheveux de jais sur ses épaules dénudées et se parfuma avec le parfum capiteux qu’il lui avait offert. Ils burent une coupe de Champagne, ce qui eut l’effet instantané, habituel chez elle, de lui procurer une légère griserie tellement agréable. Elle retrouva alors sa gaieté et son espièglerie naturelles qui étaient si communicatives, c’était son côté italien hérité de son père. Les bulles de Champagne la rendaient pétillante et elle aimait se sentir elle-même bulle de Champagne.
Ils rirent tous les deux de leur complicité et s’embrassèrent passionnément, mettant à mal le rouge à lèvres qu’elle avait utilisé avec délicatesse. Malgré tout et bizarrement, elle ne le sentait pas sincère, son intuition féminine sûrement. Comme la température était très douce en ce début d’automne sur la Capitale, ils enfilèrent une légère veste et gagnèrent le restaurant qui était assez proche de leur appartement. Cette promenade leur rappela l’époque où ils déambulaient dans les rues, enlacés et gourmands de leur vie virevoltante et enfiévrée. Ils retrouvaient leurs gestes amoureux et c’est le cœur léger qu’ils gagnèrent la table qu’il avait réservée.
Elle était à la fois séduite par sa proposition et contrariée par la perspective de se priver d’intimité, même si elle adorait se retrouver en famille. Elle aurait sauté de joie s’ils étaient partis tous les deux, sans retenue. Elle commença par émettre quelques objections.
Il lui prit les mains qu’il embrassa tendrement et elle fondit comme d’habitude. Elle était trop faible avec lui, elle le savait, mais elle l’aimait comme il était, sans vouloir rien changer à sa personnalité. De son côté, il savait lui faire plaisir et balayer ses hésitations lorsqu’il avait quelque chose à lui demander. Elle pensa amèrement au contraste entre sa vie professionnelle et sa vie sentimentale !
Le repas avait pris des allures de fête et leur retour à la maison après une longue promenade romantique le long des quais de la Seine fut un excellent préliminaire à la courte nuit qui suivit. Cela faisait un certain temps qu’ils n’avaient pas passé une nuit presque blanche dans les bras l’un de l’autre. Il échappa au châtiment promis en cas de défaillance, et ils s’offrirent une grasse matinée comme ils n’en avaient plus vécu depuis longtemps.
Dans l’après- midi, ils se rendirent donc chez Corentin et Claudia pour leur soumettre la proposition. Claudia accepta spontanément en pensant effectivement que cela leur procurerait le plus grand bien et les changerait du réveillon traditionnel avec ses us et coutumes inévitables. L’idée d’un safari loin de la grisaille de l’hiver à Paris enchantait Claudia. Cependant, Corentin lui rappela qu’ils avaient prévu de passer le réveillon de Noël chez ses parents et qu’il avait des rendez-vous incontournables pendant la semaine qui suivait. Devant la tête déconfite de son épouse, il lui prit les mains délicatement et lui assura qu’il ne voulait pas la priver de ce séjour inédit avec le reste de la famille. Ses parents comprendraient la situation même si leur déception serait évidente, mais il ne se sentait pas le droit de la priver de ce moment privilégié. Il faut dire qu’il s’était coulé dans l’esprit de cette famille unie en respectant leurs liens et leur unité. Elle l’embrassa fougueusement d’un élan amoureux dont elle était coutumière en lui rappelant s’il en était besoin, combien elle l’aimait.
Il ne restait plus qu’à filer chez Emeline et obtenir son adhésion au projet collectif. Étonnamment pour elle qui était toujours par monts et par vaux de par son activité professionnelle qui l’amenait à la recherche de l’originalité en permanence, elle leur dit qu’elle n’était pas libre parce qu’elle allait rencontrer les parents de son ami avec lequel elle vivait en couple depuis peu et, contrairement à Claudia, ce n’était pas négociable. Elle tint absolument, en guise de participation sentimentale, à s’occuper de leur voyage car c’était dans ses prérogatives et ses compétences.
Simon semblait très contrarié de ce refus et n’était pas emballé à l’idée de la laisser organiser leur safari. Il se plia néanmoins à son désir mais il voulait quand même y apporter sa touche personnelle et ne pas être dépossédé de son initiative. Son comportement et son entêtement surprirent Margot qui le câlina pour jouer la médiatrice. Ils n’allaient quand même pas se fâcher pour un projet de voyage !
Concernant Lucie contactée par téléphone, effectivement, elle fut à la fois déçue qu’il n’y ait pas de repas de famille et ravie à l’idée d’avoir son petit-fils pour elle seule Elle viendrait à Paris avec grand plaisir pour jouer la nounou et se promener dans les rues illuminées de la Capitale si joyeuses à cette période. Elle adorait l’idée de se sentir utile et ce n’est pas si souvent qu’elle pouvait jouer ce rôle de mamie auquel elle aspirait, à cause de son éloignement et aussi parce qu’elle n’avait qu’un petit fils pour l’instant. Elle envisageait sérieusement de quitter La Baule pour revenir à Paris afin de profiter de sa famille qu’elle espérait voir s’agrandir avec Claudia, puisque Margot semblait stérile à son grand désespoir.
Tout était donc paré pour leurs vacances exotiques dont le Kenya fut la destination adoptée à l’unanimité. Il n’y avait plus qu’à finaliser leur séjour, tâche à laquelle s’attela Simon avec un empressement inédit qui n’en finissait pas d’étonner Margot, heureuse de le retrouver débordant d’enthousiasme.
Emeline, de son côté, avait fait jouer ses réseaux et ses relations pour concocter un plan original hors des sentiers battus, ou plutôt des pistes battues, avec des gens dignes de confiance et sérieux dont elle avait pu obtenir les meilleures références. Une précaution élémentaire dans ce pays pourtant démocratique mais miné par la corruption. Beaucoup d’agences locales assuraient un service qui n’était pas à la hauteur du prix payé par les touristes qui affluaient du monde entier. Par ailleurs, les nombreuses ethnies parlant des dialectes différents qui composent cet état ne vivent pas toujours en bonne harmonie, pour ne pas dire en franche hostilité, avec des haines ancestrales attisées par la présence de nombreux groupes rebelles des états voisins qui avaient tendance à faire de la frontière kenyane un sanctuaire de repli. Si on y ajoute les camps de réfugiés de différents états frontaliers en guerre civile et les incursions de groupes islamiques déterminés à renverser les majorités chrétiennes de ce pays, cela faisait beaucoup de raisons de prendre un maximum de précautions.
Tout ce petit monde se retrouva un long week-end à La Baule pour fêter les soixante-dix ans de Lucie et en profiter pour faire le point sur leur projet de fin d’année qui prenait tournure pour la plus grande satisfaction générale.
Finalement, c’est la proposition d’Emeline qui fut retenue en provoquant l’agacement de Simon dans un premier temps, mais il se rangea à l’avis de la majorité quand il obtint quelques concessions. Plutôt que se rendre dans les réserves habituelles, ils optèrent pour une réserve et un parc national situés dans la région du lac Baringo. Cet emplacement permettrait de se trouver à la fois près des hauts plateaux, en limite de la vallée du Rift et ses paysages volcaniques, et au bord des plaines qui bordent le lac riche en faune, de façon à pouvoir prévoir des excursions dans des régions au relief et à la végétation totalement différents. Surtout, en faisant jouer ses relations, elle avait obtenu qu’ils soient accompagnés par le Directeur de la réserve qui était aussi guide avec d’excellentes recommandations. Elle avait un sourire amusé ambigu en le présentant car ce dernier accompagnait habituellement les VIP que lui adressait l’ambassade de France, avec son adjoint Kikuyu grand connaisseur de la région.
C’est ce dernier point qui irritait Simon qui avait prévu et pris une option avec un autre service de guides. On trancha alors diplomatiquement en émettant l’idée de réserver ces deux hommes pour permettre de proposer un champ plus large d’excursions. Le départ fut calé pour le vingt et un décembre avec retour le cinq janvier, le temps de préparation nécessaire pour les formalités, les vaccins et l’achat de vêtements adaptés. Emeline et Simon n’avaient plus qu’à confirmer les différentes réservations sans trop tarder parce que le mois de septembre avançait et il deviendrait de plus en plus difficile de boucler le programme, beaucoup d’hôtels et établissements de brousse étant déjà réservés longtemps avant. C’est aussi pour cela que le choix de la réserve de Nyahuru falls, célèbre pour ses chutes d’eau, était judicieuse parce qu’elle était plus éloignée de Nairobi, donc plus sauvage, que la plupart des destinations proposées. En ne regardant pas sur le budget, il était certes plus facile d’organiser un voyage !
Finalement, le temps passa très vite et quand ils se retrouvèrent dans la salle d’embarquement de l’aéroport Charles de Gaulle, ils avaient tous l’impression qu’il ne s’était écoulé que quelques petites semaines depuis leur décision de voyage. Corentin et Emeline les avaient accompagnés pour leur souhaiter un bon séjour qu’ils souhaitaient partager affectivement avec eux, en leur faisant promettre l’envoi quotidien de photos. Leur exaltation était à son comble et les douze heures d’avion ne leur pesèrent pas. Comme il y avait peu de décalage horaire, la fatigue était légère et ils se sentaient prêts à profiter pleinement de leur escapade africaine.
Ils furent surpris en débarquant à Nairobi de la température agréable, contrairement à ce qu’ils croyaient, en oubliant qu’à l’altitude de 1600 m, la nuit apportait une fraîcheur relative faisant oublier la chaleur et la moiteur de la journée. La traversée de la ville pour rejoindre l’hôtel « Kenyan palace » situé dans un parc arboré, leur offrit le spectacle d’une animation débridée avec une circulation intense et bruyante dans des rues remplies de boutiques où se pressait une foule débridée et volubile. Une agitation africaine.
Leur hôtel, un établissement choisi par Emeline, semblait sorti tout droit d’un film au temps de la Compagnie des Indes et de la colonisation britannique. Son style victorien, quoique rénové avec goût, reflétait le passé colonial de ce pays. Avec de l’imagination, on aurait pu y voir des dames de la bonne société anglaise y exhiber leurs dentelles auprès d’officiers en uniforme rouge ou de riches hommes d’affaires vautrés dans des fauteuils capiteux en train de fumer de gros cigares tout en parlant affaires ou politique. Les petits salons particuliers avaient été conservés, et le tout dégageait une atmosphère particulière mêlant passé, tradition et modernité. Un bon début pour se plonger dans l’ambiance de leur séjour.
Le parc à lui seul était une merveille visuelle, magnifiquement fleuri par les flamboyants en pleine floraison qui donnaient un aspect incandescent à la végétation dominée par un énorme caoutchouc et des massifs de fleurs tropicales parfaitement entretenus par une armée de jardiniers en uniforme. Des manguiers et d’énormes ficus procuraient un ombrage bienfaisant et servaient d’abri à de nombreuses variétés d’oiseaux multicolores et bruyants.
Après une bonne nuit en chambre spacieuse, luxueuse et surtout climatisée, ils se retrouvèrent reposés et revigorés par un petit déjeuner copieux, dans un salon où ils devaient rencontrer, avec une grande curiosité et une certaine impatience, le guide sélectionné par Simon qui devait les informer du programme définitif de leur séjour.
Jimmy Lockley était franco-britannique, utile dans un pays où les deux langues principales sont l’anglais et le swahili. Il avait l’air du parfait aventurier dont il cultivait l’allure pour impressionner ses clients. D’emblée, Margot n’apprécia pas son côté frimeur et hâbleur ainsi qu’une certaine brutalité de langage et surtout la façon gourmande dont il la regardait. Il toisait son auditoire avec une bonne humeur de façade propre aux guides ou animateurs qui encadrent des groupes, pour essayer de se rendre sympathiques et bien montrer que tout le monde allait dépendre d’eux et de leurs connaissances. Elle ne l’aimait pas, mais après tout, on ne lui demandait pas d’être aimé mais d’être un bon guide sur qui on pouvait compter. Elle le trouvait aussi beaucoup trop intéressé par l’aspect financier qu’il mettait trop en avant dans sa présentation. Il était grassement payé et n’avait pas besoin de repréciser et justifier le montant de ses prestations que personne ne discutait d’ailleurs. Il leur demanda encore de vérifier que leur équipement était conforme à la vie de brousse qu’ils allaient mener et leur donna la liste de médicaments à acheter s’ils ne l’avaient pas déjà fait.
Il fut contrarié d’apprendre qu’un autre guide allait faire partie de l’équipe, en particulier Morgan Dufour avec lequel il n’avait pas l’air de bien s’entendre. Simon le prit à part et ils eurent une longue discussion animée qui se termina par une poignée de main certifiant un accord de principe. Margot aurait bien aimé savoir ce qu’ils s’étaient raconté mais son mari ne désira pas l’éclairer sur ce sujet. Décidément, elle le trouvait bien cachottier et énigmatique, mais la préparation de leur départ coupa court à ses spéculations.
Tous les points étant éclaircis, Jimmy leur donna rendez-vous devant l’hôtel à treize heures pour aller à l’aéroport prendre un court vol intérieur les amenant à Nakuru vers le Nord où ils retrouveraient son associé guide interprète Mau-Mau qui devait les accompagner tout le long de leur circuit. Là, les attendait aussi en principe Morgan Dufour le guide recommandé par Emeline qui les amènerait à sa réserve avec son propre avion de brousse et un autre avion-taxi loué pour l’occasion.
Avant de partir, Simon s’absenta une bonne heure sans en préciser les raisons et, quand il revint, il portait une petite mallette qu’il rangea dans un grand sac. En prenant un air mystérieux, il dit que c’était une surprise qu’il ne voulait pas dévoiler maintenant, et il repoussa les demandes curieuses et pressantes de toute l’équipe avec un sourire entendu. Même les attitudes enjôleuses de Margot n’y firent rien. Il faudrait donc attendre, mais ce petit jeu plut à chacun car, après tout, il leur avait préparé une surprise et il devait pouvoir en jouer à sa guise. Cet épisode fut vite oublié car leur vol était annoncé et il fallait se rendre à la porte d’embarquement de l’aéroport.
L’avion qu’ils devaient emprunter pour le vol intérieur n’était plus de première jeunesse et les passagers formaient un groupe hétéroclite et exubérant, avec des surplus de bagages impressionnants. C’était à se demander comment il allait pouvoir décoller en toute sécurité. C’était l’Afrique et il fallait se mettre dans cette ambiance si particulière pour se plonger dans le dépaysement qu’ils souhaitaient. Après un décollage poussif, quand l’aéroplane vira sur l’aile, ils aperçurent le mythique Kilimandjaro, pourtant situé en Tanzanie, se détacher à l’horizon. Émotion garantie pour tous, l’aventure commençait.
Après un vol d’une heure pendant lequel ils furent assez secoués, ils purent admirer par le hublot les hauts plateaux et la chaîne des monts Kenya. Pas d’hôtesse pour leur servir une boisson fraîche et air climatisé défaillant, « Air Kenya » assurait l’essentiel, à savoir vous transporter rapidement d’un point à un autre en évitant un long trajet sur piste défoncée et route intermittente. L’atterrissage fut assez « rock n’roll », et ils débarquèrent par une chaleur suffocante dans un petit aéroport moderne animé par les mêmes scènes de foule et de familles se quittant ou se retrouvant, le tout dans une joyeuse cacophonie.
Ils repérèrent rapidement les deux hommes portant une pancarte « Di Napoli ». Un homme blanc de belle stature en tenue broussarde accompagné d’un athlétique KiKuyu au visage rigolard et jovial. Ils les aidèrent à transférer leurs bagages dans une camionnette pour embarquer dans les deux petits avions qui allaient les transporter jusqu’à Nyahuru Falls pour le début de leur séjour. Morgan Dufour, après les présentations d’usage, leur proposa de boire une boisson rafraîchissante ou mieux un thé ou café local, avant leur vol d’une heure pour atteindre leur destination. Il dégageait une belle assurance et semblait extrêmement chaleureux et dynamique. En tout cas, il correspondait à l’idée qu’on se fait d’un guide de safari.
Margot remarqua que les deux guides s’étaient salués assez froidement et que Akebe le Kikuyu ne serra pas les mains de Ayla le Mau-Mau. Elle apprendra plus tard que ces deux peuples, le premier d’origine bantoue et le second nilotique, se haïssaient depuis des générations et parlaient des dialectes distincts. Cela promettait une chaude ambiance ! De même, Dufour avait accepté de les accompagner à la demande de l’ambassadeur de France contacté par une amie d’Emeline qui avait ses entrées au Quai d’Orsay. En effet, Lockley avait une réputation sulfureuse, soupçonné de prendre part à des trafics d’animaux et d’ivoire et on le disait très vénal. L’ambassadeur qui était un ami de Dufour avait insisté pour qu’il accepte de convoyer le groupe, n’ayant aucune confiance en Lockley. Ce n’était effectivement pas le moment de se retrouver avec une prise d’otages, vu l’effervescence qui régnait aux frontières nord, car avant sa retraite, il n’avait pas envie d’avoir à gérer un tel problème avec la mise en danger de touristes sous sa responsabilité.
Le vol dans les deux coucous parut merveilleux et dépaysant à toute la famille car ils aperçurent déjà bon nombre d’animaux sauvages, et Dufour se dérouta même pour survoler un troupeau de buffles, puis un groupe d’éléphants et d’autres animaux isolés dans la savane qui bordait la forêt des hauts plateaux. Leurs appareils photos crépitaient et ils s’extasiaient devant le spectacle qu’ils étaient venus chercher. Tout correspondait à leur imaginaire et ils étaient impatients de se retrouver sur les pistes de brousse pour approcher au plus près de toutes ces merveilles.
Ils se posèrent sur une piste en herbe près de la réserve où deux « Landrover discovery », véhicules mythiques et incontournables, les attendaient pour gagner le petit hameau constitué par les bureaux administratifs de la réserve et du parc, les maisons des rangers et de leur famille qui y officiaient, la maison de Dufour et, bien sûr, la structure « éco-lodge » où ils allaient séjourner comme camp de base.
Des enfants coururent joyeusement à côté des 4x4 jusqu’au pavillon central de l’éco-lodge. Margot se fit la réflexion qu’elle se trouvait vraiment dans le film « out of Africa », tant tout correspondait aux clichés qu’elle avait en tête. Elle se serra contre son mari et l’embrassa tendrement en le remerciant de l’idée géniale qu’il avait eue. Celui-ci sembla bizarrement gêné de cet élan de tendresse, ce qui la surprit car, d’habitude, il n’avait guère ce genre de pudeur. Elle chassa ce ressenti car il fallait prendre possession des bungalows d’Akeba, la femme du guide kikuyu, qui allait les accompagner dans leurs pérégrinations touristiques. Cette dernière gérait la partie hôtellerie et restauration du village avec autorité et compétence, entourée de personnel abondant.
Le confort des bâtiments en bambou et autres matériaux locaux, pour justifier le label « développement durable », était assez sommaire mais la propreté irréprochable et le décor exotique étaient un régal de dépaysement. Comme ils n’étaient attendus qu’à dix-huit heures trente pour un pot d’accueil et un briefing, elle en profita comme tout le monde pour prendre une bonne douche et se reposer, alors que Simon était resté avec les deux guides pour peaufiner leur programme.
Elle se réveilla en sursaut réveillée par le bruit du groupe électrogène qui se mettait en marche car la nuit commençait à tomber et il n’était pourtant que dix-huit heures. Elle ne savait pas que le rythme des journées ne ressemblait pas à celui des pays tempérés. En pays tropical, dès cinq heures du matin, la nature est en pleine effervescence et, par contre, entre dix-huit heures et dix-neuf heures, il fait nuit. Mais ce n’est pas pour autant que la forêt ou la savane sont silencieuses ! Une autre faune prend le relais des animaux diurnes.
Apparemment, elle n’était pas la seule à avoir dormi. Le pot d’accueil qui les attendait tombait à point, en même temps que la fraîcheur extérieure. Morgan présenta le personnel de l’éco-lodge et expliqua le fonctionnement de leur structure. Ils étaient en parfaite autosuffisance grâce à une ferme qui leur procurait fruits et légumes frais toute l’année, gérée par une dizaine de familles d’ouvriers agricoles kikuyus, ainsi que la viande dont ils avaient besoin, zébus, volailles et chèvres dont s’occupaient des Masaïs nombreux dans la région. Le reste, il le rapportait en avion quand il se rendait en ville. En complément, des camions livraient les aliments les plus lourds ainsi que les fûts de gazole pour les véhicules et le groupe électrogène, et le pétrole lampant pour les réfrigérateurs, congélateurs et les lampes Coleman qui prenaient le relais des générateurs à vingt-deux heures, après l’arrêt du groupe.
C’était toujours une surprise pour les touristes habitués à la fée électricité de découvrir qu’il y avait un autre moyen de faire parfaitement fonctionner ces appareils rustiques utilisés par les broussards. Pour peu qu’on soit méticuleux en entretenant les mèches alimentées par le pétrole, on produisait un froid comparable aux appareils électriques. Cette technologie a été utilisée par toutes les armées du monde séjournant dans les pays tropicaux ou équatoriaux. Bon nombre de ces appareils à l’obsolescence non programmée avaient une seconde vie après l’armée. C’était le cas ici dans la réserve où ils rendaient d’énormes services, sinon il faudrait laisser tourner les groupes électrogènes en permanence avec une consommation de fuel ingérable dans la savane et provoquer une légère pollution émanant des moteurs diesel.
Il y avait aussi une infirmerie avec un infirmier à demeure et une vétérinaire qui prenait en charge les animaux blessés ou jeunes dans un zoo à l’intérieur du parc. Du personnel s’occupait de l’entretien des installations, du ménage, et trois hommes spécialisés étaient particulièrement indispensables : deux mécaniciens qui avaient fort à faire car la dizaine de voitures souffrait beaucoup, sans compter les groupes électrogènes et divers matériels agricoles comme le tracteur, les débroussailleuses, tondeuses et autres engins à moteur thermique, et, pour finir, un ouvrier qui s’occupait de tout ce qui était hydraulique.
L’eau, problème permanent de tout être vivant, était un point central et vital. Deux puits devaient être entretenus en permanence ainsi que deux captages d’une source qui alimentait une citerne avec des pompes pour l’eau domestique et une adduction pour l’irrigation. Cette eau devait être purifiée parce que la dysenterie guettait n’importe quel organisme fragile, en particulier celui des touristes, peu résistants aux amibes et autres bactéries agressives, qui s’exposaient à la fameuse « tourista ». La diarrhée, inquiétude première de tout touriste en pays tropical ! Un système de fosses septiques avait été installé ainsi que des mini-stations pour nettoyer l’eau domestique. Évidemment, tout cela nécessitait un entretien permanent et c’était la condition à l’accueil de visiteurs occidentaux qui voulaient vivre une expérience de brousse, mais sans oublier un certain confort !
Tout ce microcosme composait une micro-société gérée par Dufour où chacun avait sa place et son activité. Depuis peu, il avait réussi à ouvrir une petite école avec des fonds internationaux pour permettre aux enfants des employés de recevoir une éducation de base. Un enseignant kenyan y était détaché et la demande de scolarité d’enfants des villages environnants était de plus en plus forte jusqu’à envisager l’ouverture d’une deuxième classe. Il lui semblait important que les enfants soient scolarisés dans de bonnes conditions et bien encadrés. Il n’hésitait d’ailleurs pas à les emmener dans la brousse pour leur faire expliquer la faune et la flore par les rangers, afin que les connaissances de leur environnement ne disparaissent pas, emportées par une vague de modernisme qui les éloignerait trop de leur milieu qu’il fallait à tout prix préserver.