Origo - Tome 2 - Michel K. Simon - E-Book

Origo - Tome 2 E-Book

Michel K. Simon

0,0

Beschreibung

Un engin spatial s’élève dans l’immensité glaciale de l’espace, emportant avec lui trois survivants de l’expédition ORIGO et une créature mystérieuse retrouvée sous la glace arctique. Ce vaisseau, caché depuis des millénaires, renferme un secret capable de bouleverser l’histoire de l’humanité. L’Air Force savait ce qu’elle avait perdu et a tout tenté pour les arrêter… en vain. Désormais, la Terre n’est plus qu’un souvenir lointain, fragile et magnifique. Quel mystère cette arche d’un autre temps renferme-t-elle ? Leur voyage ne fait que commencer.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Michel K. Simon, auteur romancier à la plume très éclectique, a débuté sa carrière d’écrivain en 2013 lorsqu’il a été invité par Victor Dixen à participer à un concours d’écriture sur le thème des contes revisités. Son amour pour tous les genres littéraires qu’il explore au gré de son inspiration se concrétise une nouvelle fois avec la publication du second tome de la trilogie intitulée "Origo".

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 420

Veröffentlichungsjahr: 2025

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



MichelK.Simon

ORIGO

Tome 2

Allersimple

Roman

©LysBleuÉditions–MichelK.Simon

ISBN : 979-10-422-6107-8

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

EnhommageàHubertReeves(1932-2023)

Astrophysicien, écologiste franco-canadien

Notede l’auteur

Bienquelesorganisations,lestechnologiesetcertainsévénements qui vous sont décrits dans ce livre soient réels – de temps à autre détournés, voire exagérés pourles besoinsdeceroman, àl’exception des chiffres, statistiques et études des ressources planétaires –, celui-ci est unefiction ettoute ressemblanceavec des personnes existantes serait fortuite.C’estparrespectpourleurtravail etleurvieprivéeque les noms des personnes ayant réellement participé aux différents projets et programmes gouvernementaux ont été modifiés.

J’espèrequevousnemetiendrezpasrigueurdesquelqueslibertés que j’ai prises tout au long de cette aventure.

AveclesoutiendelaSCAM.BE

L’espaceestnoir

L’espaceestnoir,l’ondeestsombre;

Là-bas, sur le gouffre obscur,

Brillentlepharedansl’ombre

Et l’étoiledansl’azur.

La nuit pose, pour la voile

Qu’emportentlesventsd’avril,

Dans l’espoir sans fin l’étoile,

Le fanal sur le péril.

Deuxflambeaux ! Doublémystère,

Triste ou providentiel !

L’un avertit de la terre,

Etl’autreavertitduciel.

VictorHugo(1802-1885)

Prologue

L’amour est quelque chose d’incroyable et je le comprends seulement maintenant, maintenant que je l’ai perdu.

Jemesensvidée,incomplète.

Plus on aime, plus on souffre. C’est ce que l’on dit lors d’une rupture. Cette souffrance due à la blessure que l’autre nous inflige, meurtrissant notre cœurque l’on avait offert entoute confiance, dans ces moments d’euphorie et de bien-être dus au savoureux cocktail alliant adrénaline, dopamine et sérotonine. Ce que l’on appelle un philtre d’amour…

Frissons, papillons dans le ventre et cette chaleur incroyable qui nousirradieaumoindrecontact,àchaquebaiserplusenflamméquele précédent, lorsque dans l’intimité les caresses s’intensifient, nous invitant à nous abandonner l’un à l’autre.

La blessure ne vient qu’ensuite, d’une relation devenue compliquée, impossible à vivre, lassée d’une vie monotone où ne subsiste de la flamme des premiers jours qu’une allumette noircie prochedesdoigtsquilatientvaillequevailleavantlabrûlureintense, trompéeouabandonnéeparennui.Déchiré, l’unprendraunautrevol, vers une destination ensoleillée, paradisiaque, avec une hôtesse plus jeune, plus sexy, emballée comme une sucrerie pleine de promesses, prête à se faire croquer et dévorer. L’autre, celui qui reste, déprimera sans vraiment comprendre, sans accepter, car il ne le veut pas vraiment, parce qu’il est difficile de faire face à cette vérité qui fait mal, beaucoup trop mal.

Nous,nousensommespourainsidirerestésauxpréliminaires.

Séparés,abattusenpleinvol,nousn’avonspaseuletempsdemieux nous connaître, de nous aimer, de partager la naissance de chaque nouveau jour, allongés l’un à côté de l’autre et de vieillir ensemble, entourés d’une ribambelle d’enfants.

Lorsque je l’ai rencontré, il y a eu cette étincelle, mais on ne peut pas parler de coup de foudre. Certes, il me plaisait, inutile de le nier. Il avait cette gentillesse et cette douceur que j’apprécie particulièrement chez un homme. Il avait tout pour plaire, pour me plaire. Ilrayonnaitcommeunastre ;aveclui,jemesentais unique.Et cela, malgré son statut rigide de militaire fort et viril, obéissant aux ordres. Il débordait detendresse et, lorsqu’il me prenait dansses bras réconfortants, je me sentais bien.

Pourtant,aucundenousdeuxn’afaitcepremierpas ;ilfautavouer que les circonstances ne s’y prêtaient pas. Mais c’est arrivé, comme ça, dansl’instant présent,surletoitdumondeetdanslatourmentede la tempête.

L’amour,c’esttoutcequej’aimechezluiettoutcequ’ilaimechez moi. Ce n’est pas uniquement le désir et l’envie, c’est un besoin departager,devivreensemble,deseconnaîtreetdeconstruireunavenir.

Mais de cela on a été privé, jen’ai pas eu le temps d’apprendre à le connaître. On en sait finalement très peu l’un de l’autre, quasimentrien.La vie à deux est un ensemble : un tiers de ce qu’il aime chezmoi, un autre de ce que j’aime chez luietle dernier de ce que l’onauraitpuaimerensemble.Unemultitudedesouvenirsheureuxàvivre àdeux etdepetiteschosesduquotidien àdécouvrirl’unsurl’autre.

C’estcevidequejeressens,lemanquephysiquedepouvoirencore être avec lui, de lui parler, de le serrer contre moi, mais également le manque psychologique d’avoir été privée de notre vie à deux.

Sean,situsavaiscombientumemanques…

1

BaseNellisAirForce, LasVegas,Nevada

37°14'41,9" N 115°48'39,4" W

Unesirèned’alarmeretentitdansle désert.

C’estcequiavaitattirél’attentionde beaucoupdemonde :des passionnésetfanatiquesquilogeaientdansleurscaravanesauxabords de la base militaire, àla limite du« no man’s land », comme ceux de lapetitevilledeRachel l’appellent,lafrontière entrelavieetlamort.

Rachel est la ville la plus proche de la base Nellis1. Beaucoup ne croyaientpasauxexplicationsconcernantlessoi-disantessais militaires.Lesthéoriciensducomplottrouvaientdanslamoindre explicationunemanœuvredel’étatafindeleurcacherlavérité,deles manipuler.Pourd’autres,c’étaientdesilluminésqui,bienau contraire,espéraientunerévélation,unsigneenattendantune « rencontredutroisièmetype »,l’arrivéed’êtressupérieurs,despetits hommes verts venant deMars àbord d’unesoucoupevolante, afin de prouver que tout ce quiconcernait lesextraterrestres était bienréel et quelegouvernements’évertuaitàétoufferdepuisdesannéeslavérité endissimulantlespreuvesetenconfisquantdesmilliersd’hectaresde terre.

Le gouvernement, après avoir nié et démenti l’existence de la Zone51, organisa une campagne de désinformation révélant par la suite que la CIA avait alimenté la croyance extraterrestre pour dissimulerdesessaisdenouveauxavionssecrets.LafameuseZone51 recèletoujoursdenombreuxmystères : détecteursdemouvementdans lesol,camérasetmicrossurtoutelapériphériedelabase,intervention armée avec le droit de tirer à vue si l’on franchit la limite balisée par de simplespiquetsorange.De grandspanneauxd’avertissement çàet là indiquent que c’est une base militaire, qu’il est interdit de prendre des photos et qu’au-delà de cette limite l’utilisation de la force meurtrière est autorisée.

Pourquoi autant de protection autour de cette zone qui comprend plusieurssitesoùlesemployéssontamenésenavionsdeligneprivés, si cen’est pourcacher lavérité ? Douzevols delacompagniecharter Janet décollent et atterrissent chaque jour, amenant des centaines de travailleursàdifférentsendroitsdelabasedeNellis :zoned’essaisdu Nevada, base militaire de Tonopah, Zone 51… Ces appareils, des Boeing 737-600 blancs, sont facilement reconnaissables grâce à leur bande rouge traversant le fuselage. Ils volent sans aucun logo commercial, renforçant l’aspect secret de la compagnie basée à l’aéroport international Harry Reid de Las Vegas, où elle dispose de son propre terminal sur Haven Street.

Il est évident que le petit nombre de bâtiments visibles de Groom Lake servent à masquer une vaste infrastructure souterraine. Le gouvernement et la CIA manipulent l’opinion pour justifier les dépensesfaitesdepuisplusdesoixanteans.Grâceàlarétro-ingénierie, undéveloppementtechnologiqueexceptionnelaétérendupossiblepar le démontage d’engins spatiaux extraterrestres récupérés par l’armée etconfiésauxingénieursdelaZone51.Certainsbâtimentsethangars peuvent atteindre trente niveaux en sous-sol et les tunnels dans les montagnes sont alimentés en air et en électricité. Soixante ans de mensonges.IlsuffitdescrutercettevastezonedelatailledelaSuisse, aunorddeLasVegas,avecGoogleMap.Cequel’onpeutydécouvrir ne fera qu’augmenter les interrogations.

Les Américains ne sont pas les seuls à avoir des secrets. Les Allemands,avantlaSeconde Guerre mondiale, ont aussi eurecours à la rétro-ingénierie qui fut utilisée par le Troisième Reich.

En 1950, l’URSS, l’ancienne Union soviétique, a découvert, à l’époque des fouilles en Égypte, une tombe avec des restes d’aliens datant de dix mille ans avant Jésus-Christ. Nom de code : « ProjetIsis », un projet tenu secret par le KGB et stocké secrètement sous le Kremlin.

Puisilyeutlecrashd’unobjetnonidentifiédansunerégionisolée du désert, près de la ville de Santa Rosa, au Nouveau-Mexique, en 1963. Comme dans d’autres cas similaires, il y a eu des rapports faisantétatdel’interventionrapidedesautoritésmilitairesetfédérales, qui auraient bouclé la zone pour récupérer l’objet.

Et plus récemment, en 1997, c’est en Antarctique que les Russes ont découvert un OVNI coincédans laglace. Il est tombéapriori il y a plus devingt-quatremilleans. Àlasuited’une éruption volcanique près du site du crash, les Soviétiques ont dû demander de l’aide aux États-Unispourl’extraire.Envoyantlasituationleuréchapper,ilsont préféré lancer leurs missiles P-120 Malakhit afin de détruire l’engin.

En 2012, huit soldats ont participé à une mission secrète dans le désertd’Afghanistan;ilsauraientdécouvert,àl’intérieurd’unegrotte, un enginspatial vieuxdesixmilleans.D’après leschercheurs quiont visitélesite,ilétaitmunid’unbouclierénergétiquesophistiquéquil’a gardé en sécurité pendant des milliers d’années et on décrit la découverte comme un Vimāna2enfermé dans un puits temporel. Ce rapport, divulgué par le service russe des renseignements étrangers, créé par le président Poutine, parle de la découverte d’un avion-mystère repéré par des militaires afghans.

Réalité ou fiction ? Une aubaine pour toutes les personnes présentes ce jour de septembre 2013; les sirènes hurlaient, marquant l’apparitiond’unesoucoupevolantedécollantdelabasemilitaire.Des hélicoptèresprirent leurenvol enurgence, tournant autourdel’engin. Un OVNI en plein ciel du Nevada ! Qui aurait pu l’imaginer ? Et surtout juste au-dessus de la fameuse Zone 51 !

Oncroiraitrêver !

Mais quelleest lavérité ?

Dès lelendemain,onpouvaitlireàlaunedesjournaux :

Zone 51 : Un OVNI dans le ciel du Nevada

Sur Internet, quelques images prises à la hâte, pour la plupart floues, circulaient et étaient déjà partagées par des milliers de followers.L’informationfuttoutefoisdémentieparl’arméeprétextant unemauvaiseblaguedelapartdesmilitairesdegardecepremierlundi de septembre qui, à l’aide d’un hologramme, auraient créé cette supercherie.

Pour les défenseurs de la Ligue Alien, c’était bien un OVNI ; l’alarme, les hélicoptères et le décollage d’avions de chasse de différentes bases qui ont tenté de le poursuivre ne pouvaient pas être le fait d’une simple blague, nous ont-ils déclaré.

Pourl’occasion,latélévisions’étaitdéplacéedanslapetitevillede RachelquibordelaZone51.Lesreportersfilmaientendirectiondela base où l’on ne voyait rien, à part les montagnes, le désert et les panneaux d’avertissement. Ils étaient à l’affût de témoignages, peu importait de qui, mais de préférence du plus allumé possible afin de faire de l’audimat.

— NousétionsauLittleA’Le’Inn3pourdégusterleurfameuxAlien Burgeretprendrequelquesphotossouvenir !Cequenousavonstout d’abordentendu,c’estl’alarme,expliquaitunhommeavecune ribambelle de gamins derrière lui, occupés à faire signe à la caméra. Ensuite, le sol a vibré. Au loin, il y eut des grincements métalliques commesi on tordait delatôle, puis le bruit des hélicoptères.

— Vouspensezbienquenousfûmesvitedehorspourvoircequise passait ! D’ordinaire, c’est plutôt calme dans le coin, décrivait un habitué du restaurant. En un instant, une lumière blanche aux reflets nacrés comme une perle apparut avant de prendre rapidement de l’altitude à la verticale. Je peux vous certifier que ce n’était pas une petite perle ! L’aspiration s’est ressentieinstantanément, la poussière fut emportée parunventviolentquinousatiréssurplusieursmètresenavantcomme desmarionnettes.Iln’yavaitrienàfaire;certainsontmêmefiniausol et blessés.Enquelquessecondes, lalumières’est stabiliséeau-dessus de son point de décollage,demeurantsur place à plusieurs kilomètres d’altitude.

— Je me suis redressé, raconta un des habitants, pour mieux regarder.Soudain,laluminosités’intensifiaetsemit àluirecommesi elleexplosaitenl’air.C’estàcemomentquenousavonspupleinement la contempler, c’était splendide. Même les hélicos onteu du mal à se stabiliser après son envol. Rien de comparable avec leur soi-disant hologramme. Elle n’avait aucune ressemblance avec une de ces soucoupesvolantesquel’onaperçoitdanslesmauvaisfilmsdescience-fiction.Non,non,ellen’étaitpasvraimentronde.Voussavez,comme onles représente en formede deux assiettesposées l’unesurl’autre.

— La lumière était plutôt ovale, oui, ovoïdale, c’est ce qui nous semblaitvud’ici, expliquaunautredestémoins delascène.Sacoque blanche,laquée,miroitaitauxrefletsdusoleil.Puis,d’uncoup,elleest passéejusteau-dessusdenousetadisparu verslenord.Lesavionsde chasse qui avaient décollé à sa poursuite sont assez vite revenus bredouilles.Croyez-moi,ilsn’étaientpaspréparésàlavoirfilercomme ça.

— Doncvousl’avezbienvue ? demandalereporter.

— Oui, avec mes jumelles. Les miennes sont toujours prêtes, sur l’étagèreàcôtédelaporte.Voussavez,ici,vautmieuxêtreéquipépour observer ce type de manifestation exceptionnelle.

Ducôtédesmilitaires,riennefiltraitausujetdepersonnesévadées. Legouvernementvenaitdevoirs’envolersoussonnezun enginspatial qu’il détenait depuis juillet 1950.

Contrairement à“L’affairedeRoswell”quelegouvernementavait tentéd’étoufferpartouslesmoyens,confisquantlesphotos,mettantla main sur toutes les preuves existantes et les témoignages audio, dont celui de Mack Brazel, un fermier dont la propriété se trouve au nord-ouest de la ville et premier témoin du crash. Dès lors, les militaires avaientdéclaré« qu’ilnes’agissaitqued’unballon-sondeetnond’une soucoupevolante ».Ilfautavouerqu’aprèslecrashellen’étaitplusen état de voler. D’après les témoins, quatre êtres avaient été retrouvés. Deux d’entre eux étaient morts. Mais certains prétendaient qu’ils étaient encore tous en vie. Difficile de connaître lavérité.

Aprèsavoirstockéles débrisdel’enginetles corpsàlabase aérienne Wright-Patterson, dans unesection ultrasecrète appelée Hangar 18,nom decodeProjetBlueBook4,l’arméelesavaittransportésdansledésert duNevada,dansleplusgrandsecret.Aumêmeendroitoù,desannées plus tard, les survivants de l’expédition Origo furent détenus. Informationetdésinformationétaientlaspécialitédesservicessecrets gouvernementaux américains.

Danslesannées1990,larévélationdel’existenced’unfilmsurcette autopsied’extraterrestresissusducrashdeRoswellafaitlesgrostitres de la presse spécialisée. Diffusé sur les chaînes télévisées, il a bien évidemment été démenti par la suite :

« À première vue, ce film sent l’arnaque et le montage. Malheureusement, après vérifications, Jack Barnett, cameraman de l’Air Force, n’a jamais été mentionné dans la liste des cameramans présents. Cet homme est décédé en 1967, emportant avec lui tous les mystères de l’affaire Roswell. »

Cettedéclarationofficiellestipule :

«… n’a jamais été mentionné dans la liste des cameramans présents. »

Cequilaisseàpenserqu’ilyabieneuautopsie !

Dans un autre rapport hautement classé contenant beaucoup d’informations sur des EBE5, leur système de communication et technologie avancée, il est noté que EBE-1, le premier extraterrestre récupéré lors du crash de Roswell en 1947, serait finalement mort en 1952.

2

L’AirForcenereconnaîtrajamais qu’un objetvolantnon identifié aittraverséleurespaceaérien. C’est ainsiqu’onles nomme :OVNI – ou UFO en anglais –, bien que celui-ci fût identifié. Les autorités concernéessavaienttrèsbiendequoiils’agissait.Ellesvenaientdese faire dérober, à leur insu, une des soucoupes volantes récupérées et cachées dans un hangar secret de la base de Nellis. Elles l’avaient laissé filer malgré eux, emportant à son bord trois survivants de l’expédition ORIGO et l’être découvert sous la glace.

IlsontbiententédenousintercepterenArctiquequandnousavons entrepris d’extraire l’arche de la glace. Oui, l’arche, mais, d’un point de vue historique, rien à voir avec celle de Noé, à moins que…

Nous nous éloignions progressivement, montant de plus en plus haut. Je regardais la Terre en contrebas, obscure, suspendue dans l’espacecommeunemappemondesurunbureau,éclairéeparl’arrière, dontseuleslesvillesmarquéespardesmilliersdepoints lumineuxen définissaientlescontours.Elleétaitentouréed’unhalobleutéetd’une couronnelumineusenaissantequiapparaissaitavecl’arrivéedusoleil.

Cettebouledefeuquirendaitlaviepossiblesurcetteplanèteetquise détachait progressivement de la Terre au fur et à mesure que l’on s’éloignait de la planète bleue. Un lever de soleil sur le contour du caillou d’où nous venions de décoller, cent fois, mille fois plus beau que sur l’horizon terrestre et à la fois terrifiant. À l’extérieur du vaisseau, c’était le vide glacial de l’espace.

Je posai mes mains contre la paroi translucide et admirai ce spectacle digne des dieux que seuls jusqu’à présent les astronautes avaient eu la chance de voir en vrai.

Pourmoi,c’étaitcommeunrêvedemetrouverlà,unrêveaprèsun cauchemar,sanssavoirdequoil’avenirseraitfait.

Vont-ilsnousrameneràlamaison ?

Le soleil n’était pas aveuglant et la Terre avait l’air si belle si paisible,vud’ici.Lespayssedessinaienttoutennuancesdebeige,de brun et de vert ; l’océan délimitait les contours des continents. Quelques nuages avaient l’airposés çà etlà, s’étirant par endroit. Pas de limite à l’imagination, pas de frontière.

Sous la surface apparente de beauté astrale de cette planète, la guerre faisait rage dans de nombreux pays où des peuples s’affrontaient et hommes, femmes et enfants périssaient.

Petite, de plus en plus petite, disparaissant dans l’immensité de l’espace noir, perdue, seule la boule de feu restait visible.

J’appuyai mon front contre la paroi vitrée et laissai couler librement les larmes demes yeux.Bienquejesois libre,jeréalisai tout ce que j’avais perdu.

Cachés par mes cheveux tombant de chaque côté de mon visage, personne ne s’en apercevrait, personne ne se douterait. J’espérai que personne ne remarquerait mon chagrin, ma peine, la douleur qui déchiraitmoncœur.Jen’aimaispasquel’onmevoiepleurer,quel’on me dise en espérant meconsoler : « Net’inquiète pas, tout vabien se passer ».Cen’estpaslapeurdu voyage quimebouleversait autant ni la situation aussi inimaginable qu’elle fût, et même enviable pour certains. Il est vrai que j’avais toujours eu du mal à couper le cordon entre mes parents et moi.

Tout s’était passé tellement vite. Je pensai à Sean, mon petit ami quej’aimaisetquiavaitététué,laissantenmoibeaucoupplusqu’une cicatrice dans mon cœur. Mon âme était meurtrie, blessée à jamais après une relation si courte, mais si intense. Je me sentais anéantie, vidée. Il m’avait sauvée une fois de plus, mais la balle qui m’était destinée, m’effleurant l’épaule pour finir sa course en plein cœur de Sean Cooper, brisant le mien au passage, m’avait littéralement tuée. Je m’en voulais d’être en vie à sa place. La brûlure de cette balle, marque visible sur mon épaule, toujours là pour me rappeler que j’aurais dû mourir ce jour-là.

Comme je regrette d’être partie en laissant mes parents derrière moi, sans explication, sans avoir eu l’occasion de leur dire au revoir une dernière fois. De leur confirmer que j’allais bien, de les rassurer. Tout se bousculait dans ma tête.

Pouvais-je espérer les revoir un jour, les serrer dans mes bras ? Je n’enavaisaucunecertitude.Jenesavaisplusquepenserdecevoyage imprévu. De quoi allait être fait notre avenir ? Qu’arriverait-ildemain ? Devais-je garder l’espoir de revenir un jour sur Terre ?

Quiaurait puprévoirunetellesituation ? Pas moi, en tout cas.

Jerêvaisdedevenirunjourastronaute,devoyagerjusquesurMars. Mais là, je ne savais pas où nous allions ni si un retour était envisageable.

Unemainseposaavecdouceursurmonépaule,rassurante.Jen’ai pas été surprise, comme si je l’attendais, ou l’espérais. Brisant ce sentiment desolitude intense et enmêmetemps le silenceimposé par lasituationirréellequenousvivionsdepuisnotredépart,ladoucevoix de mon amie Laura me demanda :

— Commenttesens-tu ?

Jen’étaispas seuleàvivrecepériple.

Jesecouai latêtedoucement degaucheàdroite.

— Bien,soufflai-je,lavoixtremblantedemonmensonge.En fait, jen’en saisrien.

Mon corps et ma tête disaient le contraire, me trahissant. À ce moment précis, si j’avais été Pinocchio, mon nez se serait allongé tel un pic difficile à dissimuler, une branche solide et forte, un perchoir prêt àaccueillir un coupled’oiseux heureux d’y établirleur domicile. Je ne pouvais pas ledire, jen’y arrivais pas, mêmesi dans mon cœur la douleur encore trop présente me faisait souffrir. J’aurais pu tenter d’articuler« mal »etjel’étais !Maisonétaitsainetsauf,àbordd’un enginspatialvolé,enfuiteversjenesaisoù.Lasituationauraitpuêtre pire, effectivement, bien que nous soyons vivants.

Durant l’expédition, Laura m’avait fait découvrir son peuple et leurs coutumes, c’était unefille adorable, une sœurdecœur. Lorsque je l’avais crue morte en même temps que Sean, à la suite des tirs de Parson,jem’étaissentiedétruite,anéantie,lecœurasséché.Onnepeut pas imaginer ce que l’on peut ressentir dans ces moments-là si on ne l’apasvécu.J’aiassisté,impuissante,auxmeurtresdedeuxpersonnes auxquelles je tenais et qui ont été abattues de sang-froid.

Je ne comprends toujours pas comment elle avait survécu, après quejel’avaisvues’effondrerdanslaglace,touchéeparunedesballes. Son corps était allongé dans le froid à côté des autres membres de sa famille. Elle avait été retrouvée le lendemain, à moitié gelée, près de la falaise de glace et rapatriée secrètement par l’armée.

D’après le médecin de la base, elle avait mystérieusement guéri, ellenegardaitaucunepreuveniséquelled’uneblessureparballe.J’ai d’abord songé à de l’incompétence, au vu du diagnostic. Je me rappelaisbiencetteconversationaveccettefemmemédecindelabase quim’avaitparlédelacontaminationetdel’agentXYquiavaitinfecté sonsanglorsqu’elles’étaitblesséedanssachute,souslasurface dela banquiseoùAdaml’avaitretrouvéeentouréedebrisdeverre, dans ce que notre pilote appelle « l’arche ».

Est-celacontaminationdesonsangquil’asauvée ?

Je n’arrive pas à comprendre, car quelqu’un était au courant, et cela, bien avant quel’on nous envoie enArctique. C’est l’impression quej’avaisdepuisnotredépart,commesiquelqu’unnoussuivait,nous épiait.

Pour moi, c’est une certitude, maintenant, quoi qu’il y ait eu là-haut, ils ont tout fait pour nous empêcher d’aller plus loin ; l’arche devait rester un secret. Un secret tellement énorme qu’il devait rester caché à la face du monde.

Depuis son accident sur la banquise, Laura avait développé une espèce de connexion mentale et savait interpréter les messages télépathiquesdenotrehôte.Jen’enrevenaistoujourspas,j’avais encore du mal à l’accepter, à le croire. Certaines croyances sont profondémentancréesennous,descertitudes,desacquis,etlorsqu’on lesbouscule,ontentedeseraccrocheràcequel’onpeut,àcequel’on connaît.Cecontactmental,jel’avaisressenti,etce,malgrélafaiblesse denotrepilote.Jesupposaiqu’aveclaproximitéj’avaisétéconnectée involontairementaveccetêtrequim’aorientéelorsdel’évasion ;une sorte de manipulation mentale que je ne savais pas expliquer. Ai-je vraiment eu le choix ? C’était trop pour moi, cela me faisait peur.

J’étais perdue au centre de toutes ces révélations. Qu’étions-nous réellement,nous,humains,terriensperdusauxconfinsdel’espace.Ce quiétaitcertain,c’estqu’ilnousavaitpermisdefuir,denouséchapper de cette prison blanche sans barreaux, à bord d’un engin qui nous emmenait vers unedestination inconnue, loin detout.Car levaisseau continuaitsaprogression, nouséloignant delaTerrequi avaitdisparu depuis un moment déjà.

Je sais, c’est difficile à croire, et j’ai du mal aussi à me dire que c’estréel !Maisest-cevraimentréel ?Jesuissûrementprofondément endormie, rêvant d’aventures interstellaires.

Le vaisseau glissait en silence dans l’espace noir et infini, cet endroitilluminédemilliardsd’étoilesscintillantcommedesdiamants, une parure galactique, laissant la Terre loin derrière nous, notre planète, un point insignifiant de l’univers perdu dans le vide sidéral. Nous éloignantdenotrevie,denotrefoyer.Il n’yavaitplus qu’àdire au revoir à cette bonne vieille planète bleue.

En un instant, on vit apparaître Saturne. Et dire que je n’avais mêmepas vuMarspasser. Nousneressentions aucunement lavitesse et nous ne flottions pas non plus dans l’air comme les astronautes en apesanteur. Une scène que j’avais vue mainte fois dans des films de science-fiction et lors des reportages sur l’ISS, la station spatiale internationale.

Le vaisseau devait disposer probablement de sa propre gravité. Nous venions de parcourir plus d’un milliard cinq cents millions de kilomètresenquelquesheures.AlorsquepourallersurMars,quiétait à deux centvingt-cinq millions de kilomètres de la Terre,la NASA prévoyait unminimumdesixàneufmoisdevoyagepourrejoindrela planète rouge. Un seul mot me vint en tête : incroyable.

J’avais toujours rêvé d’être astronaute ; ce n’était plus une phrase ditecommeça,commelorsquel’ondemandeàunenfant cequ’ilveut faireplustarddanslavie.Pourmoi,c’étaituneconviction.Seulement, je n’étais pas astronaute. J’étais une fugitive intergalactique et, sans oser le dire, captive. On a tous entendu parler des soi-disant récits d’enlèvements, des expériences pratiquées sur des humains par des aliens.Étais-jeunevoyageuseintersidérale,intergalactique,inter…je n’en sais rien, finalement, ou peut-être bien victime d’un kidnapping extraterrestre ?

Jedoisrêver,jevaismeréveiller !

— Laura,pince-moi !

« Aïe ! »

Je n’en revenais pas, elle l’avait fait ! Comme pourme confirmer que c’était réel ! Je suis certaine qu’elle y a même pris du plaisir, la peste.

Jelaregardai, unregard complice,malgrémoninquiétude.C’était monamieetj’étaisheureuse qu’ellesoitlàavecmoi,saineet sauve.

Devant nous, scène incroyable, nous passions près de Saturne, comme dans un spectacle tridimensionnel. La planète semblait se détacher du noir cosmique entouré de ses impressionnants anneaux, glissantleursombressurlasurfacedelaplanète.Enquelquesminutes, nousl’avionsdépassée,elleétaitdéjàloinderrièrenous,engloutiepar son côté obscur, et une autre planète s’annonçait sur le côté.

Laura, qui avaitressentimon appréhension, seretourna vers notre pilote.

— Oùnousemmenez-vous ?

IlfitsigneàLaurad’approcher.Ilpritsamainetlapositionnasur sonfront.Lajeunefilleseraiditinstantanémentettombaàgenoux.

Alertéeparcequenousvenionsdevoir,jemeprécipitaiavecle lieutenantNielspourl’aider.

Elle n’était pas encore remise complètement du sédatif qu’on lui avait injecté lors de notre captivité et ses muscles étaient encore faibles.

À ce moment-là, peu importait le spectacle qui se passait à l’extérieur ! Je ne vis plus que mon amie qui s’effondrait. Son corps semblait s’être vidé de son énergie, comme une poupée de chiffon s’étalant sur le sol.

— Que lui avez-vous infligé ? Je vous préviens, si vous lui faites lemoindremal,vousaurezaffaireàmoi !luidit-ild’untonmenaçant en la prenant dans ses bras.

Un geste tendre et protecteur que jeremarquai instantanément, un de ceux que Sean avait pour moi ! J’en eus un pincement au cœur, j’aurais aimé qu’il soit là avec nous, m’entourant de ses bras, me rassurant deses motsdoux, chuchotésdansunsouffles’échappant de ses lèvres.

— Non,net’inquiètepas,çava.J’aieuunvertige,lerassure-t-elle en le tutoyant. C’est dur d’assimiler toutes les informations qu’il m’envoie. C’était plus simple quand nous communiquions mentalement lorsque j’étais inconsciente.

— C’estcomment ?m’informai-jeenmerapprochant demesamis.

— C’estunflotd’imagesetdesensations.

— Tuasvuquoi ?laquestionnaAdam,intrigué.

— J’ai reconnu en premier notre planète. Ensuite, je me suis éloignéedelaTerre,commesijevolaisàtoutevitesse.Jeflottaisdans l’espace. Une autre planète est apparue devant moi, beaucoup plus lointaine que ce que nous pouvons observer dans le ciel. Elle ressemblait beaucoup à notre planète. Mais ce n’était pas elle.

— Quellesdifférences ?l’interrogeai-je,intriguée.

— Le soleil sur la mer, le ciel et les étoiles et des arches libérant des animaux sur la terre comme dans la mer. Des arbres et une végétation luxuriante foisonnant de vie. Dans cette vision, il y avait beaucoup d’arbres, d’immenses forêts et des plaines avec des troupeaux.Cetteplanèteestnotredestinationet,conclut-elle,jepense que nous n’avons pas vraiment le choix.

Un sentiment d’angoisse me parcourut, une crainte indescriptible de l’inconnu.

Adamlatenaittoujoursdanssesbras.Ilétaitfatigué,malrasé.Ses yeux étaient cernés, ces derniers jours n’avaient pas été faciles pour lui !Trahisurlabanquiseparl’undeshommesetenferméparlasuite avec nous comme un terroriste. Il avait quitté la Terre sans laisser personne derrière lui. J’ai appris à mieux le connaître mieux lorsque nous étions enfermés, maintenus au secret dans la zone blanche. Depuis son engagement dans l’armée, sa petite amie l’avait largué. Elle ne supportait pas de le savoir loin, toujours à risquer sa vie. Elle avait tenu bonles premiers mois,lorsqu’il étaitencoreen instruction, mais, lors dela chutedes tours jumelles et de laguerredu Golfe, elle lui avait demandé de choisir ! Ce jour-là, il a choisi le sud de l’Afghanistan.

— A-t-ilunnom,notrepilote ?m’informai-je.

Laura le regarda en attendant un signe de sa part et posa sa main timidement sur son front marbré de gris.

— Balkha, nous annonça-t-elle. Mais je ne suis pas vraiment certaine de savoir le prononcer correctement.

Il quittasa tabledecommandeet se dirigea lentementvers le plan incliné qui le mena à la partie supérieure, un second niveau où se trouvaient des tubes vitrés allongés. Il passa ses fins doigts gris et marbrés sur le panneau mural qui s’illumina. Des lignes bleutées et orangéeszigzaguèrentsurlaparoientrelesdifférentstubes.Lesvitres de ceux-ci se séparèrent en deux. Dans un souffle de surpression, la partie supérieure bascula progressivement vers le haut, accompagné d’un bruit depiston,tandis quel’autrepartiedisparaissait dans lesol.

Une ouverture impressionnante, en même temps qu’un léger brouillard qui se répandait aux pieds de ceux-ci. Inquiétant, flippant, plus impressionnant que les modules de stase du film Alien, le huitièmepassager, deRidleyScott qui,àl’horizontale,ressemblaient plusàunlitqu’aunbocalprêtàêtreremplideformol.L’inconvénient principal, c’est qu’ici, c’était réel, bien réel et que l’on ne savait pas cequiallaitsepasserparlasuite.Serions-nouscongelésou frigorifiés ?Jen’ensaisrien.Balkhapouvaittoutaussibiennousoffrir un super voyage sur une planète lointaine ou nous stocker tout simplement comme de la nourriture dans un énorme garde-manger. Histoire de survivre le temps du voyage.

Balkha se retourna. Il tendit la main. Les deux chiens-loups s’approchèrentcommepourmontrerl’exemple,sanscrainte,etprirent placedanslesdeuxpremierscocons.Lauralesregardasansprononcer unmot.Jevisdanssonregardqu’elleétaitaussiinquiètequemoi.Les deux bêtes s’étaient assises en toute confiance, ignorant toute l’imagination cinématographique humaine sur le sujet.

— Maisquesepasse-t-il ?demandai-je.

— J’ai cru comprendre quelarouteva êtrelongue. C’est lemême type de caisson que celui dans lequel il était lorsqu’on l’a découvert. On n’a rien à craindre, rajouta Laura qui conservait une attitude étonnamment sereine.

On n’a rien à craindre… Plus facile à dire qu’à faire ! J’ai vu son inquiétude lorsque les chiens ont pris place dans les deux premiers caissons.

Notre hôte nousconviachacun ànotretour àentrer dans undeces tubes. Adam se débarrassa de la veste, de la chemise et du pantalon qu’ilavaitempruntésaugardeavantd’yentrer.Jen’avaissurmoique le strict minimum, une des tenues blanches que l’on nous avait fournies lors de notre arrivée sur la base du Nevada. Habillement simple et léger : pantalon, tee-shirt et chaussures de toile. Je me déchaussai avant de mettre un pied dans le cylindre. Aucune instruction n’avait été donnée sur la tenue à porter pour cette expérience, autant ne pas être à moitié nue à notre arrivée.

Undernierregardversmonamie,quifitdemême.

Jeconstatain’avoirnichaudnifroid ;latempératureambianteétait parfaite. C’était une sensation étrange, une sensation de bien-être. Était-ce bien réel ? Réel, terme de plus en plus difficile à assimiler à ce moment précis. Je me rappelle qu’à l’ouverture de la paroi sur la banquise mon corps fut parcouru de frissons et, chose étonnante, dès que nous fûmes revenus à bord, instantanément, c’est comme si nous n’avions même pas ouvert la porte. Une sensation de chaleur nous entourait, un bien-être envoûtant et perturbant. Il y a quelque chose dansl’airquidevaitnousdroguer,outoutaumoinscontrôlernossens.

Loindemoil’idéed’êtrepincéeànouveau !

Lesvitresserefermèrentaufuretàmesurequenousprîmesplace. Avions-nouslechoix ?Jenesaispas,jel’ai fait,commeles autres,et il était trop tard pour revenir en arrière. Je fus saisie d’une crise d’angoissedèsquelesvitresfurentfermées.Jecraignaisdesuffoquer. Serais-je devenue claustrophobe ? Une folle envie de fuir, avec un grand besoind’air frais, me submergea. Jeregardai, paniquée, surles côtés. Adam et Laura avaient l’air calmes, beaucoup trop calmes à mon goût, trop confiants.

Ilssontcalmes,tout vabien.Ilfaut quej’arriveàmecalmeraussi avant que mon cœur lâche.

Sur les contours de la vitre, des inscriptions défilaient… Incompréhensibles, indécodables pour la simplehumaine que j’étais.

Jemerésignai.

Un liquide monta dans les caissons, d’abord sur mes pieds, remontant le long de mes chevilles. Il se remplit progressivement, je commençai àmesentirmal. Leliquideavait déjàatteint mesmollets. Prised’undoute,jedéplaçai mesmainssurlaparoietpoussai lavitre quinebougeapasd’unpouce.Jeregardaiautourdemoi :pasd’issue. Je tapai des poings de plus en plus fort pour qu’on mefasse sortir de là. Mais personne ne m’entendait, personne ne pouvait m’entendre, seulBalkhameregardaitdesesgrandsyeuxbrillants,impassibles.Le liquide continuait à monter le long de mes cuisses.

Hystérique !

J’eus beau crier, l’implorer, il m’observait, attendant la fin du processus de noyade. L’eau, si c’était bien de l’eau, bleue, étrangementchaudeetlumineusem’enveloppaitprogressivement.Au contact de ma peau, on l’aurait décrit comme un gel, huileux. Son contact était rassurant, moelleux et convenait exactement à ma température corporelle. Mais je le sentais progresser de plus en plus haut sur mon abdomen, ensuite il commença à engloutir ma poitrine.

Jefrissonne,j’aipeur !Jemesensoppressée.

Jesupposequ’iln’ya aucun risque, tentai-jedemeconvaincre. Les autres restaient calmes, impassibles.

Immergée jusqu’aux épaules, j’essayai de me relaxer malgré le liquide progressant autour de mon cou. Mon corps protestait et mon cœurs’emballadansunultimeréflexedesurviequivoulaitmesauver de la noyade, d’une issue fatale dont je ne savais m’échapper. Le liquide engloutit entièrement mon cou. J’inclinai la tête vers l’arrière pour retarder le plus possible l’inévitable. Il avait déjà atteint mes lobes et mon menton que je tendais vers le haut, vers le peu d’air qui restait. Je pris une profonde inspiration quand ce fut la seule option qui me restait.

Toutétaitflou,destachesobscurcissaientmavision,j’avaisbesoin d’airetleplusrapidementpossible.Toujoursenapnée,mespoumons refusaient de s’ouvrir au gel, malgré l’appel d’air réclamé par mon corps. Jeluttaijusqu’àboutdeforces enfrappantlavitre, enpoussant lapaumedemesmainscontrecelle-cipourl’ouvrir.Etfinalement,en uneinspiration,leliquidem’envahitetremplitmagorge,noyantlefeu dans mes poumons.

Les yeux ouverts, je me débattais pour sortir. Je me noyais, je voyais tout bleuté, comme dans un rêve flou, un cauchemar bleu. Le cauchemar abyssal d’une noyade bien réelle, une noyade forcée. Je sentis quelquechosemefrôler les chevilles,les entourer et s’enrouler autour de ma taille. Je venais d’être attachée, ligotée. Autour de moi, des ombres se déplaçaient dans ce liquide. Au-dessus de ma tête descendait progressivement une espèce de liane, tentacule gluant qui glissalelongdemonvisage,mecaressant lajoue,écœurant, avantde pénétrer de force entre mes lèvres pour s’enfoncer dans ma bouche jusqu’à se coincer dans ma gorge.

Envie de vomir.

Les poignets et les chevilles étaient maintenus par des liens m’entravant,m’empêchantdebougerd’extrairedeforcecellecoincée dans ma gorge.

Je ne le sentais pas, ce voyage offert gracieusement par une entité extraterrestre !

C’était quoi, déjà ? Aide ton prochain et tonprochaint’aidera ou le ciel t’aidera ? Je ne sais plus, car là, il n’y a plus de ciel, plus de Dieu,ilnerestaitrienquel’espace. Monpèremedisaittoujoursque, pour avancer dans lavie, il nefallait compter que sursoi. Il avait un proverbe danois pour cela : « Remue les mains et les pieds, et Dieu t’aidera. »

Mais les miens étaient liés.

Mesdernièrespenséesfurentpourmesparents.J’allaisrejoindre Sean,c’étaitcertain,j’allaismourir.

3

ÀWashington,États-Unis

38°52'42"N 077°04'29"W

Quelquessemainesplustard,DaveetJohns’étaientretrouvésdans la plaine du cimetière d’Arlington par cette belle journée d’octobre. C’était lapremière fois depuis qu’ils avaient quittéleNevada, depuis qu’ils avaient été libérés.

Une longue file de limousines noires attendaient au bord de la pelouseverteparseméedefeuillesmortes,garéeslesunesderrièreles autres sousles arbres aux couleursnuancées de rouge,d’orange et de jaune. L’automne avait envahi la ville, abandonnant le feuillage verdoyant du printemps et de l’été pour une teinte plus chaleureuse, flamboyante. Des représentants de l’armée en uniforme d’apparat étaient aussiprésents. Lesamisetlesparentsdesvictimes étaienttout de noir vêtus.

Sur des chevalets en bois laqué, positionnés à côté de chaque cercueil, était posée une photo encadrée en hommage aux corps reposantentresixplanches,allongés,endormispourl’éternité,justelà à côté des vivants. Devant, familles et amis pleuraient la perte d’un être cher, déposant une gerbe de fleurs en mémoire du disparu. De gaucheàdroite,lesphotosétaientcellesdulieutenantAdamNiels,du docteur Arnold Powell, du sergent Sean Cooper et de Scarlett Henderson,tousdesvictimesd’unincidentlorsdeleurexplorationen Arctique.

Personnenedevaitsavoircequis’était réellementpassésurplace. Personne ne connaîtrait avec exactitude les tenants et aboutissantsde cette expédition et la cause de son échec.

C’était quelques semaines auparavant, lorsque les arbres du quartieravaient commencéàrevêtirdes couleurs plusautomnales,un matin comme les autres. Lorsque soudain la sonnette de la porte d’entrée avait retenti dans la demeure des Henderson ! En ouvrant la porte,lecouples’étaittrouvéfaceàunmilitaire.Celui-cileurapportait en mains propres une lettre officielle. Un pli leur indiquant que leur fille avait eu un accident lors de l’expédition et qu’elleétait décédée. Il avait présenté ses plus sincères condoléances avant de repartir, laissantlecouple seulsurlepasdeporte,démuni.Ilsétaient restésun moment, perdus, le regard vide. Le militaire était déjà remonté en voiture lorsqu’ils avaient fermé la porte.

Cejour-là, au cimetière, letemps était clair. Depetits nuages se déchiraient,s’effilochaientendefinesbandesdanslecielazurdélavé, s’étirant jusqu’à devenir de fins voiles, linceul éternel comme un mensonge masquant la vérité.

— Tucroisvraimentqueleurscorpssontici ?

— Pardon ? demanda Dave, stupéfait de la question posée par John.

— Écoute-moi bien attentivement, lui chuchota-t-il. Penses-tu réellement qu’ils n’ont pas réussi à s’échapper, qu’ils n’ont pas survécu ?

— Sionestici,c’estqu’ilssontmorts,non ?

— Moi, je t’assure que c’est louche. Pourquoi nous libérer juste une semaine après leur évasion, nous poser toutes ces questions sur leurs projets ou sur leur destination ? S’ils les avaient réellement rattrapés,peuimporteoùilsallaient,ilsnenousauraientpasinterrogés de la sorte. Ils ont attendu près d’un mois pour organiser cet enterrement. À mon avis, ils ne les ont pas retrouvés.

— Tucrois ?

— Puisquejetedisquelescorpsnesont paslà.Entoutcas,moi, jen’ycroispas.

— Maisoùsont-ilsalors ?

— Ilsdoiventprobablement secacher.C’estcertain.

Durant la cérémonie, on salua leur courage. Leur engagement enversleurpays,leurdéterminationàvouloirsauvernotreplanète.On rendit hommage à chacun d’entre eux. Tour à tour, les noms des membres de l’expédition Origo furent cités.

À la fin de la cérémonie, on entendit le clairon jouer la sonnerie AuxMorts, puiscelui-ci futrejointpar lacornemuse ;et dessalves de coups de feu accompagnèrent l’âme des morts dans leur dernier voyage. Pas un oiseau ne s’envola à ce moment-là. Une fois la musiquefinie, unefoisquel’écho desarmessetut,la dernière pensée de la famille et des proches se fit dans un silence absolu, accompagnant les victimes de l’intraitable Arctique vers les cieux.

Seul le sergent Jim Parson ne fut pas enterré avec les trois autres. Pas de cercueil, pas de corps, il n’existait tout simplement pas, plus. C’était une évidence pour Dave et John que ce traître, ce criminel n’avait pas sa place ici, il n’avait rien à faire à côté de ses amis. Il faisait partie de l’autre camp.

Leschaisessevidaientuneàune.Parpetitsgroupes,lespersonnes présentes retournaient vers les voitures stationnées en bordure de pelouse et quittaient le cimetière. La pluie se mit à tomber, lavant le monde de ses mensonges et les hommes de leurs péchés. Les parapluies s’ouvrirent comme pour se protéger de la colère de Dieu.

John se dirigea vers les parents de Scarlett, qu’il avait reconnus, car il les avait vus dans le cadre qu’elle avait reçu avec un colis, au pôle Nord. Un jour pas comme les autres au sommet du monde, au milieu denulle part, avec une dégustation degalettes faites maison et à la vanille que sa maman avait jointes à l’envoi et que Scarlett avait tout naturellement partagées.

Deuxpersonnesdiscutaientaveceux :

— Bonjour,jesuisJohnBurnsetvoiciDaveHicks.Nousétionsen Arctique avec votre fille. Nous vous présentons toutes nos condoléances, articula-t-il clairement.

Lecoupleles remercia.

— Je ne sais pas si vous connaissez ses collègues de travail, demanda le père en présentant les deux personnes à leur côté. Voici Tess McBride et Jack Kelly, du bureau de Denver.

— Enchanté,Scarlettnousabeaucoupparléde vous.

— Enbien,j’espère,plaisantaJack.

— Oui,rassurez-vous.

John setournavers lesparents.

— Permettez-moi de prendre un peu de votre temps, ajouta-t-il. Commejevousl’aidit,nousfaisionspartiedel’expéditionavecvotre fille.

— Nousallonsvouslaisser,indiquaJack.

Après avoir salué le couple, lui, tenant le parapluie et elle, s’accrochant à son bras, ils s’éloignèrent en direction des voitures stationnées.

Lamèredelajeunefilleavaitlevisagefatigué,lesyeuxgonfléset rougis. Son mari l’entourait de ses bras et John avait tout le mal du monde à parler, à formuler son pressentiment. Ce qu’il s’apprêtait à leurannoncerallaitprobablementtoutchangerpoureux.Unmalpour un bien. Mais il ne voulait certainement pas leur donner de faux espoirs.

— Vous ne le savez peut-être pas, mais elle a laissé un message pour vous avant de partir, leur dit-il d’un ton mal assuré. Elle m’a demandé de vous le transmettre si on sortait un jour de là où on était enfermés, ajouta-t-il.

— Enfermés ?Unmessage ? l’interrogealepèredeScarlett.

Latristessedansleursregardsétaitinsoutenable.Ilpritsoncourage à deux mains et dit :

— Ellem’ademandédevousdire qu’ellevousaimaitetquevous nedeviezpas vousenfairepourelle,quetoutallaitbien.

Samèrelâchabruyammentunsanglot.

— Merci, lui répond le père de Scarlett en posant sa main d’un geste paternel sur l’épaule de John.

Il ne comprenait pas très bien où voulait en venir sa fille dans ce messageôcombiencontradictoireauvudelasituation.« Nepas nous enfairepourelleetquetoutallaitbien ».Underniermessageétrange, se répéta-t-il. Pourquoi l’avait-elle formulé ainsi ?

— A-t-ellesouffert ?lequestionnafinalementsonépouseentre deuxsanglots.

— Non,madame !

Mensongeobligédevantladétressedecettefemme,lamèrede Scarlett.Ilneputs’empêcherd’ajouter :

— Maisjenepeuxriendiredeplus,malheureusement.Ellemel’a justedemandéavantdes’enfuir,leurchuchota-t-il.Neprenezpasmal cequejevaisvousrévéleret n’yvoyezaucunemauvaiseintention de mapart,mais,pournous,ellen’estpasici.SeulSeanestdécédé,àma connaissance, en la protégeant, ainsi que le docteur Powell.

— Que nous racontez-vous là ? l’interrogea le père de Scarlett, d’un air soupçonneux.

— Lavérité,monsieur,maisparlezplusdoucement.Ilyaunmois encore,nousétionsdansledésertduNevada,enquarantaineàlasuite del’incident.D’ailleurs,ellevousacontactésdelà-bas.Nousn’étions plus en Arctique ! Nous étions tenus au secret. C’est grâce à elle que notre situation s’est d’ailleurs considérablement améliorée sur place.

— Enêtes-vouscertain ?demandelepère.

— Oui, monsieur, comme je vous le dis, mais cela doit rester secret, car nous sommes surveillés. Votre fille a fait une découverte incroyable et, sur place, nous en avons été tenus à l’écart une fois qu’ils ont su que l’on touchait au but, précisa-t-il en regardant discrètement autour d’eux. Et l’incident, comme ils l’appellent, était un sabotage. Vous devez savoir que les seules personnes qui lui manquaient énormément durant l’expédition etnotrecaptivité,c’était vous.

— Elleest encorevivantealors ?questionnasamère ?

— Je ne peux malheureusement rien affirmer. Cette disparition resteramystérieuseetbeaucoupdequestionssontactuellementencore sans réponses. Elle m’a simplement demandé de vous dire qu’elle vousaimaitavantdepartir,débutseptembre,etjepensequ’onluidoit notrelibération.Ce quejepeux vousconfirmer, c’est quenous étions tousles quatrevivantsenjuinet quenoussommes revenus auxÉtats-Unis après l’incident.Jesupposequel’on nesaurajamais cequis’est exactement passé là-bas, ni pourquoi ils tiennent secret notre retour. Cela doit être classé secret défense, il vaut mieux ne rien tenter et rester discret. En ce qui concerne Scarlett, jene peuxrien certifier de plus sur ce qui lui est arrivé après sa fuite de la base du Nevada. Ils nous ont longuement interrogés, maisonnesavait pasoù ils s’étaient enfuis et je vous assure que c’est mieux ainsi. J’espère sincèrement que,sielleesttoujoursenfuite,onaural’occasionunjourdelarevoir pour la remercier de notre libération. Nous n’avons pas eu le même courage qu’elle.

— Merci.

— Maisderien,monsieur.Voicimacartede visite.Siun jourelle vous donne des nouvelles, je serais heureux d’en être informé. Mais ne répétez jamais ce que je viens de vous raconter. Nous avons dû signer une clause de confidentialité à propos de l’expédition Origo et de notre quarantaine, sous peine d’être emprisonnés à nouveau, sans procès, sans possibilité de faire appel. Ils sont allés jusqu’à menacer nos familles !

Ilregardaànouveauautourdelui,pourvérifierqu’iln’étaitpas espionné,avantdecontinuer :

— Ilsseraientcapablesdetuernosfamilles.Riennelesarrêtera. Ces genssontdangereux.

Lapelouseducimetièreétaitcomplètementvide,àprésent,laissant unetrentainedechaiseshumidifiéesparlapluieetabandonnéesenarc de cercle autour des cercueils descendus au fond de leur tombe. Des trous béants dans la terre, prêts à être ensevelis dès la dernière personnepartie.Lesfeuillesbruniespousséesparleventremplaçaient les vivants conviés au dernier hommage rendu. Les parents regagnaientlentementlavoitureofficiellequilesramènerait