Parlons moins, parlons mieux - Gilles Durouchoux - E-Book

Parlons moins, parlons mieux E-Book

Gilles Durouchoux

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  • Herausgeber: Mardaga
  • Kategorie: Ratgeber
  • Sprache: Französisch
  • Veröffentlichungsjahr: 2021
Beschreibung

Ce guide pratique vous donnera les solutions pour surmonter votre appréhension à prendre la parole en publique.

La prise de parole fait partie de notre quotidien : réunions, présentations, ou encore entretiens sont légion ! Pourtant, pour beaucoup, intervenir publiquement est une véritable épreuve. Comment surmonter cette appréhension ? Comment capter l’attention de ses interlocuteurs ? Comment s’assurer d’être entendu ? Pour Gilles Durouchoux, la réponse est claire : il faut oser casser les codes !
Au-delà des aspects techniques tels que la posture du corps, la gestuelle, la projection de la voix, Parlons moins, parlons mieux se penche sur ce qui, dans un discours, attise l’intérêt du public. Une bonne intervention ne tient pas qu’au charisme de l’orateur, elle dépend aussi du fond et de la forme de son propos. Étayant sa réflexion de nombreux exemples, anecdotes et témoignages, Gilles Durouchoux dévoile de précieux conseils et des techniques inédites pour réussir toutes ses prises de parole : redonner du sens à son discours, créer du suspens ou faire de sa présentation un récit vivant pour éveiller la bienveillance et les appétences de l’assistance.

Un ouvrage indispensable à tous ceux qui désirent libérer leur parole et s’affirmer en public avec aisance et brio !

À PROPOS DE L'AUTEUR

Conférencier depuis 2015, Gilles Durouchoux est conférencier professionnel, coach et formateur en prise de parole. Passionné par la scène depuis de nombreuses années, il a accompagné de nombreux dirigeants, managers, conférenciers. Il a créé l’Agence Antiblabla, spécialisée en prises de parole créatives, l’Académie des conférenciers qui forme des conférenciers professionnels, et l’Académie du pitch qui accompagne les entrepreneurs dans le récit de leurs belles histoires.

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Seitenzahl: 280

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Couverture

Page de titre

Toutes les histoires, anecdotes, situations vécues avec des clients racontées dans ce livre sont vraies. Certaines sont racontées de manière tout à fait authentique, d’autres ont été adaptées de manière qu’elles ne trahissent pas la confidentialité à laquelle je suis tenu ou qu’elles respectent la volonté d’anonymat de certains protagonistes.

PRÉFACE

Nous sommes des animaux sociaux et nous avons besoin de communiquer. Mais il n’est pas toujours facile de le faire : nous avons plusieurs manières d’interagir et surtout plusieurs manières de mal se comprendre et de mal se faire comprendre. Mes travaux de thèse ont justement porté sur une pathologie qui témoigne de ces difficultés de communication entre humains : la phobie sociale dont découle la peur de parler en public. J’ai donc été rapidement exposé au handicap que peut causer l’embarras que l’on ressent en prenant la parole en public voire en communiquant ses idées. J’ai passé ma thèse il y a plus de dix ans maintenant et je pense que ces problèmes de prise de parole se sont empirés avec le temps, avec les réseaux sociaux, les réunions en entreprise, les pitchs, les conférences, les chaînes YouTube et autres vidéos TikTok. On peut dire que, pour le pire ou le meilleur, nous sommes dans une société communicante.

Les compétences sociales sont donc devenues de plus en plus importantes à maîtriser et les conseils pour y arriver pullulent souvent en parallèle de méthodes qui ne veulent pas nécessairement dire grand-chose : beaucoup de « bla-bla ». De ce fait, je suis assez méfiant vis-à-vis des livres, ateliers et astuces qui enseignent à « vendre votre concept en 5 minutes ».

J’ai rencontré Gilles Durouchoux il y a quelques années lors de mon passage au TEDx La Rochellea, puis nous avons continué à nous croiser, parfois grâce à de heureux hasards, dans des trains ou lors de conférences. J’ai toujours apprécié son franc-parler, sa bienveillance et sa capacité à s’adapter aux personnes pour en faire sortir le meilleur d’eux, toujours dans l’intérêt de l’individu ou du collectif. Ce ressenti a été renforcé alors que je tombai par hasard sur une vidéo dans laquelle il s’amuse à reprendre tous les « buzz words » de l’entreprise (à la manière de Franck Lepage qui est le premier à l’avoir fait avec le vocabulaire des collectivités) ; ces mots de buzz que l’on retrouve dans le jargon « corporate ». Lui les maniait, et les mettait à l’envers, dans un sens ou dans l’autre, pour montrer leur vacuité, leur platitude lorsqu’ils sont utilisés de manière abusive. La vidéo était drôle, concise, mais portait un message très juste et profond sur les propos tenus sur la communication et la nécessité urgente d’instaurer le concept « anti-blabla ».

Pascal a dit : « Je vous écris une longue lettre parce que je n’ai pas le temps d’en écrire une courteb ». C’est une de mes citations préférées sur la communication. Parler moins est beaucoup plus difficile que de parler. Et la vidéo de Gilles Durouchoux incarnait à merveille ce précepte tellement difficile à suivre.

Lorsque Gilles m’a demandé de rédiger une préface pour son livre qui reprenait les principes qu’il défendait, j’ai été très flatté mais surtout très content de le faire, car cet ouvrage porte une pierre supplémentaire à l’édifice « anti-blabla ». J’espère donc qu’il vous guidera, comme le fait Gilles, et vous aidera à exprimer ce que vous voulez dire de manière à ce que ce soit compris comme vous auriez voulu que ce soit compris.

Albert Moukheiber

Docteur en neurosciences et psychologue. Cofondateur de l’association Chiasma qui organise des conférences et ateliers pour expliquer les mécanismes du cerveau qui sous-tendent nos raisonnements et notre vision du monde. Auteur deVotre cerveau vous joue des toursparu aux éditions Allary en 2019.

aTEDx est un groupement d’événements locaux organisés de façon indépendante, qui rassemblent des personnes souhaitant partager une expérience de type TED (Technology, Entertainment and Design), laquelle désigne une série de conférences organisées au niveau international qui a pour but, selon son slogan, « de diffuser des idées qui en valent la peine ».

bPASCAL (B.), Les Provinciales, lettre 16, 1656.

INTRODUCTION

1. Aimer partager ses idées

Un matin de novembre 2012, je partageais un café avec quelques-uns des membres de l’espace coworking dans lequel je venais de louer un bureau. Et Matthieu, un des nombreux indépendants installés dans cet espace, l’air de rien, dit : « Tiens, je viens de recevoir l’accord de licence pour organiser un TEDx ». Ce jour-là a démarré l’aventure du TEDx La Rochelle.

Je crois qu’il n’est plus nécessaire aujourd’hui de présenter ce format de conférence devenu culte (www.ted.com)c.

Nous étions animés par une furieuse envie de découvrir de nouvelles idées et du savoir, de créer un événement qui permette de les partager avec le plus grand nombre. Dans l’équipe, nous avions différentes compétences qui nous permettaient d’être assez sereins sur notre capacité à organiser un événement de ce type. Des spécialistes de la communication, de l’organisation, de la logistique, de la technique, de la restauration… Mais nous n’avions pas de spécialiste de la prise de parole en public. Nous pensions naïvement que les gens qui prennent la parole sur une scène TEDx sont des personnalités à l’aise avec cette discipline. Erreur… grossière erreur. Nous avons très vite compris que c’était loin d’être le cas. Je me souviens même de ma première rencontre avec le docteur Charrié, devenu un ami depuis. Pendant quarante-cinq minutes il nous a exposé son sujet, et toutes les cinq minutes, je lui disais : « Je ne comprends pas ». Une personnalité brillante, un sujet passionnant mais une grande difficulté à le rendre accessible et surtout intéressant. Les anecdotes de ce genre sont nombreuses et révélatrices. Il ne suffit pas d’avoir une idée pour que cette idée puisse se répandre et séduire un public. Elle doit faire l’objet d’un travail de façonnage, de modelage, à la manière du sculpteur qui recherche l’équilibre parfait. C’est ce travail de préparation qui lui donnera une forme remarquable. Et lorsqu’une idée est remarquable, elle se partage, se diffuse largement.

Nous voulions que ce premier événement soit très réussi. La devise de l’équipe était d’ailleurs « High Level ». Gimmick qui revenait très régulièrement dans nos réunions de préparation.

Nous avons donc réfléchi à la manière d’accompagner ces conférenciers d’un nouveau genre, experts pointus dans leur domaine mais pas forcément habitués à prendre la parole en public devant des salles de plusieurs centaines de personnes. J’ai alors commencé des recherches, lu une littérature abondante sur le sujet. Mais surtout j’ai moi-même commencé à donner des conférences. Comment conseiller sur ce sujet sans être soi-même engagé ? Cela me paraissait totalement insensé de conduire des speakers sur scène sans jamais avoir ressenti la sensation de s’adresser à une salle comble. En matière de prise de parole en public, vous pouvez apprendre des choses dans des livres ou regarder des vidéos, mais la seule chose qui vous fera progresser c’est la mise en pratique. Les bases théoriques sont connues depuis des millénaires. Aristote, Démosthène, Plutarque ou Cicéron ont écrit sur le sujet, et leurs réflexions sont encore tout à fait adaptées à notre monde moderne. L’évolution des comportements, des habitudes, des coutumes au fil des siècles, et particulièrement ces deux dernières décennies, a bien sûr remodelé certains aspects de la prise de parole, mais, dans les grandes lignes, on peut trouver chez ces auteurs les clés d’une élocution réussie. Tous les ouvrages actuels sur le sujet (y compris celui-ci) reprennent ces grands principes, leur font épouser la réalité actuelle et les enrichissent de ce qu’Aristote et consorts ne pouvaient imaginer : l’évolution des cultures, des organisations ou des technologies (présentation visuelle, visioconférence).

Après plusieurs années d’accompagnement de speakers TEDx, j’ai acquis la conviction que ce qui a fait le succès de ce format est transposable dans le monde de l’entreprise. Cette expérience m’a rapidement permis d’être identifié comme « Coach TEDx ». J’ai reçu de plus en plus d’appels de dirigeants, de consultants qui, impressionnés par le succès TEDx, souhaitaient se former à la prise de parole sous cette forme. J’interviens aujourd’hui en entreprise pour former des profils très différents à des niveaux de management variés. De passionnants chantiers sont à mettre en place dans les entreprises. Depuis plusieurs années chez certains clients, je vois des transformations remarquables et leurs témoignages sont très encourageants. La prise de parole en public est aussi une affaire de culture d’entreprise. Si vous êtes décideurs et que vous avez le pouvoir d’influencer votre environnement professionnel et d’instaurer la culture de la prise de parole, je ne peux que vous encourager à le faire. Mais peut-être que vous qui lisez ces lignes aujourd’hui, vous vous dites que vous n’avez pas vraiment cette possibilité : alors agissez pour vous.

Stéphane de Freitas, auteur du livre Porter sa voix1, illustré au cinéma par le film documentaire À voix haute2, écrit ces lignes :

Moi qui avais redoublé ma terminale pour entrer, sans succès, en classe préparatoire, moi le jeune de banlieue aux tics de langage trop prononcés pour l’Ouest parisien, j’avais devant moi un amphithéâtre de cinq cents personnes qui m’acclamaient.

Ce soir-là, j’ai vu tout mon parcours défiler devant mes yeux : mes difficultés d’élocution, mon travail et ma transformation. J’ai mesuré la puissance de la parole que j’avais apprivoisée pour montrer enfin qui j’étais. Cette même parole qui m’avait exclu au lycée me permettait de m’intégrer pleinement dans une grande école.

J’avais eu honte de la manière dont je parlais, j’avais été humilié à cause des mots que j’avais prononcés, et sept ans plus tard, voilà que j’étais porté aux nues grâce à la parole.

Stéphane de Freitas n’avait probablement aucune idée de l’endroit où pouvait le mener sa capacité à prendre la parole en public.

Moi-même, j’étais loin de me douter en 2012, ce jour où le téléphone de Matthieu a vibré pour annoncer l’accord de licence TEDx, que six ans plus tard, je serai sur la scène du Grand Théâtre du Puy du Fou pour donner une conférence-spectacle « Osez Être remarquable », coécrite avec Ludovic Leroux et coanimée avec la chanteuse Gersande Welker, devant 1 500 managers et dirigeants.

Dale Carnegied, une référence en matière de prise de parole en public disait cette chose formidable : « Vous n’avez aucune idée de là où peut vous mener votre capacité à pren­dre la parole en public3 ». N’oubliez jamais cette phrase. On en reparle dans quelque temps ?

2. Casser les codes et foncer !

Pourtant, lorsque j’ai commencé ma vie professionnelle, au siècle dernier, j’ai occupé un poste de commercial. J’adorais ce métier parce qu’il me permettait d’être proche des gens. J’aimais nouer une relation étroite et sincère, presque amicale, avec mes clients. J’étais aux petits soins pour eux, toujours prêt à réagir pour les servir au mieux. Cette posture impliquait de la disponibilité, du temps.

Mais ce qui était possible dans un monde est devenu moins possible dans un autre. Comme toutes les entreprises, la société dans laquelle je travaillais cherchait à optimiser ses rendements : plus de ventes en moins de temps.

Un jour, je reçois un appel d’un client habitué à passer ses commandes de réassort par téléphone. Il me demande de lui envoyer en urgence quelques accessoires. Ce à quoi je réponds : « pouvez-vous me l’envoyer par fax ? » (oui, c’était bien au siècle dernier…). Formaté par un système où la procédure avait pris le pas sur la relation, j’étais devenu un con­tributeur actif du respect des normes même quand celles-ci se révélaient totalement stupides. Je vous épargne la réaction du client habitué à un service immédiat et rapide.

Les normes, les conventions, les règles d’usage, les coutumes sont partout. Elles façonnent notre quotidien et nous imposent des comportements standardisés simplement parce que même quand elles sont absurdes, le poids de la hiérarchie ou simplement la pression sociale nous empêchent de les remettre en cause. Ces règles qui sont le plus souvent définies pour le plus grand nombre sont censées fournir un cadre général dans lequel chacun trouvera sa place, mais sont en réalité totalement dénuées de sens face à chaque situation particulière.

Bien sûr ces conventions sociales sont parfois nécessaires et nous permettent de vivre ensemble dans une relative harmonie. Néanmoins, dans de nombreuses situations, elles nous desservent et parfois même nous font souffrir. Prenons le cas de la prise de parole par exemple, qui est l’une des plus grandes peurs dans notre existence. Après ou avant la mort, elle trône en première ou seconde position paraît-il. Pourquoi ? Parce qu’elle nous expose au regard et donc au jugement des autres, quand l’idée du rejet nous est insupportable. Nous pourrions y faire face si nous réussissions toutes nos prises de parole et apparaissions ainsi sûrs de nous-mêmes, à l’aise, à un niveau de confiance élevé. Oui, nous pourrions. Mais pour cela il faudrait commencer par se débarrasser du paradoxe engendré par les conventions sociales.

D’une façon générale, nous savons parfaitement quelles sont les règles d’une prise de parole à succès. Nous savons qu’il faut utiliser le regard, nuancer sa voix, réguler ses déplacements, maîtriser sa gestuelle, raconter des histoires, simplifier notre propos, capter l’attention, impliquer l’audience, créer du lien, utiliser différents médias (photos, vidéos, graphiques, musiques, etc.), jouer un peu sur l’humour, etc. Mais nous avons beau le savoir, ce n’est pas pour autant que nous adoptons ces pratiques. Nous sommes tétanisés à l’idée de remettre en cause les normes conventionnelles. Alors changer pour des pratiques efficaces mais qui vont à l’encontre des comportements lisses et conformes qui façonnent nos réflexes professionnels, nous semble être presque insurmontable. Nous favorisons ainsi la médiocrité afin d’éviter le jugement des autres.

Voilà le paradoxe : savoir ce qu’il faut faire et ne pas le faire.

Nous entretenons alors, à notre tour, les modèles imposés par les conventions sociales. Conséquence : nous sommes nous-mêmes complices de ces conventions absurdes, qui nous nuisent et nous font souffrir. Nous élaborons ainsi un système de croyances basé sur des règles définies par la masse et qui vont à l’encontre de notre propre intérêt. Ces croyances sont si fortement ancrées en nous qu’il nous est maintenant très difficile de nous en défaire pour les dépasser. Nous convaincre de remettre en cause ces habitudes déplacées est devenu trop difficile.

Alors si j’ai, ne serait-ce qu’un seul conseil à vous donner : « Oublie que t’as aucune chance, vas-y fonce4 ! ».

Parce qu’en matière de prise de parole en public, se conformer aux règles communément admises en entreprise, c’est bien souvent aller droit à l’échec. Combien de fois ai-je entendu : « Si t’as pas un Powerpoint de 150 slides on va te dire que t’as pas bossé » ; ou encore « De toute façon il faut que je montre ma prez [présentation] à mon chef, il va jamais me valider ça » ; ou encore « Chez nous on commence toujours par le même slide, c’est la charte de l’entreprise », etc. Les croyances forgées par des habitudes souvent très mauvaises, se sont répandues dans les organisations si bien que plus personne n’ose prendre la parole de manière simple. Je ne parle même pas d’être original, juste simple. Les gens s’ennuient les uns les autres parce qu’ils sont tétanisés à l’idée de faire autrement que ce qu’ils ont toujours vu faire. La règle étant de reproduire inlassablement ce qui ne fonctionne pas. Si vous voulez changer les choses, osez faire différemment, osez vous exprimer avec conviction et engagement, osez croire en vos idées, osez casser les codes ou les règles qui n’existent que parce qu’elles sont devenues coutumières mais que personne n’a jamais réellement fixées.

3. Redonner leurs sens aux mots

Je discutais un jour avec un membre du Conseil d’administration de la société Seb qui me demandait quel était mon travail. Je lui explique modestement que j’apprends aux gens à s’exprimer simplement. Ce à quoi il répond : « Je comprends ! J’ai passé ma vie à dire à mes collaborateurs « mais tu veux dire quoi ? » ». Quand vous avez répondu à cette question, vos idées sont suffisamment claires pour pouvoir transmettre un message simple et efficace.

Voici une liste, non exhaustive, du vocabulaire que vous pouvez trouver dans toutes les réunions du monde à quelques variantes près :

Performance, budget, client, réussite, chaîne de valeur,se réinventer, exécuter, conviction, constat, accélération,développement opérationnel, environnement, croissance,décroissance, innovation, humain, stratégie, équipe, mission, changement, management, solution, modèle, résultat, culture d’entreprise, ADN, corporate, levier, accompagnement, problématique, implémentation, développement, coconstruction, pratique, méthodologie, design, parcours clients, responsabilité, sur-mesure, réorganisation, leadership, expert, transformation, aménagement, évolution, vision, initiative, créativité, engagement, motivation, planification, méthodologie, fonction, acteur, partie prenante, lien, flexibilité, valeur ajoutée, coordination, process, concept, amélioration, proactif… Et la liste s’allonge selon le vocabulaire lié à chaque univers professionnel.

Chacun de ces mots ne pose pas de problème en soi. Je les utilise également. Là où cela devient problématique, c’est quand on utilise plus que ces termes. Et c’est le cas dans de nombreuses réunions. En politique, on appelle cet usage la langue de bois. En entreprise, j’appelle cela le « corporate blabla ». Avec un tel vocabulaire, vous pouvez facilement donner l’impression de dire quelque chose, mais en réalité vous ne dites rien. Une très belle illustration en a été faite par le militant de l’éducation populaire Franck Lepage (notamment connu pour avoir créé le concept de « conférences gesticulées »). Dans cette vidéo il utilise le langage des collectivités pour démontrer à quel point il est facile de faire des discours qui ne veulent rien diree. Je l’ai adapté au monde de l’entreprise et cela fonctionne également très bienf. Autant je comprends pourquoi ces pratiques sont utilisées dans le monde politique, autant leur nécessité m’échappe dans le monde de l’entreprise. À quoi cela sert-il de rendre les idées complexes avec des mots abscons si ce n’est pour empêcher les gens de penser ? Comment en sommes-nous arrivés là ? Et pourquoi reproduisons-nous ces schémas dont tout le monde est d’accord pour dire qu’ils ne fonctionnent pas ?

Dans ce livre je vais vous inviter à vous débarrasser de ces mauvaises habitudes. Peut-être que vous ne vous reconnaissez pas dans cette « caricature » ? C’est normal. Les caricatures sont généralement des moyens excessifs de révéler des comportements ou des attitudes que nous remarquons facilement chez les autres, rarement chez nous-mêmes. Tout simplement parce que nous ne sommes jamais aussi excessifs que la caricature, encore que… Mais puisque nous ne pouvons pas changer ce dont nous n’avons pas conscience, la première étape pour progresser sur le chemin de la prise de parole sera de faire preuve d’humilité et d’accepter l’idée de se remettre en cause. Vous verrez, c’est plutôt agréable. Étant moi-même conférencier j’ai une grande expérience de la prise de parole en public et pour autant, je continue à me faire coacher et à travailler avec des personnes qui me permettent de progresser.

Dans cet ouvrage, j’ai donc à cœur de vous exposer plusieurs de mes réflexions, lesquelles tendront en premier lieu à présenter les enjeux de la prise de parole en public et à vous apprendre à identifier clairement le message que vous souhaitez faire passer. Puis je m’attacherai à décrire et analyser le lien qu’il vous faudra créer avec le public lors de vos interventions. Ce lien se construit autour de plusieurs axes : en apprenant à s’exprimer simplement, en apprenant à raconter des histoires (storytelling) et en apprenant à faire éprouver aux autres cette histoire (storyliving). Enfin, ce livre, qui est aussi un guide pratique, vous enseignera les techniques indispensables pour vous aider à prendre la parole en public et surtout pour le faire avec plaisir. Je vous partagerai ces méthodes en les illustrant de mes propres expériences. Vous apprendrez ainsi à préparer votre intervention orale et à la mémoriser, vous découvrirez comment vous servir de votre corps et de votre voix avec aisance et comment utiliser efficacement les outils techniques et numériques qui amélioreront vos interventions.

4. Oser et faire simple

À toi qui de temps en temps, régulièrement, rarement, parfois, souvent, dois prendre la parole en public face à un auditoire connu ou inconnu, proche ou distant, amical ou non. Toi qui es étudiant (e), collaborateur, manager, dirigeant, indépendant, fonctionnaire… Toi qui occupes des fonctions dans lesquelles prendre la parole en réunion est devenu une coutume davantage qu’une nécessité. Toi à qui l’on demande de rendre des comptes, d’expliquer un nouveau produit, une nouvelle organisation, un changement majeur ou mineur ; toi qui dois convaincre d’une nouvelle idée, d’un projet innovant ; toi le jeune entrepreneur qui dois lever des fonds ; toi qui dois soutenir une thèse, défendre un point de vue à l’oral, te présenter devant un jury. À toi qui ressembles à celui ou celle qui, devant la nécessité de prendre la parole, se pose mille questions sans jamais vraiment y répondre ; à toi qui sens que la meilleure façon d’agir n’est pas celle vers laquelle ton environnement te guide, mais qui ne sais comment dépasser les codes communément admis par tous alors même qu’ils sont maladroits, voire totalement absurdes ; à toi qui aimerais te sentir libre dans la parole, avoir de l’impact, laisser une trace forte, convaincre avec enthousiasme, sentir que tu peux vraiment faire bouger les choses ; à toi que je connais si bien après toutes ces années passées à t’accompagner dans tes fonctions. Que tu travailles dans une grande entreprise, dans une PME, une TPE, une start-up, la fonction publi­que… que tu lances ta propre entreprise, que tu sois consultant, étudiant ou même conférencier, à toi dont les doutes sont souvent plus présents que les certitudes.

À toi je dédie ce livre.

Je te dédie ce livre dans lequel il n’y a fondamentalement qu’une seule véritable idée : oser faire simple. Ou plutôt deux : oser et faire simple.

Tu découvriras que ma conviction la plus profonde est que la première marche vers la performance en prise de parole en public est celle qui consiste à oser. La seconde, à faire simple. Tu n’as pas besoin d’avoir le vocabulaire d’un académicien pour devenir un bon orateur. Tu n’as pas besoin non plus d’avoir le sens de la formule. Tu n’as pas besoin d’être un érudit, de connaître l’art de la rhétorique ou d’être particulièrement éloquent. Tu as juste besoin d’être qui tu es avec tes forces et tes faiblesses. C’est ce qui s’appelle l’authen­ticité. Qualité parfois difficile à révéler tant le jeu social de l’environnement professionnel nous pousse à rester retranchés derrière des barricades de protection contre les agressions sociales. À chacun de trouver le juste équilibre entre ce qu’il peut dévoiler de lui-même et ce qu’il ne peut pas. Ose donc être toi, ose donc t’affirmer, ose donc t’engager avec force pour défendre tes idées.

cLes conférences TED et TEDx sont une série de conférences organisées au niveau international par la fondation américaine « The Sappling Foundation ». Elles ont pour but de « diffuser des idées qui méritent d’être partagées ».

dDale Carnegie (1888-1955), écrivain et conférencier américain, a proposé une méthode de développement personnel adaptée au monde professionnel, la méthode « Carnegie » qui cherche à favoriser l’émergence de la sincérité intentionnelle.

eFranck Lepage, https://cutt.ly/rhoPAfQ

fGilles Durouchoux, https://cutt.ly/IhoPD2r

CHAPITRE 1

COMPRENDRE LES ENJEUX DE LA PRISE DE PAROLE

1. Pour quoi ?

Pour Cicéron, Ier siècle avant notre ère, l’éloquence consiste à savoir plaire, émouvoir et convaincre. Mais en vue de quoi ? En vue de quoi prenons-nous la parole ? Selon Dale Carnegie, 2000 ans plus tard, il y a quatre raisons pour que nous prenions la parole :

1. informer ;

2. distraire ;

3. convaincre ;

4. faire agir.

Avec tout le respect que je dois à ces deux hommes qui ont profondément marqué la culture de l’éloquence, la rhétorique et la prise de parole, je ne retiendrai qu’un seul point : faire agir. Autrement dit, impliquer, engager, pousser à l’action, motiver… Ce sont tous des verbes d’action. Pour pousser les autres à l’action, il est préférable qu’ils soient informés et convaincus. Et si vous pouvez le faire en leur apportant un peu de distraction, en leur offrant un bon moment dans leur journée, alors c’est encore mieux. Nous aimons tous quand les moments que nous passons ensemble, y compris en réunion, sont des moments agréables. Si vous avez su les séduire et leur plaire, vous parviendrez davantage à les mettre en mouvement. Et si vous avez su les émouvoir, alors ils se sentiront particulièrement touchés et concernés par vos idées.

Plaire, émouvoir, convaincre, distraire et informer tendent tous les cinq vers le même but : pousser à l’action !

Si votre seul objectif est d’informer, alors peut-être pouvez-vous vous contenter d’envoyer une note d’information. Si votre objectif est de convaincre, ce sera plus facile, en effet, de rencontrer vos interlocuteurs pour lever d’éventuels freins. Mais si vous souhaitez convaincre, c’est en vue de quoi ? Il y a bien une action souhaitée derrière ?

Si votre objectif est de distraire, c’est très bien. Mais il s’agit davantage d’un dîner entre amis ou du spectacle de fin d’année de votre entreprise que d’une réunion de travail en vue de faire avancer des projets… me semble-t-il ?

2. Quels enjeux et quel intérêt ?

Une prise de parole en public n’a d’intérêt que s’il y a un ou des enjeux. C’est ce qui fait d’un sujet son intérêt. J’ai coutume de dire qu’il n’y a pas de mauvais sujet, il n’y a que des sujets mal présentés. Cependant, un sujet qui n’aurait aucun enjeu n’a, à mon sens, pas beaucoup d’intérêt. À quoi bon passer du temps ensemble si c’est pour débattre d’idées qui n’apportent (ou semblent n’apporter) rien ? C’est utile autour d’un barbecue en famille ou avec des amis, cela fait partie de la vie quotidienne et c’est ce qui contribue au lien social. Dans le milieu professionnel, c’est envisageable autour de la machine à café mais n’a, je pense, pas d’intérêt dans une réunion d’entreprise. Dès que nous prenons la parole, nous devons avoir à l’esprit que nous ne le faisons pas « gratuitement ». Il y a forcément un ou des enjeux qu’il est nécessaire de mettre en avant. Qu’il s’agisse de stimuler la curiosité sur une idée ou un projet, de mettre en place une nouvelle stratégie d’action, ou de signer un gros contrat, quel que soit l’enjeu, il me semble impératif qu’il soit clairement défini. Et je ne pense pas qu’il puisse être résumé à ce que j’entends si souvent : « C’est pour faire passer une information ». Dans ce cas, envoyez un document, ce sera moins chronophage pour tout le monde. Je vous invite fortement à vous poser quelques bonnes questions avant chacune de vos interventions orales :

•Pourquoi le sujet que je dois exposer est important ?

•Quels sont les enjeux liés à ce sujet ?

•Pourquoi mon public aurait-il intérêt à m’écouter et à appliquer les idées que je propose ?

•Qu’avons-nous à gagner ?

Si, à chacune de ces questions (elles sont toutes bonnes) vous n’avez pas de réponse claire, vous n’avez pas vraiment de raison de prendre la parole.

J’ai conscience que je soulève ici une idée qui, souvent, ne trouve pas d’échos dans de nombreux environnements professionnels dans lesquels les réunions sont aussi nombreuses qu’inutiles, aussi longues que soporifiques. Et lorsqu’on vous demande d’animer une réunion sur un sujet qui ne vous parle pas vraiment, pour lequel vous n’avez pas été associé aux décisions, pour lequel vous n’êtes qu’un « répétiteur », je comprends qu’il soit difficile de se poser la question de l’enjeu que cela peut représenter. Mais aussi difficile soit-il de le trouver, je suis convaincu qu’il n’y a pas de bonne prise de parole sans avoir défini clairement ce en quoi l’idée développée peut aider un groupe, un individu, une entreprise à se transformer. Ce qui implique que lorsque vous êtes invité à animer une réunion sur un sujet, même si vous ne vous sentez pas concerné par ce sujet, cherchez un angle de présentation qui trouvera un écho en vous et qui vous permettra d’adresser le sujet avec une certaine forme de conviction.

Je me souviens de cette jeune femme qui travaillait dans un service de ressources humaines et à qui on avait demandé de faire une présentation sur le processus de recrutement. Elle me confiait être un peu démotivée à l’idée d’aller faire une énième présentation sur un sujet traité systématiquement de la même manière et pour lequel finalement il y avait assez peu d’évolution. En travaillant avec elle, il est ressorti de notre conversation une idée forte qui lui était chère : il n’est jamais facile de recruter la bonne personne. Le risque d’être déçu ou même de se tromper est non négligeable. On sait généralement qu’on a recruté le bon profil après quelques semaines, voire quelques mois de collaboration. L’enjeu qui en découle est donc celui de savoir garder ses talents. Les « bons » comme on dit, ne rencontrent pas vraiment de problème de chômage. Ils trouvent et retrouvent du travail assez facilement. Ils sont demandés, repérés et ils peuvent choisir de trouver une autre place assez facilement. À partir de cet échange, il nous est apparu que sa présentation pourrait s’orienter autour de cette idée forte : comment préserver nos talents ? En verbalisant cette idée, il est aisé d’identifier des enjeux élevés pour l’entreprise. Cette intervention orale qui se présentait comme une réunion supplémentaire autour des procédures de recrutement devient soudainement plus intéressante. Charge à Blandine d’en faire un moment agréable, et elle y parvient avec brio. Passionnée d’histoire de l’art et particulièrement par la Renaissance, elle raconta l’histoire de Léonard de Vinci, invité par François 1er à venir s’installer en France alors que l’Italie lui tournait le dos, préférant Raphaël ou Michel-Ange. Peut-être que si l’Italie avait su reconnaître jusqu’au bout le talent de ce génie, la Joconde serait exposée non pas au Louvre mais au musée du Vatican ou à la Galerie Borghèse.

Voilà comment il est possible de transformer une présentation, a priori sans enjeu, en un moment d’échanges et de rencontres qui produiront inévitablement des changements fructueux.

3. Quelle « prise de parole en public » (PPP) ?

3.1. Différentes situations

Derrière l’expression « Prendre la parole en public » se cache en réalité bien des aspects de cette discipline : animer une réunion, défendre une proposition commerciale, donner une conférence, faire un discours, pratiquer l’art oratoire ou les joutes verbales, argumenter un point de vue, plaider au tribunal, oser prendre le micro pour poser une question dans une assemblée, répondre à une question au débotté, animer une formation, passer un oral, présenter succinctement un projet… et j’en oublie sûrement.

Vous avez peut-être déjà un talent pour l’une ou l’autre de ces situations. Pour d’autres il vous faudra davantage de préparation et d’entraînement. Personnellement, je suis très à l’aise en conférence devant des salles de plusieurs milliers de personnes, en animation de formation avec dix ou vingt personnes, en réunion ou même en situation de pitcher. Je me sentirais moins à l’aise, et il me faudrait certainement plus de préparation, si je devais participer à un concours d’art oratoire comme il en existe de plus en plus.

3.2. Différents publics

Derrière le mot « public » se cache également de nombreuses réalités qui peuvent influencer notre appréhension de la prise de parole. Il est évident que les enjeux ne sont pas les mêmes selon qu’on s’adresse à sa hiérarchie ou à ses subordonnés. De même qu’il est très différent d’animer une réunion avec une équipe à l’esprit bienveillant que de faire face à une personnalité déviante de type manipulateur ou pervers narcissique. Toutes ces situations existent et impo­sent des attitudes différentes. Dans ce livre, je vais partager avec vous ce qui me semble utile, pratique, efficace, pertinent, innovant, créatif dans une situation dite « normale ». Je définis une situation normale comme étant une situation dans laquelle les enjeux peuvent être élevés ou non, dans laquelle il peut y avoir des objections fortes et même parfois provoquer de la friction mais dans laquelle il n’y a pas de volonté de nuire. Il me semble important d’apporter cette précision parce que dans cet ouvrage, je vais vous inviter à rompre avec les con­ventions classiques de la PPP en entreprise. Vous serez donc amené à prendre des risques en réinventant vos pratiques. Si vous êtes dans un environnement hostile avec des personnalités nuisibles, il vous faudra être fort et sûr de vous pour vous affirmer dans cette nouvelle voie.

Il y a donc différents publics et différents types de PPP. Dans ce livre, je vais aborder celles qui me semblent les plus répandues et pour lesquelles nous sommes souvent le moins préparés. Bien sûr les techniques valables pour les unes sont souvent valables pour les autres. Mais vous en conviendrez sûrement, plaider au tribunal est une discipline bien différente que d’animer une réunion en entreprise.

4. La partie invisible de la prise de parole