Pérou, dieux, peuples et traditions (Daoulas - 1999) - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Pérou, dieux, peuples et traditions (Daoulas - 1999) E-Book

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Dans l'imaginaire européen, le Pérou, berceau des Incas ruisselants d'or, servis par des Vierges du Soleil, occupe une place privilégiée. Or l'exposition qui s'est tenue à l'abbaye de Daoulas (Finistère) du 12 mai au 31 octobre 1999 a montré un Pérou où se sont succédé de nombreuses civilisations...

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Veröffentlichungsjahr: 2016

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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782341009522

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Bluraz/Shutterstock

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Les grandes expositions sont l’occasion de faire le point sur l’œuvre d’un artiste, sur une démarche esthétique ou sur un moment-clé de l’histoire des cultures. Elles attirent un large public et marquent de leur empreinte l’histoire de la réception des œuvres d’art.

Sur le modèle des fiches de lecture, les fiches exposition d’Encyclopaedia Universalis associent un compte rendu de l’événement avec un article de fond sur le thème central de chaque exposition retenue : - pour connaître et comprendre les œuvres et leur contexte, les apprécier plus finement et pouvoir en parler en connaissance de cause ; - pour se faire son propre jugement sous la conduite de guides à la compétence incontestée.

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Pérou, dieux, peuples et traditions (Daoulas - 1999)

Dans l’imaginaire européen, le Pérou, berceau des Incas ruisselants d’or, servis par des Vierges du Soleil, occupe une place privilégiée. Or l’exposition qui s’est tenue à l’abbaye de Daoulas (Finistère) du 12 mai au 31 octobre 1999 a montré un Pérou où se sont succédé de nombreuses civilisations antérieures aux Incas, toutes fascinantes.

La première partie de l’exposition présentait les résultats de quatre fouilles récentes sur la côte nord du Pérou, longue bande désertique bordée par le Pacifique, parsemée de riches oasis aux cultures irriguées. Le seul matériau de construction était la brique de terre crue moulée (adobe). Celle-ci servait à édifier des ensembles religieux impressionnants, les huacas, qui ressemblent avant leur fouille à de grandes collines naturelles marquées par le ruissellement de pluies rares, mais généralement torrentielles. À Moche, site éponyme de la civilisation Mochica (100 av. J.-C.-700 apr. J.-C.), les fouilles de l’un des deux grands temples de la ville, la Huaca de la Luna, objet d’intenses pillages durant l’époque coloniale, ont mis au jour, protégées par une dernière phase de construction, d’extraordinaires peintures murales polychromes. Elles représentent la tête menaçante de l’Égorgeur, divinité avide de sacrifices humains, dont on a retrouvé des traces dans l’un des patios du temple, où s’amoncelaient les corps de suppliciés. Ils avaient été jetés depuis le sommet de la montagne voisine, au cours d’une cérémonie destinée, semble-t-il, à atténuer les dérèglements climatiques d’une année où El Niño, ce courant océanique chaud bénéfique, mais parfois aussi dangereux, avait menacé les récoltes. Une reproduction grandeur nature de ces peintures murales, réalisée par des spécialistes péruviens, ouvrait l’exposition, peintures qui s’inspirent de l’art textile dans l’agencement de leurs motifs. Le musée de Trujillo a accepté de prêter quelques pièces emblématiques provenant de cette fouille : un canard-guerrier au bec orange en céramique noire incrustée de nacre, ainsi qu’un ensemble de petits personnages en bois de balsa également incrustés de nacre représentant différentes scènes du cérémonial funéraire d’un dirigeant chimú, population qui occupa la région après les Mochica, de 1100 à 1450 après J.-C.

De l’ensemble funéraire de Sipán était exposée la reconstitution à l’identique de l’un des seigneurs mochica, devenu aujourd’hui le symbole de la grandeur passée du Pérou, debout, paré d’une tunique en bronze doré et d’extraordinaires bijoux conservés au musée de Lambayeque. Venait ensuite la présentation du site de San José de Moro, occupé depuis la période Mochica jusqu’à la culture Wari (600-1100 apr. J.-C.), avec la tombe d’une prêtresse mochica dont l’effigie, sept éléments en métal découpé (un alliage de cuivre et d’argent), recouvrait le cercueil. D’élégants vases en céramique – en particulier des bouteilles à anse-goulot en étrier – accompagnaient cette présentation. Ils sont ornés de scènes funéraires de la prêtresse ou de rituels divers, selon une tradition propre aux Mochica. Ces décors apportent des informations d’autant plus précieuses sur les mythes et les rites que ces populations n’avaient pas d’écriture.

Le visiteur arrivait enfin à l’évocation par des photographies et des peintures de l’impressionnant site de Túcume, dernière capitale de la culture Lambayeque (fin du Xe siècle-1375 apr. J.-C.), occupé également par les Chimú (1375-1470) et finalement par les Incas (1470-1532). Le temple principal, la Huaca Larga, en terre crue, est immense : 700 mètres de longueur, 280 mètres de largeur, et 30 mètres de hauteur ; il comporte, comme les autres temples de la côte, des cours qui communiquent entre elles par des plans inclinés. On pouvait admirer les nombreuses offrandes miniatures en argent retrouvées à l’intérieur du temple, plus petit, de la Pierre sacrée.

La deuxième partie de l’exposition présentait un panorama des principales cultures de la côte et de la cordillère depuis la période archaïque (12000 av. J.-C.) jusqu’à l’empire Inca (1450-1532). Une douzaine étaient évoquées par des céramiques dont les formes restent constantes avec leurs anses en étrier, par des tissus parmi lesquels les mantos funéraires en laine finement brodée de Paracas (2000 av.-100 apr. J.-C.) et les textiles aux motifs abstraits de l’empire Wari sont les plus remarquables. Puis des idoles chimú en bois et des keros peints, gobelets à libations réservés à la famille impériale inca, étaient exposés. L’exposition réservait une petite salle aux objets en métal, matériau dont toutes les cultures andines ont parfaitement maîtrisé la technique : masque funéraire de la culture Mochica en cuivre, ornements en or des cultures Vicús (200 av.-300 apr. J.-C.) et Nasca (200 av.-600 apr. J.-C.), pectoraux de cuivre doré, colliers et gobelets d’or de la culture Lambayeque, ornements d’oreille en or, lapis-lazuli, turquoise des Chimú-Lambayeque, gobelets en argent repoussé des Chimú, figures votives en argent de l’empire Inca.

La dernière partie de l’exposition enfin était consacrée à la période coloniale, quand le Pérou était un vice-royaume, avec quelques costumes et des monnaies, et au Pérou contemporain, présenté à travers trois thèmes : religions, rites et fêtes ; danses et musique ; vie quotidienne. Une importance particulière était accordée aux textiles avec la présentation – malheureusement un peu figée – de costumes originaires de toutes les régions du Pérou et différents groupes sociaux, permettant ainsi d’évoquer notamment les populations indigènes de l’Amazonie péruvienne.

Marie-France FAUVET

BIBLIOGRAPHIE
Pérou, dieux, peuples et traditions, catal. expos., abbaye de Daoulas, 1999D. LAVALLÉE, Promesse d’Amérique : la préhistoire de l’Amérique du Sud, Hachette, Paris, 1995D. LAVALLÉE & L.-G. LUMBRERAS, Les Andes de la Préhistoire aux Incas, coll. L’Univers des formes, Gallimard, Paris, 1985.

PÉROU

Introduction

Avec ses paysages très contrastés et ses écosystèmes variés, le Pérou fait partie des pays qui possèdent la plus grande biodiversité de la planète. En 2016, 31,5 millions de Péruviens vivaient sur ce territoire de 1 285 216 kilomètres carrés, divisé en trois grands ensembles géographiques : le désert, fine frange côtière entre l’océan Pacifique et les Andes, où se trouve Lima, capitale et mégapole de 10 millions d’habitants qui regroupe le tiers de la population du pays ; la cordillère andine, qui culmine à 6 768 mètres et regorge de gisements minéraux, abrite la vie humaine et l’agriculture jusqu’à 4 300 mètres ; enfin, la forêt tropicale d’Amazonie, qui couvre près des deux tiers de la surface du pays, même si la densité humaine y est très faible, renferme gaz et pétrole dans ses sous-sols.

Émancipée de l’Espagne en 1824 après la lutte d’indépendance menée par les élites créoles (descendants d’Européens nés en Amérique), la jeune République connaît une forte instabilité politique ponctuée de coups d’État successifs, puis une cuisante défaite lors de la guerre contre ses voisins chiliens (1879-1883). La profusion de révoltes paysannes indigènes jusqu’au milieu du XXe siècle révèle les profondes inégalités de la société péruvienne. Mais il faut attendre la prise du pouvoir par la junte militaire, en 1968, pour que la réforme agraire démantèle définitivement l’oligarchie terrienne. Depuis 1980, le régime démocratique domine la scène politique.

Au-delà de ses ressources naturelles exceptionnelles, le « pays des Incas » possède un patrimoine archéologique qui en fait une destination touristique internationale majeure. Le Pérou se distingue encore par sa diversité socioculturelle et linguistique : multiplicité de cultures hybrides où s’entrelacent influences indigènes, de descendants d’esclaves africains, de coolies asiatiques et d’immigrés européens. « Il n’y a pas de pays plus diversifié, avec autant de variété terrestre et humaine », écrivait l’écrivain péruvien José María Arguedas.

Néanmoins, le Pérou se caractérise aussi par la misère endémique qui touche une majorité de ses habitants, principalement en zone rurale et dans les périphéries urbaines. Les inégalités sociales, l’exclusion et le racisme expliquent, en partie, le déploiement de la violence politique au cours des deux dernières décennies du XXe siècle. La lutte armée lancée par la guérilla maoïste radicale du Sentier lumineux et la répression sanglante des forces de l’ordre ont plongé le pays dans l’épisode le plus sombre de son histoire républicaine.

Pérou : drapeau. Pérou (1825). Selon la légende, les couleurs de ce drapeau auraient été choisies dès 1820 par le général San Martín, pour rappeler le signe de bon augure d'un vol de flamants roses au-dessus de ses troupes en campagne contre les Espagnols. Dans l'écusson central s'inscrivent, en chef, une vigogne à dextre et un kina (quinquina) à senestre, et à la base une corne d'abondance d'où coulent des pièces d'or.

Valérie ROBIN AZEVEDO

1. Géographie

La représentation la plus courante du territoire péruvien s’appuie sur la distinction entre le désert côtier, la montagne et la forêt amazonienne. Elle symbolise la variété des milieux écologiques mais sert aussi de base pour caractériser leurs habitants, comme pour expliquer leurs situations économiques respectives, au risque de gommer le poids de l’histoire et des décisions politiques dans les disparités spatiales du pays.

Pérou : territoire et population. Principaux éléments de l'organisation de l'espace péruvien.

• La diversité des milieux

Un vaste territoire

Le Pérou, autrefois immense vice-royaume dépendant de l’Espagne, est aujourd’hui un pays de taille moyenne : le Brésil est six fois plus grand et l’Argentine deux fois plus. Néanmoins, avec ses 1 285 216 kilomètres carrés, il est plus étendu que ses voisins andins (Bolivie, Équateur) et bien plus vaste que n’importe quel pays d’Europe occidentale. Au nord, il atteint presque l’équateur, et sa pointe méridionale se situe à quelques degrés du tropique du Capricorne. Cette extension contribue à expliquer la variété de ses climats. La saison sèche est plus courte dans le nord que dans le sud, du fait des passages plus prolongés de la convergence intertropicale. Les températures sont plus constamment élevées dans le nord ; dans le sud et le centre, les hivers sont parfois très rigoureux. En revanche, le nord est touché plus directement que le sud par les oscillations climatiques d’El Niño qui provoquent de fortes inondations. Au sud et dans le centre, les remontées d’eau froide du Pacifique, permises par la dérive des eaux superficielles vers le nord - nord-ouest (courant de Humboldt), bloquent l’ascendance de l’air, empêchant les précipitations et provoquant la formation de brouillards, pendant l’hiver austral, dans la région côtière. Le nord, qui échappe en partie à cette influence, est moins aride, d’autant que les Andes, moins massives, ne font pas obstacle aux vents chargés d’humidité venus de l’Amazonie ; le versant occidental est, comme le versant oriental, assez abondamment arrosé, alors qu’une grande partie de l’ensemble andin méridional reçoit peu de précipitations.

Le rôle prédominant des Andes

C’est le relief andin qui, par la combinaison de son volume et du climat tropical, rend la diversité des milieux exceptionnelle. La cordillère andine culmine au Pérou à 6 768 mètres (Nevado Huascarán), comporte des dizaines de sommets à plus de 5 000 mètres et atteint de 400 à 500 kilomètres de largeur dans le sud ; elle est plus étroite et plus basse dans le nord, avec des crêtes entre 3 000 et 4 000 mètres. Les versants des piémonts sont abrupts, résultat des plissements qui commencèrent au Crétacé (il y a environ 100 Ma), accompagnés d’intrusions de batholites et d’émissions volcaniques auxquelles sont associés de très nombreux gisements métalliques. Le soulèvement des Andes et leur érosion, à l’origine du dépôt de grandes quantités de sédiments dans les plaines pacifique et amazonienne, où se trouvent les gisements de gaz et de pétrole, se poursuivent jusqu’à aujourd’hui.