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Une petite fille un peu trop curieuse, un commerçant qui n'en était pas un, ou un génie incompris... Ces petits contes explorent plusieurs facettes de la société avec un oeil tantôt naïf, tantôt méfiant, mais toujours sincère.
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Seitenzahl: 67
Veröffentlichungsjahr: 2021
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A ceux dont le cœur est bienveillants et les yeux grands ouverts.
L’HARMONIE DES AUTRES
LE COMMERÇANT IMAGINAIRE
LE CŒUR DE PIERRE
LA CRUCHE VIDE
LES ROYAUMES JUMEAUX
LE SAC DE POMMES
LES RADIS GÉANTS
LE SAVOIR DES GRAINES
LA LAME DU FORGERON
LA CENDRE DE SAUGE
LA POULE OU LE BLÉ
LES NÉNUPHARS NOYÉS
LE FIL D’ARGENT
L’ESPRIT DE LA FORÊT
LE DÉMÉNAGEMENT
LES FAISEURS DE FEU
LE MEILLEUR PÊCHEUR
Il était une jeune fille, qui, probablement du fait de son jeune âge et de son éducation, était très curieuse. Sa mère était la cheffe du village et, à ce titre, était souvent préoccupée par des sujets bien trop sérieux pour la jeune fille. Pourtant elle prenait toujours le temps de les lui expliquer, et la jeune fille s’y intéressait réellement.
- Mais maman, si l’on a besoin de glace mais qu’elle ne nous est pas livrée, pourquoi n’allons-nous pas la chercher nous-même ?
- Parce que, Cerine, même si nous étions capables d’aller la récupérer, nous avons un contrat ancestral avec le peuple Arvi, ils nous fournissent de la glace tandis que nous leur fournissons du blé.
- Mais pourquoi ne voyons-nous jamais d’Arvi dans ce cas ?
- Ils sont très timides, je ne rencontre leur chef qu’une fois toutes les six lunes. Mais il est vrai que leur retard de livraison est étonnant, je suis curieuse de savoir ce qu’il se passe.
Et curieuse, Cerine l’était bien plus que sa mère, car il y avait peu de distractions intéressantes pour une jeune fille de son âge à cette période de l’année. C’est ainsi qu’elle se mit en tête de voir des Arvi de ses propres yeux.
Les jours passèrent, et alors que la jeune fille récupérait autant d’informations qu’elle le pouvait sur ce peuple mystérieux (c’est-à-dire bien peu, en réalité), le hasard opéra à l’occasion d’une promenade en forêt. La jeune fille, en sortant des sentiers de promenade, tomba dans un petit ravin et se foula la cheville. Elle appela à l’aide, bien sûr, mais elle s’était bien trop éloignée de ses camarades pour qu’ils l’entendent. Ce n’est qu’au bout de plusieurs heures qu’elle entendit de petites voix fluettes qui l’intriguèrent beaucoup. Elle se mit alors à crier à l’aide de nouveau jusqu’à ce que de petites têtes se penchent sur le ravin. C’est ainsi que Cerine trouva les Arvi.
Ils l’aidèrent à sortir et la transportèrent jusqu’à leur village où le chef fit aussitôt envoyer une missive à la mère de Cerine pour la prévenir que sa fille était en sécurité, mais qu’étant blessée, il serait plus sage qu’elle passât la nuit en leur compagnie.
Tout ceci convenait fort bien à Cerine, car en réalité, elle était restée ébahie depuis qu’elle avait vu les Arvi pour la première fois, et que quoi qu’il arrive, elle rentrerait trop tôt pour satisfaire sa curiosité. Les Arvi étaient petits, ils ne lui arrivaient pas à la taille et pourtant elle n’était pas bien grande, mais leurs membres étaient plus épais et arrondis. Leur peau ressemblait à de la pierre et pourtant le plus surprenant restait leur dos arrondi qui ressemblait à une carapace et qui était recouvert de couleurs flamboyantes.
En écoutant les conversations des uns et des autres, Cerine appris qu’il y avait une discorde de taille dans le village qui serait liée à l’ « harmonie ». Cerine connaissait ce mot mais ne comprenait pas comment une telle chose pouvait être sujet de discorde. Il ne se passa pas beaucoup de temps avant qu’elle n’ose poser la question au chef du village.
- C’est vrai que c’est quelque chose que vous n‘avez pas, chez les humains, mais nous les Arvi, nous naissons avec des couleurs sur le dos, et l’équilibre du village dépend de l’Harmonie de ces couleurs.
Cerine avait encore beaucoup de questions à poser, mais elle n’osa pas déranger plus le chef du village Arvi. Elle se contenta alors d'observer l’activité du village de là où elle était assise, et alors que la nuit commençait à tomber, elle assista à une querelle entre des enfants du village. En réalité, il s’agissait plutôt d’un groupe d’enfants qui accablaient de reproches un autre enfant. Après la querelle, Cerine héla cet enfant :
- Que te reprochaient-t-ils ? Je suis désolée, je ne connais pas encore vos usages, je n’ai pas compris un traitre mot de leurs reproches
- C’est parce que je suis bleu, ils disent que je participe au déséquilibre de l’harmonie
- Toute ta famille est bleue ?
Le jeune Arvi ouvrit des yeux ronds avant d’éclater de rire.
- Non, ce n’est pas une couleur qui se transmet par le sang. Cette couleur est liée à nos personnalités, elle peut donc varier au court de la vie d’un individu. Sinon, comment l’Harmonie pourrait-t-elle être déséquilibrée du jour au lendemain ?
- Et donc si tu es bleu, qu’est-ce que ça indique sur ta personnalité ?
- Probablement que je réfléchis trop.
- Et comment le sais-tu si ta couleur change ? Et comment voyez-vous l’Harmonie ?
- Tu poses beaucoup de questions, petite humaine. L’harmonie se voit, voilà tout. D’un seul coup d’œil, tu peux voir l’équilibre de l’Harmonie.
Cerine continua de méditer sur ces mots pendant le diner, puis le lendemain, et lorsque sa mère vint en personne la chercher en charrette, elle fut contente de la voir et de rentrer au village car quelque chose la taraudait encore et elle voulait continuer d’y réfléchir. Sa mère s’entretint longuement avec le chef du village, puis elles rentrèrent chez elles où Cerine fût installée sur une chaise à côté de la fenêtre. Faute de pouvoir poser le pied à terre, elle pouvait regarder par la fenêtre et laisser son esprit vagabonder.
Elle vit passer deux sœurs que l’on voyait toujours se chamailler : en réalité, il était évident que chacune était jalouse de l’autre. Pourtant, vu de l’extérieur, elles se ressemblaient beaucoup, les deux jeunes filles étaient intelligentes, débrouillardes, et jolies ce qui ne gâtait rien. L’esprit de Cerine s’égara encore et elle tenta de réfléchir à une autre fraterie teintée de jalousie. Ce ne fût pas difficile, son propre cousin était jaloux de son frère pour sa capacité à se faire des amis, tandis que ce dernier l’enviait pour sa malice. Pourtant ils s’entendaient à merveille, mais Cerine avait remarqué cette envie teintée d’admiration éclairer le regard de chacun d’entre eux. C’est alors que Cerine comprit ce qui la taraudait concernant l’équilibre de l’Harmonie : les Arvi pouvaient voir les couleurs des autres, mais étaient incapables de voir leur propres couleurs, ils ne pouvaient alors voir juger l’équilibre de l’harmonie qu’en s’en excluant. Cerine conclut alors qu’à l’instar des couleurs sur le dos des Arvi, on ne pouvait voir ses propres qualités – ou ses propres défauts - que par le regard des autres.
Finalement, les discordes liées à l’Harmonie des Arvi finirent pas se régler d’elles même, et le village fût bientôt livré en glace. Cette aventure avait néanmoins permis à Cerine de réfléchir pour la première fois aux liens entre les Hommes et ce qui leur permettait de faire une société.
Il était un jeune homme ambitieux, qui avait pleinement confiance en lui et en son avenir. Evir était le fils préféré de ses parents, et à ce titre, il était habitué à être admiré dans tout ce qu’il faisait. Ce jeune homme avait pléthore de projets, tous plus ambitieux les uns que les autres mais il avait la fâcheuse habitude de bien plus en parler que de les exécuter. Un jour il annonça à ses parents qu’il partait en ville pour une entreprise. Ses parents lui demandèrent évidemment de quelle entreprise il s’agissait.
- Je vais faire du commerce ! clama-t-il
- Mais du commerce de quoi ?
- Je trouverai bien !