Phédon de Platon - Encyclopaedia Universalis - E-Book

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Bienvenue dans la collection Les Fiches de lecture d’Universalis

Le Phédon, ou Sur l’âme ( Phaîdon è Peri psukhès) appartient, avec La République, le Phèdre et Le Banquet, à l’ensemble des œuvres dites de la maturité de Platon (428 env.-347 env. av. J.-C.).

Une fiche de lecture spécialement conçue pour le numérique, pour tout savoir sur Phédon de Platon

Chaque fiche de lecture présente une œuvre clé de la littérature ou de la pensée. Cette présentation est couplée avec un article de synthèse sur l’auteur de l’œuvre.

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Seitenzahl: 70

Veröffentlichungsjahr: 2015

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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782852295223

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Dirk Ercken/Shutterstock

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Bienvenue dans la collection Les Fiches de lecture d’Encyclopædia Universalis.

Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Phédon, Platon (Les Fiches de lecture d'Universalis).

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PHÉDON, Platon (Fiche de lecture)

Le Phédon, ou Sur l’âme (Phaîdon è Peri psukhès) appartient, avec La République, le Phèdre et Le Banquet, à l’ensemble des œuvres dites de la maturité de Platon (428 env.-347 env. av. J.-C.). Phédon y relate la mort de Socrate (399 av. J.-C.), dont il fut le témoin, et rapporte ses derniers propos, sous la forme d’un ultime dialogue du maître aux prises avec deux contradicteurs principaux, Cébès et Simmias. Sans doute s’agit-il d’un testament, mais en un sens très particulier : la mort y apparaît comme l’épreuve de discernement de ce qu’est « vraiment un philosophe » (101e). C’est ici moins le contenu doctrinal qui importe que la méditation induite pour le lecteur ; et la figure léguée par Platon de l’homme Socrate, à l’instant de mourir : il sera désormais l’archétype du philosophe. « Socrate mourant » n’a cessé depuis de nous hanter, comme en témoignent les Essais de Montaigne, Le Concept d’ironie de Kierkegaard, Le Gai Savoir de Nietzsche – parmi tant d’autres...

Platon - Athènes. Né vers 428 avant J.-C. à Athènes, Platon a reçu l’éducation d’un jeune aristocrate athénien. Disciple de Socrate, qu’il met en scène dans ses Dialogues,  il fonde sa propre école, l’Académie. La forme du dialogue oriente la pensée vers la parole et le questionnement. Elle permet une nouvelle approche de l'intelligible. Platon est, avec Aristote, le fondateur de la philosophie occidentale. (AKG)

• Sur l’âme

« La mort, pensons-nous que c’est quelque chose ? – Oui, assurément, fut la réponse de Simmias. – Se peut-il qu’elle soit autre chose que la séparation de l’âme d’avec le corps ? C’est bien cela, être mort : le corps séparé d’avec l’âme en vient à n’être que lui-même en lui-même, tandis que l’âme séparée d’avec le corps est elle-même en elle-même ? » (64c-d). Le devenir du corps m’est connu, celui de l’âme, inconnu. Cébès rapporte la conception traditionnelle, celle d’Homère censurée par La République (III 386b), selon laquelle l’âme pourrait disparaître dans l’Hadès. Socrate lui oppose une croyance ancienne, celle de la réincarnation. L’âme serait ainsi le principe de permanence qui permettrait de penser la succession des vivants : vivre suppose de revivre (c’est le thème de la réminiscence). Simmias objecte que si l’on brise un instrument de musique (l’équivalent ici de l’élément corporel), on fait taire aussi la musique : admettre l’immortalité de l’âme, c’est supposer que l’accord musical (l’élément incorporel) subsiste en dehors de la lyre... Quant à Cérès, il considère que la réincarnation, c’est-à-dire la survie de l’âme, ne saurait se confondre avec son immortalité, car l’âme, pareille à un tisserand qui aurait tissé de nombreux vêtements, pourrait s’épuiser et mourir après avoir investi de nombreux corps... En d’autres termes, l’expérience de la réminiscence prouve la préexistence de l’âme, non son immortalité.

Il reste que connaître (c’est-à-dire faire l’expérience de la réminiscence, comme le montre le Ménon) c’est accéder à un ordre de réalité soustrait à la corruption et à la génération : l’ordre des idées ou des formes. L’immortalité échappe à la définition, en ce qu’elle ne constitue pas – à la différence du « beau » ou du « juste » – une de ces idées, mais seulement cette qualité qu’elles ont toutes, d’être « immortelles ». Inversement, les qualités des choses sensibles (belles, justes...) proviennent de leur participation à l’idée (du beau, du juste...). L’âme ne peut donc pas être dite immortelle au sens où elle participerait d’une idée de l’immortalité, accessible à la connaissance, mais, à la rigueur, au sens où elle participerait de la vie (105b-107a).

Socrate sait qu’il n’emporte pas totalement la conviction : il ne peut qu’encourager ceux qui l’écoutent à poursuivre la réflexion – non sans leur avoir fait part de son espérance que « ceux qui ont réussi à se purifier autant qu’il faut grâce à la philosophie vivent, pour le temps à venir, absolument sans corps ». C’est cette espérance qu’exprime la reprise du mythe de la migration des âmes : selon que l’activité psychique sera bonne ou mauvaise, l’âme ira en divers lieux, avec aux extrêmes le monde souterrain du Tartare, réservé aux pires criminels, et « à la surface de la Terre » le « séjour pur » des plus sages, « qu’il n’est pas très facile de décrire – et d’ailleurs, conclut Socrate, je ne pourrais pas y mettre le temps qu’il faudrait » (114c). L’imminence de la mort se fait sentir.

• Socrate mourant

Toute l’attitude socratique tient à distance le pathos, refuse la mort dans l’âme : comme sous nos yeux, l’âme en effet se dissocie du corps, le Socrate qui s’emploie à définir les notions se distingue du Socrate qui va devenir cadavre ; l’acte de sa pensée ne meurt pas, tant qu’un vivant (un autre corps) s’en empare. Ce type de détachement, dont la philosophie, telle que pratiquée par Socrate (ou inventée par Platon), est précisément l’exercice, ne congédie pas la mort elle-même – mais la peur de la mort, sa menace perpétuelle pour la pensée. Socrate n’a, au bout du compte, rien prouvé. À défaut d’une doctrine de l’immortalité, il laisse cependant un examen des opinions (savantes, religieuses, populaires) sur la mort. Et il sait bien qu’il doit mourir ; mieux : il y consent, cette mort fût-elle injuste et scandaleuse. Phédon effectue le premier passage de témoin. Un homme disparaît, mais « le meilleur, le plus sensé aussi et le plus juste » (118a). Ayant accepté le jugement qui le condamne, il a porté le poison à ses lèvres, « tout tranquillement, tout facilement ». Apollodore n’ayant pu retenir sa douleur, il s’est écrié simplement : « Allons, restez calme, tenez bon. » « Alors, pris de honte, nous réussîmes à nous retenir de pleurer. » Sans plus de commentaire, le dialogue rapporte les derniers mots de Socrate : « Criton, nous devons un coq à Esculape. Payez cette dette, ne soyez pas négligents. »

François TRÉMOLIÈRES

Bibliographie
PLATON, Phédon, trad., introd. et notes M. Dixsaut, Garnier-Flammarion, Paris, 1991.
Études
A.-J. FESTUGIÈRE, Les Trois « Protreptiques » de Platon. Euthydème, Phédon, Epinomis, Vrin, Paris, 1973P. HADOT, Éloge de Socrate, Allia, Paris, 1998.

PLATON (428 env.-env. 347 avant J.-C.)

Introduction

On a pu écrire que toute l’histoire de la philosophie se résumait à une série de notes en bas de page apposées à l’œuvre de Platon. Si pour certains il a déjà toutdit − l’être travaillé par le négatif et par la différence, la pensée transcendantale et les concepts a priori, la sublimation de l’énergie érotique, la grammaire des propositions −, d’autres réduisent sa pensée à quelques thèses aisément critiquables : le réalisme des Idées, le dualisme de l’âme et du corps, la contemplation d’un principe ineffable. Cela tient sans doute à la nature énigmatique d’un philosophe qui ne parle jamais en son nom et d’une philosophie qui ne s’exploite jamais, repart toujours à nouveaux frais, place la dialectique au sommet des sciences mais fait constamment appel à des images, des mythes et des métaphores. Et, dans le champ de bataille où s’affrontent des philosophes que Kant n’a pas réussi à pacifier, il apparaît que combattre Platon, c’est presque toujours le jouer contre lui-même. Tous n’avouent pas comme Nietzsche que son sang coule encore dans leurs veines, mais le même Heidegger qui invite Sartre à philosopher avec lui « loin par-delà tout platonisme » fait figurer une phrase du Sophiste en exergue à Être et Temps, et c’est sur ce dialogue que conclut