Phèdre de Platon - Encyclopaedia Universalis - E-Book

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Bienvenue dans la collection Les Fiches de lecture d’Universalis

Écrit vers 370 avant J.-C., le Phèdre ( Phaidros) marque le point culminant de la polémique (implicite) de Platon (428 env.-347 env. av. J.-C.) à l’égard d’Isocrate, l’auteur de Contre les sophistes (parmi lesquels il incluait les platoniciens) et fondateur d’une école de rhétorique, rivale de l’Académie.

Une fiche de lecture spécialement conçue pour le numérique, pour tout savoir sur Phèdre de Platon

Chaque fiche de lecture présente une œuvre clé de la littérature ou de la pensée. Cette présentation est couplée avec un article de synthèse sur l’auteur de l’œuvre.

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Seitenzahl: 69

Veröffentlichungsjahr: 2015

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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782852295247

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Dirk Ercken/Shutterstock

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Bienvenue dans la collection Les Fiches de lecture d’Encyclopædia Universalis.

Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Phèdre, Platon (Les Fiches de lecture d'Universalis).

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PHÈDRE, Platon (Fiche de lecture)

Écrit vers 370 avant J.-C., le Phèdre (Phaidros) marque le point culminant de la polémique (implicite) de Platon (428 env.-347 env. av. J.-C.) à l’égard d’Isocrate, l’auteur de Contre les sophistes (parmi lesquels il incluait les platoniciens) et fondateur d’une école de rhétorique, rivale de l’Académie. Comme Lysias (mort vers 379) dans le Phèdre, Isocrate était aussi « logographe », c’est-à-dire un auteur de discours pour les autres. Faisant la critique de ces « discours écrits », le dialogue platonicien approfondit l’invention d’une forme d’expression authentiquement philosophique, capable de préserver à la fois le désir du vrai (analogue à la « folie » érotique dont traite la première partie du Phèdre) et la rigueur de la méthode.

• La beauté, l’amour et l’art de parler

Comme Le Banquet, l’autre dialogue de Platon où Phèdre apparaît avec quelque importance (pour prononcer le premier éloge d’Éros), le Phèdre traite de l’amour – mais par le biais d’une critique du discours. Phèdre, en effet, rend visite à Socrate pour lui faire partager son admiration du rhéteur Lysias ; après l’avoir entraîné hors de la ville, il lui lit un discours où ce dernier soutient qu’il vaut mieux choisir pour amant celui qui ne vous aime pas que celui qui vous aime. Il met Socrate au défi de produire, sur ce sujet, un meilleur plaidoyer. Ayant invoqué les muses, Socrate se lance dans une improvisation, qui soutient la même thèse paradoxale, mais, selon son habitude, à partir d’une définition : l’amour comme appétit du plaisir. Que cet appétit soit déraisonnable, avec des effets aberrants pour celui qui en est l’objet, justifierait en effet de préférer ne pas être aimé. Mais un « signal divin » oblige Socrate à se reprendre : la folie amoureuse – comme celle de la Sibylle, ou celle des poètes – mérite d’être louée. L’âme (et le Phèdre en risque ici une définition, ce que n’avait pas fait le Phédon : « ce qui se meut toujours », 245c) est comparable à un attelage ailé, dont le cocher serait l’intellect. Engagée dans un cycle d’épreuves et d’incarnations, elle reconnaît dans le délire l’intelligible, qui la transporte vers le haut. C’est folie sans doute que d’être amoureux, mais c’est folie du beau, adoré en la personne de l’aimé.

Lysias ne sait donc pas de quoi il parle. Par les confusions qu’elle entraîne, la rhétorique traditionnelle dont il est le représentant tire les âmes vers le bas, alors que Socrate voudrait élaborer une « psychagogie », capable de les élever. Ce nouvel art de parler, philosophique et non plus sophistique, emprunte à la dialectique (technique platonicienne par excellence) et à la science des âmes (intégrée ici à une cosmologie).

• Critique de l’écriture et « enseignement oral »

Un passage fameux du Phèdre, rapportant le mythe de l’invention de l’écriture par le dieu égyptien Theuth, insiste sur la menace que représente l’écrit pour la pratique philosophique : « Car, à mon avis, ce qu’il y a de terrible, Phèdre, c’est la ressemblance qu’entretient l’écriture avec la peinture. De fait, les êtres qu’engendre la peinture se tiennent debout comme s’ils étaient vivants ; mais qu’on les interroge, ils restent figés dans une pose solennelle et gardent le silence. Et il en va de même pour les discours [logographies]. On pourrait croire qu’ils parlent pour exprimer quelque réflexion ; mais, si on les interroge, parce qu’on souhaite comprendre ce qu’ils disent, c’est une seule chose qu’ils se contentent de signifier, toujours la même. Autre chose : quand, une fois pour toutes, il a été écrit, chaque discours va rouler de droite et de gauche et passe indifféremment auprès de ceux qui s’y connaissent, comme auprès de ceux dont ce n’est point l’affaire ; de plus, il ne sait pas quels sont ceux à qui il doit ou non s’adresser. Que par ailleurs s’élèvent à son sujet des voix discordantes et qu’il soit injustement injurié, il a toujours besoin du secours de son père ; car il n’est capable ni de se défendre ni de se tirer d’affaire tout seul » (275d-e). Celui qui possède la science du juste, du beau et du bien, « il n’ira donc pas sérieusement „écrire sur l’eau“ ces choses-là [...] pour faire naître des discours incapables de se tirer d’affaire par la parole, incapables en outre d’enseigner comme il faut la vérité » (276c).

L’opposition entre l’oral et l’écrit, développée dans l’importante « digression philosophique » de la Lettre VII (dont l’attribution à Platon demeure discutée), les témoignages antiques – à commencer par celui d’Aristote – sur un enseignement platonicien non publié, ont une incidence directe sur l’interprétation du platonisme : Léon Robin (La Théorie platonicienne des idées et des nombres d’après Aristote, 1908), et plus récemment les travaux de l’école de Tübingen (H. J. Krämer, K. Gaiser) ont pris au sérieux l’hypothèse de « doctrines non écrites » (ágrapha dógmata). C’est enfin une question pour la philosophie elle-même, que ce « procès de l’écriture » depuis son origine, mis en évidence par Jacques Derrida dans La Pharmacie de Platon (1re éd. 1968).

François TRÉMOLIÈRES

Bibliographie
PLATON, Phèdre, trad., introd. et notes L. Brisson, suivi de J. Derrida, La Pharmacie de Platon, Garnier-Flammarion, Paris, 1989 ; Lettres, trad. introd., notices et notes L. Brisson, ibid., 1987.
Études
M.-D. RICHARD, L’Enseignement oral de Platon, Préface de P. Hadot, Cerf, Paris, 1986B. SÈVE, Phèdre de Platon. Un commentaire, éditions Pédagogie moderne, Paris, 1980.

PLATON (428 env.-env. 347 avant J.-C.)

Introduction

On a pu écrire que toute l’histoire de la philosophie se résumait à une série de notes en bas de page apposées à l’œuvre de Platon. Si pour certains il a déjà toutdit − l’être travaillé par le négatif et par la différence, la pensée transcendantale et les concepts a priori, la sublimation de l’énergie érotique, la grammaire des propositions −, d’autres réduisent sa pensée à quelques thèses aisément critiquables : le réalisme des Idées, le dualisme de l’âme et du corps, la contemplation d’un principe ineffable. Cela tient sans doute à la nature énigmatique d’un philosophe qui ne parle jamais en son nom et d’une philosophie qui ne s’exploite jamais, repart toujours à nouveaux frais, place la dialectique au sommet des sciences mais fait constamment appel à des images, des mythes et des métaphores. Et, dans le champ de bataille où s’affrontent des philosophes que Kant n’a pas réussi à pacifier, il apparaît que combattre Platon, c’est presque toujours le jouer contre lui-même. Tous n’avouent pas comme Nietzsche que son sang coule encore dans leurs veines, mais le même Heidegger qui invite Sartre à philosopher avec lui « loin par-delà tout platonisme » fait figurer une phrase du Sophiste en exergue à Être et Temps, et c’est sur ce dialogue que conclut L’Être et le Néant. Platon risque ainsi de succomber sous la diversité des platonismes qu’il n’a pas faits mais qu’ont forgés ses défenseurs et ses interprètes tout autant que ses adversaires. Le plus frappant est qu’il a toujours été un enjeu, à l’intérieur de la philosophie mais aussi hors d’elle, lors de querelles qui, de l’Antiquité chrétienne au Moyen Âge, opposèrent les théologiens partisans d’Aristote à ceux qui s’inspiraient du néoplatonisme, puis (aux XVIIe et XVIIIe