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Ouvrage fondamental de l’herméneutique contemporaine, paru en 1960 (réédité et augmenté en 1965 et 1972), traduit partiellement en français en 1976, intégralement en 1996, Vérité et méthode, de Hans-Georg Gadamer (1900-2002) a profondément marqué le renouveau de la réflexion sur la notion de compréhension.

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Veröffentlichungsjahr: 2015

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Cet ouvrage a été réalisé par les services éditoriaux et techniques d’Encyclopædia Universalis

ISBN : 9782341002455

© Encyclopædia Universalis France, 2016

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Couverture : © Dirk Ercken/Shutterstock

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VÉRITE ET MÉTHODE, d’Hans-Georg Gadamer

Ouvrage fondamental de l’herméneutique contemporaine, paru en 1960 (réédité et augmenté en 1965 et 1972), traduit partiellement en français en 1976, intégralement en 1996, Vérité et méthode, de Hans-Georg Gadamer (1900-2002) a profondément marqué le renouveau de la réflexion sur la notion de compréhension. Traité d’épistémologie qui tente de délivrer l’interprétation à l’œuvre dans les sciences humaines à la fois de l’objectivisme issu des sciences de la nature et du subjectivisme d’origine romantique, Vérité et méthode est aussi un traité de philosophie première. Si « l’être qui peut être compris est langue », c’est seulement à partir d’une connaissance des processus à l’œuvre dans le langage qu’une véritable anthropologie philosophique pourra être constituée. L’herméneutique ne peut se cantonner à une lecture des textes : elle doit s’ouvrir au monde lui-même.

• L’expérience herméneutique

Esthétique, histoire, langage forment les trois sphères de l’expérience herméneutique et délimitent les trois grandes parties composant l’œuvre. « L’expérience de l’art » part de la « subjectivation » de l’esthétique opérée par la philosophie transcendantale de Kant pour s’acheminer vers une « ontologie de l’œuvre d’art ». Entraînée dans les aventures de la subjectivité et de ses avatars, la création artistique perd tout rapport à la vérité. À cela, Gadamer oppose une interprétation originale de l’art, compris à partir de la notion de jeu : « Les joueurs ne sont pas le sujet du jeu ; mais à travers les joueurs, c’est le jeu lui-même qui accède à la représentation. » L’artiste est pris et transformé par ce qu’il fait, tout comme le joueur l’est dans et par son jeu. Si « l’herméneutique absorbe nécessairement l’esthétique », c’est parce que cette dernière, d’essence romantique, n’est pas capable de rendre compte des contextes historiques dans lesquels l’œuvre d’art trouve son sens. Mais, et la deuxième partie du livre (« Extension de la question de la vérité à la compréhension dans les sciences de l’esprit ») en fournira et les esquisses historiques et les fondements ontologiques, l’herméneutique, pour y parvenir elle-même, doit être débarrassée de toutes les attaches métaphysiques encore présentes chez ses fondateurs modernes, Schleiermacher et Dilthey. Comment la compréhension est-elle possible ? Telle est la question qui anime ces pages centrales. La compréhension n’est pas seulement un simple processus de la connaissance, mais bien le mode fondamental par lequel l’homme se rapporte au monde. Toute compréhension s’inscrit sur un fond de « précompréhension » ; les préjugés que la philosophie des Lumières voulait extirper constituent le sol à partir duquel l’art de comprendre peut prendre pied et se faire conscience du travail de l’histoire, dans le dialogue entre passé et présent. Interpréter c’est tenter de reprendre, en l’explicitant, le fond irréductible des présupposés et des traditions auxquels nous lie notre condition d’êtres historiquement situés. Ainsi conçue, l’herméneutique cesse d’être une simple méthode de lecture des textes pour devenir « philosophie première », ontologie.

• L’horizon du langage

La troisième partie du livre, intitulée « Tournant ontologique pris par l’herméneutique sous la conduite du langage », jette les bases d’une telle tâche à partir de la prise en compte de « l’universalité du langage ». « La langue est [...] le médium universel dans lequel s’opère la compréhension même, qui se réalise dans l’interprétation. » Bien loin de n’être qu’un simple moyen de communication de contenus pré-donnés, le langage est l’élément à partir duquel toute expérience humaine prend forme et signification. Une véritable « différence ontologique » traverse le langage : un jeu entre l’énoncé qui tend à effacer ses origines problématiques et le dire frayant dans le risque l’espace d’un questionnement. Le dit, l’énoncé, n’épuise donc jamais totalement, malgré ses prétentions à se figer dans le dogmatisme du définitif, la force vive du questionnement. Ainsi conçue, l’herméneutique permet de dégager l’inépuisable du non-dit à la source du dit, tout en maintenant ouvert l’espace de la critique. Jürgen Habermas et Paul Ricœur s’efforceront de maintenir ouvertes les questions posées par Vérité et méthode, en accentuant les dimensions pragmatiques et critiques de l’œuvre. L’œuvre de Gadamer a également joué un rôle important dans le domaine de la critique littéraire, à travers la notion d’esthétique de la réception telle que l’a formulée H. R. Jauss.

Francis WYBRANDS

Bibliographie
H.-G. GADAMER, Vérité et méthode, traduction intégrale par P. Fruchon, J. Grondin, G. Merlio, Seuil, Paris, 1996 ; La Philosophie herméneutique, trad. J. Grondin, P.U.F., Paris, 1996.
Études
J. HABERMAS, Logique des sciences sociales et autres essais, P.U.F., Paris, 1987J. GRONDIN, L’Universalité de l’herméneutique, ibid., Paris, 1993P. RICŒUR, Du texte à l’action, Seuil, Paris, 1986G. VATTIMO, Éthique de l’interprétation, trad. J. Rolland, La Découverte, Paris, 1991.

LE MONDE COMME VOLONTÉ ET COMME REPRÉSENTATION, d’Arthur Schopenhauer

Méconnu par ses contemporains, Arthur Schopenhauer (1788-1860), ne se reconnaissant pour seul héritage philosophique que Kant et les Védas, soutient sa thèse sur La Quadruple Racine du principe de raison suffisante en 1813. Cinq ans plus tard, en 1818, paraît la première version de son grand œuvre qui connaîtra plusieurs éditions considérablement augmentées en 1844 et 1859 : Le Monde comme volonté et comme représentation. Penseur atypique, précurseur des philosophies de l’existence, il place la souffrance et l’ennui au cœur de sa réflexion. Le monde n’est que le leurre de celui qui croit naïvement qu’il correspond à ses représentations, tandis que la volonté, véritable « chose en soi », est l’essence de la vie qui ne cherche obscurément rien d’autre qu’à persévérer par tous les moyens dans son être.

• L’expression d’une « pensée unique »

La composition de l’œuvre est justifiée par l’auteur dans la Préface à la première édition : métaphysique, éthique, esthétique y forment un tout destiné à déployer « une pensée unique ». La dispersion en parties relève des nécessités de l’exposition qui semblent entrer en contradiction avec l’intuition initiale dont elles ne sont que le déploiement organique : seule la compréhension du tout peut permettre de donner sens aux parties. Habilement orchestrée en quatre livres qui, tour à tour, exposent les points de vue de la représentation puis ceux de la volonté, l’œuvre va donc explorer et creuser cette « pensée unique » obligée de reconnaître la dualité du phénomène et de la chose en soi. Ce vocabulaire kantien ne doit toutefois pas faire oublier les infléchissements auxquels l’auteur soumet la pensée de Kant (objet d’un très long appendice) : avec nos représentations nous n’avons affaire qu’à l’apparence des choses, « L’univers entier n’est objet qu’à l’égard d’un sujet, perception que par rapport à un esprit percevant, en un mot, il est pure représentation. »

• L’expérience esthétique

À ce monde apparent et illusoire auquel la catégorie de causalité sert d’armature métaphysique, il faut opposer le monde comme volonté. « La volonté est la substance de l’homme, l’intellect en est l’accident. » Considéré hors du principe de raison (objet du troisième livre), le monde de la représentation est pur objet de contemplation esthétique. Une contemplation désintéressée, échappant à la discursivité abstraite de la représentation courante, et dont les artistes, grâce à leur génie, offrent l’expérience. « L’artiste nous prête ses yeux pour regarder le monde », c’est-à-dire « l’essence des choses qui existent hors toutes relations ». La musique, art privilégié, nous permet de déchirer le « voile de Maya » des illusions et de pénétrer au seuil de la connaissance de soi, du « vouloir-vivre ».

C’est cette connaissance qui fait l’objet du quatrième livre. Connaissance débarrassée de toute illusion, prête à avouer que « la souffrance est le fond de toute vie », elle doit ou abdiquer et persévérer « entre souffrance et ennui » dans le cycle infernal du quotidien, ou « s’affirmer puis se nier ». Cette alternative est laissée au libre choix de l’individu, aucune raison supérieure n’étant là pour le guider. Le livre s’achève sur ces phrases : « Pour ceux que la Volonté anime encore, ce qui reste après la suppression totale de la Volonté, c’est effectivement le néant. Mais, à l’inverse, pour ceux qui ont converti et aboli la Volonté, c’est notre monde actuel, ce monde si réel avec ses soleils et toutes ses voies lactées, qui est le néant. »

Le pessimisme de Schopenhauer (le maximum de causes produisant le minimum d’effets) répond à l’optimisme de Leibniz (un minimum de causes pour un maximum d’effets). La leçon aura su retenir l’attention d’esprits aussi divers que Wagner, Nietzsche qui, après avoir salué dans sa Troisième considération inactuelle : Schopenhauer éducateur l’audace du penseur solitaire, ne cessera de combattre le nihilisme dont il aurait été le meilleur soutien, Bergson, Freud qui dira lui devoir beaucoup, Adorno et nombre d’écrivains, parmi lesquels Thomas Mann et, en France, Huysmans, Proust, Beckett, Cioran.

Francis WYBRANDS

Bibliographie
A. SCHOPENHAUER, Le Monde comme volonté et comme représentation, trad. A. Burdeau, revue et corrigée par R. Roos, P.U.F., Paris, 1966.
Études
A. PHILONENKO, Schopenhauer, une philosophie de la tragédie, Vrin, Paris, 1980R. SAFRANSKI, Schopenhauer et les années folles de la philosophie, P.U.F., Paris 1990Schopenhauer, sous la direction de J. Lefranc, Cahier de l’Herne, Paris, 1997.

GÉNÉALOGIE DE LA MORALE, de Friedrich Nietzsche

« Un écrit polémique, pour compléter et éclairer Par-delà bien et mal, récemment publié et en accentuer la portée », c’est ainsi que Friedrich Nietzsche (1844-1900) présente la Généalogie de la morale. Entre l’écriture aphoristique portée à son point de perfection dans le précédent livre et les dissertations de la Généalogie, le style a changé. Quelque chose s’est aggravé, le ton s’est radicalisé. En « vieux philologue », Nietzsche entreprend non une archéologie qui consisterait à remonter à une origine pure, mais une « généalogie ». Le généalogiste s’occupe du présent. Il cherche à révéler combien le passé inaperçu continue à agir en lui. Car présent et passé ne sont pas séparables : il serait illusoire de vouloir les distinguer. Pis, ce serait soit accepter ce qui est, la déchéance, soit le refuser au nom d’une tradition supposée meilleure. Nietzsche philosophe « au marteau » : il expérimente les concepts, les agresse afin de voir s’ils parviennent à résister aux assauts d’une critique menée au nom des valeurs positives de la vie.

• L’esprit de ressentiment

« Dans quelles conditions l’homme s’est-il inventé à son usage ces deux évaluations : le bien et le mal. Et quelles valeurs ont-elles par elles-mêmes ? » C’est en « médecin de la civilisation » que Nietzsche porte son diagnostic : tout ce qui, jusqu’à présent, s’est annoncé comme morale n’est que signe de décadence, symptômes d’une vie affaiblie. Les origines du symptôme sont multiples, voire hétérogènes (historiques, religieuses, culturelles, physiologiques, philosophiques...), et les forces actives et réactives à l’œuvre dans l’histoire demeurent cachées. Le généalogiste ira donc les débusquer sous et dans les évidences les mieux ancrées dans nos habitudes ancestrales de penser et de vivre. Dans Ecce Homo (posthume, 1908), Nietzsche résume le sens des trois dissertations qui composent la Généalogie : « La vérité de la première dissertation est la psychologie du christianisme – le christianisme né de l’esprit du ressentiment [...] la grande insurrection contre la domination des valeurs aristocratiques. » Les valeurs morales sont la création de « prêtres » qui valorisent l’esprit au détriment du corps. Morale d’esclaves contre morale des maîtres. Le christianisme est donc interprété du point de vue de la morale et non plus en fonction d’une théologie de la révélation. Le « ressentiment », et Nietzsche en fait ici la véritable théorie, est ce sentiment engendré par une force qui est séparée de ses pouvoirs d’agir. Il est « esprit de vengeance », incapacité d’oublier, désir de conserver ou de retourner au passé censé se tenir plus près des véritables valeurs que le présent.

• La pulsion nihiliste

« La deuxième dissertation donne la „psychologie de la conscience morale“. [...] C’est l’instinct de cruauté qui se retourne contre lui-même, une fois qu’il ne peut plus se décharger à l’extérieur. » Véritable intériorisation du ressentiment, la « mauvaise conscience » ou « culpabilité » engendre, par un processus de « sublimation » proche de celui que Freud saura interpréter, par exemple dans Malaise dans la civilisation, des formes « policées » (la justice, le droit) qui ne sont en fait que des métamorphoses d’une cruauté sous-jacente. Derrière tout processus de civilisation est tapie une barbarie qui prend les masques rassurants de son contraire.

« La troisième dissertation répond à la question de savoir d’où provient la puissance immense de l’idéal ascétique, de l’idéal sacerdotal, bien qu’il soit sans doute l’idéal nuisible par excellence, un „vouloir-mourir“, un idéal de