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Depuis les années 1960, la photographie créatrice non seulement obtient droit de cité parmi les autres arts, mais encore inspire bien souvent leurs démarches. Elle, dont le problème fut toujours de s'affirmer comme art sans en imiter aucun, se trouve à son tour imitée mais ne doit pas pour cela laisser dissoudre ses qualités particulières.
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Seitenzahl: 48
Veröffentlichungsjahr: 2016
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ISBN : 9782341004466
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Depuis les années 1960, la photographie créatrice non seulement obtient droit de cité parmi les autres arts, mais encore inspire bien souvent leurs démarches. Elle, dont le problème fut toujours de s’affirmer comme art sans en imiter aucun, se trouve à son tour imitée mais ne doit pas pour cela laisser dissoudre ses qualités particulières.
L’hyperréalisme (qui est surtout un photoréalisme), le body art, l’earth-art et l’art conceptuel adoptent la photo comme un modèle d’objectivité ou un moyen relativement neutre de communiquer un acte ou une pensée à l’état pur. Cependant, dans l’incertitude où elle est encore de sa situation parmi les arts, la photographie proprement dite continue de tirer une constante interrogation sur ses caractères spécifiques. La voici donc d’emblée là où en sont les autres arts depuis quelque temps : se définir par une perpétuelle mise en question de sa définition.
Comme chaque discipline technique accédant au niveau de la création, la photographie est tenue de s’envisager tout entière comme espace de création. L’épanouissement actuel ne signifie pas le repliement de l’expression photographique sur un seul genre, plus « artistique » et sophistiqué. Certes, l’amateur comprend de mieux en mieux le long et délicat travail nécessité par un tirage de qualité et qui interdit, bien plus encore que pour la gravure, toute multiplication industrielle. Mais il n’empêche que la création personnelle reste plus que jamais présente et ouverte dans tous les genres quotidiens de la photo, à commencer par le reportage et l’illustration. Un des signes de cet achèvement culturel est qu’aucune tendance ni aucune technique n’en sont désormais exclues. Depuis le photomaton jusqu’aux manipulations raffinées qui nécessitent l’exemplaire unique, tout est donc possible au royaume de la création photographique.
Il fallait pour cela surmonter les vieux tiraillements entre une photo objective et réaliste et une photo subjective. Libre de déformer les données de la réalité, contrainte de renoncer à atteindre l’objectivité totale, mais aussi obligée d’abandonner l’espoir de se passer du reflet de la réalité, la photographie actuelle tend à renoncer à ces querelles et à les dépasser en manifestant que le constat photographique le moins manipulé est tout autant constat sur la vie intérieure du photographe. L’image du monde extérieur met à nu un instant vécu par celui qui l’a saisie. Et, comme le pressentait déjà Minor White, la photographie tend à rejoindre, avant même les autres arts, ce point radical où voir et découvrir sont aussi inventer, et même plus qu’inventer, créer.
La photographie – art de fixer la trace de la lumière – occupe une place grandissante dans la culture de notre temps. Les signes en sont nombreux, avec une avance marquée des États-Unis où Alfred Stieglitz la fait entrer dans les musées dès le début du XXe siècle, où le département de photographie du Museum of Modern Art de New York est créé en 1940, où Kodak fonde la George Eastman House (aujourd’hui International Museum of Photography) en 1949 ; sans compter le rôle traditionnel de la Library of Congress de Washington, du Metropolitan de New York et du musée de Philadelphie. La présence de la photo au musée est devenue, là, normale ; citons, parmi les plus dynamiques : le Fogg Art Museum (Harvard University) de Boston, l’Art Institute de Chicago, le Museum of Art de San Francisco, le Center for Creative Photography à Tucson (Arizona). En 1974, Cornell Capa fondait l’International Center of Photography à New York, avec ses collections, ses expositions, ses conférences... Au Canada, ce sont les collections de la Galerie nationale d’Ottawa et l’activité de l’Office national du film. En Europe, le temps perdu se rattrape autour des collections déjà anciennes du département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale, de la National Portraits Gallery et du Victoria and Albert Museum de Londres, du Folkwang Museum d’Essen, du Museum Ludwig à Cologne, du Prentenkabinet de Leyde (Pays-Bas). Des centres nouveaux s’ouvrent ou sont établis : au musée de l’université de Parme (Italie), au Kunsthaus de Zurich (Suisse), au Stedelijk Museum d’Amsterdam, au Moderna Museet de Stockholm, au musée des Arts décoratifs de Prague, à Lodz en Pologne, à Siaulai en Lituanie. En Australie, il y a l’Australian Center for Photography de Sydney. En France, le musée Nicéphore-Niepce de Chalon-sur-Saône, la galerie municipale du Château-d’Eau à Toulouse témoignent du dynamisme de la province. À Arles, le musée Réattu est inséparable d’un festival annuel qui est la plus grande rencontre mondiale d’auteurs et d’amateurs. Enfin, en 1978, le congrès de Mexico a montré l’éveil à elle-même de la photo latino-américaine.
Un autre signe de la vitalité de la photographie est l’essor des