Piquillo - Alexandre Dumas - E-Book

Piquillo E-Book

Dumas Alexandre

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Extrait : "LE CHŒUR : À table, à table, amis ! le temps est précieux ; Au rendez-vous nos beautés sont fidèles ; Elles sont belles, Point cruelles ; Les vins sont vieux, Les mets délicieux, En vain Dans le lointain Le cor résonne, Nous n'attendons personne : Malheur aux amants, aux buveurs attardés ! Pour eux les cœurs sont pris, et les flacons vidés."

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Seitenzahl: 70

Veröffentlichungsjahr: 2015

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EAN : 9782335054804

©Ligaran 2015

Acte Premier

Un site demi-solitaire. D’un côté, une maison fermée et isolée. En face, dans un petit bois, une tente dressée pour un rendez-vous de chasse ; de jeunes Seigneurs et de jeunes Femmes y sont réunis.

Distribution

PIQUILLO.

DON CARLOS DE MENDOCE, connu sous le nom de DON DIÈGUE.

DON FABRICE D’OLIVARÈS.

DON ANTONIO PAEZ.

DON HENRIQUE.

L’ALCADE ZAMBULOS.

SILVIA.

LEONOR.

UNE CAMÉRIÈRE.

SEIGNEURS ET DAMES, ALGUAZILS, DOMESTIQUES.

Le premier acte, aux portes de Séville ; les deuxième et troisième actes, à Séville, vers 1650.

Scène première

Don Antonio Paez, Don Henrique, seigneurs et dames, puis Silvia.

LE CHŒUR
À table, à table, amis ! le temps est précieux ;
Au rendez-vous nos beautés sont fidèles ;
Elles sont belles,
Point cruelles ;
Les vins sont vieux,
Les mets délicieux.
En vain
Dans le lointain
Le cor résonne,
Nous n’attendons personne :
Malheur aux amants, aux buveurs attardés !
Pour eux les cœurs sont pris, et les flacons vidés.
PAEZ
Mais où donc est la reine de la fête ?
Où donc cette beauté parfaite
Qui ne s’attaque pas au gibier des forêts,
Mais qui choisit nos cœurs pour le but de ses traits ?

(Silvia soulève le rideau de sa tente.)

LE CHŒUR
La voilà !
PAEZ
Belle comme un rêvé,
Elle vient charmer nos ennuis ;
C’est Phœbé qui se lève,
Et va présider à nos nuits.
SILVIA
Je ne suis point Phœbé, la déesse voilée
Qui verse à pleines mains les pavots dû sommeil,
Et dont le char parcourt une route étoilée,
Qui se fond en azur aux rayons du soleil.
Je suis, au contraire,
Le doux rossignol
Dont l’aile légère,
Va rasant le sol,
Et dont la voix tendre,
Le soir, fait entendre
Son brillant accord ;
Nocturne merveille
Dont le chant s’éveille
Quand le bruit s’endort.
LE CHŒUR
Ah ! c’est charmant !
C’est ravissant !
Qui peut se défendra
D’admirer sa voix ?
Ah ! c’est charmant !
C’est ravissant !
On croirait entendre
L’oiseau dans les bois.
SILVIA
Je ne suis point non plus la sévère Diane,
Qui cache au fond des bois son orgueil inhumain,
Et qui, lorsqu’elle joue en une eau diaphane,
Punit de mort celui qui la surprend au bain.
Non, non, je suis celle
Dont l’ardent regard
Dans l’ombre étincelle
Ainsi qu’un poignard ;
Dont on sent la lame.
Dévorante flamme,
Jusqu’au cœur courir ;
Mais dont les mains sûres
Ne font des blessures
Que pour les guérir.
LE CHŒUR
Ah ! c’est charmant !
C’est ravissant !
Qui peut se défendre
D’admirer sa voix ?
Ah ! c’est charmant !
C’est ravissant !
On croirait entendre
L’oiseau dans les bois.
PAEZ
Amis, un verre encore, et regagnons la ville ;
Il se fait tard, la nuit s’épaissit dans les cieux :
Partons ! d’ici, l’on aperçoit Séville ;
Nous y retournerons au bruit des chants joyeux.
LE CHŒUR
Encore un coup de ce vin vieux ;
Il faut boire à la plus jolie,
À son esprit plein de folie,
À l’amour qui luit dans ses yeux.
SILVIA
Ah ! ma gaîté s’envole,
Les amours ont fui ;
Je ne suis plus folle
Qu’aujourd’hui.
PAEZ
Que peut le chagrin
Contre les chants, le plaisir et le vin ?
Et que peut la mélancolie
Quand on est aussi jolie ?
LE CHŒUR
Que peut le chagrin
Contre les chants, le plaisir et le vin ?
Oui, la folie
Peut tout guérir,
Et tout s’oublie
Dans le plaisir.
Scène II

Les mêmes, puis Fabrice, en dehors de la tente.

PAEZ,qui, depuis un instant, suit des yeux Fabrice

Silence, messieurs, silence !

SILVIA

Qu’y a-t-il, et que voyez-vous ?

PAEZ

Une ombre qui me fait l’effet d’être au service d’un assez drôle de corps ; venez voir plutôt.

HENRIQUE

Ah ! ah ! qui diable cela peut-il être ?

SILVIA

Mais il me semble qu’il n’y a pas à chercher longtemps, et qu’à cette heure de nuit, il n’y a guère dehors que les amants et les voleurs.

HENRIQUE,prenant son épée

Eh bien, amant ou voleur, je saurai qui il est.

(Il sort par l’ouverture du fond et va se placer entre Fabrice et la maison.)

PAEZ

Et moi aussi.

FABRICE

Que me voulez-vous, messieurs, et qu’avons-nous à faire ensemble ?

HENRIQUE

Vrai-Dieu ! si je ne me trompe pas… Qu’en dites-vous, Silvia, vous qui savez votre Madrid sur le bout du doigt ?

SILVIA

Je dis que, s’il est aussi aimable, aussi beau et aussi noble que celui dont il a emprunté la tournure, je l’embrasse.

(Elle s’approche de Fabrice et lui fait sauter son chapeau.)

TOUS

Don Fabrice d’Olivarès !

SILVIA,lui faisant la révérence

Je vous dois un baiser, monseigneur.

FABRICE

Allons, je vois bien que ce que j’ai de mieux à faire, c’est de le prendre.

PAEZ

Tu n’es donc pas mort ?

FABRICE

Mais vous voyez…

HENRIQUE

Et ton coup d’épée, qu’en as-tu fait ?

FABRICE

J’en ai guéri.

PAEZ

Et tu viens en chercher un autre à Séville ?

FABRICE

Point, messieurs : je voyage pour affaires de famille.

SILVIA

Laissez donc : lorsqu’on se promène à cette heure et dans un endroit comme celui-ci, ce n’est pas sans mauvaise intention contre la bourse des passants ou la fille de son voisin.

PAEZ,levant un coin du manteau de Fabrice

Une mandoline !

SILVIA

Messieurs… il n’y a plus de doute, et voilà la preuve du crime.

FABRICE

Eh bien, j’en conviens, messieurs, je suis amoureux.

SILVIA

Amoureux ! vous ! par quelle aventure ?

FABRICE

La voici en deux mots : je logeais en face d’une jeune dame des environs de Burgos, qui habitait Madrid avec une vieille tante. Quelque chose que j’eusse pu faire, impossible de parvenir jusqu’à elle ; des duègnes muettes, des valets sourds ; c’était à croire à la magie.

SILVIA

Pauvre marquis !

FABRICE

Cependant, comme, depuis deux mois, je suivais mon inconnue, au spectacle, à la promenade, à l’église, je commençai à m’apercevoir qu’elle m’avait remarqué.

HENRIQUE

Fat !

FABRICE

Non, sur ma parole. Alors je me décide à faire un pas de plus, je risque la sérénade.

PAEZ

Comment ! au bout de deux mois, tu n’en étais encore que là ?

SILVIA

Oh ! ne l’interrompez pas, messieurs ; à la manière dont la chose se prolonge, nous en avons pour quelque temps.

FABRICE

Au contraire, nous sommes arrivés. À peine étais-je installé sous les fenêtres de ma belle, qu’un homme, un esprit, un démon, arrive au grand galop de son cheval, saute à terre et tombe sur mes musiciens à grands coups de plat d’épée ; ils se sauvent ; je jette mon manteau, j’appelle à moi l’inconnu, nous croisons le fer, et, ma foi, à la troisième botte, il me donne ce charmant coup d’épée dont vous avez entendu parler.

HENRIQUE

Et comment appelles-tu ce cher gentilhomme ?

FABRICE

Est-ce que j’ai eu le temps de lui demander son nom ? Tu es adorable, toi !… Il m’a passé son épée au travers du corps ; je suis tombé à la renverse, et, retrouvé le lendemain matin à la même place, on m’a rapporté chez mon père, qui a été désespéré, non pas précisément à cause de moi, je crois, mais à cause de son nom, dont je suis le seul soutien. Trois jours après, lorsque je repris connaissance, je sus qu’en sa qualité de premier ministre, mon père poursuivait mon inconnu ; j’eus beau soutenir qu’il s’était battu en brave chevalier, en brave gentilhomme, et non en assassin, on ne voulut pas m’entendre. Heureusement, mon homme n’était plus à Madrid.

SILVIA

Il s’était donc sauvé ?

FABRICE

La même nuit… Mais le plus malheureux de tout cela, c’est qu’il avait emmené avec lui Léonor.

PAEZ

Ta belle ?

FABRICE

Pardieu ! oui, ma belle… Aussi il ne faut pas demander si je me suis dépêché de guérir ; la chose aux trois quarts faite, je me suis mis en route. Je suis parvenu à découvrir leurs traces, et, tandis que mon père fait inutilement chercher mon homme du côté de la Galice et des Algarves, je l’ai rejoint à Séville.

SILVIA

Et quand cela ?

FABRICE

Hier au soir… Et vous voyez que je ne perds pas de temps ; cette nuit, je commençais ma ronde.

PAEZ

Comment, la dame de tes pensées… ?

FABRICE

Demeure là.

PAEZ

Dans cette maison ?

FABRICE

Dans cette maison.

PAEZ

Mais il n’y a dans cette maison que don Diego !

SILVIA

Vous le connaissez ?

FABRICE

Oui, non, peut-être… Vous dites qu’il s’appelle don Diego, une espèce de sage, de solitaire, d’anachorète, qui va toujours pensant, écrivant ?

PAEZ

C’est cela même.

SILVIA

Et vous dites qu’il habite cette maison ?

PAEZ