Pluie d’été à carbon-blanc - Ayi Hillah - E-Book

Pluie d’été à carbon-blanc E-Book

Ayi Hillah

0,0

Beschreibung

« Tard, oui, tard, dis-je, dans mon dernier sommeil, dedans ma tombe qu’aucun bruit ne troublera, si, par impossible, un souffle inattendu me vient animer l’instant d’une seconde, je dirai, émerveillé, que je t’aime encore. Car, t’aimer, c’est se perdre pour toujours. C’est se remplir de folie, et s’aveugler pour ne plus revenir à soi. Plus jamais ! » "Pluie d’été à Carbon-Blanc" est un recueil de lettres poétiques dans lesquelles l’auteur, pris dans les tourbillons d’un amour brûlant, se raconte à l’être aimé dont il fait une description attentive en enveloppant son visage et son corps dans un déchiffrement passionnel. Tout s’inscrit dans une orchestration harmonieuse dans laquelle l’amour devient un chant ordinaire.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Auteur de romans, d’aphorismes, de poèmes en prose comme en vers rimés, de récits, et de nouvelles, Ayi Hillah se révèle épistolier dans le présent ouvrage où son émerveillement se rattache au sentiment amoureux.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 86

Veröffentlichungsjahr: 2024

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Ayi Hillah

Pluie d’été à Carbon-Blanc

© Lys Bleu Éditions – Ayi Hillah

ISBN : 979-10-422-4868-0

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Du même auteur

– Sapientia – Aphorismes ; Le Lys Bleu Éditions, 2024

– Échos d’un adieu – Poésie ; Le Lys Bleu Éditions, 2019

– Les salves du midi – Poésie ; Le Lys Bleu Éditions, 2019

– Il s’appelait Mouammar – Récit ; Le Lys Bleu Éditions, 2018

– L’ombre des beaux jours – Récit ; Éditions Cana, 2015

– Vague à l’âme – Poésie ; Éditions Cécile Langlois, 2015

– L’exotique. Un primitif en Silésie – Roman ; Éditions L’Harmattan, Paris, 2014

– Mirage, Quand les lueurs s’estompent – Nouvelles ; Éditions L’Harmattan, Paris, 2012

– Chants et Visions – Poésie ; Edilivre, 2012

– Les lyres de septembre – Poésie ; Éditions Chloé des Lys, 2008

À ma bruyère en fleurs

Vois-tu, si je me laisse flatter, je croirais volontiers au mensonge selon lequel j’aurais l’art de faire plier n’importe quel cœur de femme. Seulement, je trouve cet art ridicule et trompeur. Les belles paroles d’une poésie fallacieuse étant un leurre dont tu découvriras aisément les dessous, j’aurais aimé ne pas posséder ton cœur, même en rêve, au lieu de le perdre à cause d’un mensonge évitable, ce qui me sera peine immense… Crois-moi, de tous les charmes que j’ai connus, et j’en ai connus de plaisants, aucun ne m’a rendu si réellement enchanté et ne m’a laissé un souvenir plus délicieux que le trouble enivrant de ton doux regard dans le mien confondu.

Pour cela, accepte ces lettres, quoique moins belles que toi. Aussi, pardonne-moi, si, à ton goût, elles échouent à dessiner les contours de ton charme. Je n’ose dire davantage. M’épuiser à lister la multitude de traits charmants qui te caractérisent est un supplice.

À la fin, seules resteront les amours enfermées dans les livres clos où les auteurs s’adressent à leurs êtres chers.

Ayi Hillah

Puis un jour, l’amour prend un visage jusque-là inconnu, frappe à la porte de votre cœur, s’y invite, s’y installe, et s’y épanouit comme les fleurs d’été qui s’ouvrent et sourient au ciel éternel.

Ayi Hillah

Prologue

Une lettre d’amour. Ceux et celles qui ont vécu longtemps pour en parler, vous en écrivez ou en recevez encore ? Pour les plus jeunes, en avez-vous déjà écrit ou reçu, ne fût-ce qu’une seule fois ? Ou bien, pour vous, jeunes et âgé(e)s, la chose semble anachronique, désuète, obsolète, dépassée, et hors du temps, au point que vous vous demandez l’intérêt que cela peut encore avoir à l’heure du numérique et de la digitalisation ? Le souvenir d’une lettre d’amour reçue ou écrite à quinze ans ne vous hante-t-il plus ? N’y en a-t-il pas, qu’elles soient envoyées sous des plis grossiers ou soignés, en cachette ou au su de tout le monde, comme un parfum que l’on reconnaît parmi mille autres, comme une main amie qui vous tient par l’épaule, comme l’écho d’une voix faite d’un accent enchanteur qui vous ramène à vous-mêmes, qui vous fait revivre le passé, et vous questionne sur votre présent ?

Quant à moi, gratte-papier et éternel amoureux, outre ces contentements susmentionnés, j’aime les lettres d’amour parce que le temps mis pour les écrire nous évite d’aller au faible et au ridicule des choses. On révèle les non-dits sans ménagement. On se découvre. On se soigne. On s’affiche fort d’allure, même si l’on se sait faible de caractère… On y range les solitudes oubliées de l’enfance, la grandeur du désir, l’enchantement du plaisir, les doux murmures du silence, l’écho du souvenir ; cette lente remontée de la mémoire vers les instants privilégiés de la vie, l’éclairage vert de la passion, et enfin les souvenirs de l’être aimé qui charment, apaisent, entraînent dans des voyages multiples et inconnus, dans des temps et des espaces divers dont on ne revient jamais indemne. Une lettre d’amour donne le goût sacré de l’invisible sur la langue. C’est le cœur qui parle, qui passe à l’aveu, qui se vide, qui s’avoue triste ou heureux, prêt à ressusciter avant de mourir.

Au-delà de ces généralités, si j’écris encore des lettres d’amour, c’est parce que je suis amoureux, cela s’entend. La nature a mis sur mon chemin un de ces êtres qu’il est impossible de décrire. Et si je vous dis ce que je lui trouve de spécial, vous risquez de tomber amoureux d’elle. La raison en est qu’il est difficile d’être aussi belle, aussi simple, aussi élevée. Le plus naturellement possible, elle fait montre d’une ingénuité absolue, et d’une immense beauté des gestes. Divinement douce et gracieusement agile, sa démarche ressemble au cours de la Lune sur les nuages qui lui servent de monture. Il y a chez elle un silence à la fois pénétrant, troublant et questionneur qui témoigne d’une intelligence à l’état de nature. Une allure de chérubin, grave et souriante.

Elle a quelque chose d’ancien qui garde sa fraîcheur. Quelque chose d’assommant qui lui donne étrangement un air angélique avec une vivacité pareille à celle des vitraux colorés des anciennes églises, ces églises abandonnées au désastre de l’histoire. Tout simplement une mystique sans Dieu.

J’ai vu dans ses yeux, pareils à un ciel étoilé, ce qu’il faut de lumière pour éclairer l’univers, et dans son regard ce qu’il convient d’appeler ivresse. Aussi, j’ai décelé dans sa voix un accent inconnu, jamais entendu, subodoré, ni imaginé, moi qui pourtant possède une imagination sans limites.

Ma foi, ces qualités rarement assemblées chez une même personne font qu’il y a chez elle un charme contre lequel personne, je l’atteste, ne peut se défendre. En ce qui me concerne, la chose n’a qu’un remède. Pour ne pas l’aimer, il aurait fallu ne pas la connaître.

Éternel captif, je tomberai toujours là où résonne sa voix, et frémirai continûment à l’évocation de son nom. Et s’il m’arrive malheur dans mes pérégrinations, j’irai chercher consolation dans mes poèmes qui portent son nom. Ils sauront réchauffer en moi cette part de l’homme qu’on appelle l’âme.

Avant elle, je ne saurais vous dire qui j’étais. Chose étrange, mais vraie ! Et si j’ose me replonger dans mes souvenirs, je pense que j’échouerais à décrire ma trajectoire sur la carte de l’univers que j’ai traversé jusqu’à elle. Comment est-ce possible ? Je n’en ai aucune idée. Que sait le jour de la nuit qui le précède ? Rien, me semble-t-il. Comment vivais-je ? Je ne le sais plus. Une nuit opaque, une de ces nuits qu’aucune lueur ne peut percer, couvre désormais l’arrière-boutique de mon cerveau redevenu neuf et vide des choses de l’amour. Ainsi, néophyte qu’un vent nouveau guide, je n’ai plus accès aux réminiscences. Qu’importe ! Qu’elles dorment en paix. Les ressusciter ne servirait à rien. Le monde est peuplé de milliers de fantômes dont il aimerait se passer. Pourquoi donc en rajouter à sa misère déjà grande ? Pourquoi déranger les spectres des jours anciens quand on renaît à une vie nouvelle ?

À présent, comme va le vent que rien ne contrarie, je fais mon chemin, fier et neuf comme un écu en or, sans salissures. Un amour nouveau dont le charme dépasse en intensité toutes les passions du monde réunies me guide. Heureux, je me laisse aller, confiant mon sort aux éléments, comme s’abandonnent les navigateurs aux flots amis qui ne sauraient les conduire à la dérive.

Il faut à chaque vie, aussi courte soit-elle, son propre soleil, ce quelque chose de comparable à l’amour qui s’oppose à la nuit qui nous habite tout comme à celle qui nous entoure. Dans un accord secret avec le monde, tout devrait conduire à la fusion de deux cœurs en un.

Tout devrait conduire à la félicité. Comme la boussole sait le pôle, comme les tortues se dirigent vers la mer dès leur sortie de l’œuf, nos errances, où qu’elles nous mènent, devraient incontestablement nous conduire à l’amour.

Manage, le 3 décembre 2022

Pluie d’été à Carbon-Blanc

Fontaine-l’Évêque, le 31 mai 2021, 4 h 35

Ma douce et tendre fleur,

Comme j’aimerais encore courir le monde, le sourire aux lèvres ! Comme j’aimerais quitter cette demeure à la triste et sévère façade dont les murs repoussent les bruits du dehors. Hier me semble loin. Disons plutôt très loin. Dis-moi, ma jolie, toi qui ressembles à Dieu, où va le temps qui passe ? Dis-le-moi, ma bien-aimée. Je suis curieux de savoir. Vois-tu, il n’y a pas une seule minute où, rêvant à ce que j’étais, je ne revois en pensée les chemins qui mènent aux différents lieux par mes pieds foulés, ces cieux lointains sous lesquels j’ai, être rêveur qu’un souffle guide, promené ma carcasse en chantant l’amour ; mon seul vrai bonheur. Seulement, des saisons moins colorées sont passées. Je les ai vues venir puis s’en aller, chacune avec son lot de malheurs et de souffrances. Leur tristesse ne s’est jamais effacée de ma mémoire. Chacune d’elles déposa à mes pieds d’ancien voyageur des souvenirs que j’ai peine à classer, moi qui, d’ordinaire, unis dans une même affection les souvenirs qui habitent ma pensée…

D’ici, j’envoie souvent, par l’élégance dont je suis fait, mille baisers vers ton charmant visage, mais cela n’est que poésie. Pour le dire autrement, cela n’est que mélancolie ; cette tristesse consolante de t’avoir, cette rêverie propre aux poètes. Que vérité soit dite, ma belle. J’étouffe ici, je meurs. Mon amour pour toi, je dois te le prouver par des embrassements. Il faut donc que je sorte de ce trou où m’enferment le deuil continu de mon père, la situation sanitaire1 et mille autres chagrins sans nom.