Pont du diable - Nicolas Richit - E-Book

Pont du diable E-Book

Nicolas Richit

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Beschreibung

Nathan, jeune garçon sensible et solitaire, observe avec douleur l’éclatement progressif de ses parents, pris dans une séparation tumultueuse. Une nuit, cherchant refuge dans une voiture pour échapper à cette tourmente familiale, il disparaît mystérieusement après un accident. Fugue désespérée, enlèvement, ou tragédie inexpliquée ? Cette disparition sème le trouble et la suspicion parmi les proches, dévoilant au fil des pages les failles, les non-dits et les secrets d’une famille en pleine implosion. Et si la clé de cette énigme se trouvait là où personne ne l’attendait ?

À PROPOS DE L'AUTEUR

Fort d’un parcours riche dans le secteur médico-social, Nicolas Richit ouvre les portes de son univers littéraire en partageant des récits empreints d’authenticité et de sensibilité. Il propose des histoires vibrantes, où chaque mot résonne d’émotion et de profondeur, mêlant avec élégance ses expériences à une imagination foisonnante.

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Seitenzahl: 108

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Couverture

Titre

Nicolas Richit

Pont du Diable

Roman

Copyright

© Lys Bleu Éditions – Nicolas Richit

ISBN : 979-10-422-6009-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

C’est dans une course effrénée que ce petit scarabée vert doré, que l’on surnomme communément le hanneton des roses, se démène pour essayer de trouver refuge afin de ne plus être vu. Mais son instinct de survie l’incite à relever ses élytres pour ensuite déployer ses petites ailes fragiles et ainsi prendre un envol quelque peu bourdonnant. Un peu lourd, il manque de frôler le bout du nez de ce petit d’homme, qui apparemment s’amusait à le taquiner un peu à l’aide de quelques brindilles de bois. Nathan a 8 ans et ne cherchait pas à lui faire de mal, bien au contraire. Nathan est un garçon vaguement solitaire, enfant unique, qui s’étonne toujours de découvrir davantage de ce microcosme fourmillant sous nos pieds. Il y porte beaucoup d’intérêt, ce qui lui permet de s’échapper un peu du monde des grands, ces adultes qui ne sont plus très tendres les uns envers les autres, tant par les gestes que par les paroles. Ces adultes qui semblent ne plus se comprendre, et ne plus s’aimer. Ces adultes ne sont personne d’autre que les parents de Nathan. Le vent chaud de l’été accompagne le hanneton des roses qui voltige vers une autre destinée. L’orage gronde au loin. Nathan est surpris dans sa contemplation par la voix de Chantal, sa grand-mère, qui l’interpelle. Il la surnomme affectueusement « Mamitou », parce que c’est une mamie et qu’elle a tendance à passer presque tous les caprices de ce petit garçon. Toujours soucieuse et bienveillante à son égard, elle ne voudrait pas qu’il lui arrive quelque chose. Alors Nathan s’exécute et, comme le hanneton des roses, file et court rejoindre Mamitou à l’intérieur de la maison. Cette vaste bâtisse est comme un phare pour Nathan, un point d’ancrage, un repère qui le rassure. Il s’agit d’une ancienne ferme, dans laquelle a grandi son père, Sébastien, aujourd’hui âgé de 46 ans. Chantal a toujours su faire en sorte que cet endroit soit agréable à vivre, tant par sa décoration, colorée et chaleureuse, que par ses parfums émanant du quotidien comme un bouquet de lilas posé sur la table à Pâques, ou la cuisson d’un bœuf bourguignon qui mijote depuis des heures… Cette fois-ci, Nathan aura le privilège, encore une fois, de se délecter, pour le goûter, d’une tarte aux pommes du verger de son grand-père, Alain. Pas de tendre dénomination cette fois-là pour son grand-père, que Nathan nomme tout simplement grand-père. Alain est un homme bourru et ronchonnant pour pas grand-chose. Il ne se montre que très rarement affectueux, que ce soit avec Nathan ou ses parents. Et encore moins avec Chantal. Le gamin a souvent été le témoin d’incessantes querelles entre ses paternels sans en comprendre le pourquoi du comment. Parce qu’à cet âge, candeur oblige, les vies affolantes des adultes ne préoccupent pas. Alain semble alors être un grand-père constamment en colère et revendicatif, tendant parfois vers une menace physique qu’il ne faut peut-être pas ignorer. Mais Mamitou est là, et toujours là, pour apporter à ce jeune garçon le réconfort et la douceur qui aide à grandir. Installé dans la cuisine, dégustant goulûment sa part de tarte encore tiède, Nathan s’amuse à taquiner son oncle François assis en face de lui, en se livrant à d’audacieuses grimaces que ce dernier n’affectionne guère. François, un futur quinquagénaire, est un adulte en situation de handicap. Il est né d’une première union entre sa mère Chantal et un illustre inconnu. Cette première grossesse ne s’est pas finalisée merveilleusement bien puisque François est arrivé dans la vie plus tôt que prévu et surtout avec le cordon maternel autour du cou, l’empêchant de respirer correctement et lui provoquant de graves convulsions. Conséquences séquellaires à cette première étape de la vie, François est atteint d’un retard mental léger sans pour autant, heureusement, être dénaturé de ses facultés motrices. Naviguant d’institution en institution spécialisée en semaine, François revient régulièrement chez ses parents, Alain n’étant pas son géniteur, mais qui a su faire preuve d’autorité paternelle à son égard après avoir épousé Chantal. C’est ainsi que, connaissant la bienveillance de Mamitou, toute son attention a été portée sur la croissance de ce grand gaillard aujourd’hui. Mais il se trouve que tous ces soins-là se sont davantage portés sur le petit Nathan dès son arrivée au monde. Et malgré la différence d’âge entre les deux garçons, une sorte de jalousie compétitive s’est insidieusement installée. Jalousie qui ne s’est a priori jamais avérée avec Sébastien, le père de Nathan, lorsque celui-ci a grandi aux côtés de son frère, François. Au contraire, ces deux-là ont tellement été complices qu’aujourd’hui il se dégage de leur relation fraternelle beaucoup de mansuétude, surtout de la part de Sébastien à l’égard de François. Bref, entre Nathan et François, la connivence n’est point à l’ordre du jour et c’est d’un regard d’enfant, avec en outre une innocente part de cruauté, que le jeune garçon s’évertue à taquiner l’adulte fragile, qui supporte difficilement ses asticotages jusqu’à piquer des colères incontrôlables. Mais Mamitou est là, et toujours là pour tenter à sa façon d’apaiser tout ce petit monde. D’ailleurs François n’en veut même pas à sa mère d’être aussi bienveillante et indulgente envers le jeune garçon, mais reporte ses frustrations, et par conséquent sa haine, sur la mère de Nathan. Stéphanie, âgée également de 46 ans, est fraîchement séparée de Sébastien. Les parents de Nathan n’ont pas encore évoqué de divorce, mais l’issue semble inexorable tant leur relation est devenue conflictuelle. De trop fréquentes querelles sous forme de règlement de compte se sont déroulées même à l’extérieur, notamment devant l’ancienne ferme des grands-parents et à la vue du voisinage. Et cette contiguïté n’est autre que la vieille Henriette, une femme veuve depuis de nombreuses années, que Nathan compare aisément à Madame Mim, une petite sorcière hideuse d’un très célèbre film d’animation de Mr W. D. Henriette, dont personne ne connaît l’âge réel et qui semble venir d’un autre siècle, s’est toujours montrée antipathique, vulgaire et quelque peu macabre, et plus encore à l’égard de Stéphanie qu’elle qualifie trivialement et sans détour, de courtisane. Jalousie très mal placée sans doute. Mais cette attitude laisse cependant imaginer ce que cette vieille chouette serait capable de faire dans un excès de rogne. Nathan la craint surtout parce que son physique est effrayant et parce que, s’il a le malheur d’empiéter sur son territoire, à l’affût de quelconque coléoptère, cette vieille sorcière le congédie sans ménagement d’une voix à faire pâlir les ténèbres. Mais heureusement, Mamitou est là, et toujours là.

Stéphanie et Sébastien sont très actifs dans leur domaine professionnel. Tous deux exercent dans un cabinet d’architecte. C’est d’ailleurs en tant que collègues qu’ils se sont d’abord connus et par conséquent rencontrés. Leur amour du métier, leurs passions communes de conception, de création, d’amélioration et d’innovation des espaces les ont tout naturellement rapprochés. Tous deux, étant assistants en architecture, ont eu le plaisir de pouvoir exercer dans le même cabinet. Traduire graphiquement les projets de l’architecte et créer des maquettes virtuelles en 3D en amoureux et suivre les différentes réalisations main dans la main, cela apporte une certaine douceur aux contraintes professionnelles. Cependant, il y a déjà quelque temps, Stéphanie, qui semblait se lasser du peu de projets n’apportant aucune innovation, que pouvait comptabiliser le cabinet d’architecte, a eu l’opportunité de se voir lui proposer un poste plus que motivant chez un cabinet confrère. Stéphanie a les capacités d’évoluer, contrairement peut-être à Sébastien qui s’en tient à son poste le plus simplement du monde. Après mûre réflexion et maintes discussions, Stéphanie a donc quitté l’établissement qui a été le témoin de la naissance de leur relation, mais aussi celle de leur fils Nathan. Cette première rupture s’annonçait comme étant l’amorce d’une seconde plus redoutée et plus douloureuse puisque ce choix professionnel n’était pas sereinement vécu par Sébastien. Leurs rythmes étaient différents, leurs organisations chamboulées. Ces deux-là n’avançaient plus à la même cadence. L’ambiance au sein du couple paraissait malaisante et pesante. Les conflits se sont insensiblement installés pour devenir plus fréquents.

Stéphanie avait par conséquent de nouveaux collègues, dont Michaël, un charmant quadragénaire également. Michaël s’est toujours montré bienveillant à son égard, toujours à l’écoute lorsque Stéphanie venait travailler quelque peu contrariée et blasée à la suite d’une énième dispute avec Sébastien. Tellement bienveillant qu’il en devint même attirant. Stéphanie, désabusée, s’est laissé aller à quelques égarements à son contact. Ce qui n’arrangeait en rien sa relation de couple. Et ce qui sonna le glas de sa vie maritale. Michaël avait eu l’occasion par le passé de côtoyer de près le jeune couple de l’époque puisqu’il avait pu effectuer un stage au sein du cabinet qui les employait. Michaël se montrait toujours très motivé et intéressé. Ses idées semblaient pertinentes, ce qui plaisait professionnellement déjà beaucoup à Stéphanie. Sébastien n’y prêtait aucune attention, prétextant la « fougue du jeune premier ». Jalousie inconsciente. Bref, toujours est-il qu’aujourd’hui le couple a préféré se séparer parce que le quotidien était insupportable. Et malgré une apparence hostile et l’attitude méprisante de Sébastien pour sa femme, ce dernier est anéanti. Les quelques jours ou quelques heures passés chez Mamitou, avec Nathan, lui font du bien. L’impression d’être à nouveau cet enfant dont la maman est disposée à soigner les petits bobos de la vie. Parce que Mamitou est là, et toujours là.

Sa part de tarte ingérée, Nathan avale un grand verre de lait bien frais comme pour tasser cette gourmandise au fond du ventre. Mamitou dit toujours que le lait c’est plein de calcium et que c’est bon pour la croissance alors il a soudain l’impression d’avoir repris du poil de la bête et se sent prêt à retourner étudier le microcosme extérieur. Taquiner délibérément François dans le but de le faire réagir n’est amusant qu’un temps, il faut passer à autre chose. Et puis Nathan se dit qu’être à l’affût du monde du dehors lui permettra d’accueillir son père lorsque celui-ci daignera venir le chercher, après son travail. C’est la fin d’après-midi et la moiteur ambiante, prémices à l’orage, favorise le chassé-croisé d’insectes volants, ou non, de toute sorte. Une aubaine pour satisfaire la curiosité du jeune garçon. Mais Nathan fait attention à ne pas s’approcher de trop près du fief de la vieille Henriette. Parce que d’une part cette vieille mégère ne supporte pas de le voir atteindre ses plates-bandes, mais aussi parce que quand elle se met à hurler sur quelqu’un, cela ne laisse personne indifférent tant elle en devient effrayante par ses vociférations, ses menaces et sacrilèges en tout genre, sans oublier sa dégaine. De toute façon, elle ne supporte rien, se dit-il. Tout récemment encore, sur une fin de journée durant laquelle Nathan était en garde chez Mamitou, Henriette s’en est méchamment prise verbalement à Stéphanie alors qu’elle venait récupérer le garçon. Nathan se souvient très bien de cet instant violent. Il ne sait pas réellement les causes de cette altercation, si ce n’est certainement le fait qu’elle ait malencontreusement dû poser le millimètre de trop du pneu de sa voiture en se garant, sur un petit bout de son terrain. Nathan se souvient donc de cette algarade entre les deux femmes. Fier de sa maman, Nathan était soulagé de voir que Stéphanie ne se laissait point impressionner par la sorcière en la remettant à sa place. Il se souvient également que la vieille Henriette, à l’évidence à court d’arguments pour se défendre, commença à l’insulter d’horribles noms d’oiseaux et à la menacer d’étranges sortilèges que Stéphanie a indolemment ignorés. Il sait aussi que cette prise de bec ne fut pas appréciée par Alain, le grand-père, qui dans la foulée a exprimé tout haut ce qu’il en pensait. Mais c’est Stéphanie qui en a pris pour son grade cette fois-ci, au grand étonnement du jeune garçon. Alain, homme toujours en colère contre la vie, lui a fait vivement comprendre qu’il ne tolérait pas le manque de respect à l’égard de son voisinage et que certainement qu’elle l’avait bien cherché pour en arriver là. Bref, Alain n’apprécie pas non plus Stéphanie jusqu’au point de se rallier avec l’ennemi !