Pourquoi - Klaus Ebner - E-Book

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Klaus Ebner

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Beschreibung

En tant qu'écrivain ou écrivaine on se pose parfois la question pourquoi l'on écrit de la littérature. L'Autrichien Klaus Ebner essaie de trouver une réponse en analysant son propre développement professionnel. Ses réflexions le mènent à l'enfance et à l'école ainsi qu'aux premiers succès littéraires. Après avoir rédigé cet essai autobiographique en allemand, il le traduisit en français et en d'autres langues.

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Seitenzahl: 38

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Table des matières

La question

L’aube

Les livres (I)

Les démarcheurs

L’école

La prof

Les livres (II)

L’association

L’interruption

Les livres (III)

Les Catalans

Le pourquoi

La question

Il va de soi que chaque écrivain se pose la question pourquoi il écrit. C’est à maintes reprises que je lisais cette énonciation, ainsi formulée ou d’une façon semblable ; dans des articles et des commentaires, et je pense même aussi dans des ouvrages philologiques. Mais est-ce vraiment comme ça que ça se passe ?

Je trouve que les choses se présentent de façon différente : ce ne sont pas les écrivaines et les écrivains qui se posent la question sur la base d’une quelconque nécessité intérieure. Non, c’est leur entourage qui les confronte à une telle interrogation, les lectrices et les lecteurs, les amis et la famille, et bien sûr aussi des journalistes et des philologues qui tentent d’explorer la motivation ou, comme on arrive à lire parfois, la source des inspirations qui convertissent de bons citoyens en autrice et auteur.

La question du pourquoi écrire réclame en quelque sorte une justification. Mais… que faudrait-il justifier ? On dirait que les écrivaines et les écrivains sont des déviants dans notre société, des outlaws, des rêveurs et des fous. Bon, il se peut que nous soyons en effet un petit peu fous, parce que le fait de suivre une vocation qui cause beaucoup de travail mais rapporte peu d’argent (qui ne garantit le gagne-pain qu’à un groupe minuscule d’élus), est loin de toute pensée économique ou tout simplement de la raison.

Franchement, je ne me suis jamais demandé pourquoi j’écris. L’écriture fait partie de mon moi intérieur, c’est l’expression de ma personnalité, et je ne puis y renoncer comme je ne puis renoncer à un des membres de mon corps. Pourtant, les gens me posaient cette question. J’en restais bouche bée (donc avec un air assez stupide) et je ne savais pas quoi répondre. Probablement ne comprenais-je même pas la nature de la question qui, cependant, déclencha une réflexion profonde.

Il est vrai que la question du pourquoi n’est pas simple. Pour s’en approcher et trouver finalement une sorte de réponse solide, il faut considérer mon développement universel afin de comprendre comment, à travers l’enfance et certaines initiations, je devins celui que je suis aujourd’hui.

L’aube

Bien sûr, tout commence dans l’enfance. Dans ce contexte, je n’accepte pas la question du pourquoi, puisque de nombreux événements de l’enfance ne sont pas soumis à un contrôle volontaire et bien des faits resteront des mystères.

Ma forte affinité pour la langue fut attestée très tôt. C’est ma mère qui affirmait à plusieurs reprises que j’aurais déjà parlé couramment et en phrases complètes à l’âge d’un an. J’ai du mal à prendre cette déclaration au pied de la lettre, probablement parce que je ne connais aucun enfant dans mon entourage (y compris les miens) qui aurait eu une compétence linguistique aussi frappante à l’âge d’un an seulement.

Ce dont je me souviens très bien, c’est que des éléments dialectaux ou du patois manquèrent complètement à mon langage des premières années de ma vie. Nous vivions dans la ville de Vienne et il était important pour mes parents que leur fils parlât bien, c’est-à-dire selon l’écriture, ce qu’on appelait parfois haut allemand. (Ma famille ignorait que l’intégralité de toutes les variétés, registres et dialectes des allemands supérieur et moyen appartenaient au haut allemand et que seul le bas allemand dans l’extrême nord de la République fédérale d’Allemagne n’en faisait pas partie.) Dans ma famille, je n’entendais presque personne utiliser le jargon viennois, et ce n’était que pendant les vacances en Carinthie (en particulier au lac de Klopein) que je pouvais rattraper une idée du dialecte ; d’ailleurs, ma scolarisation en maternelle était limitée à seulement quelques semaines.

Un jour, j’avais quatre ou cinq ans, ma mère m’aborda farouchement aux escaliers de notre maison (j’ai oublié pour quelle raison nous y étions) et me reprocha d’avoir dit un mot très grossier. Je n’avais aucune idée de quoi elle parlait et nous commençâmes une discussion pleine de blâmes, oppositions et curiosité. Puisque la cause de sa colère m’était inconnue, je l’exhortai à me dire quel était ce mot pour être capable de décider s’il était vraiment sorti de ma bouche ou non. Je crois avoir discuté pendant une demi-heure (probablement seulement dix minutes), jusqu’à ce qu’elle révélât finalement le mot grossier