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On emploie généralement les termes « préhistoire » et « protohistoire » cette deuxième période étant parfois incluse dans la première, pour désigner l'étude des sociétés humaines qui n'ont pas laissé de traces écrites. Elle se fonde donc essentiellement sur l'examen des vestiges de la présence humaine que les fouilles archéologiques mettent au...
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Seitenzahl: 96
Veröffentlichungsjahr: 2015
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ISBN : 9782852299733
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On emploie généralement les termes « préhistoire » et « protohistoire » – cette deuxième période étant parfois incluse dans la première –, pour désigner l’étude des sociétés humaines qui n’ont pas laissé de traces écrites. Elle se fonde donc essentiellement sur l’examen des vestiges de la présence humaine que les fouilles archéologiques mettent au jour.
Bien que la délimitation chronologique varie selon les régions du monde et soit susceptible de nouvelles datations, en fonction des découvertes, on peut dire que la préhistoire rassemble le Paléolithique, le Mésolithique et le Néolithique (cf. ces trois articles). La période la plus longue, le Paléolithique, ne commence pas avec l’apparition des premiers hominidés (il y a de 6 à 7 millions d’années), mais avec l’apparition des premiers objets de pierre travaillés par l’homme, soit aux alentours de 3 millions d’années, et finit aux environs de – 10 000 ans. Ses traits caractéristiques sont le développement de l’industrie de la pierre au début, puis de la pierre et de matières dures animales à la fin (des objets en matières végétales ont sûrement existé pendant ces périodes, mais ils ne sont que très rarement conservés), et une économie de prédation. Ces hommes préhistoriques sont des nomades chasseurs-cueilleurs. Le Mésolithique constitue, pour ce qui concerne l’Europe, une période spécifique : l’homme conserve un outillage varié, réalisé dans différentes matières, mais n’évolue plus dans un environnement glaciaire. Son outillage devient microlithique, car probablement mieux adapté aux conditions environnementales liées au changement climatique. Il vit uniquement de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Au Néolithique, qui se situe en Europe entre vers – 6500 - – 4000, les hommes se sédentarisent, pratiquent l’agriculture et l’élevage – à partir d’espèces qui semblent avoir été domestiquées d’abord au Moyen-Orient –, construisent les premiers villages : l’économie devient productrice, tandis qu’une nouvelle forme d’organisation sociale se fait jour.
La protohistoire se présente comme la période postérieure au Néolithique, où se développent des sociétés sans écriture qui vont maîtriser les premiers métaux. Elle correspond au Chalcolithique ou Âge du cuivre, à l’Âge du bronze, puis l’Âge du fer. Les plus récentes de ces sociétés seront contemporaines d’autres civilisations qui maîtriseront l’écriture. Considérée parfois comme une époque de transition entre la préhistoire et l’histoire, la protohistoire n’en constitue pas moins une phase originale de l’évolution humaine, marquée par la découverte et le développement de la métallurgie. C’est aussi le moment où se renforce la dimension défensive de l’habitat, avec la création d’enceintes destinées à protéger des sites. Un nouveau type d’urbanisation apparaît alors, ainsi qu’une organisation sociale complexe qui vont permettre l’émergence des premiers États.
E.U.
Jusqu’au début des années 1990, deux hypothèses s’opposaient sur la question du premier peuplement de l’Europe. Selon la première, il se situe aux alentours de 600 000 à 550 000 ans, subcontemporains de la présence sur ce continent de l’Acheuléen (période du Paléolithique inférieur caractérisée par la fabrication d’outils taillés sur les deux faces, appelés bifaces). Les traces plus anciennes étaient, selon les tenants de cette hypothèse, trop sporadiques et très discutables. Selon la seconde hypothèse, l’Europe aurait été peuplée il y a un million d’années ou plus. Les données archéologiques analysées étaient alors exclusivement des vestiges lithiques mis au jour sur des sites dont certains aspects (dynamique de formation des niveaux sédimentaires livrant les vestiges, incertitudes sur les datations chronologiques, discussions sur le caractère intentionnel de la taille) n’étaient pas ou peu pris en considération.
Depuis lors, de nouvelles découvertes ont confirmé la seconde hypothèse. Les données sont de type paléoanthropologique (fossiles d’homininés) et archéologique (objets lithiques et traces anthropiques sur des ossements de faune chassée ou « charognée »).
Il y a 1,8 million d’années, des homininés ont vécu aux marges de l’actuel continent européen, à Dmanisi, en Géorgie. Le gisement témoin se situe sur les flancs méridionaux des monts du Caucase et a livré une série de vestiges osseux (crâniens et infracrâniens) de plusieurs individus. Ces fossiles sont difficiles à rapporter à un taxon déjà défini en Afrique ou en Extrême-Orient. Ils montrent une grande variabilité morphologique et probablement un important dimorphisme sexuel. Le nom d’espèce Homo georgicusa été proposé. Mais cette idée n’est pas consensuelle, certains préférant les dénommer early Homo. Si des caractéristiques paraissent assez primitives et voisines de celles d’Homo ergaster, une des mandibules, avec son arcade dentaire complète, s’inscrit assez bien au sein de la variabilité de fossiles plus récents, tels l’Homo sapiens archaïque.
Les premières traces d’une présence humaine en Europe proviennent d’Espagne. En effet, dans la région andalouse, dès 1983, est annoncée la découverte de plusieurs fossiles humains : tout d’abord, un fragment d’occipital daté d’environ 1,6 million d’années, mis au jour dans le gisement de Venta Micena (province de Grenade). Puis, un peu plus tard, une phalange de la main et deux fragments d’humérus un peu plus récents (de 1,1 à 1,3 million d’années) provenant du site voisin de Cueva Victoria (province de Murcie). Par la suite, le fragment crânien sera plutôt rapporté à un équidé, tandis que d’autres restes correspondraient à des os longs de carnivores. Toutefois, dans la région d’Orce, la poursuite des recherches à l’extrémité orientale de la dépression de Guadix-Baza a permis la découverte, au bord d’un lac, de deux gisements datés de près de 1,2 million d’années : l’un, Barranco Leon, est situé au débouché d’un cours d’eau aujourd’hui intermittent ; l’autre, Fuentenueva 3, est localisé sur une plage et est mieux conservé. Ces deux sites ont livré aux chercheurs une riche faune de grands herbivores (équidés, bovinés, cervidés, éléphant, hippopotame) et un abondant matériel lithique indiscutablement d’origine humaine. Il s’agit essentiellement d’éclats obtenus au percuteur de pierre, de nucléus, de quelques rares pièces retouchées (façon particulière de ré-aviver les tranchants des outils) et de nombreux blocs ou galets collectés de l’environnement immédiat.
Le plus vieux fossile européen incontestable est une dent humaine découverte en 2006 dans l’un des karsts de la Sierra de Atapuerca, près de de Burgos (nord de l’Espagne), dans le gisement de la Sima del elefante. Il s’agit d’une prémolaire inférieure usée, appartenant à un adulte, qui proviendrait d’un niveau âgé de près de 1,2 million d’années.
D’autres gisements en Europe ont livré des objets lithiques rapportés à une activité humaine, même si la nature anthropique de beaucoup d’entre eux, et même leur position chronologique sont souvent contestées : Chilhac III, en Haute-Loire (autour de 1,5 million d’années) ; le Vallonnet dans les Alpes-Maritimes (entre 1,1 million et 900 000 ans) ; Monte Pogglio en Italie, près de Bologne (entre 1,3 million et 730 000 ans)...
Toujours à Atapuerca, le gisement de la grande doline possède une véritable séquence stratigraphique avec plusieurs occupations humaines. De 1994 à 1996, le niveau TD6 (Aurora stratum), datant de 857 000 à 780 000 ans, a livré une centaine de restes humains, représentant six individus différents, qui étaient associés à 268 vestiges lithiques, dont des pièces retouchées, ainsi qu’à des ossements animaux. Parmi tous les fossiles humains, un fragment de massif facial supérieur d’un sujet immature et un morceau de mandibule appartenant à un autre individu, avec une morphologie primitive, ont permis de proposer la création d’une nouvelle lignée humaine,Homo antecessor. Selon ses inventeurs, elle serait antérieure à Homo heidelbergensiset aussi à Homo sapiens. Si cette hypothèse n’a pas été acceptée de façon consensuelle, la découverte, dans le même niveau en 1997, d’une hémi-mandibule gauche a démontré l’importante variabilité morphologique d’Homo antecessor. En 1994, dans le gisement de Ceprano (centre de l’Italie), a été trouvé un crâne incomplet, très fragmentaire et sans mandibule, d’un homininé supposé adulte. Le spécimen provient d’un niveau âgé de près de 700 000, voire 800 000 ans. L’appartenance à une nouvelle famille humaine, Homo cepranensis, d’abord proposée, a été ensuite invalidée. Le fossile présente des caractères qui le rapprocheraient de sujets généralement rapportés au groupe d’Homo erectus africain. Sa capacité crânienne est de 1 057 cm3.
Entre 1,2 million d’années et 550 000 ans, l’Europe semble n’avoir été fréquentée que de façon sporadique. Dans tous les gisements, l’outillage lithique, que certains qualifient d’oldowayen (période antérieure à l’Acheuléen), est composé d’éclats bruts, de nucléus et de quelques rares pièces retouchées. De plus, les galets aménagés sont rares (sauf sur certains sites comme Monte Poggiolo en Italie et le Vallonnet en France). Cet équipement contraste avec celui que l’on trouve à la même période au sud de la Méditerranée, notamment au Maroc. Là, les bifaces dits acheuléens, qui n’apparaissent en Europe que bien plus tard, sont déjà présents. Comment expliquer cette différence ? Deux hypothèses s’opposent à nouveau. La première considère que les plus vieux Européens seraient les descendants d’homininés ayant quitté l’Afrique et colonisé l’Asie. Ils seraient arrivés en Europe en suivant les migrations d’espèces animales asiatiques mises en évidence durant cette période. Selon la seconde hypothèse, ces industries sont aussi acheuléennes. L’absence de son outil caractéristique, le biface, serait liée soit à la rareté des objets lithiques découverts, soit aux contraintes physiques des matières premières disponibles (dimensions, qualité).
Vers 550 000 ans commence l’occupation permanente de l’Europe. Elle est l’œuvre de groupes acheuléens qui occupent d’abord le sud de régions soumises, lors des phases glaciaires, aux phénomènes périglaciaires liés à l’extension de la banquise. La rareté des sites à bifaces à l’est de l’Europe et en Turquie semble indiquer qu’ils viendraient d’Afrique. Les voies de passage, que sont le détroit de Gibraltar ou ceux qui séparent la Tunisie de la Sicile, pourraient avoir été empruntées. Ces groupes amènent avec eux la panoplie complète de l’outillage qui les caractérise : bifaces de formes variées, parfois à section triangulaire, hachereaux sur éclats, production de grands supports, outillage retouché plus abondant et diversifié. Les plus anciennes occupations sont signalées dans le sud de l’Espagne, à Cortes de Baza, ou de l’Italie, à Isernia la Pineta dans le bassin de Venosa. En quelques dizaines de milliers d’années, les sites deviennent nombreux et diversifiés. Dans le sud de l’Europe, ils sont souvent localisés sur les terrasses anciennes des grands fleuves comme le Gadalquivir, le Tage et l’Ebre en Espagne, ou encore la Garonne en France, les plages (Terra Amata dans les Alpes-Maritimes) ou des grottes (Caune de l’Arago dans les Pyrénées-Orientales). Les hommes exploitent principalement les galets de roches métamorphiques (principalement la quartzite). Plus au nord, les installations se font toujours aux abords ou sur les gîtes de matières premières lithiques, le silex des terrasses ou des bancs de craie, comme en Charentes, dans la vallée de la Somme ou en Angleterre.
Pour cette période, les fossiles humains restent rares. Le site de Boxgrove, situé à l’ouest du comté du Sussex (Angleterre) et daté entre 524 000 et 478 000 ans, est connu pour sa richesse en vestiges lithiques (dont des bifaces) et de faune (grands herbivores exploités par les hommes). Il a livré (site Q1/B), en 1993, un tibia humain et, en 1996, deux incisives d’un même sujet. Les dents sont encore inédites et le tibia, assez grand, devait appartenir à un adulte de près de 1,80 m. C’est un ossement robuste et puissant qui est rapporté à un membre du genre Homo