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Princesse un jour… Princesse, toujours ? n’est ni un livre pour enfant ni un conte de fées, bien qu’il mette en scène une princesse qui rencontre un prince charmant, même si ce dernier n’a pas de titre nobiliaire. Cependant, l’histoire est réelle, et les cadavres ne se relèvent pas à la fin de la scène. Les « méchants » ne font pas semblant d’être méchants, les secrets peuvent être dévoilés, et les fins peuvent ne pas être ce que l’on attend. Et si vous le lisiez ?
À PROPOS DE L’AUTRICE
Annie Servant, auteure reconnue, s’est vu décerner de nombreux prix littéraires et a déjà publié une vingtaine de livres. Son écriture explore différents genres littéraires, allant de la poésie au roman, et se distingue par un style soigné et élégant.
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Seitenzahl: 121
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Annie Servant
Princesse un jour…
Princesse, toujours ?
Roman
© Lys Bleu Éditions – Annie Servant
ISBN : 979-10-422-0322-1
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.
Cette histoire est une fiction imaginée par l’auteure. Toute ressemblance avec des personnes ou des faits existants ou ayant existé ne serait que pure coïncidence.
Encore une matinée de perdue. Je me demande bien pourquoi je continue à venir à ces sélections.
Claquer rageusement la porte du bureau de la directrice de l’agence de casting derrière moi soulagea un peu ma mauvaise humeur.
Et tant pis si ça ne plaisait pas à cette personne si imbue de son importance comme son attitude l’avait souligné. De même que l’indiquait également la taille démesurée de la pièce dans laquelle elle recevait les postulants au rôle qui les propulserait – si, par chance, le choix de la dame en question se portait sur eux – au panthéon du septième art. Ou, à tout le moins, leur permettrait de voir leur nom figurer au bas du générique d’un film ou d’un téléfilm. Aujourd’hui, c’étaient des jeunes femmes qui étaient en lice pour se procurer ce fameux sésame ; dont moi justement. Des affiches de productions célèbres ou cultes étaient accrochées aux murs de l’endroit comme des trophées de chasse. Quelques-unes de celles-ci avaient été réalisées à une période si ancienne qu’on pouvait raisonnablement douter de la participation réelle de l’occupante des lieux à leurs tournages. Certainement pour elle une énième façon de flatter son ego ou de magnifier l’importance de son agence.
Peu importe si cette personne n’appréciait pas mon geste de mauvaise humeur et si ça gâchait mes chances de décrocher ce rôle. Quoique, si je me fiais à ses dernières paroles, ça ne devrait rien changer. Ou alors, elle baisserait encore plus dans mon estime si elle tenait compte de ce genre de détail. Estime qui n’était déjà pas si haute.
Il faut dire que lorsque j’étais entrée dans son bureau, la dame en question n’avait même pas daigné saluer la jeune fille – en l’occurrence moi – qui venait de pénétrer dans son « antre », avant de réciter le début d’un texte qu’on pouvait supposer appris par cœur et destiné à être vraisemblablement seriné un certain nombre de fois au cours de cette journée.
À ce moment précis de son discours, elle s’était interrompue pour lever les yeux de la liste sur laquelle elle venait de cocher une case et me toiser, comme si c’était elle la princesse en question et celle qui lui faisait face une servante quelconque. Plus que quelconque certainement. Une servante à laquelle elle n’avait pas non plus daigné offrir un siège. Comme il se doit dans ce cas de figure. Puis, elle m’avait longuement regardée, détaillant mon visage, ma tenue vestimentaire, recherchant les éventuels défauts. Qu’elle ne pouvait manquer de trouver ; je ne suis pas parfaite. Qui l’est d’ailleurs ? Au bout d’un moment que j’avais jugé interminable, elle s’était raclé la gorge et avait enfin condescendu – le mot n’est pas trop fort vu la façon dont elle s’était exprimée – à m’adresser la parole.
J’avais obtempéré, par habitude, tout en fulminant intérieurement.
Encore un rôle de princesse. Comme si je n’étais pas capable de jouer un autre personnage ! Comme si je n’avais pas suivi des cours pour apprendre à interpréter toutes sortes d’individus différents justement ! Mon oncle s’est bien gardé de me prévenir quand il m’a inscrite à ce casting. Il avait parlé d’une meurtrière. Un second rôle dans un film à gros budget. Dont le metteur en scène serait une pointure ! Du grand n’importe quoi, comme d’habitude ! Je ne suis même pas sûre qu’il connaisse son nom au réalisateur. Plutôt du contraire. Il m’envoie toujours à des castings sans rien vérifier avant. À sa décharge, les annonces ne sont pas toujours explicites. Mais c’est son boulot de contrôler. Un second rôle, tu parles ! Et une princesse ! Encore une ! Et sûrement pas une femme moderne qui prend des décisions, qui a la chance de débiter un texte intelligent. Pas une héroïne originale qu’il faut créer de toutes pièces pour lui donner une chance de s’imprimer dans la mémoire des spectateurs. Comme l’a fait Johnny Depp avec le capitaine Jack Sparrow. Je te parie que c’est encore un personnage de potiche, bien habillée, super pomponnée, censée sourire béatement au roi, ou au prince, ou à la « cour », sans ouvrir la bouche, sauf pour acquiescer à tous leurs propos ! De nouveau un rôle de bécasse qui passera des heures entre les mains de la couturière et de la coiffeuse pour apparaître avec une grimace figée sur les lèvres dans une seule scène ! Voire deux si j’ai de la chance. De la figuration, ni plus, ni moins. Pfft ! C’est pas avec ça que j’aurai mon César ! Super Oncle Marc, je suis sûre que tu le savais ! Tu n’as pas osé me le dire en face, espèce de lâche. Je crois que c’est la dernière fois que je suis tes suggestions et que je me rends à un casting sans lire l’annonce auparavant de mon côté. J’aurais dû me méfier. Ce n’est pas comme si tu ne m’avais jamais raconté de mensonges !
Entretemps, la dame avait continué à me scruter en silence. Puis, elle avait hoché la tête ; un geste qui aurait pu passer pour une approbation.
Elle s’était penchée, scrutant mon visage et marmonnant assez fort pour que je l’entende.
Puis elle avait repris d’une voix plus normale.
Elle ne put cacher son étonnement devant le nombre inscrit sur le document que j’avais remis à sa secrétaire.
Eh oui, ma Chère, j’ai incarné sept fois une princesse ou son équivalent. Personnage de conte de fées ou altesse dans des films de série B. De série D ou F pour être honnête, vu le peu de retentissement de ces productions. N’empêche, c’est te dire si j’ai de l’expérience pour ce rôle. D’ailleurs si tu veux la vérité, je n’ai jamais véritablement joué autre chose. Il paraît que c’est la faute de mon physique. Trop lisse, trop conventionnel, trop… Trop je ne sais plus quoi, mais trop… Enfin, c’est ce qu’on me raconte le plus souvent. Et c’étaient des rôles secondaires ; vraiment secondaires. N’importe, mon nom est quand même apparu au générique de ces films. D’accord, en lettres minuscules, tout à la fin, mais ça, je ne suis pas obligée de le préciser dans mon CV.
Intéressant ! Évidemment que ça l’est ! J’ai une bonne connaissance de ce type de personnage, on ne peut le nier ! Depuis le temps que je joue les filles de roi au cinéma, je serais capable de donner des leçons de maintien à la Princesse de Galles ou à celle de Monaco ! C’est pas pour rien que ma mère m’appelait sa « petite altesse ». Elle, par contre, n’était pas née sous une bonne étoile. Ça non ! C’est le moins qu’on puisse dire ! Sans mauvais jeu de mots ! Elle ne méritait pas de porter ce nom ! Qu’elle ait choisi d’oublier la réalité plutôt glauque pour se réfugier dans un monde de contes de fées avec son enfant, ce n’était pas si surprenant. Toutes ces années à me raconter leurs histoires, à m’expliquer comment leur ressembler à ces héroïnes. Bravo Maman, ta fille a bien assimilé tes leçons ! D’accord, je n’aurais peut-être pas dû citer le film de Spielberg. Ma scène a été coupée au montage, mais a priori cette nana semble l’ignorer. Tant mieux ! Et puis, zut ! Je l’ai vraiment jouée cette séquence ; je ne lui raconte pas des sornettes.
Ne pas me mentir ! Que quelqu’un ne me mente pas dans le milieu de ces recruteurs, ce serait une première !
Là, elle s’était interrompue et fendue d’un sourire, comme satisfaite de ce qu’elle considérait comme un trait d’humour. J’avais ébauché une mimique de complaisance en retour ; je sais être hypocrite quand il le faut. La Dame avait paru apprécier et avait continué, sur un ton beaucoup plus aimable.
Bien sûr que je vais attendre, car j’aurais bien besoin du salaire promis. Quelle est son expression déjà à Oncle Marc ? Ah oui, ne refuse aucun rôle, même ceux qu’on qualifie d’alimentaires. Un rôle alimentaire ! Jolie formule ! Surtout ne pas oublier que chaque fois que je décroche un rôle – même tout petit –, ce sont quelques pièces sonnantes et trébuchantes qui tombent dans son escarcelle à lui aussi. Et parfois, pas que des pièces… Je me suis toujours demandé comment il avait obtenu sa licence d’agent artistique. Il faut un diplôme pour ça ? Ou le parrainage de personnes respectées dans la profession ? Ça, ça me paraît plus discutable. En fait mieux vaut que je ne le sache pas. Encore une de ses satanées combines vraisemblablement. Mais, comme c’était pour m’aider à l’époque, je ne peux pas le lui reprocher. Ce serait de l’ingratitude. Après tout, il est loin d’être mauvais pour ce job. Il lit les annonces et me transmet les renseignements.
Allez, ma Grande, ne la provoque pas. Flatte son orgueil. C’est ce qu’elle attend de toi… Cache ton agacement… Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour décrocher un boulot !
Aïe ! Si c’est vraiment si facile, pourquoi demander des références dans son annonce ? Pour justifier sa commission ? Donc bien un rôle de potiche. Super !
Génial ! Rien qu’une journée de tournage ! Enfin, vu l’état actuel de mes finances, j’aurais quand même intérêt à accepter.
C’est qui ces trois-là ? Jamais entendu parler d’eux. Quoique, Charles Martaul, ce ne serait pas celui qui a eu, l’an dernier, le César du meilleur espoir ? Si c’est bien lui, ça pourrait être intéressant. Il est plutôt beau garçon si l’on en croit la photo parue à l’époque dans les journaux. Tu t’étais même dit que sortir avec ce type d’homme, ce serait… Pas le moment de penser à ce genre de choses ma vieille ! Cette nana attend que tu sois impressionnée ; alors, joue le jeu. Fais l’actrice.