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Léana, jeune maman d’une petite fille, se débat tant bien que mal pour remonter la pente. Son compagnon a rompu avec elle, l'abandonnant avec leur enfant. Elle essaie de s'en remette du mieux possible. Cependant, l’arrivée de nouveaux voisins, très gentils mais un peu envahissants, et des visions terrifiantes qui s’amplifient depuis quelques temps la perturbent. Elle sent bien qu'il se trame quelque chose. Mais quoi ? Léana fera tout pour protéger les personnes qu’elle aime, y réussira-t-elle ?
À PROPOS DE L'AUTEURE
Emilie Remissonnel aime lire et apprendre de la vie de tous les jours. Elle est passionnée par l’écriture et l’imaginaire. C’est un outil dont elle se sert pour s’évader et oublier les soucis du quotidien.
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Seitenzahl: 341
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Emilie Remissonnel
Prophétie des quatre saisons
Roman
© Lys Bleu Éditions – Emilie Remissonnel
ISBN : 979-10-377-7518-4
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.
À ma fille Marie, mon trésor, ma fierté,
Je t’aime de tout mon être…
À ma grande sœur Sandra, ma meilleure amie, ma moitié…
À ma nièce Marion, ma chérie…
À ma tante Danièle…
Je vous aime très fort, vous êtes ma force,
mon soutien, mon inspiration…
J’ai mal au plus profond de mon être, je souffre. J’ai la sensation d’un poids qui s’appuie sur ma poitrine, et cette sensation de suffoquer ne me quitte plus depuis ces dernières semaines. D’ailleurs, j’ai l’impression que ça s’amplifie. Cette souffrance psychologique et physique. Ce mal être interminable qui me donne envie de mourir par moment me détruit de l’intérieur. Parfois, j’ai juste envie de ne plus souffrir, de mourir puis je me ressaisis car malgré tout, j’essaie toujours de rester optimiste. Je le dois pour ma fille, ma princesse, la prunelle de mes yeux ainsi que pour ma sœur et ma nièce. Cependant en ce moment, cela reste très difficile même si je prends sur moi pour sourire et faire celle pour qui tout va bien devant les autres. À cet instant précis, je suis allongée sur mon lit, l’oreiller bloqué de mes bras et ma tête posée dessus. Mes larmes ne cessent de couler, la taie d’oreiller est trempée, je sens l’humidité sur mon visage. Je tremble et sanglote sans pouvoir m’arrêter, c’est mon quotidien tous les soirs lorsque je suis seule dans ma chambre. Et en ce moment, je suis de plus en plus seule, l’homme que j’aime est aux abonnés absents, il préfère sortir tous les soirs jusque très tard, voir jusqu’au lendemain pour être avec ses amis et collègues plutôt qu’avec sa fille et moi, lui, qui, il y a quelques mois encore m’avait fait livrer un magnifique bouquet de roses rouges le jour de mon anniversaire avec une carte où il était écrit :
« Joyeux anniversaire ma chérie. Je t’aime… »
Aujourd’hui, il ne me regarde plus, ne me parle plus, il m’ignore complètement. Au fond, je n’arrive pas à l’accepter mais il ne m’aime plus. Comment avons-nous pu en arriver là ? En quelques mois ? J’essaie de comprendre mais je ne sais pas. Je ne sais plus… Je ne comprends pas comment son amour pour moi a pu se transformer en une indifférence totale. Et ça fait extrêmement mal.
Je sais que je ne suis pas parfaite, d’ailleurs personne ne l’est. Des erreurs j’en ai fait et j’en ferais encore, je me suis remise en question sur tout ce qu’il m’a reproché. Je sais qu’il a raison sur quelques points, je fais tous les efforts nécessaires pour avancer et lui montrer que je l’aime de tout mon cœur. Malheureusement, lui à l’inverse est devenu de plus en plus distant, et même complètement indifférent. Et cette indifférence me tue à petit feu, cette souffrance ne me quitte plus. Elle est en moi jour et nuit, cette impression de suffoquer à chaque instant, de perdre mon oxygène.
Parfois, je crois déceler du mépris dans son regard, est-ce devenu à ce point ?
Je ne sais pas…
Mais il n’y a plus moyen de communiquer, lorsque j’essaie de discuter avec lui, il répond juste « oui » ou « non », ou bien il ne prend même plus la peine de me répondre. Et moi comme la reine des connes, je continue de tout faire pour que notre couple se relève et soit plus fort !
Pourquoi ?
Parce que je suis une optimiste ! Parce que l’espoir fait vivre ! Ou alors parce que je suis vraiment conne !
Je continue de vouloir aller vers lui, même si dans un sens, je vois bien qu’il essaie de me faire comprendre que je ne l’intéresse plus. J’ai l’impression que devoir me parler est devenu un fardeau, que me voir le dégoûte. Et je me demande alors pourquoi continue-t-il à revenir à la maison ?
Pourquoi revient-il dormir avec moi ? Dans notre lit ? Pourquoi ?
Si vraiment c’est fini pour lui, dans ce cas pourquoi ne me le dit-il pas honnêtement ?
Pourquoi ne part-il pas ?
Pourquoi, il ne me quitte pas dans ce cas ?
Je me dis alors qu’il y a peut-être encore une lueur d’espoir pour qu’il revienne vers moi et me dise que c’était une mauvaise passe mais qu’il m’aime toujours. Et je me raccroche à ça ! Au fait que s’il revient c’est qu’il y a peut-être encore de l’espoir pour nous deux ! Pour nous trois… Pour notre famille. Parce que notre fille se demande de plus en plus pourquoi elle ne voit plus son père.
Dans ces moments-là, tout ce que je réussis à lui dire c’est que son papa a beaucoup de travail. Je ne veux pas qu’elle pense qu’il l’a abandonnée. Et malgré tout le mal qu’il me fait, je continue de l’aimer. L’aimer sincèrement de tout mon cœur et de lui pardonner. Du moins, j’essaie de tout mon cœur car on m’a toujours dit que pardonner c’est avancer ! Et je veux avancer. Je veux me relever et devenir encore plus forte, ce que je vais essayer de faire. Mais pour l’heure, tout ce que je réussis à faire, c’est pleurer à mes heures de solitude et tenter de cacher ma peine au monde entier. L’amour est plus fort que tout, c’est vrai.
Je reste là, sur mon lit inerte, les sanglots et les tremblements se sont arrêtés. Je tends l’oreille, mais je n’entends rien. Emma dort dans sa chambre, je fais de mon mieux pour qu’elle ne me voit pas dans cet état pathétique. Seule ma sœur est au courant, je n’ai pas pu le lui cacher… Elle me connaît par cœur, et nous avons toujours eu ce lien invisible entre nous qui nous permet de sentir les émotions l’une de l’autre. Cependant, je ne veux pas l’embêter plus que nécessaire. Son divorce date de deux ans, et elle a aussi ses propres problèmes, comme tout le monde. Même si je sais pertinemment que si je lui dis ça, je vais me faire remonter les bretelles car elle sera toujours présente pour moi. Sarah a trois ans de plus que moi mais c’est comme si nous étions jumelles. Je suis sa force, elle est la mienne. Depuis le décès de nos parents, il y a quelques années, elle a toujours veillé sur moi et moi sur elle.
Je lève les yeux vers le plafond, je me sens seule. Mon corps ne bouge plus, je le sens lourd et pesant. Mes yeux sont devenus secs et je renifle de temps en temps. Un léger mal de tête commence à se faire sentir. Je tourne la tête pour voir l’heure, il est 4 h du matin, il n’est toujours pas rentré. Hier, c’était 2 h, et encore avant c’était 5 h du matin. Je me retourne et ferme les yeux, j’ai tellement pleuré qu’ils me piquent. Je finis enfin par m’endormir.
Lorsque je me réveille, je sens à nouveau un léger mal de tête s’installer. Je regarde l’heure, il est 10 h et je vois qu’il n’est pas rentré de la nuit. Une douleur intense me transperce à nouveau la poitrine, cela fait quelques jours que cette douleur s’accentue. Je ne pensais pas qu’avoir le cœur brisé faisait aussi mal que ça ! Je tente de me lever doucement, j’ai la tête qui tourne encore. Ces crises se sont déclenchées il y a quelques jours.
— Oh non… ça recommence !
Je ferme les yeux pensant que cela va atténuer ces étourdissements, mais des images affluent une nouvelle fois. Cela me donne l’impression d’avoir comme des flashs. Tout se passe si vite que je ne comprends pas tout.
Je me sens aspirée dans une forêt aux allures lugubres qui, soit dit en passant, me donne la chair de poule. Des bruits ressemblant à une fin apocalyptique se font entendre me déclenchant un frisson glacial tout le long de mon corps. Je m’avance, tentant de trouver la sortie et me dirige vers des flashs de lumière. Des personnes que je ne reconnais pas car leurs visages restent flous m’appellent et tout autour d’eux, se trouvent des gens qui se battent.
J’ouvre les yeux, mon cœur tambourinant comme s’il était sur le point d’exploser. Je laisse tomber ma tête dans mes mains tout en essayant de comprendre.
— Mon Dieu… Qu’est-ce que cela signifie !
Au bout d’un moment, je réussis à me lever, j’ai toujours autant mal dans ma poitrine. Je me dirige dans la salle, Emma regarde tranquillement la télévision avec son bol de céréales. Elle est si belle ma princesse, du haut de ses dix ans, c’est ma plus belle réussite.
— Bonjour ma princesse ! lui dis-je avec mon plus beau sourire, enfin je l’espère.
Elle relève la tête vers moi et me fait son magnifique sourire en retour. Ses yeux bleus scintillent de mille feux en me voyant, une sensation de paix et d’amour m’enveloppe et ses yeux me rappellent la vue de l’océan étincelant sous les rayons du soleil.
— Bonjour maman !
Elle plisse les yeux et me demande :
— Ça va, maman ?
— Oui, mon cœur…
— Tu es sûre ?
— Oui, ça va… Je vais aller me laver.
— D’accord maman ! Papa n’est pas rentré encore cette nuit ?
Une violente douleur me transperce de part en part charcutant mon cœur déjà meurtri. Je fais de mon mieux pour lui sourire.
— Non, il avait encore du travail…
Elle me regarde sceptique.
— Hum…
— Tu as fini de déjeuner ? dis-je afin de changer de sujet de conversation.
— Oui, maman, tu veux que je te prépare le tien ?
— D’accord…
Je fais demi-tour et me dirige vers la salle de bain, retire ma nuisette noire à dentelle transparente que je me suis achetée dernièrement pour tenter de lui plaire à nouveau.
— Pfff ! Cela n’a servi à rien ! Il ne me regarde plus ! J’ai usé de l’argent pour rien !
Je fais couler de l’eau chaude et me place dessous, je me sens apaisée quelques instants. Je ferme les yeux et de nouvelles images me parviennent, cette fois, ce sont de magnifiques paysages, une prairie verdoyante remplie de fleurs dont de magnifiques roses blanches. Puis une sublime cascade. J’ouvre à nouveau les yeux, ces images sont d’une beauté époustouflante.
Ma sœur et moi avons toujours eu un don de voyance d’aussi loin que je me souvienne, don venant du côté de notre père. Mais généralement, mes visions sont nocturnes, ce sont mes rêves. Cependant, depuis quelque temps, les visions, que j’ai, sont de plus en plus fortes et je les ai également pendant la journée.
— Hum, je devrais en parler avec Sarah…
Une fois lavée, je m’essuie et m’habille. Je prends un jean dans mon placard et un haut à dentelle noir. Je regarde ma penderie, j’ai tout changé afin de plaire à nouveau à Julien. Il m’a reproché de me laisser aller, de ne plus être féminine, il avait peut-être raison ! Du coup, j’ai tout viré et racheté plein de nouvelles choses. Mais je vois aujourd’hui que cela n’a servi à rien du tout.
Je rejoins ma fille dans la cuisine, celle-ci m’accueille en me prenant dans ses bras.
— Tu sais maman, je ne veux pas que tu me mentes…
Surprise de ses paroles, je sursaute et la regarde.
— Pourquoi tu me dis ça tout à coup ?
— Parce que je sais…
— Tu sais quoi, ma chérie ?
Elle baisse ses yeux et me dit d’une petite voix :
— Je sais que si tu pleures toutes les nuits dans ta chambre c’est à cause de papa…
Aucun son ne sort de ma bouche, je la regarde incrédule. Anéantie par ses paroles. Elle me fixe de ses beaux yeux bleus et continue :
— Je n’aime pas te voir malheureuse, maman…
« Je pensais avoir fait de mon mieux pour lui cacher… Mais… Il semblerait que je n’ai pas réussi ! »
Elle me regarde d’une manière si intense que j’ai la sensation de voir la mer bouger dans ses yeux.
— Si papa ne veut plus de nous… Laisse-le partir…
— QUOI ?! dis-je d’une voix stridente.
— S’il te plaît maman, ne me mens plus… me dit-elle d’une voix suppliante.
Des larmes coulent sur mes joues, je reste sans bouger quelques instants afin de digérer les vérités sortant de la bouche de mon bébé de dix ans. Moi qui voulais lui cacher la vérité pour qu’elle ne souffre pas… Je crois que j’ai encore tout foiré.
— D’accord chérie… Je ne te mentirais plus… Promis.
Elle me serre contre elle tout en me disant :
— Je t’aime maman…
— Moi aussi je t’aime mon cœur…
— Et on restera toujours ensemble…
— Oui, ma princesse.
Ses paroles me font l’effet d’une claque, et un déclic se fait au plus profond de moi…
« Je dois remonter vite fait… »
« Je ne dois pas me laisser aller… Ma fille a besoin de moi ! »
— Regarde, je t’ai préparé des biscottes beurrées avec de la confiture de framboise. Et un bol de café au lait…
— Merci mon cœur…
— De rien maman chérie !
Je lui fais un grand sourire, elle est ma fierté, ma plus belle réussite !
— Dis maman…
— Oui chérie !
— Je peux aller jouer la journée chez Maya ?
— Si ses parents sont d’accord, pourquoi pas ?
— Super !
Elle me saute au cou pour me faire un câlin et me fait un gros bisou sur ma joue avant de courir chercher le téléphone en criant :
— Je l’appelle…
Quelques minutes plus tard, Emma revient, tout sourire et me dit :
— Sa maman vient me chercher dans environ quinze minutes… Tu es d’accord ?
— Ok ma belle, mais sage !
— Bien sûr maman ! Je vais me préparer !
Quelques minutes plus tard, la sonnette retentit, j’ouvre la porte et la maman de maya me dit bonjour. Je discute quelques instants avec elle, puis ma fille m’embrasse.
— À ce soir maman ! Je t’aime comme l’infini !
Je souris et lui réponds :
— À ce soir mon cœur… Je t’aime également à l’infini.
Je retourne dans ma penderie pour prendre ma petite veste de moto en cuir noire. J’ai envie de sortir, plutôt que rester ici à attendre et à pleurer… Autant que je sorte un peu, cela devrait me faire du bien ! Je mets mon portable ainsi que mon portefeuille dans ma poche et prends mon casque. Je sors, ferme la porte et vais ouvrir la barrière. Je regarde la maison d’en face et vois de nouvelles têtes, il y a deux jeunes femmes brunes et deux hommes, un grand blond et un grand brun. Ils ont l’air d’avoir mon âge, ils me fixent tous les quatre. Je me sens mal à l’aise, j’aime rester discrète, je souris timidement et me retourne afin de me diriger vers ma moto. Je mets le moteur en route, le doux bruit du moteur me procure un bien être temporaire, Julien m’a fait découvrir la moto dès le début de notre relation, et j’avoue que maintenant, j’adore faire des balades. Bien que nos balades en amoureux me manquent. Je chasse les larmes qui commencent à couler, secoue la tête, et mets mon casque. Je vois Bella arriver en courant vers moi, un magnifique berger des Pyrénées. J’ai toujours rêvé d’avoir un chien comme dans Belle et Sébastien. Et il y a deux ans, Julien m’a fait une magnifique surprise pour mon anniversaire, un chiot ! Depuis, Bella est dans ma vie !
— Oui ma Bella… Je reviens tout à l’heure !
Je la caresse quelques minutes puis je monte sur ma moto et sors de ma cour. Je descends fermer la barrière puis reviens vers ma moto. Je les vois encore tous les quatre me fixer. Je me demande bien pourquoi ils restent comme ça à me regarder ! Je passe mon chemin sans m’en occuper et me dirige vers la baie de somme pour ma balade. Les paysages sont époustouflants, j’aime cette région. Ma région. Je me gare sur la place de Saint-Valéry-sur-Somme, et marche un peu le long de la berge. Je m’assois sur un banc pas loin d’un vendeur d’amandes grillées. La douce odeur vient jusqu’à moi.
— Hum… ça me donne envie !
Je me lève et pars lui acheter un paquet, puis reviens sur le banc. J’ouvre le paquet, et commence à les manger en regardant le paysage qui s’offre à moi. Il y a toujours du monde qui se balade ici, plein de touristes, je les regarde passer. Il y a des couples, des familles, des personnes seules comme moi. Mon paquet fini, je le mets dans ma poche. Cela fait longtemps que je n’avais pas grignoté comme ça ! Il est vrai que depuis que Julien me fait vivre un enfer avec son comportement, je ne mange presque plus, et en quelques mois j’ai perdu 15 kilos. Je sens mes larmes monter à nouveau en voyant un jeune couple main dans la main, ils se regardent avec ce magnifique regard que l’on a envers la personne que l’on aime. Moi, maintenant tout ce que je vois dans le regard de Julien, c’est de l’indifférence.
« Raah... Léana… Tu dois être plus forte que ça ! Pour Emma… »
Je me rends compte que ma fille lit en moi comme dans un livre ouvert… Et je ne veux pas qu’elle souffre. Je dois me reprendre, être plus forte. Elle est ma vie…
Je tourne la tête, essayant de penser à autre chose, je remarque alors un homme blond qui me fixe un peu plus loin. Bizarrement, j’ai l’impression de l’avoir déjà vu. Il est appuyé contre un arbre, les bras croisés, et continue de me regarder. Il porte un jean bleu, un tee-shirt jaune et une veste en cuir noire. Je détourne les yeux, me sentant à nouveau mal à l’aise. Je ne me sens jamais très bien lorsqu’on me regarde, je préfère rester dans mon coin.
Une douleur intense me transperce de nouveau la poitrine, je souffle doucement, en m’accrochant au banc et espérant que ça passe rapidement. Au bout de quelques minutes, la douleur s’atténue. Je commence à respirer normalement, je lève les yeux et regarde les nuages. Je suis émerveillée par les formes que je vois, les nuages ont la forme d’un ange.
Une colombe blanche vient se poser sur le banc à côté de moi. Elle est magnifique, je la regarde et n’ose pas bouger. Elle me fixe quelques instants puis s’envole.
— J’espère que tu me porteras chance jolie colombe !
Je ferme les yeux et visualise à nouveau de magnifiques couleurs, j’ai l’impression de voir un arc-en-ciel ! Au bout d’un moment, je finis par me lever et me dirige vers ma moto, il est temps de rentrer.
Une fois arrivée à la maison, je me mets dans le canapé et allume la télévision. Bella vient se mettre à mes côtés et pose sa tête sur mes genoux. Je la caresse et regarde le film en même temps. Je finis par m’endormir dans le canapé.
Je suis dans une énorme forêt, je suis poursuivie, je cours aussi vite que je le peux. Je lève les yeux et vois des corbeaux posés sur les branches des arbres. Ils m’observent de leurs yeux rouges. J’ai peur… Je continue de courir. Je cherche désespérément à sortir de cette forêt.
— Léana !
J’entends quelqu’un crier mon prénom.
— Léana !
C’est la voix de ma sœur.
— Sarah !
Je cours.
— Où es-tu ?
Je lève à nouveau les yeux et cette fois je vois une colombe blanche s’envoler, je la suis. Je cours, et arrive dans une clairière, une lumière magnifique baigne ce paysage dans des allures féeriques. Je me sens apaisée instantanément, je regarde autour de moi, plus personne ne me poursuit.
La douce voix de Sarah se fait entendre :
— Enfin te voilà Léana !
Je me retourne et la regarde, elle me sourit.
Je me réveille en sursaut, me demandant où je suis. Je regarde autour de moi, je suis à la maison, dans mon canapé.
« C’était quoi ça ? »
En ce moment, je suis vraiment déboussolée ! Mon cœur bat la chamade, j’essaie de me calmer. Je m’assois. Bella me regarde de ses beaux yeux, la tête penchée. Elle gémit et me lèche la main, comme pour me rassurer. Je la caresse en retour.
Quelques minutes plus tard, j’entends taper à la porte. Je frotte mes yeux et me dirige vers celle-ci pour l’ouvrir. Je me retrouve nez à nez avec un homme blond, les yeux vert émeraude. Il me regarde et me sourit chaleureusement, je sens mon cœur s’emballer à nouveau et son regard m’hypnotise. Je reste là, immobile, sans pouvoir parler.
— Bonjour ! Je m’appelle Alex !
Je lui réponds en bégayant :
— Euh… Bon… Bonjour !
Deux filles et un autre homme apparaissent derrière lui et se présentent à leur tour en me souriant.
— Bonjour ! Moi c’est Lucas, dit-il en souriant.
— Moi c’est Lola ! Et elle, c’est Tania !
— Euh… D’accord. Enchantée !
Je les regarde tour à tour.
— Moi c’est Léana.
Ils me sourient tous les quatre.
— Nous sommes vos nouveaux voisins !
— Ah ! Ok !
— Nous tenions à nous présenter !
— Euh… d’accord !
Le blond aux yeux verts me sourit à nouveau, cela me trouble.
« Ah ! Ne me souris pas comme ça ! »
Me sentant gênée, sans trop savoir pourquoi, je demande la première chose qui me vient à l’esprit :
— Euh… Vous emménagez à deux couples, c’est ça ?
« Sapristi… Léana ! Pourquoi avoir demandé ça ? »
Je peste intérieurement contre moi-même tout en écoutant leur réponse.
— Non, du tout, nous sommes justes colocataires ! me répond l’une des deux femmes.
— Ah ! D’accord.
— Cela peut prêter à confusion mais non ! me dit l’autre femme qui s’appelle Lola.
— Euh… D’accord !
— Nous sommes juste des amis ! Nous travaillons ensemble c’est tout ! continue Lucas.
« En même temps ! Cela ne me regarde pas ! J’ai demandé sans vouloir savoir ! »
— Euh… Ok… Vous faites comme vous voulez de toute façon ! dis-je tout bas.
Je ne sais pas trop quoi dire, et en ce moment, je privilégie beaucoup l’isolement. Quand je ne vais pas bien, j’ai tendance à m’éloigner de tout le monde.
Le bruit d’une voiture se fait entendre, et me distrait. Je regarde, et vois Julien qui se gare devant la barrière. Il descend de voiture, mon cœur s’emballe en le voyant. Il regarde les quatre personnes qui sont devant la porte puis tout en m’ignorant, me donnant encore cette terrifiante et atroce sensation d’être invisible. Il entre dans la maison et se dirige directement vers la chambre. Ma poitrine me fait à nouveau mal, comme si l’on s’amusait à me poignarder le cœur de toutes ses forces. Je dirige instinctivement ma main vers mon cœur et m’appuie contre la porte, je sens les larmes monter à nouveau. Je sursaute lorsque le beau blond pose sa main sur mon épaule, une chaleur intense m’envahit à l’endroit où il a posé sa main, me donnant un peu de réconfort.
— Ça va Léana ?
Je relève les yeux vers lui et remarque de l’inquiétude dans son regard. Je me force à sourire et je lui fais un signe de tête qui veut dire oui, mais il n’a pas l’air convaincu. Il m’attrape fermement sans que je ne puisse réagir et me dirige vers le canapé pour que je m’assoie. Les autres entrent également, Lola attrape un verre qui séchait sur l’égouttoir de la cuisine et le remplit d’eau avant de me l’amener en souriant. Je prends le verre qu’elle me tend et en bois une gorgée. Je le pose ensuite sur la table basse. Une douleur lancinante commence à se faire sentir au niveau de mes tempes. Je masse instinctivement celles-ci afin d’atténuer la migraine qui commence. Je ne me préoccupe même plus des quatre inconnus qui sont à mes côtés. Au bout de quelques minutes, Julien sort de la chambre avec deux sacs de sport. Et là, j’ai le déclic :
« Ça y est ! J’ai compris ! »
« Il a pris sa décision. Il me quitte. Il NOUS quitte. »
« Oh ! Mon Dieu ! Que vais-je dire à Emma ? »
Je le fixe, les larmes coulent sur mes joues. Il ne me regarde même pas. Comme si je n’existais pas… Encore… Il attrape son manteau accroché et se dirige vers la porte toujours avec indifférence.
« Espèce de lâche ! »
Je sens une colère noire monter en moi, électrisant mon corps de la tête aux pieds. Je me lève et l’attrape sèchement par le bras afin de le forcer à me faire face. Il finit par me regarder surpris par ma réaction.
— Tu es lâche au point de prendre tes affaires et partir sans même me regarder dans les yeux ?
Il me fixe sans un mot ouvrant sa bouche en forme de O, tel un poisson globe devant la vitre de son aquarium.
Il reste hébété devant moi sans rien dire et regarde ses chaussures comme un gland.
« Nom de Dieu… Cela ne sert à rien d’être fort comme un chêne, si c’est pour être con comme un gland ! »
« Je ne sais pas de qui est cette phrase, mais à cet instant précis cette citation prend tout son sens pour moi ! »
En ce qui me concerne, je ressens le besoin de vider mon sac.
— Depuis quatorze ans que l’on est ensemble… JAMAIS… NON… JAMAIS je ne t’aurais cru capable de me faire souffrir autant.
Il reste planté devant moi, fixant le sol, bougeant un pied sur l’autre. Le voir ainsi m’énerve encore plus.
— Ces derniers mois ont été un ENFER pour moi !
La colère qui bouillonne en moi ne demande qu’à exploser mais j’essaie de me retenir.
— Te rends-tu compte de la douleur atroce que cela procure d’être complètement ignorée de la personne que l’on aime ? Surtout après s’en être pris plein la gueule sur les reproches ! Reproches qui, soit dit en passant, ne devraient pas être dirigés que pour moi !
Il ne dit toujours rien.
— Et as-tu pensé à ta fille ?
J’essuie mes larmes du revers de ma main puis continue :
— Ton comportement et ton indifférence m’ont détruite de l’intérieur ! Depuis des semaines… J’ai envie de mourir, tellement ça me fait mal !
Je lui hurle ces paroles afin de me soulager enfin. Mes larmes continuent de couler sur mes joues, je me sens désemparée, vide, c’est ça… Une coquille vide.
— Je ne pensais pas que du jour au lendemain, tu réagirais comme ça. Je ne comprends toujours pas… Pourquoi ? Tu as rencontré quelqu’un ? C’est ça ?
Il ne répond toujours pas.
J’ai l’impression que mon cœur est transpercé de bout à bout. J’ai mal… Atrocement mal…
— Je… Je suis désolé ! me dit-il d’une petite voix.
Il continue de regarder ses chaussures, comme s’il avait devant lui le plus beau trésor qui puisse exister. Il est là, tout penaud.
— DÉSOLE ? TU ES DÉSOLÉ ? Mais mon grand, le mal est fait ! Te rends-tu compte de ce que j’ai enduré ces derniers mois ?
Je continue d’hurler comme une hystérique.
— Des excuses que j’ai dû donner à notre fille pour qu’elle ne sache pas quel lâche tu es ?
— Par… Pardon ! Je suis désolé, je ne savais pas comment te dire…
— Te pardonner ?! Triple idiot ! Mais…
J’essuie de nouveau les larmes qui coulent sur mes joues du revers de ma main, ma vision se trouble mais je continue.
— MERDE ! Tu me déçois. C’est tout. Je ne te pensais pas aussi CON !
Je me sens fébrile, je m’appuie contre le mur avant de lui dire calmement :
— Maintenant, va-t’en puisque c’est ce que tu veux !
— Oui… Mais…
— Non… Va-t’en…
— Je…
— C’est fini ! Alors, pars !
J’essaie de ne pas sombrer, et reste appuyée contre le mur, même si tout tourne autour de moi. Je tente de tenir bon.
« Je ne dois pas m’effondrer… Pas encore… Je dois tenir ! »
— Je ne veux plus souffrir !
Il me regarde, je vois de l’hésitation dans ses yeux.
— Pardon, Léana… Je…
Il essaie de s’approcher de moi mais, instinctivement, je recule, levant la main devant moi.
— Je… Je ne voulais pas te faire souffrir.
— Bah… C’est raté !
— C’est juste que… Que je…
Il continue de danser un pied sur l’autre.
— Je ne savais pas… Comment te dire que… Je ne t’aime plus, que tu n’étais plus rien pour moi mis à part la mère de ma fille…
Je lève les yeux vers lui et là, mon monde s’écroule complètement. Je me sens aspirée dans un trou sans fond. Entendre la personne que l’on aime inconditionnellement vous dire une chose pareille… C’est… Un supplice.
« Waouh ! Là… Tu me tues ! Complètement ! »
— De tout ce que tu m’as fait, je crois que ces dernières paroles sont celles qui m’achèvent !
— Je ne savais pas comment te le faire comprendre…
Je lui fais un sourire amer.
— Tu viens de le faire !
Il me regarde quelques instants.
— Pour… Pour Emma…
— Tiens ! Tu te préoccupes de ta fille maintenant ?
Il continue, regardant ses chaussures.
« Ohhh ! Mais elle doit être magnifique cette paire de chaussures ! »
— Je… Je souhaiterais que l’on fasse une semaine sur deux s’il te plaît… Je passerais la chercher vendredi, ça me laissera le temps de bien emménager.
— Si tu le dis !
— Je t’enverrai un message…
— Oh ! Alors tu as encore mon numéro ?!
— Léana…
— Stop… C’est bon… Dégage !
Il ouvre la porte et se dirige vers sa voiture. Je me sens nauséeuse, j’ai ma tête qui tourne et mes jambes se dérobent. Je suis en train de tomber quand quelqu’un me rattrape et me soulève dans ses bras. Une nouvelle fois, je sens une chaleur intense fourmiller le long de mon corps. Je lève les yeux, c’est le beau blond.
« Je crois qu’il m’a dit que son prénom était Alex… »
Il me sourit tendrement une lueur d’inquiétude dans ses yeux et me pose sur le canapé.
— Merci, dis-je doucement, en pleurant.
Alex me fait un clin d’œil et les autres me regardent en me souriant tendrement.
— Nous sommes là pour vous Léana ! me dit Lola.
Je les regarde incrédule.
« Qu’est-ce qu’elle me raconte celle-là ! Elle ne me connaît que depuis une demi-heure ! »
Ils restent encore quelques heures avec moi et essaient de me remonter le moral. Je ne les chasse pas, j’avoue ne pas avoir la force de dire quoi que ce soit. Je ne les écoute même pas, je suis tout simplement dans mes pensées, toutes plus noires que les ténèbres. Lorsque mes voisins repartent enfin chez eux je me lève, me dirigeant sur mon lit. Je finis de pleurer les dernières larmes qu’il me reste en attendant que ma fille revienne.
Mon réveil sonne, j’appuie dessus pour l’éteindre et regarde l’heure, il est déjà 7 h du matin. Je ferme les yeux, le réveil sonne à nouveau dix minutes plus tard.
— MMh…
Je finis par me lever au bout de plusieurs sonneries, j’entre dans la salle de bain je me déshabille puis entre dans la douche. Je reste un moment sous le jet d’eau chaude et ferme les yeux. Une fois lavée je sors, m’essuie et pars dans la chambre pour m’habiller. J’ouvre ma penderie et me décide pour une robe de couleur vert émeraude, une veste tailleur noire et mes petites bottines noires. Je me maquille légèrement et me dirige dans la chambre d’Emma pour la réveiller. Je m’approche doucement de son lit et lui caresse les cheveux en souriant.
« Elle est belle, ma fille ! »
— Bonjour ma chérie… Il est l’heure de se lever !
— MMH…
— Allez, mon ange… Je vais aller te préparer le petit déjeuner… Tu veux quoi ?
— MMH…
— Ah… Désolée… Je ne sais pas ce que c’est !
— MMH… Des céréales…
— Ok… Je te prépare ça…
Je l’embrasse sur le front en lui souriant et me lève.
— Tes habits sont ici… Dépêche-toi, ma chérie…
— Oui, maman…
Je sors de sa chambre et me dirige vers la cuisine pour déjeuner. Je me prépare un cappuccino avec un verre de jus d’orange et deux tartines de pain, beurre, confiture, ainsi qu’un bol de céréales dans du lait avec un verre de jus d’orange pour ma princesse. Je me force à manger pour tenir la matinée. Emma arrive toute rayonnante pour déjeuner. Elle m’embrasse sur la joue en passant.
— Bonjour maman chérie…
Je ne peux résister à lui faire mon plus beau sourire.
— Bonjour mon amour.
Nous finissons de déjeuner en silence, écoutant les informations :
« De nouvelles disparitions de femmes sont malheureusement à déplorer… »
Je sens un frisson glacial remonter le long de ma colonne vertébrale en entendant ça.
« C’est la dixième femme disparue depuis ces trois derniers mois… » continue le journaliste.
Le temps de cligner des yeux et je me retrouve à nouveau dans une forêt lugubre.
Je tourne sur moi-même, il y a une légère brume, ce qui ne m’aide pas à bien distinguer les alentours. Ce qui me choque le plus, c’est qu’il n’y a aucun bruit. J’essaie d’avancer et me retrouve devant une scène toute droit sortie des plus grands films d’horreur. Plusieurs jeunes femmes, allongées sur quelque chose que je ne réussis pas à bien distinguer. Leurs corps ensanglantés et surtout sans vie me donnent envie de vomir. Je lève les mains sur ma bouche tentant de me retenir comme je peux. Je me laisse tomber à deux genoux, tremblante, terrifiée, en pleurs, puis lève les yeux vers le ciel pour voir une pleine lune couleur sang éclairer le macabre tableau.
Je cligne à nouveau des yeux, je suis assise en face de ma fille qui me regarde inquiète. Des larmes coulent sur mes joues, je frissonne et tremble de tout mon être.
— Maman, ça va ?
Emma me regarde avec de la peur dans les yeux, sa main posée sur la mienne. Sa chaleur me réconforte légèrement. Je lui souris.
— Je vais bien chérie.
Elle me regarde sceptique, mais ne relève pas. Elle continue de déjeuner, me lançant régulièrement un regard interrogateur. Je regarde l’heure, me lève, prends mon écharpe, ma veste et mes clés de voiture.
— Prêtes ? Je te dépose à l’école.
— Oui maman.
Emma se lève et prend sa veste ainsi que son écharpe. Se dirigeant vers la porte, elle prend son cartable et se dirige directement vers la voiture. Je vérifie que tout est OK dans la maison et ferme la porte. Je suis presque arrivée à ma voiture quand une voix rauque m’interpelle.
— Bonjour Léana !
Je me retourne et vois Alex qui me sourit, je suis à la fois surprise et troublée.
« Que fait-il là, devant chez moi, à 8 h du matin ? »
Je lui souris quand même.
— Bonjour ! C’est Alex c’est ça ?
— Oui, c’est bien ça !
Il paraît heureux que j’aie retenu son prénom et continue de me sourire chaleureusement. Je ne sais pas trop quoi lui répondre mis à part :
— Ok !
Il me fixe intensément de ses yeux vert émeraude et me lance de but en blanc sans que je m’y attende :
— Vous êtes vraiment sublime !
Je me sens rougir, et souhaiterais me cacher dans un trou de souris ! lui, ne bouge pas et continue de me fixer en souriant.
— Euh… merci ! Si vous le dîtes !
— Je vous le dis…
Il continue de me fixer sans sourciller tout en continuant :
— Et je le pense !
Il reste là sans bouger. Mes clés de voiture dans la main, je dois avoir l’air d’une idiote. Et moi, et bien, je ne sais pas quoi répondre.
— Vous allez mieux ? me demande-t-il.
— Euh… Oui. Merci !
— Si vous avez besoin de parler, ou juste ne pas être seule, je suis là ! Et les autres aussi !
Je ne me sens pas à l’aise avec le fait que ces quatre personnes qui sortent de nulle part sont, soi-disant, présentes pour moi alors que je ne les connais pas !
— Euh… D’accord ! merci !
Je m’avance vers ma voiture, me tourne à nouveau vers lui et continue :
— Mais on se connaît à peine ! Et je ne suis pas suffisamment intime avec vous pour venir vous voir !
— Je comprends.
— Merci !
J’ouvre ma portière tout en le regardant. Il continue de me sourire, des étincelles dans les yeux.
— Cependant, nous pouvons apprendre à nous connaître… me dit-il en me faisant un clin d’œil.
— Euh…
J’ai la désagréable sensation d’avoir le visage en feu, je dévie mon regard vers ma fille qui me fait un grand sourire.
« C’est quoi ça ? »
— N’hésitez pas ! continue-t-il.
Ne sachant pas trop quoi répondre, je reste quelques instants immobile à le fixer de nouveau, puis je secoue la tête et lui dis simplement :
— Euh… Bonne journée.
— Bonne journée à vous aussi !
Je monte dans ma voiture, démarre et pars en direction de l’école d’Emma.
— Il est beau le monsieur… Maman !
Je la regarde dans le rétro, surprise.
— Euh… Oui… C’est certain ! Mais pourquoi tu me dis ça ?
— Bah ! Il a l’air de bien t’aimer…
— Euh… Non… Je ne crois pas !
— Bah si maman… C’est juste que tu ne le vois pas parce que papa t’a fait du mal.
Je sens mes larmes monter.
« Comment une enfant de dix ans peut me sortir des choses pareilles ? »
— Et puis… Tu as le droit d’être heureuse maman… Comme avant que papa brise ton cœur…
— Merci ma chérie… Mais…
— Non, maman, je ne veux plus que tu me mentes… Je suis grande et je sais que tu es malheureuse depuis plusieurs mois à cause de papa.
— MMH…
— Je veux te voir sourire comme avant ! D’accord maman ?
— Pourtant je souris, chérie.
— Oui, tu souris mais pas comme avant maman… Maintenant quand tu souris, tes yeux sont tristes.
— Ah…
— Et je n’aime pas ça maman…
— Je vois…
— Donc ! lui, il peut peut-être te faire sourire comme avant, maman !
Je regarde à nouveau dans le rétro, et elle a le sourire jusqu’aux oreilles, contente d’elle. Je pars à rire, sans pouvoir me contrôler.
— Je verrai pour ne plus avoir les yeux tristes alors…
— Chouette !
Je souris en jetant un nouveau coup d’œil dans le rétro.
Je la dépose devant l’école, lui souhaitant une bonne journée. Je retourne chez moi, dans mon atelier pour travailler.