Religion grecque - Encyclopaedia Universalis - E-Book

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Les caractères dominants de la religion grecque apparaissent d'emblée : il s'agit d'un polythéisme qui s'est enrichi par l'adjonction progressive de nouvelles divinités ; les dieux sont conçus sous forme anthropomorphisée, encore que les traces de vieux cultes animistes de la pierre, de la plante, de l'animal soient visibles dans certaines...

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Veröffentlichungsjahr: 2015

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ISBN : 9782852297432

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

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Religion grecque

Introduction

Les caractères dominants de la religion grecque apparaissent d’emblée : il s’agit d’un polythéisme qui s’est enrichi par l’adjonction progressive de nouvelles divinités ; les dieux sont conçus sous forme anthropomorphisée, encore que les traces de vieux cultes animistes de la pierre, de la plante, de l’animal soient visibles dans certaines personnes divines ; ils sont dotés de mythes d’une exceptionnelle richesse, qui, à partir d’une certaine date (débuts du Ier millénaire ?), forment un ensemble construit ou mythologie.

Cette religion a exercé une influence considérable dans le monde grec, dans la mesure où elle a favorisé l’éveil et l’essor de toutes les formes supérieures de la civilisation, notamment de l’art et de la littérature. Ses séductions se sont ensuite imposées à Rome – et l’on sait aujourd’hui que l’apport de l’hellénisme dans ce domaine y fut précoce –, si bien qu’elle a longuement survécu à l’indépendance politique des Grecs et n’a disparu qu’à la fin de l’Antiquité. Enfin elle a joué, à partir de la Renaissance, un rôle déterminant, au moins par l’intermédiaire de sa mythologie, dans la formation de la conscience occidentale.

Une religion dont les témoignages s’étalent sur plus de deux ou trois millénaires a nécessairement subi des évolutions importantes. Il s’impose de l’étudier chronologiquement pour suivre les étapes de sa genèse et de son développement.

1. La protohistoire religieuse

La religion grecque plonge ses racines dans le passé le plus lointain des hommes qui habitaient la Grèce bien avant l’installation des Grecs vers 1950 avant J.-C.

• La période néolithique et le Bronze ancien

La période néolithique (4500-2600) est d’une importance capitale pour la fixation de cette tradition. L’introduction des techniques de l’agriculture céréalière et de l’élevage en provenance d’Anatolie bouleverse en effet profondément les rapports de l’homme avec la nature. Les nouvelles conditions économiques ont des incidences dans le domaine religieux. L’activité du paysan est faite d’une longue patience ; à la limite, elle peut même paraître absurde, puisque enfouir du grain en espérant qu’il lèvera, c’est d’abord se priver de nourriture immédiate. Une sorte de crainte superstitieuse (en grec thambos, stupeur, mot dont l’étymologie est discutée) devant les grands phénomènes de la nature, dont dépend la nourriture, et donc la survie, n’a pu manquer d’accompagner la révolution économique. Les âmes sont orientées vers l’adoration des puissances surnaturelles qui assurent la fécondité et la fertilité.

Les vestiges religieux les plus nets de la période néolithique – retrouvés dans des tombes et dans ce qui devait déjà être des sanctuaires – sont des idoles, très généralement féminines, qui représentent des déesses au corps puissant, ramenant souvent les bras sur leur poitrine. Ces « Vénus néolithiques », prenant la succession des « Vénus stéatopyges » (aux fesses grasses) de l’époque paléolithique, incarnent les énergies vitales de l’univers ; elles donnent à leurs fidèles la fertilité pour leurs champs, la fécondité pour eux-mêmes et pour leurs troupeaux ; leur protection s’étendant même au-delà du tombeau, elles doivent leur assurer la survie. Les Modernes les appellent Grandes Mères ou Grandes Déesses ou encore Terres-Mères, et il est sûr qu’aux yeux de leurs fidèles elles concentrent en elles les forces infiniment puissantes de la Terre.

Les techniques néolithiques sont arrivées dans les grandes îles de Chypre et de Crète et en Grèce portées par des migrateurs qui venaient d’Anatolie et qui sont aussi responsables de la néolithisation des Balkans, d’où les homologies constatées dans les croyances religieuses de ces zones. Les sites anatoliens de Çatal Hüyük et de Hacilar montrent des agglomérations et des nécropoles importantes, où est bien attesté le culte d’une Grande Mère et de son parèdre mâle, souvent encore représenté sous la forme d’un grand cornu, taureau ou bélier, où sont aussi présents les thèmes de la mère et de l’enfant et des deux déesses mère et fille : au total, une sainte famille que l’on retrouvera, plusieurs millénaires plus tard, dans les mythes grecs des enfants divins (Zeus, Hermès, Apollon, Dionysos...) et de Déméter et Coré.

C’est aussi d’Anatolie que proviennent les migrateurs qui introduisent la métallurgie du bronze et une agriculture plus évoluée cultivant la vigne et l’olivier. Une nouvelle période s’ouvre alors, celle du Bronze ancien (2600-1950), assez terne en Grèce, mais particulièrement brillante dans les Cyclades (notamment à Santorin et à Mélos) où l’on voit apparaître un remarquable art religieux souvent géométrisé auquel on doit ces délicieuses statuettes de déesses nues, dites idoles cycladiques, qui superposent des formes simples (les plus courantes sont les idoles dites en violon). Le Bronze ancien est aussi bien représenté en Crète (période du Minoen ancien), même si l’on n’y constate pas encore l’essor des périodes suivantes. Partout règnent, comme au Néolithique, de Grandes Mères dispensatrices de fertilité, de fécondité et de vie éternelle. Les tombes sont abondamment pourvues d’offrandes, preuve de la vitalité de la croyance en la survie.

• La religion crétoise

En Grèce et dans les Cyclades, les mouvements migratoires des Grecs, qui occupent le pays vers 1950, bouleversent profondément les conditions de vie et la religion. Mais en Crète survit plus longtemps la civilisation des migrateurs anatoliens, puisque l’île n’est conquise que plus tardivement (XVe siècle ?) par les Grecs, et que même la conquête ne la fait pas disparaître. C’est donc dans la Crète du IIe millénaire que nous pouvons nous placer pour étudier au mieux les croyances et les rites des Crétois, dont la religion très évoluée ne sera pas sans exercer une influence profonde et déterminante sur les Grecs eux-mêmes.

Le panthéon crétois montre une très nette prédominance des déesses sur les dieux. Le type de la Grande Mère reste universel, mais la puissance génitrice de la terre est morcelée entre plusieurs divinités qui apparaissent liées soit à des animaux (serpents, oiseaux, grands fauves), soit à des végétaux (plante ou arbre sacré et ses substituts, pilier ou colonne) et qui entretiennent des rapports privilégiés avec le sommet des montagnes (un cachet montre une Grande Déesse entourée de ses lions sur une cime) comme avec la mer (un sceau de Cnossos figure l’embarquement de la déesse et du dieu adolescent).

Les dieux sont rarement représentés sur les documents, mais il ne faut pas en déduire que le panthéon n’en comportait point. Ils peuvent en effet être symbolisés par certains animaux, par le coq et surtout par le taureau qui, dans la tradition du Néolithique anatolien, est en Crète bien autre chose qu’une bête de sacrifice et incarne le principe générateur mâle : les mythes grecs rappelant des souvenirs crétois montrent Zeus enlevant Europe, métamorphosé en taureau, ou les amours taurines de Pasiphaé. Ainsi l’anthropomorphisation des forces divines est moins poussée pour les dieux que pour les déesses.

De nombreux démons entourent les dieux et les servent, tels le « démon à la carapace » qui entretient les plantes sacrées, les Dactyles, compagnons pacifiques de la déesse, et les Courètes, compagnons guerriers du dieu.

Au-delà des figures divines isolées, les groupements que l’on saisit suggèrent toute une théologie. La Grande Mère peut être accompagnée d’une grande fille et d’un petit garçon : ces trois figures constituent une sainte famille, qui est représentée sur un fameux ivoire de tradition crétoise trouvé dans le sanctuaire palatial de Mycènes. Le groupe de deux déesses, mère et fille, préfigure celui de Déméter et de Coré, et il y a de bonnes raisons de croire que la déesse-fille des Crétois était déjà au centre d’un mythe d’enlèvement par le Seigneur infernal, transcription évidente du cycle végétatif ; les mythes de rapt sont en effet fréquents en Crète (Europe, Ariane), et, au surplus, l’autre nom que porte Coré, Perséphone, est d’origine crétoise. Quant à l’enfant divin, il est le fils, puis l’amant de la Grande Mère, suivant de vieilles croyances orientales. Sa vie est traversée de nombreuses embûches, dont il triomphe grâce à divers concours, mais il connaît enfin la mort, puis la résurrection : autre transposition, plus pathétique encore, de la naissance, de la mort et de la réapparition annuelle de la végétation.

Au total, il s’agit d’une religion essentiellement naturiste : elle fait de l’hiérogamie (union sexuelle des dieux) l’acte essentiel qui régénère chaque année l’univers et groupe autour d’une Mère féconde deux personnages secondaires en position de fille et de fils-amant, personnification de la végétation dans l’alternance de la mort et de la résurrection. On ne dira jamais assez tout ce que la religion grecque lui a emprunté.

Le culte de ces divinités est organisé de manière très précise. On distingue deux types de sanctuaires : les uns sont en pleine nature, sur les sommets des montagnes, au bord de la mer ou surtout dans des grottes (les plus fameuses de ces cavernes sacrées sont celle de l’Ida, siège de la naissance de Zeus, où étaient honorés l’enfant divin et sa Mère, et celle d’Amnisos, où l’on adorait Ilithyie et sa mère Héra, couple mère-fille encore). Les autres sanctuaires sont dans les lieux habités, maisons et surtout palais ; ce sont souvent des cryptes, qui rappellent peut-être les grottes. On connaît maintenant des temples, c’est-à-dire des demeures construites pour les dieux, qui sont distinctes des maisons et des palais.

On est assez bien renseigné sur les cérémonies qui prenaient place dans ces divers sanctuaires : les offrandes y étaient surtout végétales, ce qui est normal dans un culte de la fertilité, et les sacrifices sanglants rares, peut-être réservés aux morts. Les sacrifices humains n’étaient cependant pas inconnus. Des processions et de véritables représentations religieuses avaient lieu, comportant des scènes de tauromachie, mais aussi des danses et des concours gymniques, à telle enseigne que l’on a pu y voir les origines du théâtre et des jeux de la Grèce ultérieure.

Les morts sont inhumés dans des monuments de types divers (on voit des tombes circulaires, qui préfigurent les tholoi de Mycènes). Il est certain qu’ils reçoivent un culte, particulièrement important quand il s’agit de personnages princiers. Les Crétois admettent donc la survie, et, dans le cas des détenteurs de la souveraineté, il y a même héroïsation, qui leur permet de continuer à assurer la protection de la communauté sur laquelle ils régnaient (le mot héros, qui désigne un mort détenteur d’un potentiel vital exceptionnel, est d’origine crétoise). Les Grecs feront encore rois des Enfers deux Crétois, Minos et