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La Deutsche Demokratische Republik (D.D.R., en français R.D.A.) s'est comportée depuis sa création en 1949 comme la démocratie populaire la plus fidèle à Moscou et comme l'une des plus réticentes à faire place aux aspirations libérales qui se manifestaient dans le camp socialiste. De prime abord, cette attitude peut sembler paradoxale car ...
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Seitenzahl: 85
Veröffentlichungsjahr: 2015
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ISBN : 9782852297258
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La Deutsche DemokratischeRepublik (D.D.R., en français R.D.A.) s’est comportée, de sa création en 1949 à la chute du Mur de Berlin en 1989, comme la démocratie populaire la plus fidèle à Moscou et comme l’une des plus réticentes à faire place aux aspirations libérales qui se manifestaient dans le camp socialiste.
De prime abord, cette attitude peut sembler paradoxale car l’Allemagne de l’Est fut longtemps traitée sans ménagement par Staline qui lui fit largement supporter le poids de la défaite du nazisme. La fidélité des dirigeants est-allemands à l’égard du Kremlin s’explique néanmoins par la situation particulière de leur État. Pris entre leur patriotisme qui les orientait vers la réunification de l’Allemagne et leurs convictions marxistes, qui les incitaient à consolider chez eux le socialisme, ils étaient conscients qu’une réunification ne pourrait se faire qu’au profit des forces économiques et sociales dominantes en R.F.A. Ainsi s’expliquent, d’une part, la persistance de leur attitude hostile envers les dirigeants ouest-allemands accusés de visées bellicistes et impérialistes et, de l’autre, leur soutien inconditionnel à l’U.R.S.S., garante à leurs yeux contre toute tentative de réunification au profit de la R.F.A. Ce fut enfin la raison de leurs efforts aussi gigantesques que peu réalistes pour élever leur économie au niveau atteint par celle de la République fédérale, condition indispensable, mais qui s’avéra utopique, à une réunification allemande qui ne serait pas une simple absorption de leur État.
La zone soviétique est née de la Seconde Guerre mondiale. Les Alliés, États-Unis, Grande-Bretagne, Union soviétique, ayant décidé de n’accepter du Reich hitlérien qu’une capitulation sans conditions (conférence de Casablanca, janv. 1943), durent envisager l’occupation totale du territoire ennemi. La zone attribuée à l’Armée soviétique comprenait la partie orientale du territoire allemand de 1937, jusqu’à une ligne Lübeck-Helmstedt-Eisenach-Hof. Mais l’Union soviétique transféra au gouvernement provisoire polonais l’administration des territoires allemands situés à l’est de la ligne Oder-Neisse et ne considéra plus ces territoires comme faisant partie de sa zone d’occupation. Celle-ci représentait ainsi 100 000 km2 environ, soit 23 p. 100 du territoire, 22 p. 100 de la population et du revenu national du Reich de 1937.
Le 5 juin 1945, les commandants en chef des armées victorieuses prenaient l’autorité suprême en Allemagne et le maréchal Joukov annonçait l’entrée en fonctions, sous son commandement, d’une administration militaire (Sowjetischemilitärische Administration : S.M.A.) chargée de la zone soviétique d’occupation (SowjetischeBesitzungszone : S.B.Z.).
Le maréchal resta en fonctions jusqu’au 10 avril 1946 et son action répondit à une double préoccupation : réparations et sécurité. L’U.R.S.S. avait, à Yalta, avancé une demande de réparations de 10 milliards de dollars ; d’accord sur le principe, les Anglo-Saxons contestèrent le montant. Dès leur entrée en Allemagne, les Soviétiques se payèrent sur le terrain (Trophäenaktion) : machines-outils, voies ferrées, installations sanitaires furent expédiées en Russie. Puis, conformément aux décisions de Potsdam qui leur permettaient de prélever 40 p. 100 de l’équipement industriel de leur zone, à partir de l’été de 1945 ils démontèrent de nombreuses usines.
La politique de sécurité comportait des clauses territoriales : cession à l’U.R.S.S. de Königsberg et du nord de la Prusse-Orientale, recul de la frontière orientale de l’Allemagne jusqu’à la ligne Oder-Neisse. La conférence de Potsdam du 17 juillet au 2 août 1945 entérina ces clauses, sauf à confirmer et préciser les frontières nouvelles au traité de paix. Au même souci de sécurité répondaient les décisions de la conférence relatives à la démilitarisation, à la dénazification, au contrôle de la production industrielle. Les Soviétiques agirent avec rapidité et vigueur : dès le 27 août, tous les nazis, policiers, officiers durent s’inscrire auprès des Komendatoura ; beaucoup furent arrêtés, internés dans les anciens camps de concentration ou transférés en U.R.S.S. pour y être jugés. Mais avant tout, les Russes, en marxistes, attendaient leur sécurité d’une destruction des « racines du fascisme » en Allemagne, c’est-à-dire d’une modification des structures de la société.
Ce désir de sécurité est à l’origine de la « révolution antifasciste-démocratique », imposée assurément par les autorités d’occupation, mais réalisée par les « forces antifascistes » allemandes. Dès le 10 juin 1945, plusieurs mois avant les Occidentaux, Joukov avait autorisé la réorganisation des partis politiques. Le lendemain, le Parti communiste (K.P.D.) lançait un appel au peuple allemand, préconisant une « République parlementaire qui achèverait la transformation démocratique bourgeoise commencée en 1848 » et non pas un régime de type soviétique, non approprié aux conditions allemandes du moment. Dans les jours qui suivirent, le Parti socialiste (S.P.D.), l’Union chrétienne démocrate (C.D.U.), le Parti libéral démocratique (L.D.P.D.) reprirent leur activité, formant, à la demande de l’autorité occupante, un front uni. Beaucoup plus vite qu’à l’Ouest, dès juillet 1945, les Soviétiques leur confièrent les responsabilités de l’administration des provinces et de la Zone. Aux mains d’hommes sûrs, mais pas nécessairement communistes, ces organismes relancèrent la vie de la Zone, lui imprimant un caractère antinazi très marqué. La première des réformes fut la réforme agraire (Bodenreform). Réclamée depuis toujours par les partis ouvriers dans ces régions où la grande propriété dominait, puisque 1 p. 100 des propriétés couvrait 28 p. 100 du sol, elle avait été promise par les deux appels des 11 et 15 juin du K.P.D. et du S.P.D. D’autre part, il fallait régler avant les semailles d’automne le sort des nombreuses terres abandonnées par les Junkers qui avaient fui devant l’armée soviétique. Dès lors furent prises dans chaque province, en septembre 1945, des mesures prévoyant : la confiscation des terres des nazis et criminels de guerre, l’expropriation sans indemnité des domaines de plus de 100 hectares, la répartition de toutes ces terres en lots de 12 à 15 hectares aux paysans pauvres, ouvriers agricoles et expulsés des territoires de l’Est. Des commissions spéciales, animées le plus souvent par le Parti communiste, réalisèrent la réforme qui, pour l’essentiel, s’acheva en avril 1946 : 6 350 grands propriétaires, 4 000 nazis et criminels de guerre furent expropriés, et leurs quelque deux millions d’hectares, soit un tiers du territoire agricole, furent attribués à près de 500 000 familles. Le tiers de la population agricole en bénéficia et manifesta son accord aux élections de septembre 1946 : c’est dans le Mecklembourg agricole que le Parti socialiste unifié (S.E.D.) obtint son meilleur pourcentage.
Dans l’industrie, socialistes et communistes réclamaient des nationalisations, et les premiers la résurrection des conseils d’entreprise (Betriebsräte) de la période de Weimar. Mais en ce domaine la relance fut laborieuse : les destructions étaient importantes, aggravées par la fuite vers l’Ouest de nombreux patrons et par la politique de démontage des Soviétiques. On se contenta de mesures provisoires. Un an après la fin des combats, la production industrielle était à l’indice 43 par rapport à 1936.
À partir du printemps de 1946, le climat international se détériora : l’Allemagne devenait progressivement un enjeu de la rivalité entre l’U.R.S.S. et les Anglo-Saxons. Molotov en juillet 1946, Byrnes, en septembre, se prononçaient l’un et l’autre en faveur de la reconstruction d’une Allemagne unifiée et démocratique ; mais il était clair que les deux hommes ne donnaient pas le même sens au mot de démocratie.
La construction dans la zone soviétique d’un « ordre démocratique antifasciste » (1946-1948) correspondit à cette phase de la guerre froide commençante. La première préoccupation fut le renforcement des « forces démocratiques » par l’union des partis ouvriers K.P.D. et S.P.D. L’idée de la fusion, appuyée sur la référence aux erreurs de 1932, était connue depuis décembre 1945, mais se heurtait à de vives résistances aussi bien au niveau de la direction des zones occupées par les autres alliés qu’au niveau de la base, surtout à Berlin où les souvenirs de l’entrée de l’armée soviétique étaient encore vivaces. L’opération, vivement désirée par la S.M.A., fut acquise par le ralliement des chefs socialistes, Otto Grotewohl et Max Fechner. L’accord se fit sur un programme définissant « la voie spécifique (Sonderweg) de l’Allemagne vers le socialisme » dont le théoricien fut le communiste Anton Ackermann. Le congrès de l’unité qui se tint à Berlin le 21 avril 1946 décida la création d’un Parti socialiste unifié (S.E.D.) et porta à la présidence le communiste Wilhelm Pieck et le socialiste Otto Grotewohl. Le parti comptait alors 1 298 000 membres, dont 47 p. 100 venant du Parti communiste, et 53 p. 100 du Parti socialiste. C’est lui qui affronta, à l’automne de 1946, les élections communales et provinciales, les premières depuis 1933 ; elles donnèrent 47 p. 100 des voix au S.E.D., 24,6 p. 100 au Parti libéral démocratique (L.D.P.D.), 24,5 p. 100 à l’Union chrétienne démocrate (C.D.U.).
Sur cette base, l’autorité d’occupation transféra les pouvoirs d’administration aux assemblées provinciales qui constituèrent des gouvernements dans les cinq Länder de Saxe, Thuringe, Saxe-Anhalt, Brandebourg et Mecklembourg. Sur 38 postes ministériels au total, le S.E.D. en avait 22, le L.D.P.D. 9, la C.D.U. 7. Comme dans les zones occidentales, un gouverneur militaire, soviétique, contrôlait l’action de ces gouvernements qui était de plus coordonnée par les « administrations centrales » créées dès juillet 1945 : compromis entre le fédéralisme demandé par le Conseil de contrôle et la politique unitaire prônée par Molotov.
En même temps, et conformément à l’analyse marxiste, on donnait à cette démocratie sa base économique. Le 5 juin 1946, l’administration militaire (S.M.A.) décidait que les 213 plus grosses usines, jusque-là soumises au séquestre et représentant 25 p. 100 de la capacité industrielle de la Zone, devenaient propriété soviétique (SowjetAktiengesellschaft : S.A.G.) et seraient exploitées au compte des réparations. Quant aux autres usines sous séquestre, des lois de nationalisation furent promulguées par les Länder : 3 843 entreprises industrielles furent touchées, représentant 20 à 25 p. 100 de la capacité de production. À la fin de 1946, la moitié du potentiel industriel de la Zone avait été enlevée aux capitalistes.