Roméo et Juliette - William Shakespeare - E-Book

Roméo et Juliette E-Book

William Shakespeare

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Beschreibung

Composée en 1595, "Roméo et Juliette" est la deuxième tragédie de Shakespeare ; celui-ci est alors âgé de 31 ans. On peut donc légitimement parler de tragédie de jeunesse.
Contrairement à "Titus Andronicus" qui la précède, et aux autres tragédies du dramaturge, elle ne fait pas du pouvoir royal une question centrale.

Apparue au moment de l’épidémie de peste qui sévit à Londres et entraîne la fermeture des théâtres, la pièce est contemporaine des deux poèmes narratifs  "Vénus et Adonis" et " Le Viol de Lucrèce", ainsi que de certains des Sonnets. Or, on trouve, entre ces œuvres, une parenté thématique et formelle.

Shakespeare s’est inspiré du poème de l’Anglais Arthur Brooke, " La Tragique histoire de Roméo et Juliette", version versifiée de l’histoire de l’italien Bandello (1554).
Mais le mythe des amants à l’amour contrarié vient de plus loin. Il a été transmis par tout une chaîne de conteurs, et fait écho à l’histoire de Pyrame et Thisbé, relatée dans les " Métamorphoses" d’Ovide.

L'action se passe à Vérone et met en scène deux grandes familles ennemies, les Montaigu et les Capulet. À un bal masqué donné par les Capulet, Roméo, un Montaigu, tombe follement amoureux de Juliette, une Capulet promise en mariage au comte Paris, un jeune noble. Il la retrouve à la nuit tombée, sous son balcon, pour lui déclarer son amour. Éperdument amoureux, ils demandent le lendemain au frère Laurent de les marier. Mais leur bonheur sera bref...

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table des matières

ROMÉO ET JULIETTE

CHŒUR

Scène I

Scène II

Scène III

Scène IV

Scène V

Scène VI

Scène VII

Scène VIII

Scène IX

Scène X

Scène XI

Scène XII

Scène XIII

Scène XIV

Scène XV

Scène XVI

Scène XVII

Scène XVIII

Scène XIX

Scène XX

Scène XXI

Scène XXII

Scène XXIII

Scène XXIV

ROMÉO ET JULIETTE

William Shakespeare

CHŒUR

Deux familles, égales en noblesse,

Dans la belle Vérone, où nous plaçons notre scène,

Sont entraînées par d’anciennes rancunes à des rixes nouvelles

Où le sang des citoyens souille les mains des citoyens.

Des entrailles prédestinées de ces deux ennemies

A pris naissance, sous des étoiles contraires, un couple d’amoureux

Dont la ruine néfaste et lamentable

Doit ensevelir dans leur tombe l’animosité de leurs parents.

Les terribles péripéties de leur fatal amour

Et les effets de la rage obstinée de ces familles,

Que peut seule apaiser la mort de leurs enfants,

Vont en deux heures être exposés sur notre scène.

Si vous daignez nous écouter patiemment,

Notre zèle s’efforcera de corriger notre insuffisance.

Scène I

Vérone. Une place publique.

Entrent Samson et Grégoire, armés d’épées et de boucliers.

SAMSON

Grégoire, sur ma parole, nous ne supporterons pas leurs brocards.

GRÉGOIRE

Non, nous ne sommes pas gens à porter le brocart.

SAMSON

Je veux dire que, s’ils nous mettent en colère, nous allongeons le couteau.

GRÉGOIRE

Oui, mais prends garde qu’on ne t’allonge le cou tôt ou tard.

SAMSON

Je frappe vite quand on m’émeut.

GRÉGOIRE

Mais tu es lent à t’émouvoir.

SAMSON

Un chien de la maison de Montague m’émeut.

GRÉGOIRE

Qui est ému, remue ; qui est vaillant, tient ferme ; conséquemment, si tu es ému, tu lâches pied.

SAMSON

Quand un chien de cette maison-là m’émeut, je tiens ferme. Je suis décidé à prendre le haut du pavé sur tous les Montagues, hommes ou femmes.

GRÉGOIRE

Cela prouve que tu n’es qu’un faible drôle ; les faibles s’appuient toujours au mur.

SAMSON

C’est vrai ; et voilà pourquoi les femmes étant les vases les plus faibles, sont toujours adossées au mur ; aussi, quand j’aurai affaire aux Montagues, je repousserai les hommes du mur et j’y adosserai les femmes.

GRÉGOIRE

La querelle ne regarde que nos maîtres et nous, leurs hommes.

SAMSON

N’importe ! je veux agir en tyran. Quand je me serai battu avec les hommes, je serai cruel avec les femmes. Il n’y aura plus de vierges !

GRÉGOIRE

Tu feras donc sauter toutes leurs têtes ?

SAMSON

Ou tous leurs pucelages. Comprends la chose comme tu voudras.

GRÉGOIRE

Celles-là comprendront la chose, qui la sentiront.

SAMSON

Je la leur ferai sentir tant que je pourrai tenir ferme, et l’on sait que je suis un joli morceau de chair

GRÉGOIRE

Il est fort heureux que tu ne sois pas poisson ; tu aurais fait un pauvre merlan. Tire ton instrument ; en voici deux de la maison de Montague. ( Ils dégainent.)

( Entrent Abraham et Balthazar.)

SAMSON

Voici mon épée nue ; cherche-leur querelle ; je serai derrière toi.

GRÉGOIRE

Oui, tu te tiendras derrière pour mieux déguerpir

SAMSON

Ne crains rien de moi.

GRÉGOIRE

De toi ? Non, morbleu.

SAMSON

Mettons la loi de notre côté et laissons-les commencer

GRÉGOIRE

Je vais froncer le sourcil en passant près d’eux, et qu’ils le prennent comme ils le voudront.

SAMSON

C’est-à-dire comme ils l’oseront. Je vais mordre mon pouce en les regardant, et ce sera une disgrâce pour eux, s’ils le supportent.

ABRAHAM, à Samson

Est-ce à notre intention que vous mordez votre pouce, monsieur ?

SAMSON

Je mords mon pouce, monsieur.

ABRAHAM

Est-ce à notre intention que vous mordez votre pouce, monsieur ?

SAMSON, bas à Grégoire

La loi est-elle de notre côté, si je dis oui ?

GRÉGOIRE, bas à Samson

Non.

SAMSON, haut à Abraham

Non, monsieur ce n’est pas à votre intention que je mords mon pouce, monsieur ; mais je mords mon pouce, monsieur.

GRÉGOIRE, à Abraham

Cherchez-vous une querelle, monsieur ?

ABRAHAM

Une querelle, monsieur ? Non, monsieur !

SAMSON

Si vous en cherchez une, monsieur, je suis votre homme. Je sers un maître aussi bon que le vôtre.

ABRAHAM

Mais pas meilleur.

SAMSON

Soit, monsieur.

( Entre, au fond du théâtre, Benvolio ; puis, à distance, derrièrelui, Tybalt.)

GRÉGOIRE, à Samson.

Dis meilleur ! Voici un parent de notre maître.

SAMSON, à Abraham.

Si fait, monsieur, meilleur !

ABRAHAM

Vous en avez menti.

SAMSON

Dégainez, si vous êtes hommes ! ( Tous se mettent en garde.) Grégoire, souviens-toi de ta maîtresse botte !

BENVOLIO, s’avançant la rapière au poing.

Séparez-vous, imbéciles ! rengainez vos épées ; vous ne savez pas ce que vous faites. ( Il rabat les armes des valets.)

TYBALT, s’élançant, l’épée nue, derrière Benvolio.

Quoi ! l’épée à la main, parmi ces marauds sans cœur ! Tourne-toi, Benvolio, et fais face à ta mort.

BENVOLIO, à Tybalt

Je ne veux ici que maintenir la paix ; rengaine ton épée, ou emploie-la, comme moi, à séparer ces hommes.

TYBALT

Quoi, l’épée à la main, tu parles de paix ! Ce mot, je le hais, comme je hais l’enfer, tous les Montagues et toi. À toi, lâche ! ( Tous se battent. D’autres partisans des deux maisons arrivent et se joignent à la mêlée. Alors arrivent des citoyens armés de bâtons.)

PREMIER CITOYEN

À l’œuvre les bâtons, les piques, les pertuisanes ! Frappez ! Écrasez-les ! À bas les Montagues ! À bas les Capulets ! ( Entrent Capulet, en robe de chambre, et lady Capulet.)

CAPULET

Quel est ce bruit ?… Holà ! qu’on me donne ma grande épée.

LADY CAPULET

Non ! une béquille ! une béquille !… Pourquoi demander une épée ?

CAPULET

Mon épée, dis-je ! le vieux Montague arrive et brandit sa rapière en me narguant !

( Entrent Montague, l’épée à la main, et lady Montague.)

MONTAGUE

À toi, misérable Capulet !… Ne me retenez pas ! lâchez-moi.

LADY MONTAGUE, le retenant

Tu ne feras pas un seul pas vers ton ennemi.

( Entre le prince Escalus, avec sa suite.)

LE PRINCE

Sujets rebelles, ennemis de la paix ! profanateurs qui souillez cet acier par un fratricide !… Est-ce qu’on ne m’entend pas ?… Holà ! vous tous, hommes ou brutes, qui éteignez la flamme de votre rage pernicieuse dans les flots de pourpre échappés de vos veines, sous peine de torture, obéissez ! Que vos mains sanglantes jettent à terre ces épées trempées dans le crime, et écoutez la sentence de votre prince irrité ! ( Tous les combattants s’arrêtent.) Trois querelles civiles, nées d’une parole en l’air, ont déjà troublé le repos de nos rues, par ta faute, vieux Capulet, et par la tienne, Montague ; trois fois les anciens de Vérone, dépouillant le vêtement grave qui leur sied, ont dû saisir de leurs vieilles mains leurs vieilles pertuisanes, gangrenées par la rouille, pour séparer vos haines gangrenées. Si jamais vous troublez encore nos rues, votre vie payera le dommage fait à la paix. Pour cette fois, que tous se retirent. Vous, Capulet, venez avec moi ; et vous, Montague, vous vous rendrez cette après-midi, pour connaître notre décision ultérieure sur cette affaire, au vieux château de Villafranca, siège ordinaire de notre justice. Encore une fois, sous peine de mort, que tous se séparent !

(Tous sortent, excepté Montague, lady Montague et Benvolio.)

MONTAGUE

Qui donc a réveillé cette ancienne querelle ? Parlez, neveu, étiez-vous là quand les choses ont commencé ?

BENVOLIO

Les gens de votre adversaire et les vôtres se battaient ici à outrance quand je suis arrivé ; j’ai dégainé pour les séparer ; à l’instant même est survenu le fougueux Tybalt, l’épée haute, vociférant ses défis à mon oreille, en même temps qu’il agitait sa lame autour de sa tête et pourfendait l’air qui narguait son impuissance par un sifflement. Tandis que nous échangions les coups et les estocades, sont arrivés des deux côtés de nouveaux partisans qui ont combattu jusqu’à ce que le prince soit venu les séparer.

LADY MONTAGUE

Oh ! où est donc Roméo ? l’avez-vous vu aujourd’hui ? Je suis bien aise qu’il n’ait pas été dans cette bagarre.

BENVOLIO

Madame, une heure avant que le soleil sacré perçât la vitre d’or de l’Orient, mon esprit agité m’a entraîné à sortir ; tout en marchant dans le bois de sycomores qui s’étend à l’ouest de la ville, j’ai vu votre fils qui s’y promenait déjà ; je me suis dirigé vers lui, mais, à mon aspect, il s’est dérobé dans les profondeurs du bois. Pour moi, jugeant de ses émotions par les miennes, qui ne sont jamais aussi absorbantes que quand elles sont solitaires, j’ai suivi ma fantaisie sans poursuivre la sienne, et j’ai évité volontiers qui me fuyait si volontiers.

MONTAGUE

Voilà bien des matinées qu’on l’a vu là augmenter de ses larmes la fraîche rosée du matin et à force de soupirs ajouter des nuages aux nuages. Mais, aussitôt que le vivifiant soleil commence, dans le plus lointain Orient, à tirer les rideaux ombreux du lit de l’Aurore, vite mon fils accablé fuit la lumière ; il rentre, s’emprisonne dans sa chambre, ferme ses fenêtres, tire le verrou sur le beau jour et se fait une nuit artificielle. Ah ! cette humeur sombre lui sera fatale, si de bons conseils n’en dissipent la cause.

BENVOLIO

Cette cause, la connaissez-vous, mon noble oncle ?

MONTAGUE

Je ne la connais pas et je n’ai pu l’apprendre de lui.

BENVOLIO

Avez-vous insisté près de lui suffisamment ?

MONTAGUE

J’ai insisté moi-même, ainsi que beaucoup de mes amis ; mais il est le seul conseiller de ses passions ; il est l’unique confident de lui-même, confident peu sage peut-être, mais aussi secret, aussi impénétrable, aussi fermé à la recherche et à l’examen que le bouton qui est rongé par un ver jaloux avant de pouvoir épanouir à l’air ses pétales embaumés et offrir sa beauté au soleil ! Si seulement nous pouvions savoir d’où lui viennent ces douleurs, nous serions aussi empressés pour les guérir que pour les connaître.

( Roméo paraît à distance.)

BENVOLIO

Tenez, le voici qui vient. Éloignez-vous, je vous prie ; ou je connaîtrai ses peines, ou je serai bien des fois refusé.

MONTAGUE

Puisses-tu, en restant, être assez heureux pour entendre une confession complète !… Allons, madame, partons ! ( Sortent Montague et lady Montague.)

BENVOLIO

Bonne matinée, cousin !

ROMÉO

Le jour est-il si jeune encore ?

BENVOLIO

Neuf heures viennent de sonner.

ROMÉO

Oh ! que les heures tristes semblent longues ! N’est-ce pas mon père qui vient de partir si vite ?

BENVOLIO

C’est lui-même. Quelle est donc la tristesse qui allonge les heures de Roméo ?

ROMÉO

La tristesse de ne pas avoir ce qui les abrégerait.

BENVOLIO

Amoureux ?

ROMÉO

Éperdu…

BENVOLIO

D’amour ?

ROMÉO

Des dédains de celle que j’aime.

BENVOLIO

Hélas ! faut-il que l’amour si doux en apparence, soit si tyrannique et si cruel à l’épreuve !

ROMÉO

Hélas ! faut-il que l’amour malgré le bandeau qui l’aveugle, trouve toujours, sans y voir, un chemin vers son but !… Où dînerons-nous ?… Ô mon Dieu !… Quel était ce tapage ?… Mais non, ne me le dis pas, car je sais tout ! Ici on a beaucoup à faire avec la haine, mais plus encore avec l’amour… Amour ! ô tumultueux amour ! Ô amoureuse haine ! Ô tout, créé de rien ! Ô lourde légèreté ! vanité sérieuse ! Informe chaos de ravissantes visions ! Plume de plomb, lumineuse fumée, feu glacé, santé maladive ! Sommeil toujours éveillé qui n’est pas ce qu’il est ! Voilà l’amour que je sens et je n’y sens pas d’amour… Tu ris, n’est-ce pas ?

BENVOLIO

Non, cousin : je pleurerais plutôt.

ROMÉO

Bonne âme !… et de quoi ?

BENVOLIO

De voir ta bonne âme si accablée.

ROMÉO

Oui, tel est l’effet de la sympathie. La douleur ne pesait qu’à mon cœur, et tu veux l’étendre sous la pression de la tienne : cette affection que tu me montres ajoute une peine de plus à l’excès de mes peines. L’amour est une fumée de soupirs ; dégagé, c’est une flamme qui étincelle aux yeux des amants ; comprimé, c’est une mer qu’alimentent leurs larmes. Qu’est-ce encore ? La folle la plus raisonnable, une suffocante amertume, une vivifiante douceur !… Au revoir, mon cousin. ( Il va pour sortir)

BENVOLIO

Doucement, je vais vous accompagner : vous me faites injure en me quittant ainsi.

ROMÉO

Bah ! je me suis perdu moi-même ; je ne suis plus ici ; ce n’est pas Roméo que tu vois, il est ailleurs.

BENVOLIO

Dites-moi sérieusement qui vous aimez.

ROMÉO

Sérieusement ? Roméo ne peut le dire qu’avec des sanglots.

BENVOLIO

Avec des sanglots ? Non ! dites-le-moi sérieusement.

ROMÉO