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Paul et Cathy passent le réveillon de Noël en compagnie de leurs amis Alfred et Françoise. À minuit, la sonnette retentit. Un visiteur inattendu, marginal et timide, se présente sous le nom de Jésus de Rigobert et fait irruption dans la pièce. Face au froid hivernal, il est invité à y passer la nuit. Très rapidement, Jésus s’intègre à l’ambiance, déployant sa séduction, son observation et son imagination. Mais derrière cette apparente simplicité, il tisse une machination, une œuvre grandiose dans sa carrière parasitaire. C’est alors que Marie-Madeleine, la nièce de Paul et Cathy, fait son apparition, arborant un sourire charmant et une désinvolture qui ne laisseront pas Jésus indifférent…
À PROPOS DE L'AUTEUR
Franck Leplus est un écrivain, scénariste et metteur en scène associé au théâtre. Sociétaire de la SACD et membre de la Société des Gens de Lettres, il intervient également en tant que formateur en art dramatique. Sacré Jésus ! est son quatre-vingt-onzième ouvrage théâtral.
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Seitenzahl: 98
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Franck Leplus
Sacré Jésus !
Théâtre
© Lys Bleu Éditions – Franck Leplus
ISBN : 979-10-422-6823-7
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Paul : époux de Cathy, garagiste ;
Cathy : épouse de Paul, femme au foyer ;
Alfred : ami de Paul, assureur ;
Françoise : épouse d’Alfred, femme au foyer ;
Marie-Madeleine : nièce de Paul et Cathy ;
Le visiteur (Jésus – Antoine) : routard-guitariste.
Durée : 2 h environ
(C’est le réveillon de Noël chez Paul et Cathy Lambert qui ont invité Françoise et Alfred. Cathy arrive de la cuisine avec un plat à la main, chantonnant un air musical de circonstance. Les autres sont attablés. Cathy présente le plat aux convives et le dépose sur la table.)
PAUL : Mes amis, le petit Jésus va naître. Je lève mon verre à l’âne, au bœuf et à la corporation des charpentiers !
(Paul, guilleret, se dresse, suivi dans son élan par Cathy et Françoise qui gloussent, joyeuses et complices. Alfred se lève également, sans entrain, se rassied lourdement. Françoise lui lance un sourire ironique.)
Françoise : Mon pauvre chéri, tu ne tiens décidément pas l’alcool !
(Alfred grimace. Cathy, amusée, se dirige vers le buffet, puis vient placer des chapeaux de papier sur la tête de chacun des convives.)
CATHY : Allez, c’est la fête. Nous sommes là pour nous amuser comme des fous. Allez, hop, les chapeaux… j’ai acheté des lots de chapeaux et de serpentins en promotion au supermarché !
(Françoise et Paul rient. Alfred parle à voix basse.)
ALFRED : Nous aurions dû aller au restaurant !
(Françoise force un sourire et donne un coup de coude dans les côtes de son époux.)
ALFRED : Aïe ! … eh ?
PAUL : Qu’est ce qui t’arrive mon pauvre vieux ?
(Alfred lance un regard haineux à Françoise tout en se frottant le côté.)
ALFRED : Une petite douleur… le foie… sans doute le foie… ou alors plutôt l’estomac. Oui, peut-être l’estomac !
PAUL : Ben oui mon vieux, mais tes journées dans un bureau enfumé… Tes machines info machins… Tes repas lance-pierre entre deux rendez-vous… tes téléphones qui n’arrêtent pas de sonner… ça va te tuer ! À quoi bon être un homme d’affaires, irréprochable, intelligent et plein aux as si c’est pour dépenser ton argent dans une clinique privée le reste de ta vie ?
(Les deux femmes rient en observant les gesticulations de Paul. Alfred parle à voix basse.)
ALFRED : Pauvre con. Mécano graisseux. Bouffeur d’huile. Gonfleur de boudins… Je bosse peut-être comme un crétin, mais en tous les cas, je n’ai ni dettes ni crédits !
PAUL : Que dis-tu vieux frère ?
ALFRED : Rien, je marmonnais « chacun sa vie » !
(Françoise regarde dédaigneusement Alfred qui rectifie le port de sa cravate et qui se met à tripatouiller dans son assiette à l’aide d’une fourchette. Cathy et Paul s’embrassent.)
ALFRED : Je ne sais même pas ce que j’ingurgite. Sont-ce des champignons ou des escargots qui baignent dans cette sauce verdâtre truffée de grumeaux farineux ? Elle nous a raconté qu’elle avait passé plus de quatre heures dans sa cuisine… Quelle perte de temps… bah !
(Cathy se lève et court vers le salon mettre un CD. Paul entraîne Françoise et tous deux dansent. Cathy les regarde en souriant. Alfred continue l’analyse du contenu de son assiette.)
ALFRED : Ça y est ! J’ai découvert un truc qui ressemble à s’y méprendre à un morceau de plastique d’emballage ! Il n’y a pas que les chapeaux qui devaient être en promo… !
(Paul observe sa montre tout en dansant avec maladresse.)
PAUL : Plus que trois minutes !
ALFRED : Elles devraient être de silence… Mais qu’est-ce que je m’emmerde !
(Cathy court vers la cuisine et en revient avec une bouteille de champagne.)
CATHY : Maintenant les enfants : champagne !
(Paul s’empare de la bouteille. Cathy et Françoise tendent les coupes. Paul fait sauter le bouchon.)
PAUL : Attention, ça va péter !
ALFRED : Ce con serait capable de me foutre le bouchon dans le pif !
(Le bouchon saute en direction d’Alfred. Paul ne s’en préoccupe pas et remplit les verres.)
ALFRED : Il m’a raté de peu l’enfoiré ! … Mélange de babouin et de têtard… Le jour où il est né, le toubib aurait mieux fait de ne rien dire à sa mère et de la balancer dans une poubelle !
PAUL : Buvons à l’arrivée du petit Jésus !
(Alfred renifle son verre avant de le goûter. Les autres vident leurs verres puis chantent.)
PAUL, CATHY, FRANÇOISE: … Il est né le divin enfant… sonnez le cor… résonnez musettes… il est né le divin enfant… fêtons tous son avènement… !
ALFRED : Je ne pensais pas qu’il existait pire que l’Eurovision à part Star académie, mais alors là, c’est surpassé !
(Soudain, la sonnette de la porte d’entrée retentit. Tous marquent un silence étonné.)
PAUL : Qui ça peut être ? … Roger ? ... Oui (rire) Roger déguisé en père Noël avec un petit coup dans le nez… eh eh eh !
CATHY : C’est peut-être bien le petit Jésus ! hi hi hi !
(Françoise s’adresse à Alfred qui hausse les épaules.)
Françoise : Tu as éteint tes phares ?
ALFRED : Je l’ai toujours dit : il n’y a pas de fête qui tienne pour les huissiers ! Je suis certain qu’ils viennent saisir le mobilier. Nous finirons le dessert sur le plancher !
(Paul et Cathy se dirigent vers la porte. La sonnette retentit une nouvelle fois. Françoise s’approche d’Alfred.)
Françoise : Si tu n’arrêtes pas ton char ben Alfred, je te claque le beignet !
(Paul ouvre la porte. Les quatre personnages restent figés. Un gaillard aux longs cheveux, portant un sac à dos et une guitare, fait son apparition. Une ombre se détache sur le plancher marquant ainsi un certain suspens quant à l’entrée de l’individu.)
ALFRED : Ils feraient n’importe quoi pour saisir. Ils se fringueraient même en travestis… ou en père Noël !
(Cathy reste immobile et observe le visiteur. Paul l’invite à entrer. Le visiteur parle très humblement.)
LE VISITEUR : Bon Noël à tous. Excusez-moi de venir vous déranger et ainsi casser l’ambiance de votre fête !
ALFRED : Ah, pour ça, il n’y a aucun dérangement, rassurez-vous !
LE VISITEUR : Je souhaite simplement faire appel à votre charité et obtenir une tartine de pain et un petit morceau de fromage s’il vous plaît !
CATHY : Mais oui, bien sûr !
PAUL : Mais non. C’est Noël pour tout le monde. Vous allez manger un petit morceau et partager notre repas… de ce qu’il en reste… allez, entrez et installez-vous. Asseyez-vous !
ALFRED : Pauvre type. Le supplice de la bouffe. Si j’étais à sa place, j’insisterais sur la tartine et le petit morceau de fromage !
PAUL : Laissez-moi vous débarrasser !
(Le visiteur donne son sac et sa guitare. Paul les dépose près du salon. Tous s’installent autour de la table. Françoise saisit une bouteille de vin rouge.)
Françoise : Je vous sers un petit verre ?
LE VISITEUR : Oui, merci beaucoup Madame !
PAUL : Vous avez l’air frigorifié et épuisé ! D’où venez-vous ?
(Le visiteur boit doucement et parle entre les gorgées de vin. Cathy semble admirative. Alfred regarde ironiquement.)
LE VISITEUR : Il y a une quinzaine de jours, j’étais à Londres. Hier je quittais Amsterdam et aujourd’hui je suis ici. Je ne sais d’ailleurs pas tout à fait où je suis. Dehors il neige et il fait noir !
CATHY : Et… toute cette route à pied ?
LE VISITEUR : Oui Madame ! Je n’aime pas trop faire de stop et j’aime aussi regarder les paysages !
ALFRED : À cette vitesse-là, il doit planquer un tapis volant dans son sac à dos !
Françoise : Tais-toi, sinistre individu. Toi, tu te sens obligé de sortir la voiture pour aller chercher le pain à la boulangerie qui est de l’autre côté de la rue !
ALFRED : D’une part, il n’y a pas encore de Métro pour y aller et d’autre part, c’est faux, car je ne vais jamais chercher le pain !
CATHY : Vous voyagez beaucoup ?
LE VISITEUR : Oui Madame, c’est en quelque sorte ma vie !
(Paul fait un geste qui exprime le manger.)
PAUL : Et pour ce qui est de…. Vous vivez de votre guitare ?
LE VISITEUR : Oui, mais c’est parfois difficile, surtout en hiver, à cause du froid. À cette époque de l’année, je tente de jouer dans les restaurants. Il y fait plus chaud !
ALFRED : Et puis, il doit s’attaquer aux petites vieilles… voler les gosses à la sortie des collèges… casser les vitrines des magasins d’alimentation… piquer les autoradios dans les voitures… !
Françoise : Tais-toi. Le seul voyage que tu connaisses, c’est l’aller-retour entre notre maison et celle de ta mère. Le seul instrument sur lequel tu pourrais exceller serait un élastique au travers d’une boîte de trombones !
CATHY : Quel est votre nom jeune homme ?
LE VISITEUR : Jésus de Rigobert, Madame !
CATHY : Oh comme c’est amusant ! Lorsque la sonnette a retenti, j’avais imaginé que ce puisse être le petit Jésus ! hi hi hi !
ALFRED : Évidemment, ça aurait pu être l’âne ou le bœuf, mais eux, ils seraient restés à se morfondre dans la neige !
Françoise : Tu te trouves vraiment drôle ?
(Alfred, amusé par ses propres paroles, hausse les épaules et sourit. Le visiteur est un peu sombre. Il fait mine de ne pas entendre les propos d’Alfred.)
PAUL : Euh… Monsieur Rigobert… Jésus… qu’allez-vous donc faire après ce repas ?
ALFRED : Ben il va faire comme tout le monde, il va roter !
Françoise : Alfred, ne sois pas dégoûtant !
LE VISITEUR : Je continuerai mon chemin. Je repartirai sous la neige. Je me bagarrerai avec le vent glacial. Je vais descendre dans le sud !
(Paul et Cathy se regardent avec complicité.)
PAUL : La tempête de neige est terrible !
LE VISITEUR : J’ai l’habitude, vous savez… J’ai eu l’occasion de visiter le grand nord canadien. À cette époque, j’avais trouvé un petit boulot très sympa là-bas !
PAUL : Quel genre de boulot sympa ?
LE VISITEUR : Je m’y connais en photographie et je guidais des touristes qui aiment la chasse… photographique bien sûr. Nous nous déplacions autour des lacs et en forêt !
CATHY : Ce devait être passionnant !
LE VISITEUR : Disons que j’aimais cette vie d’aventurier et surtout que cela me payait le boire et le manger ainsi que le billet de retour vers l’Europe !
Françoise : Pourquoi êtes-vous revenu ?
LE VISITEUR : Le mal du pays sans doute. Le besoin de revoir ma famille et mes amis. L’envie de respirer notre beau pays !
CATHY : Que photographiez-vous en général ?
LE VISITEUR : De tout : la nature, la faune, les paysages, les gens… le corps parfois aussi !
CATHY : Les corps ?
LE VISITEUR : Oui, j’ai aussi eu la chance de travailler en studio avec des modèles !
CATHY : Des femmes ?
LE VISITEUR : Oui, presque exclusivement des femmes… !
CATHY : Nues ?
PAUL : Bien sûr nues ! Sinon, quel intérêt ? Eh eh eh !
CATHY : Oh Paul !
ALFRED : Cathy, laisse donc ton mari fantasmer un peu. Il ne fait que répondre d’une façon personnelle à son instinct animal !
Françoise : Oh toi arrête, tu sauterais sur une chienne en chaleur !
PAUL :