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L'exposition Sainte Russie. L'art russe des origines à Pierre le Grand ouverte au public du 5 mars au 24 mai 2010 est la première présentation de cette ampleur de l'art russe médiéval au musée du Louvre à Paris. La décision de montrer cette période de l'histoire de l'art en Russie est ...
À PROPOS DE L’ENCYCLOPAEDIA UNIVERSALIS
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Seitenzahl: 86
Veröffentlichungsjahr: 2016
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Les grandes expositions sont l’occasion de faire le point sur l’œuvre d’un artiste, sur une démarche esthétique ou sur un moment-clé de l’histoire des cultures. Elles attirent un large public et marquent de leur empreinte l’histoire de la réception des œuvres d’art.
Sur le modèle des fiches de lecture, les fiches exposition d’Encyclopaedia Universalis associent un compte rendu de l’événement avec un article de fond sur le thème central de chaque exposition retenue : - pour connaître et comprendre les œuvres et leur contexte, les apprécier plus finement et pouvoir en parler en connaissance de cause ; - pour se faire son propre jugement sous la conduite de guides à la compétence incontestée.
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L’exposition Sainte Russie. L’art russe des origines à Pierre le Grand ouverte au public du 5 mars au 24 mai 2010 est la première présentation de cette ampleur de l’art russe médiéval au musée du Louvre à Paris. La décision de montrer cette période de l’histoire de l’art en Russie est d’autant plus importante qu’elle ne pouvait pas s’appuyer sur les collections du musée. En s’efforçant, ne serait-ce que temporairement, de combler cette lacune, les commissaires de l’exposition, Jannic Durand, conservateur en chef au département des Objets d’art, assisté de Dorota Giovannoni, documentaliste scientifique au même département, et Tamara Igoumnova, directrice adjointe du Musée historique d’État à Moscou, sont parvenus à réunir un ensemble impressionnant de plus de 400 œuvres provenant de vingt-quatre musées de la Russie, des plus connus et prestigieux – ceux de Moscou, de Saint-Pétersbourg, de Novgorod, de Souzdal – à ceux, difficiles d’accès pour les Occidentaux, comme le Musée national d’art et d’architecture de Saint-Cyrille de Beloozero à Kirillov. Plusieurs pièces exposées n’avaient jamais quitté la Russie auparavant et même – c’est le cas de certains manuscrits enluminés – n’étaient pas montrées au public.
L’exposition couvre une période longue de sept siècles et débute à la fin du Xe siècle, avec le baptême du prince de Kiev Vladimir (978-1015) à Kherson (Chersonèse), reçu en 988 des prêtres byzantins, et qui marque la naissance de la Russie chrétienne. Le parcours se clôt avec les réformes introduites par le tsar Pierre le Grand au début du XVIIIe siècle. La caractéristique principale de l’art de cette période réside dans le fait qu’il est intimement lié au culte orthodoxe et suit en cela le modèle byzantin. Cette situation change avec les réformes de Pierre qui orientent la culture russe vers la sécularisation et l’européanisation.
Bien que l’essentiel des œuvres montrées à l’exposition proviennent des musées, elles étaient initialement conservées dans des églises et des monastères et étaient toutes plus ou moins directement utilisées lors des services religieux ou des prières personnelles. Il s’agissait, en tout premier lieu, d’icônes. Entrées au musée seulement à partir de la fin du XIXe siècle et massivement après 1917, les icônes étaient vénérées par les orthodoxes russes de manière très particulière : elles étaient touchées, embrassées et considérées comme miraculeuses. La doctrine des images saintes, commune aux Russes et aux autres peuples de l’Orient chrétien, fut héritée de Constantinople et survécut jusqu’à nos jours. Les images – notamment celle du Christ estimée comme non faite de la main de l’homme (acheiropoïètes), de la Vierge et des saints ou encore celles qui représentaient les principaux événements de la vie du Christ et de la Vierge – étaient considérées comme des « fragments » de la matière, pénétrés par la présence divine à la manière du pain et du vin eucharistique, avec lesquels les fidèles pouvaient communier. La transformation de ces objets de culte en « tableaux » accrochés aux cimaises des musées ne se passa pas sans difficultés. Ce dont témoignent encore aujourd’hui les débats concernant le retour des icônes dans les églises.
Parmi la multitude et la grande diversité des objets représentés, le parcours à travers l’exposition est ponctué par les icônes les plus célèbres. Même si l’original de la Vierge de Vladimir – l’une des icônes les plus vénérées de la Russie, apportée en 1130 à Kiev par le métropolite grec Michel en cadeau au prince Mstislav et transportée par le prince André Bogoliubskij en 1161 dans la nouvelle église à Vladimir – ne quitte jamais le pays, cette œuvre byzantine est représentée à l’exposition à travers sa « copie » russe attribuée à Andrej Roublev. De même, si on ne peut pas voir la Trinité de Roublev – l’icône est toujours considérée comme un des palladiums de la Russie –, son oklad, le revêtement en métal précieux de l’icône, est tout de même exposé.
Parmi d’autres icônes célèbres datant d’avant l’invasion mongole et qu’on attribue au travail des ateliers gréco-russes de Kiev, de Novgorod, de Vladimir et d’autres villes, on peut admirer une magnifique Deisis – la « prière » en grec byzantin –, la grande icône miraculeuse de la Vierge de Tolga du XIIIe siècle. Les icônes pré-mongoliennes sont très fortement liées à la tradition byzantine. Quant aux icônes que les Russes eux-mêmes commencent à peindre à partir de la fin du XIVe siècle, elles sont marquées par un métissage culturel, y compris avec des courants venant des autres pays slaves ou de l’Occident. Cela concerne, en tout premier lieu, l’école de Novgorod qui est représentée à l’exposition par l’un de ses chefs-d’œuvre : l’icône du Miracle de la Vierge du Signe dite la Bataille des Novgorodiens contre les Souzdaliens (XVe siècle). Parmi les manuscrits, on peut admirer les miniatures de la chronique de Radziwiłł (copie du XVe siècle de l’original du XIIIe siècle) qui illustrent notamment la naissance de la Russie chrétienne.
Olga MEDVEDKOVA
Par art russe ancien les historiens de l’art désignent la période d’activité artistique qui débute en Russie par l’adoption du christianisme, en l’an 988, et se poursuit jusqu’à la réforme de Pierre le Grand, au début du XVIIIe siècle, moment où l’art religieux d’inspiration byzantine est remplacé par un art profane qui participera à tous les grands courants de l’art occidental : baroque, néo-classicisme, romantisme et réalisme. Jusqu’au début du XXe siècle, l’art russe ancien était fort mal connu, et certains historiens ne le reconnaissaient pas comme art. La plupart des icônes disparaissaient sous les repeints successifs, et personne ne se doutait que, sous cette croûte noirâtre, dormaient des couleurs étincelantes. Après la révolution d’Octobre, les travaux de restauration du patrimoine artistique national se développèrent grâce à l’encouragement direct de l’État. À l’heure actuelle, bien des chefs-d’œuvre ainsi rendus à la vie sont visibles dans les musées de Moscou, de Saint-Pétersbourg et de maintes autres villes. En 1960, un musée Roublev s’est ouvert à Moscou. À la façon des Italiens de la Renaissance qui étaient fascinés par l’art romain, les Russes éprouvèrent toujours un attrait privilégié pour l’art byzantin. Mais il ne faudrait pas en conclure que leur production artistique ne fut qu’une ramification de celle de Byzance. Au contraire, un développement échelonné sur plusieurs siècles lui conféra une vigoureuse singularité nationale. Le spécialiste distingue au premier coup d’œil le sanctuaire ou l’image sainte russe et l’œuvre d’art byzantin. Son originalité nationale, l’art russe la doit au fait d’exprimer la conscience que le peuple russe a de son devenir, de son histoire. L’art byzantin est celui d’un empire qui ne cesse de se dégrader pendant un millénaire, jusqu’à sa disparition définitive. L’art russe est celui d’un peuple ayant su, malgré des épreuves terribles, conserver son autonomie et constituer un État vivace et puissant.
Bien que la majorité des monuments russes soient d’inspiration religieuse, leur liaison avec la vie populaire est indéniable. Si les œuvres importantes apparaissaient sur l’initiative des tsars, des princes et des boyards, à côté d’elles existait une Russie paysanne possédant un vigoureux folklore et exerçant une influence certaine sur l’« art savant ». C’est sans doute ce qui explique que l’art russe ne porte jamais le cachet aristocratique de Byzance et que l’art religieux de la Russie n’a pas connu l’ascétisme de l’art monacal de l’Orient. Certes, bien des artistes de ce passé national furent des prêtres ou des moines tenus d’observer les canons religieux, mais cela ne les empêche nullement d’être hautement sensibles à l’aspect esthétique. C’est ce qui vaut à l’art russe ancien l’intérêt exceptionnel des contemporains, qui y découvrent un goût très sûr, un sens raffiné de la forme et de la couleur. Rappelons qu’Henri Matisse fut l’un des premiers admirateurs de l’icône russe.
Si l’on ne sait que peu de chose sur l’art du paganisme slave, c’est parce qu’il fut anéanti par les néophytes après la christianisation. C’est en tout cas à une équipe de peintres et d’architectes grecs que le prince Vladimir de Kiev confia de bâtir et de décorer les églises de sa capitale. En outre, il fit installer sur la place du Marché deux statues et un quadrige en bronze ramenés de la Chersonèse. Ainsi, la conversion de la Russie à l’orthodoxie grecque se doubla d’une ouverture sur la culture antique.
Les plus anciennes de ces églises sont la cathédrale Sainte-Sophie de Kiev (1037) et celle du Sauveur-Transfiguré de Tchernigov (1037 env.). Ces deux constructions en brique cuite sont de type byzantin, c’est-à-dire à plan cruciforme et à coupole. Mais Sainte-Sophie est couronnée d’un groupe de treize coupoles, ce qu’on ne trouve dans aucune église byzantine. Sans doute s’agit-il là d’une initiative locale inspirée de la charpente en bois. La silhouette pyramidale de la cathédrale, bien découpée au sommet de la haute rive du Dniepr était le point culminant du panorama de la ville. L’ascension progressive des douze coupoles secondaires vers le dôme principal reçut un rappel à l’intérieur, où la mosaïque du Pantocrator