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Bienvenue dans la collection Les Fiches de lecture d’Universalis
Aussitôt après la publication de Madame Bovary, en 1857, Gustave Flaubert (1821-1880) se met en quête d’un nouveau thème de roman.
Une fiche de lecture spécialement conçue pour le numérique, pour tout savoir sur Salammbo de Gustave Flaubert
Chaque fiche de lecture présente une œuvre clé de la littérature ou de la pensée. Cette présentation est couplée avec un article de synthèse sur l’auteur de l’œuvre.
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Seitenzahl: 54
Veröffentlichungsjahr: 2015
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Cet ouvrage a été réalisé par les services éditoriaux et techniques d’Encyclopædia Universalis
ISBN : 9782852293823
© Encyclopædia Universalis France, 2016
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Couverture : © Monticello/Shutterstock
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Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Salammbo de Gustave Flaubert.
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Aussitôt après la publication de Madame Bovary, en 1857, Gustave Flaubert (1821-1880) se met en quête d’un nouveau thème de roman. Au terme de cinq années vouées à rédiger la chronique d’un bourg normand sous Louis-Philippe, il est résolu « à ne plus s’occuper du bourgeois » et à s’évader d’Yonville : « J’éprouve le besoin de sortir du monde moderne où ma plume s’est trop trempée et qui d’ailleurs me fatigue autant à reproduire qu’il me dégoûte à voir ». Aussi songe-t-il à un sujet antique, où il pourrait donner libre cours à son goût pour la narration historique que, dans sa jeunesse, il aimait à cultiver, mais aussi pour un Orient qu’il avait appris à connaître au cours d’un long périple (novembre 1849-juin 1951), notamment en Égypte, en Syrie et en Grèce.
Il pense d’abord à reprendre La Tentation de saint Antoine, œuvre qu’il avait laissée de côté pour rédiger Madame Bovary. Mais, redoutant qu’un tel sujet le conduise à être de nouveau poursuivi pour offenses à la morale ou à la religion, il décide, après avoir soigneusement relu L’Histoire romaine de Michelet, de s’inspirer d’un des épisodes les plus sanglants de l’Antiquité : la « guerre inexpiable » qui fit s’affronter Carthage aux Barbares qu’elle employait comme mercenaires, mais dont elle refusait de payer la solde. « Voilà, dit Sainte-Beuve, quel était son nouveau sujet, étrange, reculé, sauvage, hérissé, presque inaccessible – l’impossible et pas autre chose le tentait. »
Tâche bien difficile en effet que celle de faire revivre une ville et une civilisation que Rome a si bien détruites qu’il n’en reste quasiment pas de traces. Pourtant, mû par un « toupet exorbitant », Flaubert va, pendant des mois, « se livrer par l’induction à un travail archéologique formidable ». Il se plonge dans Polybe, Appien, Hérodote, Pline l’Ancien ou la Bible. Il hante les bibliothèques, traquant toutes sortes d’ouvrages érudits, anciens ou modernes. En 1858, il se rend en Tunisie sur les ruines de Carthage, afin de repérer précisément les lieux de l’action. Bref, il s’emploie à engranger les données qui, dès l’incipit, doteront sa narration des apparences du plus parfait réalisme : « C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar. »
Toutefois, l’objectif de Flaubert est non seulement de ressusciter des faits historiques et leurs décors, mais aussi de recréer des mentalités, des manières de penser et de sentir. Avec le personnage de Salammbô, fille du suffète Hamilcar, vierge vouée au culte de la déesse Tanit, c’est la femme orientale et ses sortilèges qu’il veut peindre. Quand Mathô, qui va être le chef des mercenaires, l’aperçoit, il en est aussitôt comme possédé. Pour briser cet envoûtement, il s’introduit dans le sanctuaire de Tanit afin de dérober le voile sacré de la prêtresse. Venue au cœur du camp ennemi pour le reprendre, alors que la révolte a éclaté et que les Carthaginois ont essuyé une défaite, Salammbô se livre à Mathô dont l’image peu à peu l’obsède. Lorsqu’elle voit celui-ci, une fois les Barbares anéantis, se faire lyncher par les Carthaginois, son cœur s’arrête : « Ainsi mourut la fille d’Hamilcar pour avoir touché au manteau de Tanit. »
En marge de la narration historique, c’est donc une intrigue de nature « opératique », qu’on pourrait rapprocher de celle de Norma ou d’Aïda, que développe Flaubert. L’écrivain tira d’ailleurs de son roman un livret qu’il souhaitait proposer à Berlioz ou à Verdi. Ce fut Ernest Reyer qui le mit en musique (1890) ; Moussorgski ébaucha lui aussi un opéra sur le sujet. Mentionnons également le poème symphonique de Florent Schmitt (1925) et l’opéra de Philippe Fénelon (2000). Dans le livre, cette intrigue reste néanmoins au second plan. Salammbô prend plus de place dans le titre que dans un récit constitué pour les trois quarts de scènes de bataille dont Flaubert redoutait l’aspect répétitif : « On sera harassé de ces troupiers féroces. »
C’est pour éviter la monotonie qu’il s’adonne à une surenchère dans l’horreur. Œuvre de fureur, de sueur et de sang, Salammbô est une extraordinaire anthologie d’atrocités dont la rédaction mettait Flaubert en joie et le sortait de l’accablement que lui causait la difficulté d’écrire l’ouvrage. Il écrit ainsi dans la Correspondance : « D’un bout à l’autre, c’est couleur de sang. Il y a des bordels d’hommes, des anthropophagies, des éléphants et des supplices. » Ou encore : « On commence à marcher dans les tripes et à brûler les moutards. »
Cette recherche du paroxysme, où on a cru déceler la manifestation des pulsions sadiques de l’auteur, a évidemment pour but de rendre sensible la violence d’une époque. Mais elle change aussi la nature même de l’ouvrage. De pure narration historique, celui-ci atteint à la dimension d’un poème épique, au travers de personnages choisis pour leur monstruosité, tel le suffète Hannon, ou de scènes aux allures d’Apocalypse, comme le siège de Carthage, le sacrifice des enfants au dieu Moloch, ou l’extermination des derniers mercenaires : « Les éléphants entrèrent dans cette masse d’hommes ; et les éperons de leur poitrail la divisaient, les lances de leurs défenses la retournaient comme des socs de charrues ; ils coupaient, taillaient, hachaient avec les faux de leurs trompes ; les tours, pleines de phalariques, semblaient des volcans en marche ; on ne distinguait qu’un large amas où les chairs humaines faisaient des taches blanches, les morceaux d’airain des plaques grises, le sang des fusées rouges ; les horribles animaux, passant au milieu de tout cela, creusaient des sillons noirs. »
Il faut voir là surtout l’investissement total de l’auteur dans une œuvre qui l’occupa de 1857 à 1862 lui servant de refuge et de compensation : « Peu de gens devineront combien il a fallu être triste pour entreprendre de ressusciter Carthage ». À bien des égards, Salammbô