Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
À l'approche de Noël, Sybille, mère célibataire se bat pour offrir un peu de magie à ses jumeaux malgré leur situation modeste. Alors qu'ils admirent les vitrines scintillantes des grands magasins de Paris, la pièce jetée au sol d'un inconnu brise l'enchantement. Autour du mystérieux "Sapin-Lilas", des rencontres inattendues, des préjugés remis en question, où trois générations s'apprennent et se redécouvrent. Ce sont des temps que l'on ne conte pas, mais des années que l'on n'oublie pas...
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 72
Veröffentlichungsjahr: 2024
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
P r é a m b u l e
Le premier soir
Le deuxième soir
Le troisième soir
Le 24 décembre
Un « Grinch-cadeau »
L’étincelle de Noël
Le départ
Autres livres
Liens utiles
Il est des histoires plus difficiles à écrire que d’autres. Celle-ci en fait partie. J’ai cependant eu la chance d’être accompagnée d’amies et d’amis, qui m’ont soutenue tout au long de cette aventure particulière.
Câline Henri-Martin, Christian Lamant, Gordon Brand, Elsa, Gaëlle Papiaudans le monde de l’écriture, me permettent de ne pas lâcher quand je doute. Je ne sais pas où je vais. J’écris par passion et vous ne me laissez pas aller à la facilité.
Philippe de Riemaecker, merci à toi aussi de m’avoir permis de jouer les stars à ton micro alors que tu découvrais mon écriture.
Sapin-Lilasest intense, car il fut créé à un moment difficile où beaucoup de mes amies et amis d’Internet m’ont aidée. À vous, mes étincelles, je vous le dédie, ainsi qu’à « Bruno » que j’espère retrouver un jour… qui peut dire.
Ce sont des temps que l’on ne conte pas, mais des années que l’on n’oublie pas. On va doucement vers le bout de sa vie et les souvenirs affluent comme pour nous dire : regarde, tu as eu de beaux moments dans ce qui fut le pire.
Le pire ? Noël quand l’argent n’est pas là, quand dans son cœur on ne croit plus en cet homme en rouge à la mine joviale qui voudrait nous faire croire que l’on est heureux de recevoir un cadeau, celui que l’on revendra sur Internetparce qu’il ne correspond pas le moins du monde à notre envie de paraître. Le marketing a pris le pas sur ce qui était une vraie fête de famille. Il faut avoir plus, toujours plus, à l’image de ces petits choux qui mettent tant en colère le Grinch. Une histoire pour enfants ? Pas vraiment…
Émilie et Romain fixent avec envie les tonnes de jouets que l’on a mis en vitrine sur les grands boulevards. Ce sera bientôt Noël. Dans à peine trois soirs. Tout est bien décoré et les jumeaux s’émerveillent devant les automates qui s’animent sous les projecteurs. Des ours polaires font des paquets-cadeaux à côté d’un père Noël qui n’arrête pas de rire en se tapant sur le ventre. Les deux enfants chuchotent et pouffent de rire, se cachant presque dans le col de leurs chauds manteaux d’hiver. Leurs boucles brunes s’échappent malicieusement de leurs bonnets.
Sybille, leur mère, les a emmenés voir les prestigieux magasins à Paris. Elle n’aime pas la foule, s’y sent toujours mal à l’aise, différente, pas à sa place. Elle a honte de ne pas pouvoir mieux se vêtir, de ne pas pouvoir offrir ce qui fait briller les yeux de ses enfants. Cela fait longtemps qu’elle ne croit plus en la magie, qu’elle sait que les musiques entendues dans les magasins ne sont là que pour faire consommer. Elle n’aime pas Noël. Elle n’aime plus Noël.
La jeune femme gagne à peine de quoi survivre et le père de ses petits ne donne plus signe de vie depuis déjà bien longtemps. Il est de ces hommes qui n’assument rien, pas même la charge d’un animal de compagnie ! Un éternel enfant qui fuit les responsabilités, mais qui se donne des airs de grand en détruisant l’autre lentement. Il avait fallu des années avant qu’elle ne réalise qu’elle le nourrissait, l’habillait, s’oubliait et qu’il la maintenait dans un état de peur et de stress permanent. Puis, Sybille était partie avant que l’irréparable ne se produise. Mourir n’était pas dans ses prévisions d’avenir.
Aujourd’hui, elle assume la charge familiale, s’épuise un peu plus chaque jour pour trouver des solutions à ce quotidien incertain. Sybille fixe, en soupirant, leurs reflets dans la vitrine. Elle n’y voit qu’une mère célibataire qui perd sa jeunesse. Ses vêtements sont usés même s’ils restent aussi corrects que possible. Ses enfants ont besoin de croire en leurs rêves et ce petit interlude est la seule chose qu’elle peut leur offrir.
Dans un geste empreint de fatigue, elle remet une mèche brune derrière son oreille droite. Son visage est pâle. Des cernes soulignent ses beaux yeux gris. Elle a un peu plus de trente ans et l’impression d’en avoir cent. Ses mains se posent sur les épaules de ses enfants et elle s’accroupit pour se mettre à leur niveau. Le trottoir est encombré, et, pour se faire entendre sans hurler, mieux vaut être à portée de voix.
— Les enfants, si nous allions acheter des châtaignes grillées ? Ça vous dit ? Le sourire qui illumine la frimousse de chacun des jumeaux de dix ans réchauffe le cœur de Sybille.
— Oui ! Bien chaudes, même si on se brûle les doigts pour les manger, s’exclame Romain en sautillant sur place, impatient.
— Oh ! mais tu es casse-pieds ! J’ai pas envie de me brûler en mangeant, moi ! D’abord, ce n’est pas bon pour la santé, déclare Émilie en poussant rudement son frère.
— On ne se chamaille pas ! Vous aurez chacun votre cornet, donc pas de souci.
La petite famille reprend doucement sa marche, Sybille au milieu de ses enfants. La nuit est fraîche et le vent, glacial. L’hiver s’installe. Les chants diffusés pour les fêtes par les haut-parleurs lui sont insupportables. Ils font monter à ses yeux quelques larmes qui n’échappent pas aux regards vigilants des jumeaux. Leurs petites mains serrent alors très fort celles de leur mère. Elle leur sourit, se voulant rassurante.
— Tu es sûre qu’on peut en avoir un chacun, Maman ?
Romain est inquiet. Sa sœur le toise. Ils n’aiment pas voir leur mère si triste. Les enfants reprennent d’une seule voix :
— On peut s’en passer, tu sais. Ça ne nous fait rien.
Émue, Sybille sent sa gorge se serrer. Avec tendresse, elle les blottit contre son ventre comme pour leur donner un peu de sa propre chaleur.
— J’ai ce qu’il faut pour trois cornets. J’ai mis de l’argent de côté pour nous préparer cette petite sortie. On ne pourra pas beaucoup plus, mais ce n’est pas grave, nous allons en profiter. Tenez, on voit le marchand de châtaignes grillées d’ici !
Le ton est joyeux, mais les enfants ne s’y laissent pas prendre. Pour ne pas faire de peine à leur mère, ils acceptent en chœur. Impatients de récupérer leurs précieux trésors, ils s’élancent vers le grilloir. À peine réglées, leurs petites gourmandises sont englouties à grands coups de hummm ! et de ooooh ! c’est bon ! La mère et les deux enfants se lorgnent, puis éclatent de rire. Les joues gonflées de châtaignes, ils ressemblent à des hamsters. Tout en s’écartant, certains passants leur jettent d’étranges regards en pressant le pas.
L’atmosphère est étrange. Sybille contemple les gens qui se bousculent pour entrer dans les magasins. Ils achèteront sans doute le dernier téléphone portable à la mode, à moins que cela ne soit un jeu pour le petit dernier qui fait bien plus plaisir à papa qu’à l’enfant. Des fourmis qui s’agitent dans tous les sens, qui se bousculent, qui s’agressent, parfois. Elle ne les comprend pas.
Où est passée la magie de ce moment familial ? Non, elle ne les comprend vraiment pas.
Puis, comme si une bonne fée avait décidé de détourner Sybille de sa mélancolie, et de leur offrir encore quelques instants de joie, les haut-parleurs diffusent leur chanson préférée. D’un commun accord et sans honte, sur le trottoir parisien, la petite famille entame en chœur Shake Up Christmas.
Ils ont l’air un peu fous, mais peu importe ; ils sont heureux en cet instant et c’est l’essentiel. Les autres n’existent plus, ils sont seuls au monde avec leur petit bonheur. La complicité qui les lie est si puissante que l’on croit voir une aura les entourer. Le vendeur reste à les regarder en souriant.
Une pièce tombe à leurs pieds.
La magie se brise ; on vient de la piétiner.
Les enfants s’arrêtent de rire et considèrent l’argent, intrigués. Le marchand de châtaignes fronce les sourcils.
Sybille lève la tête lentement vers le bienfaiteur. Il est un peu plus âgé qu’elle et porte un costume de bonne facture. Sa haute stature ne l’impressionne pas. Elle devine à peine son visage qu’il cache derrière le col de son épais manteau en laine bouillie. Des yeux-glaciers l’observent.