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Dans le contexte de la fonction biologique fondamentale qu'est la reproduction (étudiée par ailleurs dans cet ouvrage de façon autonome), la sexualisation représente le mécanisme qui est à l'origine de la dichotomie phénotypique consubstantielle de la reproduction sexuée. Il s'agit en effet des causes ...
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Seitenzahl: 61
Veröffentlichungsjahr: 2016
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ISBN : 9782341004695
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Dans le contexte de la fonction biologique fondamentale qu’est la reproduction (étudiée par ailleurs dans cet ouvrage de façon autonome), la sexualisation représente le mécanisme qui est à l’origine de la dichotomie phénotypique consubstantielle la reproduction sexuée. Il s’agit en effet des causes et des modalités de la différenciation sexuelle qui marque, dans une espèce animale, chaque individu soit du type masculin, soit du type féminin. À cet effet, les glandes génitales, ou gonades, ont, dans chaque sexe, un double rôle : elles assurent, d’une part la différenciation sexuelle de l’organisme, d’autre part les fonctions de reproduction.
Nous prendrons en exemple ce qui se produit dans l’espèce humaine. Dérivée de l’épithélium cœlomique, en un point voisin de l’ébauche cortico-surrénale, la gonade primitive reste indifférenciée, pendant les deux premiers mois de la vie embryonnaire puis elle se transforme en ovaire ou en testicule, selon le sexe génétique, lequel est matérialisé par deux chromosomes sexuels XX chez la femme, XY chez le mâle.
Lerôle des testicules s’affirme dès la vie embryonnaire. Les expériences de Raynaud, de Jost (1946) ont montré que la suppression des gonades à un stade précoce de la vie fœtale empêche la différenciation sexuelle de l’embryon mâle : il se développe alors morphologiquement selon le type femelle en réutilisant, pour les modifier sexuellement, des ébauches excrétrices fœtales provisoires qui sont les canaux de Müller et les canaux de Wolff (fig. 1). La sécrétion interne du testicule embryonnaire est nécessaire pour que se fassent successivement : d’abord la régression des canaux de Müller (qui donnent naissance chez la femelle à l’utérus, aux trompes et à la partie postérieure du vagin) ; puis le développement des canaux de Wolff (dont dérivent, chez le mâle, les épididymes, les canaux déférents et les vésicules séminales) ; enfin la différenciation masculine des organes génitaux externes. Inversement, l’injection d’hormone mâle (testostérone) à la femelle gestante ou dans l’embryon lui-même, provoque chez l’embryon femelle une différenciation sexuelle de type mâle. L’étude des anencéphales montre que, chez l’Homme, l’hypophyse n’est pas nécessaire à l’activation du testicule fœtal : celle-ci semble assurée par les gonadotrophines produites en abondance par le placenta. Après la naissance, le testicule redevient quiescent jusqu’à la puberté. À ce moment, sous l’influence des gonadostimulines hypophysaires, la sécrétion de testostérone par le tissu interstitiel du testicule (cellules de Leydig) achève le développement des organes génitaux externes et des caractères sexuels secondaires, en même temps que parviennent à maturation, dans les tubes séminifères, les cellules reproductrices (spermatozoïdes).
Sinus urogénital de l'embryon humain. C'est une formation tubulaire axiale qui reçoit trois paires de canaux dont la fonction initiale était excrétrice. La masculinisation rattache la gonade (testicule) au canal de Wolff (W). La féminisation implique la disparition de ce dernier et l'affectation du canal de Müller (M) à la gonade (ovaire), dont il sera l'oviducte.
Dans le cas des ovaires, à la puberté féminine, sous l’influence également des gonadostimulines, la sécrétion d’estrogènes (œstrone et œstradiol) entraîne le développement des caractères sexuels secondaires et la prolifération de la muqueuse vaginale et de l’endomètre utérin ; l’expulsion mensuelle d’une cellule reproductrice (ovocyte) est suivie par le développement du corps jaune à partir du follicule d’où l’ovocyte était issu. Ce corps jaune sécrète la progestérone, qui détermine les conditions favorables au développement de la gestation. Si l’ovocyte n’est pas fécondé, la desquamation de la muqueuse utérine (où l’œuf aurait accompli sa nidation) provoque l’hémorragie menstruelle. La périodicité des fonctions ovariennes est sous la dépendance d’un « releasing factor ». Du noyau hypothalamique préoptique dépend la décharge d’hormone lutéinisante (LH) à effet ovulatoire qui se produit au milieu du cycle menstruel. Soumis à une régulation par action en retour (feed-back), ce noyau est aussi en relation avec l’écorce cérébrale et les structures nerveuses qui assurent la vie mentale.
La sexualisation a donc achevé son œuvre qui met en relief la dépendance de la construction de l’organisme par rapport au programme génétique (y compris dans ses avatars). Elle parachève la dichotomie sexuelle de l’espèce en agissant sur le psychisme et le comportement (sexualité), par le truchement de phénomènes de signalisation (cf. PHÉROMONES) et d’une structuration psychique propre à l’espèce humaine, que Sigmund Freud a magistralement analysée (cf. PSYCHANALYSE).
Nous nous limiterons ici à préciser le rôle des chromosomes sexuels, puis celui des hormones, pour évoquer enfin les défauts de la sexualisation dans l’espèce humaine et leur prise en charge médicale.
Jacques DECOURT
Aristote avait déjà souligné que la détermination du sexe de l’enfant ne fait pas de celui-ci la copie de l’un de ses deux parents. En effet, il est des fils qui ressemblent à leur mère, et des filles qui ressemblent à leur père. Il en déduisit que le sexe n’était pas une « ressemblance », qu’il n’était pas transmis par les géniteurs. Que ce soit en Grèce, au Cameroun ou en Chine, on considérait le plus souvent que le sexe de l’enfant dépendait de facteurs environnementaux indépendants de la constitution des parents (position de la femme après l’accouplement, nourriture ingérée avant l’accouplement, date de procréation...).
De nos jours, la découverte progressive de la structure cellulaire des organismes vivants, de la répartition de l’ADN en chromosomes et des différents mécanismes de division cellulaire nous a permis de comprendre que le sexe de l’homme, et plus généralement celui des mammifères, est déterminé non pas par des facteurs environnementaux, mais par la présence de chromosomes sexuels.
La cellule humaine contient dans son noyau 22 paires de chromosomes homologues deux à deux ou autosomes, et un couple de deux chromosomes non homologues, qui sont les chromosomes sexuels, ou gonosomes. Ces 23 paires de chromosomes sont les dépositaires de nos gènes, les séquences d’ADN contenant toute l’information nécessaire à la formation de l’organisme. La cellule femelle possède 44 autosomes et deux gonosomes homologues appelés X, tandis que la cellule mâle possède un chromosome X et un chromosome Y. Les représentations respectives de ces arrangements (caryotypes) s’écrivent 46,XX et 46,XY, selon la norme actuellement en usage dans laquelle X et Y apparaissent comme indiciels et non comme unités supplémentaires, la présence d’une virgule étant signalétique.
Le mâle est donc hétérogamétique, ses deux chromosomes sexuels étant dissemblables. Pendant la gamétogenèse (formation des cellules sexuelles), la femme produit des ovules tous identiques de caryotype 23,X, tandis que l’homme produit autant de