Si proche des étoiles - Capucine Delaloy - E-Book

Si proche des étoiles E-Book

Capucine Delaloy

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Beschreibung

Tous les enfants du monde ont un rêve, mais celui de William anime sa vie. Paralysé des jambes et malade de la mucoviscidose, rêver est la seule chose qui le fait rester en vie. James, son frère aîné, va tout faire pour voir son frère sourire rien qu'une seconde. Il va se battre et réaliser l'impossible pour un enfant qui a perdu le goût de vivre.

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Seitenzahl: 128

Veröffentlichungsjahr: 2022

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À C.

Personnages:

Tony : 18 ans

Kyle : 17 ans

James : 15 ans (moi)

William : 13 ans

Jack : 10 ans

Eden : 8 ans

Bryan : 7ans

Sommaire

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

1

Je tourne mon Rubisk's cube dans tous les sens, place le rouge, le jaune, le bleu… sans y faire grande attention pour m'aider à apprendre ma leçon quand maman perturbe ma concentration.

- A TABLE !

Je lâche immédiatement mon Rubisk's cube qui tombe sur les draps de mon lit et cours dans l'escalier pour arriver le plus vite possible. Je dévale les marches, manquant de tomber. Mes frères me bousculent, tous me dépassent, on aurait cru à un troupeau de mammouths. Car chez nous le premier arrivé est le premier servi et en général il n'en reste pas beaucoup pour les derniers. Surtout quand le dimanche soir, c'est des lasagnes !

Les lasagnes faites maison de maman !

J'arrive dans la cuisine pour m’asseoir devant mes frères, que je fusille du regard. Je regarde le plat déjà à moitié vide.

- James ? me demande maman, est ce que tu pourrais aller chercher William, s'il te plait ?

- D'acc !

De toute façon j’ai perdu.

Je remonte le grand escalier en colimaçon, cette fois doucement. Je frappe à la porte la plus éloignée de toutes, au fond du couloir, loin du bruit, la meilleure chambre, où une pancarte indique le nom du propriétaire : William.

- Je peux entrer ? demandé-je.

Aucune réponse…

Je ne suis pas surpris de ce silence. J’ouvre quand même la porte, la chambre de William était ordonnée, une énorme bibliothèque murale étouffait l'espace, beaucoup de dessins d’astronaute et d’espace ornaient le mur et dans un coin William lit pour la vingtième fois le même livre. Je m’approche de lui et je m’accroupis à sa hauteur. Pour qu’il fasse attention à moi, je pose une main sur son genou. Ses yeux se détachent enfin de son livre pour me regarder. Ses cheveux bouclés lui tombent sur le front. Ses yeux turquoise, si différents de ceux de la famille, me regardent timidement.

- Viens, on va manger !

Toujours aucune réponse…

Je me faufile derrière lui et j’attrape les poignets de son siège. Je le conduis hors de sa chambre et redescends l'escalier en portant avec difficulté le fauteuil. Une fois dans la cuisine, sa place habituelle l'attendait. Maman glisse sur les genoux de William une serviette brodée d’étoiles et William commence à manger toujours en silence.

- Les enfants ? Demain soir, papa et moi nous ne serons pas là, alors vous sortirez de l’école ensemble et vous prendrez soin des plus petits, d'accord ?

Nous hochons tous la tête pour approuver son ordre.

- Et vous accueillez bien la kiné de William.

Papa travaille beaucoup, on le voit très rarement et c'est toujours la fête quand il rentre à la maison. Il travaille en Angleterre car il a grandi là-bas. On a habité 7 ans à Norwich même avant que je sois né. Avec ce silence autour de la table, ce qui est normal nous dégustons tous nos lasagnes, je révisais dans ma tête ma leçon d'histoire. Dans la famille, je suis le moins bon à l’école, je rapporte toujours quelque trois sur dix en maths ou des huit sur vingt en français. Mais en histoire j'ai au-dessus de toute la classe, grâce à papa d’ailleurs, il adore l'histoire, il nous en parle tout le temps. Il suffit juste de lui dire une date au hasard et il nous dit en détail ce qu'il c’était passé cette année-là ! Extraordinaire !

Lorsque tout le monde eut fini ses lasagnes, le chahut commença. Kyle se leva et débarrassa ce qui entraina toute la famille autour de l’évier, nous avons tous un rôle à jouer dans la vaisselle : Tony et Bryan lavent à l'eau et au produit vaisselle les assiettes et les passent à Kyle et moi pour les essuyer, ensuite Jack et Eden rangent la vaisselle dans les placards pendant que maman lave la table.

Après cinq minutes de rinçage, de lavage et de ménage nous montons dans nos chambres, je me glisse dans la mienne pour me mettre en pyjama et prendre mon cahier d'histoire sous le bras avant d'aller dans la salle de bain. Une toute petite salle de bain pour sept, difficile pour se laver les dents sans se prendre le gant de toilette de quelqu'un d'autre dans la figure. Serrés comme des sardines, je pose mon cahier sur le carrelage humide et je révise la tête baissée en me brossant les dents, malgré les pieds nus qui écrasent les pages de mon cahier. Nous crachons tous dans le lavabo et je dépose William dans son lit après que Béatrice, son aide-soignante lui a fait sa toilette.

- Bonne nuit ! Lui dis-je

*

Mon réveil sonne à six heures trente, Jack et Eden sont déjà levés et ils crient déjà dans toute la maison. Ses petits diables, des vraies piles électriques infinies.

- Ha ha ha, James a fait tomber sa tartine du mauvais côté !

En effet la journée commençait mal.

La voiture familiale démarre, maman est un véritable taxi le matin, elle dépose Bryan à la maternelle, puis Jack et Eden au primaire, William au collège de l’Adapei et enfin moi au collège à côté du lycée de Kyle.

Je passe les grandes portes de l’établissement et je retrouve Alex devant l'arbre principal de la cour. Alex est mon meilleur ami, on passe notre mercredi après-midi à jouer à atomique2000, un jeu vidéo super connu, j'y joue souvent avec lui et Kyle, j’ai essayé de faire jouer William mais il m'a fait perdre toutes mes vies. Alex est assez athlétique par rapport à un maigrichon comme moi.

La cloche de l'école sonne et monsieur Smith nous attend dans la classe pour l'interrogation. Il nous distribue les feuilles et nous envoie le signal pour commencer, je prends mon stylo dans ma main tremblante en regardant les questions qui se mélangent dans ma tête. Devant cette feuille j'avais l'impression d'être minuscule, j'ai répondu à la première question puis j'ai continué avec la plus grande concentration que je peux avoir. Le professeur commence à ramasser les copies. Quand il ramasse la mienne son regard noir me traverse, il me dévisage longtemps avant de commencer à corriger sur place ma copie.

Peut-être en a-t-il marre que je sois trop fort pour ses cours me rassurais-je.

A la fin de l'heure je rejoins mes amis qui se révèlent leurs réponses. Billy prend un ballon, shoote dedans et on est parti pour une partie de football. Il n'y avait même pas d’équipe on tire n’importe où ! J'ai mis 2 buts, Alex tombe en galipette le ventre au sol et le genou écorché, il ne pleure pas, mais ses blessures ne sont pas belles. Enzo l’emmène à l’infirmerie pile quand la cloche sonne. Alex boîte, son bras autour des épaules d’Enzo. C’est notre cours d’Anglais avec monsieur Andres qui nous attend déjà en écrivant la leçon. Je suis déjà bilingue alors j’ai beaucoup de mal à me concentrer. Monsieur Andres le sait bien d’ailleurs, il m'a déjà mis deux heures de colle. Nous sommes en plein exercice quand Enzo et Alex rentrent de l'infirmerie. Enzo a des béquilles et un bandage taché de sang au genou. Moi, assis à côté de la porte, je lui demande en chuchotant :

- Est-ce que ça va ? dis-je en me penchant un peu trop en arrière.

- oui, j'ai juste…

Alex n'a même pas le temps de finir sa phrase que notre professeur hurle, je suis tombé par terre, les pieds en l’air. La classe suffoque de rire.

- JAMES !

Le professeur s’approche de ma place ; J’ai la tête regardant le plafond, j’aperçois le visage furieux de Monsieur Andres qui me brûle vif des yeux au-dessus de moi. Sa bouche fait toutes sortes de grimace avant de crier :

- Et bien ! Toujours en train de faire le zouave monsieur Medgard.

Je me relève à l’aide de mes coudes, je lève les yeux au ciel. Et c'est reparti pour la troisième heure de colle du mois… enfin, la sonnerie retentit et je suis libéré. Avec les copains, on allait continuer notre partie de football…

- JAMES, viens à mon bureau, s'il te plait.

Je soupçonne Monsieur Andres d’avoir dit plus de fois mon nom dans une année que le mot bonjour. Je regarde mes copains d’un regard exaspéré, puis je rejoins mon professeur à son bureau en traînant les pieds et les mains au fond de mes poches. Je le regarde, puis je baisse la tête. J'ai envie de disparaitre sous terre. Monsieur Andres ouvre un tiroir et il sort un papier vierge sur lequel il écrit un mot illisible. Il le signe et me le tend en me fixant d'un air sévère, je le prends en évitant le plus possible son regard de peur d’être foudroyé.

- Écoute James, j’aimerais que tu changes de comportement. J'ai convoqué tes parents, ce n'est pas la première fois que tu es collé dans ma classe. Malgré ton aisance dans ma matière, tu gardes toujours quelques difficultés pour la discipline. Je ne suis pas le seul professeur

à remarquer tes agitations. Je voudrais donc…

On frappe à la porte. Quel soulagement ! Il ouvre et c'est le surveillant qui voulait lui parler. Ils commencent à parler, cela commence à être interminable. J'ai le temps de regarder chaque petit détail du bureau de mon professeur. Il a des tas de stylos, des bleus, des rouges, des verts et même des roses. Mon carnet posé sur le bord de la table. Des feuilles d'emploi du temps et de leçon en tas et en dessous un papier cartonné qui me tape à l’œil. Je regarde derrière mon épaule. Monsieur Andres et le surveillant parlent encore. Je décale alors le tas de feuille, je tourne la tête pour essayer de lire le carton. C'est un papier d’annonce pour une brocante dimanche prochain. J’entends le surveillant fermer la porte, je replace alors le tas au millimètre près.

- Bon revenons à nos moutons… commence-t-il. J’espère que tu pourras réfléchir à tout ça pendant l'heure de colle. Tu ne fais aucun effort lors de mon cours, espérons que tes parents auront de bons arguments pour expliquer ton attitude. Au prochain cours, tâche d’être sage …

- James, tâche d’être sage ! Je reviens bientôt. Me dit maman, le doigt levé.

La porte claque, je me jette sur la télécommande de la télévision. Personne n’est à la maison, je suis seul avec William. Âgé de 9 ans, je bois mon verre de jus d’orange devant un dessin-animé. Le volume est très fort ce n’est que trop tard que j’entends William tousser à l’étage. J’éteins la télé. Je renverse mon jus sur le sol. Je cours, la toux se fait de plus en plus discrète, William suffoque, dans l’adrénaline je saute les marches quatre à quatre. Je ne l’entends plus, j’espère de tout mon cœur que se sont mes bruits de pas qui camouflent la respiration de William. Je le vois là, à genoux, une main sur le plancher, l’autre sur la poitrine. Des postillons de sang lui tachant le T-shirt, le regard sur la tache de sang au sol. Je lui saisis l’épaule, l’obligeant à me regarder, ses yeux sont petits, tous petits, il est épuisé. Je l’appuie contre le mur et redescend les escaliers pour téléphoner à quelqu’un, je ne connais aucun numéro, je reste devant le téléphone sans savoir quoi faire. Le seul indice que j’ai que William est encore en vie c’est sa toux.

A l'heure du déjeuner, au self je repense au papier de brocante sur le bureau du prof d'anglais, et je me souviens que maman participe à la même le dimanche matin. Je suis terrorisé de savoir que Monsieur Andres et maman vont se croiser à cette brocante. Mais peut-être que les choses seront arrangées.

- Hé James, je suis désolé pour toi que tu te sois fait coller, dit Alex.

- Ce n’est pas de ta faute, t’inquiète ! Et toi, ça va ?

Je regarde son genou enroulé d’une épaisse bande de sparadrap. Il pose ses béquilles avant de s’assoir maladroitement sur la chaise à côté de moi.

- Ben, je pense qu’il va falloir aller chez le médecin.

Il regarde à son tour sa jambe en la tenant pour apaiser la douleur.

- J’aurais bien aimé présenter ta blessure à ma mère mais ce soir elle n’est pas là.

Il hausse les épaules et commence à manger.

*

La sonnerie annonce 16H45, c’est le moment d’aller en heure de colle. Il faut que je prévienne Kyle. Je fourre mes affaires dans mon sac et je me précipite à la sortie.

Je le cherche des yeux, quand Jack me saute au cou. Son poids manque de me faire tomber en arrière. Je me retourne et je vois tout le monde devant moi. Je me mords les lèvres et j’avoue…

- Je suis désolé les gars, mais je suis collé jusqu’à dix-huit heures. Vous pouvez rentrer. Je prendrai le bus. Salut !

Je m’en vais le plus vite possible pour éviter une conversation.

- Maman ne va pas être contente d’entendre ça ! Répond Kyle, d'un air confus.

J’en suis conscient mais je repars en faisant semblant de n'avoir rien entendu.

Monsieur Sanders, le responsable de niveau de troisième regroupe les élèves collés. On est 3 : Noah, Salomé et moi. Noah est un garçon qui est puni toutes les semaines, il a une très mauvaise image. Et Salomé est une fille sympa qui oublie tout le temps des affaires.

Je fais semblant de relire une leçon mais je suis trop pressé de rentrer chez moi et de profiter de cette soirée sans parents. Lorsque je sors, monsieur Sanders nous rend nos carnets. Un petit papier est agrafé à la dernière page, à côté des autres, un papier prouvant ma présence à cette heure supplémentaire. Je les collectionne on dirait.

Je ressors de l’école avec Noah qui mâche son chewing-gum la bouche ouverte. Il me dépasse et je le perds de vue. Il fait déjà nuit, Les phares des voitures m’aveuglent, et au loin, j’aperçois la bande lumineuse de mon bus. Le 6, alors je cours pour ne pas le rater, il est trop loin, je ne l’aurai jamais. Les passagers descendent du bus. Les portes se referment mais il ne démarre pas. Je saute à l’intérieur.

- Merci monsieur, dis-je essoufflé au chauffeur.

- Remercie plutôt, le gamin au fond, c’est lui qui m’a demandé de t’attendre.

Curieux, je regarde au fond du bus, je vois Noah, toujours son chewing-gum à la bouche. Je ne m’attendais pas à ce que ce soit lui.

Je m’approche de lui pour le remercier, mais un garçon se lève caché par le gros gabarit de Noah, il me fait signe. C’est Kyle !

Je m’assois à côté de lui.

- Tu m’as attendu ?

- Bah ouais je préfère rentrer avec toi qu’avec tous ces nigauds de frères, répondit-il le regard ailleurs.

Je rigole et lui mets un coup de coude dans le côté.

- Merci en tout cas, dis-je.