Sigmund Freud - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Sigmund Freud E-Book

Encyclopaedia Universalis

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Beschreibung

Sigmund Freud est l'un des savants qui ont le plus marqué la pensée du XXe siècle. Parti d'une recherche sur l'étiologie des névroses, il a créé une œuvre qui déborde largement le domaine de la pathologie pour couvrir de nombreux secteurs du savoir …

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Seitenzahl: 81

Veröffentlichungsjahr: 2016

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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782341003599

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Karavai/Shutterstock

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Sigmund Freud

Introduction

Sigmund Freud est l’un des savants qui ont le plus marqué la pensée du XXe siècle. Parti d’une recherche sur l’étiologie des névroses, il a créé une œuvre qui déborde largement le domaine de la pathologie pour couvrir de nombreux secteurs du savoir, en particulier ceux qu’on groupe aujourd’hui sous le nom de sciences humaines. La théorie freudienne s’applique à l’homme normal comme au sujet malade ; elle décrit l’organisation de l’appareil psychique en s’appuyant principalement sur la notion d’inconscient, notion tout empirique, très différente de celle des philosophes, qui permet de définir la psyché dans ses rapports obscurs avec l’instinct (Trieb). Freud a dû lutter de longues années pour imposer cette idée d’un vaste espace mental soustrait à la conscience de l’individu, où cependant les souvenirs refoulés et les désirs interdits restent éternellement actifs. Longtemps seul pour affronter la résistance malveillante des milieux savants et du public, il comparait volontiers sa situation à celle de Copernic et de Darwin, qui, pour avoir humilié l’homme en lui montrant sa place dans l’ordre naturel des choses, s’étaient eux aussi attiré la haine et les sarcasmes des esprits conformistes. Il est vrai qu’après la publication de son livre majeur, Die Traumdeutung (La Science des rêves, Paris, 1926, ou, selon une version plus récente, L’Interprétation des rêves, Paris, 1967), il put peu à peu sortir de l’isolement, de sorte que, aidé de quelques disciples enthousiastes, il parvint à jeter les bases d’un véritable mouvement. Mais la paix ne lui fut pas accordée pour autant : il lui restait à se battre au-dehors comme au-dedans pour faire accepter chacune des conséquences de ses découvertes, puis pour préserver l’intégrité et le sens de sa doctrine. Admiré, aimé, raillé, trahi souvent par ceux-là mêmes qui s’étaient les premiers attachés à ses pas, il est demeuré intraitable sur cette portion de vérité qu’il avait conscience d’apporter à l’homme de son temps. Et c’est sans aucun doute à ce qu’il appelait lui-même son courage intellectuel qu’il doit d’avoir été l’un de ceux qui ont le plus fait pour abolir l’ancien régime de la pensée.

1. Le Freud d’avant Freud

• La sphère familiale

Né à Freiberg, en Moravie, d’une famille de commerçants juifs aisés dont la situation sociale s’était dégradée, Sigmund Freud avait cinq ans lorsque ses parents se fixèrent à Vienne, où il passa presque toute sa vie (il y serait sans doute resté jusqu’à sa mort, n’eût été l’arrivée du nazisme qui, en 1938, le contraignit à l’exil) Il a lui-même souligné les deux données de sa biographie qui lui paraissaient propres, sinon à expliquer l’extraordinaire aventure de ses découvertes, du moins à éclairer les dispositions particulières de son esprit : ses origines juives et la structure remarquable du milieu familial dans lequel il avait grandi. De son judaïsme, il pensait tenir un jugement critique libre d’idées préconçues et de préjugés, ainsi que l’habitude de faire front à l’hostilité de la « majorité compacte ». Quant à sa situation de famille, le remariage du père avec une femme à peine plus âgée que le fils aîné du premier lit accusait sans aucun doute pour Sigmund Freud enfant le schéma affectif fondamental qu’il a décrit plus tard sous le nom de complexe d’Œdipe. Quoi qu’il en soit, du reste, du rôle qu’a pu jouer dans la genèse de ses idées ce rapprochement inhabituel de deux générations – son frère aîné aurait pu être l’époux de sa mère, tandis que son père était isolé par l’âge dans une sphère anormalement reculée –, le fait est que Jakob et Amalia Freud, vus par le fils génial qui fit sur eux la plus périlleuse des expériences intérieures, sont devenus les personnages exemplaires du drame secret de la famille humaine, où, à chaque génération, l’homme engage son destin.

• Les années d’apprentissage

Freud tenait de son père cette vénération de la connaissance intellectuelle qui traditionnellement fait partie de l’héritage juif ; après de solides études classiques, il se lança donc avec passion à la conquête du savoir, un peu au hasard du reste, sans se sentir pendant longtemps de vocation définie. Laissé libre de se choisir une profession, il s’inscrivit à la faculté de médecine de Vienne, non par goût, mais parce que la médecine lui paraissait propre à contenter son immense appétit (« Ni à cette époque ni plus tard, je ne ressentis d’inclination particulière pour la situation et les préoccupations du médecin, j’étais plutôt mû par une sorte de soif de savoir... »). Huit ans durant, il s’attarda à des cours de zoologie, de botanique, de chimie, de minéralogie, même de philosophie, jusqu’au moment où, sous l’influence de Ernst Brücke, directeur de l’institut de physiologie, il s’orienta enfin vers l’anatomo-pathologie, qui allait être pendant longtemps le domaine exclusif de sa recherche. Grâce à Brücke, le vieux maître auquel il garda toujours une grande admiration, il connut pour la première fois le calme dont il avait besoin pour prendre conscience de ses moyens scientifiques ; surtout, il se remit un peu des déceptions que lui avait causées l’Université (« Je devais, dit-il, m’y sentir inférieur et exclu de la nationalité des autres parce que j’étais juif... »). Et quoique par la suite il fût appelé à porter un rude coup aux doctrines positivistes de ses maîtres, précisément, il resta toute sa vie reconnaissant au premier « patron » qui lui avait transmis son idéal absolu de probité intellectuelle et sa foi dans la recherche ascétique de la vérité.

Freud a commencé sa carrière dans le domaine le plus opposé à celui qu’il a illustré, après l’avoir créé de toutes pièces au prix d’un pénible ostracisme. Engagé désormais dans les voies de l’anatomo-pathologie, science expérimentale dont les méthodes convenaient à son tempérament intellectuel autant qu’à son besoin de rigueur scientifique, il ne croyait certainement pas s’intéresser jamais à autre chose qu’aux moyens de mieux connaître le cerveau et le système nerveux, ni s’écarter en cela des principes sévères professés dans son entourage immédiat. En tant qu’élève de Brücke et de l’école du célèbre Helmholtz, il n’accordait de valeur qu’à l’observation et à la mesure dans l’exploration patiente de l’inconnu ; et non seulement il ne voyait rien au-delà des faits positifs, mais il partageait la méfiance générale de son temps pour tout ce qui, se dérobant à l’examen, tourne facilement à la spéculation. Matérialiste, positiviste au sens implicitement admis par la pensée scientifique dominante, donc fermement convaincu que les causes des maladies sont à rechercher dans l’organisme et que l’opinion contraire n’est qu’une illusion ou un préjugé, le Freud d’avant Freud aurait sans doute pu devenir l’un de ces chercheurs éminents qui se font un nom dans le cercle étroit de leur spécialité, plus ou moins loin du grand public. Rien, en tout cas, ne laissait présager qu’il allait suivre un autre chemin et rompre si brusquement avec le conformisme de son milieu, qu’il prendrait bientôt pour ses contemporains les traits suspects de l’hérétique ou, pis encore, du charlatan.

2. La compréhension de l’hystérie

Ce qui en a décidé n’est pas exactement un changement d’orientation, mais bien plutôt une circonstance matérielle : Freud était alors aux prises avec une situation précaire, parfois bien proche du dénuement, qui le contraignit finalement à abandonner le laboratoire pour la médecine pratique, sans grand espoir de poursuivre ailleurs une recherche désintéressée. S’étant résigné à devenir médecin malgré lui, « la mort dans l’âme », de son propre aveu, il ne tarda pas à rencontrer cette catégorie de malades importuns qu’on appelait alors des « nerveux » et qui, vu leur résistance remarquable à toutes les thérapeutiques, étaient pour les médecins un perpétuel sujet de découragement. Ces gens qui encombraient les consultations narguaient en effet la doctrine officielle puisque leurs troubles, exprimés à grand bruit et accompagnés de souffrances variées, mais sans aucun lien avec une lésion organique assignable, faisaient continuellement et scandaleusement injure à la théorie. Tenus dans l’ensemble pour des simulateurs peu dignes d’un intérêt médical, ils n’avaient d’autre recours que de grossir la clientèle des guérisseurs, magnétiseurs et empiriques de toutes espèces qui, s’ils ne pouvaient pas non plus grand-chose pour les soulager, avaient du moins l’avantage de prendre leur mal au sérieux. Comme tous les débutants, Freud eut en partage bon nombre de ces « nerveux » ingrats, mais, au lieu de se laisser rebuter par leur mauvaise réputation, il songea que leur cas valait peut-être la peine d’être examiné, d’autant que le praticien qui parviendrait à les guérir pourrait sûrement compter sur un rapide succès. C’est ainsi que, rejeté dans le camp du charlatanisme par une nécessité matérielle pressante autant que par une irrépressible curiosité, il en vint à se consacrer à l’irritante question de l’hystérie qui, déjà presque sortie des limites de la science, allait le lancer pour toute une vie dans la plus extraordinaire des aventures, et le forcer à créer une science inédite.

• L’observation

En passant du laboratoire à l’étude de la « grande névrose », Freud n’eut pas tout d’abord à renier les principes méthodologiques qui inspiraient jusque-là sa démarche intellectuelle ; au contraire, l’enseignement de