Sociologie du sport - Encyclopaedia Universalis - E-Book

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Terme polysémique, le sport a toutes les apparences d'un paradoxe. Alors qu'il est connu de tous et le sujet des conversations les plus quotidiennes, les meilleurs experts ne parviennent pas à le définir avec précision.

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ISBN : 9782341004763

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Focal Point/Shutterstock

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Sociologie du sport

Introduction

Terme polysémique, le sport a toutes les apparences d’un paradoxe. Alors qu’il est connu de tous et le sujet des conversations les plus quotidiennes, les meilleurs experts ne parviennent pas à le définir avec précision. Parce qu’il rassemble en lui la libre expression du corps exultant dans la consumation de ses énergies et le travail technique rigoureux visant l’économie des efforts dans la production d’une performance, les gestes volatils et les records dûment enregistrés, les loisirs épanouissants et les activités lucratives, le sport présente, dès ses origines, des dimensions déconcertantes et apparemment contradictoires. De plus, la multiplicité de ses formes actuelles fait douter qu’on puisse jamais trouver un principe de classement qui permette de le ramener à quelques formes simples et exclusives. Enfin, comme le sport a ses partisans et ses détracteurs, il révèle assez clairement, dans les controverses qu’il suscite, le contenu fondamentalement normatif de la notion. Certes, on peut estimer, comme le font les humanistes et les érudits qui le célèbrent, qu’il ne fait que restaurer les jeux « sportifs » de l’Antiquité grecque en rénovant les pratiques et en reproduisant les rites et les mythes qui les soutenaient. Contre cette assimilation jugée abusive et idéologiquement orientée, les historiens et les sociologues sont plutôt enclins aujourd’hui à le considérer comme une innovation sociale originale, produite, au milieu du XIXe siècle, par une société anglaise culturellement réorganisée par le système parlementaire (N. Elias), inventant des pratiques en rupture avec les formes anciennes, remaniant profondément des éléments préexistants dans une toute nouvelle configuration culturelle. Une première caractéristique du sport est donc qu’on peut le concevoir, sous ses deux faces, comme archaïsme et comme modernisme.

1. Une définition introuvable pour un objet paradoxal

À le considérer sous le seul aspect des sports d’affrontements, les historiens ont pu souligner que les hommes ont toujours joué à se battre. Ce qui s’est pérennisé à travers les civilisations, ce sont des jeux de luttes et de batailles dans lesquels la violence physique, plus ou moins atténuée, peut se donner libre cours. Mais ce qui s’est indéniablement opéré à travers le temps, c’est une euphémisation progressive de la violence des combats à travers l’édiction de règles précises fixant, pour chaque type de sport, des limites strictes et volontairement acceptées à son exercice, et l’interdiction de gestes jugés dangereux.

Bientôt, on pourra concevoir le progrès de l’homme et l’assimiler au progrès objectif de ses performances. Cette assimilation, qui ne va pas de soi, repose sur un ensemble de conditions philosophiques, économiques, technologiques nouvelles – évidemment ignorées des Grecs – qui furent réunies dans les sociétés pré-industrielles dès la fin du XVIIIe siècle. C’est un contexte où s’articulent des idées et des idéaux, des techniques et des instruments de mesure, pour se constituer en système de pensée et d’action cohérent et inédit applicable à l’homme au travail ou en jeu. En Europe occidentale, on conçoit la possibilité d’un « perfectionnement humain » et d’un développement des ressources organiques qui entretiennent des relations avec le souci d’augmentation du « pouvoir industrieux » de l’homme ; lui-même étant lié aux pouvoirs montants du machinisme industriel et aux effets fascinants que les pratiques zootechniques produisent sur les organismes vivants. Ce sont des idées et des pratiques immédiatement appliquées aux athlètes professionnels soumis à l’entraînement intensif visant à décupler leur puissance organique avant qu’ils ne les exploitent dans des pratiques compétitives réglées par l’évaluation métrique et chronométrique. C’est, dans le même temps, la création d’un corps de spécialistes, rompus aux applications à l’homme des méthodes « inhumaines » de préparation des chevaux de courses ou des animaux de combat. Puis c’est l’instauration d’une bureaucratie définissant les conditions réglementaires de déroulement des compétitions et garantissant les parieurs contre les tricheries. Enfin, le sport semble répondre historiquement à la création d’une morale, d’un « ethos de loyauté » dans les rapports conflictuels et combatifs qu’inventent les sociétés où se sont affaissées les valeurs religieuses et les solidarités traditionnelles, mais où progressent les valeurs démocratiques et les joutes parlementaires.

Le sport apparaît aujourd’hui comme un « fait social total » (Marcel Mauss), en ce qu’il peut mettre en branle la totalité de la société et de ses institutions, qu’il engage toutes ses dimensions (politiques, économiques, culturelles, sociales, technologiques, etc.) et qu’il façonne, en même temps, les diverses formes de la vie quotidienne des agents qui la composent (pratiques, représentations, styles de vie, esthétiques, éthiques).

Dans les deux phases de son procès d’institutionnalisation (1880-1914 et 1920-1935), le sport moderne noue l’un à l’autre les deux objets problématiques sur lesquels se jouent, aujourd’hui encore, les prises de positions idéologiques ou théoriques :