Sombre Affaire - Max Axel Bounda - E-Book

Sombre Affaire E-Book

Max Axel Bounda

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  • Herausgeber: PLn
  • Kategorie: Krimi
  • Sprache: Französisch
  • Veröffentlichungsjahr: 2022
Beschreibung

Un campus. Un cadavre. Trois femmes et des morts inexpliquées...


Le 14 février, le cadavre de Rhianne Abessolo, est découvert sur le campus de son université. La police déclare qu’elle était ivre. Accident. Affaire classée.
Pourtant, la victime, directrice d'une agence d'hôtesses et d'escortes girls, ne vivait pas sur le campus, et n'avait rien à y faire. Enceinte de six mois, elle ne touchait pas à une goutte d'alcool. Alors comment est-elle réellement morte ?
Aidée par, une jeune avocate pénale, sa meilleure amie, découvre que cette mort n'est peut-être pas si accidentelle que ça. Elle aurait un lien étroit avec des dossiers que la victime tentait de cacher le soir même de sa mort. Harcèlements sexuels, sextapes, prostitutions, meurtres, enlèvements, et chantages.
Bientôt, elles vont mettre au jour un scandale qui pourrait éclabousser les plus hautes instances de la plus grande université du pays. Mais, à trop approcher la vérité, c'est leur propre vie qu'elles mettent en danger. Il y'a des secrets qu'il vaut mieux ne jamais révéler...


Plongez au cœur  d'un thriller palpitant. Une enquête effrayante dans les entrailles d'une université et ses secrets les plus sombres.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Max Axel Bounda est un auteur gabonais, né un 17 Avril 1991 à Libreville où il effectue toutes ses études primaires et secondaires. Titulaire d'un baccalauréat série B obtenu avec mention, et d’un Bachelor en Administration des Affaires, option Relations publiques, Stratégies internationales et intelligence économique, et il prépare actuellement un Master en Sécurités et défense.
Issu d'une famille lettrée et confrontée à diverses couches sociales dans sa société, il se forge une conscience sociale et politique, au contact de son environnement et dans de grandes lectures théoriques comme la Négritude et les auteurs de la Négro-renaissance, mais aussi des classiques français et anglais. Sensible et émotif, très tourné vers les livres et s'évadant dans l’univers fantastique de plusieurs auteurs, il découvre les poètes avec délectation en réalisant que les mots s'ils servent à communiquer, sont aussi et peut-être avant tout, des jouets : Des outils de construction d'histoires faites d'émotions mais aussi des armes...
Max Anatolie de son nom de plume, est un talent à l’état brut. Il s'exerce aussi bien poésie qu'en roman. Il prône dans ses vers le rêve d'une Afrique unie, des États Unis d'Afrique et se veut en porte flambeau d'une littérature de jeunesse consciente en Afrique. Démystifier la littérature au Gabon, et la rendre accessible à toutes les couches de la population est son objectif. Sa stratégie : participer à l’éducation à la lecture en promouvant le livre auprès des plus jeunes, rendre le livre gabonais disponible sur l’ensemble du territoire par une amélioration du circuit de distribution et la réduction sans condition du prix des livres au Gabon.
Homme aux multiples ressources, c’est un leader très engagé de la société civile gabonaise. Ancien Secrétaire Générale du Club de Poètes du Gabon où il fait ses débuts en poésie aux cotés des auteurs tels qu'Émile Arsele Nguetcheu et Patrick Aleph, Vice coordonnateur du Club Génération Consciente du Gabon, ancien Secrétaire Général du Conseil National de la Jeunesse du Gabon, Secrétaire Permanent du Réseau Panafricain des Jeunes pour la Culture de la Paix, et désormais Entrepreneur social, ce jeune homme a su développer un énorme potentiel au service de sa communauté.







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Sombre Affaire

 

 

Du même auteur

 

 

L’Anatolie, l’heure sombre qui précède l’aube, 2013.

Au-delà des mots, 2018

Opération Forêt des Abeilles, 2019

 

 

Max Axel Bounda

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sombre Affaire

 

Tome 1 : Meurtres sur le campus

 

 

 

 

 

 

 

MAB Éditions

 

«Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayant cause, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.»

 

 

 

 

© MAB Éditions, 2021

 

 

Dépôt légal : Juin 2021

 

ISBN Papier : 978-2-900662-11-3

ISBN Numérique. : 978-2-900662-12-0

 

 

Conception de la couverture : MAB Éditions

 

Tous droits réservés

 

Note de l’auteur

 

«Les nouveaux fantômes gémissent, les anciens pleurent,

On les entend par les jours pluvieux et sombres»,

Chansons de char de guerres, Du Fu, poète chinois (712-770).

 

 

 

Sombre Affaire, meurtres sur le campus, est un roman pour jeunes adultes qui comporte des scènes explicites de sexe. Il s’inscrit dans un genre appelé «new adult».

Bien qu’inspiré d’une histoire vraie et se déroulant dans des lieux et sites réels, ce livre est une œuvre de fiction. Les noms des personnages et les meurtres sont les fruits de l’imagination de l’auteur.

La représentation des lieux réels a pour but de donner à cette fiction un caractère d’authenticité.

En conséquence, toute ressemblance ou similitude avec des personnages et des faits existants ne saurait être que pures coïncidences et ne pourrait en aucun cas engager la responsabilité de l’auteur.

Comme nous aimons le rappeler : Nous sommes responsables de ce que nous écrivons, pas de ce que vous comprenez!

 

Chapitre 1

 

Rhianne avait quitté la salle de bain en tenue d’Ève, offrant à cet homme la vue de son corps de Barbie, immaculé et rayonnant de jeunesse. Une jeunesse qu’elle avait à revendre, à la fleur de sa vingt-sixième année.

Avec des seins graciles, et des formes envoûtantes, cette étudiante contrairement aux autres femmes de sa classe, avait véritablement la fraîcheur d’une rose matinale. Cela se remarquait à la forme de ses atouts dressés au garde-à-vous, tels ceux d’une statue de pierre dont jamais la beauté ne fane à travers les siècles.

Dotée d’un petit visage, des yeux fins et d’un regard doux qui faisait chavirer bien des cœurs, Rhianne avait en plus des lèvres tellement pulpeuses qu’on avait envie de les embrasser sitôt qu’on les avait aperçues.

Sa peau claire et sans artifice n’ajoutait que des points à cette beauté naturelle. La jeune femme d’un mètre soixante-dix, était bâtie comme une guitare andalouse et attisait la convoitise des hommes mêmes les plus saints.

Rhianne était une beauté née. Dès sa treizième année de vie, son corps avait poussé très vite et elle paraissait toujours plus grande que son jeune âge.

À quatorze ans, elle avait le corps d’une fille de dix-huit avec des jambes longues et fines comme des cocotiers, des rondeurs excitantes, des seins garnis, un ventre plat et des fesses rebondies, au-dessus desquelles était désormais tatoué un papillon.

Sa mère avait compris très vite que ce don du ciel deviendrait une malédiction pour sa fille si, elle ne la prévenait pas des dangers qu’elle encourait à fricoter trop tôt avec les hommes qui bavaient à son passage.

Maman «Tine»bien avant que son cancer ne l’emporte, lui enseigna les dangers de l’amour, des coups de foudre, mais surtout du sexe. «Ne traîne pas avec ces garçons, tu risques de te faire violer. Si tu fricotes avec eux, tu finiras enceinte, abusée, délaissée, sans emploi et avec pour seul diplôme un gosse que tu auras du mal à élever. Et tu ne pourras compter sur personne, car nous sommes seuls au monde».

De quoi traumatiser une prépubère pour toute la vie.

«Ne fréquente pas d’hommes mariés, ils te prendront pour leur jouet, tu ne serviras qu’à satisfaire leur envie de sexe toujours croissante. Tu ne seras qu’un objet de plaisir comme un sex-toy. Tu n’auras pas la possibilité de vivre un véritable mariage, avoir des enfants et un petit chien. Tu seras la femme des voyages, des week-ends et des vacances comme un objet que l’on transporte pour l’occasion. Et qu’on jettera une fois utilisé.

Ils te donneront de l’argent, mais en échange de ton corps. Tu ne seras ni plus ni moins qu’une prostituée et tu en souffriras énormément.»

«Si tu ne veux pas finir comme ta vieille mère, jamais tu ne devras accepter qu’un homme te traite comme un bout de viande. Les hommes sont des chiens dont tu dois te méfier!»

«Tu es une fille intelligente, bien au-dessus de la moyenne. Dieu t’a donné un cerveau, et tu dois l’utiliser. C’est le seul moyen de t’en sortir. Tu dois étudier, avoir des diplômes et un bon boulot. Et tu verras tous les hommes que tu voudras, viendront ramper à tes pieds. Il n’y a pas plus puissant au monde qu’une femme intelligente et belle.»

La petite Rhianne avait enregistré ce refrain comme parole biblique, et en avait fait une devise : pas d’hommes avant le mariage. Ne jamais dépendre d’un homme. Réussir à l’école coûte que coûte.

Depuis ce jour, elle s’était jetée corps et âme dans ses études, ignorant avec la dernière énergie les tentations et la convoitise dont elle était l’objet. Pourtant, elle était là ce soir, affichant un sourire forcé face à cet homme dont le corps nu n’était recouvert que d’un drap de satin rouge. Impatient de la posséder et d’en finir avec elle dans cette pièce qui avait déjà vu s’allonger plusieurs étudiantes de son département.

Couché sur le lit, l’homme d’une cinquantaine d’années savourait le délicieux spectacle d’un regard songeur. Il pensait à toutes les positions du Kâma-Sûtra qu’il pourrait expérimenter. Le mâle dodu au teint noir d’un mètre soixante-dix avait un visage flasque et émacié. Son corps au gros ventre lui donnait un aspect assez repoussant malgré les belles chemises en pagne qu’il aimait enfiler et les chaussures italiennes qu’il semblait apprécier.

 

*

 

Rhianne, décidée à en finir, retira son soutien-gorge rose dont la bretelle droite laissa apparaître sur l’épaule le deuxième tatouage indélébile d’un papillon. Sa poitrine libérée semblait encore plus volumineuse. Elle retira avec hésitation son slip et s’avança vers l’homme, sans chercher à donner une quelconque touche de sensualité à la chose.

L’étudiante s’assit sur le rebord du lit et interrogea l’homme du regard.

— Je suis là monsieur. Il est temps d’en finir, dit-elle sans aucune conviction.

L’homme lui fit signe d’approcher, fixant d’un regard embrasé ses seins nus, tendres et fermes. La jeune femme s’exécuta et assit sur ses cuisses tandis qu’il prenait à deux mains ses seins offerts. Rhianne laissa échapper un grognement de douleur quand son partenaire se pencha pour mordre un mamelon frémissant qu’il suçât comme un bagnard condamné avant son dernier repas. Il avait attendu ce moment pendant des années. Patiemment, obstinément, tapi dans l’ombre attendant que les pièces du puzzle soient complètes et que le piège se referme sur sa proie.

La bouche du mâle plusieurs minutes plus tard parcourait une fente chaude et humide, en la couvrant de baisers brûlants. Rhianne s’était allongée et l’homme à quatre pattes effleurait le pôle de son intimité de sa langue pendante.

Doucement, il écarta les cuisses de sa partenaire qu’il plaça de chaque côté de ses épaules et continua à laper la féminité offerte. Quand il eut terminé avec cette partie de son anatomie, ce fut à Rhianne d’appliquer ses lèvres pulpeuses sur le membre de l’homme raide comme une pierre. La fille hésita, son envie de rendre n’en était que plus grande. Elle aurait préféré ne pas le faire, mais elle n’avait pas le choix.

Tenant le pénis d’une main tremblotante et hésitante, elle finit par ouvrir les lèvres, pour y enfoncer le membre. Un rictus d’horreur sur le visage et la chair de poule parcourant son corps, elle se mit à enrouler sa langue autour. L’homme poussa un soupir, éprouvant un plaisir intense, il se laissa abandonner à cette exquise fellation jusqu’à ce qu’il se décide enfin à prendre sa jument à quatre pattes. Un condom enfilé, l’homme s’engagea alors pendant cinq minutes dans une partie de jambes en l’air. Une joute d’une rapidité et une violence semblables à un concours dans lequel ses performances sexuelles étaient notées.

 

*

 

Quand ils eurent terminé, Rhianne tremblante et nauséeuse se rhabillait devant l’immense miroir de la salle de bain, après avoir pris une longue douche froide, elle marmonna des paroles inaudibles, comme si elle cherchait à purifier sa peau et son corps tout entier de l’acte qu’elle venait de poser. Elle fixa son reflet dans le miroir en séchant ses cheveux. Une larme s’échappa de son œil droit. Elle s’empressa de l’essuyer. Elle songea ensuite à la promesse qu’elle avait faite à sa mère.

De retour dans la pièce, elle retrouva son partenaire habillé. Rhianne le toisa, dégoûtée qu’il n’ait pas pris la peine de se doucher.

— Bon, combien ça fait? demanda la femme. L’homme sembla ne pas entendre. Combien ça fait? interrogea-t-elle beaucoup plus fortement. Elle avait revêtu un pantalon Jean bleu, lui collant à la peau, dessinant parfaitement les courbes envoûtantes de sa fine silhouette. Au-dessus, elle portait un décolleté gris à bretelle qui dévoilait le haut de ses seins.

— Quinze sur vingt, annonça l’homme.

— Seulement? se figea la jeune femme qui appliquait un léger maquillage sur son visage. Ce n’est pas suffisant pour couvrir les autres matières, celles de vos acolytes, murmura-t-elle en finissant sa phrase.

— Vous savez, mademoiselle Abessolo, la vie n’est pas facile, il faut se battre pour réussir. Et vous avez d’indéniables atouts pour le faire sans aucun effort dans tout ce que vous entreprenez, répondit l’homme en souriant. Vous m’avez énormément satisfait aujourd’hui, ajouta-t-il en laissant échapper un sourire malicieux.

— Dommage que ce ne soit pas réciproque.

— Peu importe. Mais pour ta prouesse, c’est vrai que tu mérites quand même. Un seize, ça te va?

— Vous savez que ce n’est pas suffisant pour couvrir les matières où vos collègues m’ont collé des notes arbitraires! Comment je fais, moi, pour couvrir des deux et des trois? cria l’étudiante. Il me faut tous mes crédits pour recevoir mon diplôme!

— Calmez-vous, mademoiselle Abessolo, vous n’aurez qu’à faire la même chose avec les autres et vous aurez votre master sans aucun problème dans quelques jours. Avec mention très honorable même!

— Très honorable au lit oui! Je ne suis pas une pute, d’accord?

Rhianne regarda son interlocuteur. Elle fronça les sourcils, elle avait perçu le piège. Comment avait-elle cru un instant que les choses seraient aussi faciles? Comment s’était-elle laissée convaincre?

Espèce de salaud, tu me le paieras!

Rhianne venait de comprendre que son supplice ne finirait jamais. La colère l’envahit aussitôt. Elle sentit du sang gicler jusque dans ses tempes. Ils ne la laisseraient jamais quitter l’Université, tant qu’ils ne seraient pas tous passés sur elle. Cela faisait des années que ces hommes lui couraient après, mais l’étudiante avait trouvé un moyen de leur échapper. Maintenant, ils la tenaient. Ils ne la lâcheraient plus. Sa soutenance de Master dépendait en grande partie d’eux, mais surtout de lui, son tuteur imposé. L’homme le plus pervers qu’elle n’ait jamais rencontré au cours de sa vie.

— Vous croyez que c’est aussi simple? Que ce n’est qu’un jeu? rétorqua la jeune femme en dévisageant son professeur sans retenue. Elle se saisit d’un sac à main bleu nuit posé sur la table; il était assorti à la paire de talons à aiguilles qu’elle portait ce jour-là. Je passe vous voir demain à l’université pour fixer la date de ma soutenance. Je veux qu’on la fasse le plus tôt possible. Il y a longtemps que je suis prête, monsieur.

— Appelle-moi Jody, répondit-il.

— Rien à foutre de votre surnom. Un marché est un marché.

— D’accord mademoiselle Abessolo.

— Je vous souhaite une agréable soirée monsieur et à demainà l’UPG, dit-elle en partant.

Rhianne claqua la porte de la chambre si fortement que tous les murs de l’hôtel menacèrent de s’effondrer, comme le temple de Jérusalem lors de la crucifixion du Christ.

 

Chapitre 2

 

Ce matin du mois de novembre, j’arrivai à mon bureau du GREPOD, le groupe d’études politiques et défense dont le laboratoire était hébergé par le Centre National de Recherches scientifiques et technologiques. Un bureau que je partageais avec ma collègue Casimira, une très jolie jeune fille qui passait très peu de temps devant l’ordi, préférant faire les courses et autres missions de terrains pour cette branche de l’Institut de recherche en sciences humaines de l’Université.

Le vent frais de novembre soufflait sur mon visage quand j’ouvrais la porte centrale du bâtiment. Notre sanctuaire était une petite salle pleine à craquer, dans laquelle bien longtemps avant notre arrivée, on avait casé les archives de tout le bâtiment. La pièce ne comprenait que nos deux bureaux, une vaste étagère et des armoires à papiers remplies de boîtes de rangement poussiéreuses.

Je mis la cafetière en marche, ouvris les volets, et allumai les deux ordinateurs. Le fixe que j’utilisais pour les travaux du centre et mon portable que j’avais sorti de mon sac.

Le bâtiment était silencieux. Il n’y aurait personne avant huit heures. Mon ordinateur portable allumé et connecté au Wifi, je m’attelai alors à parcourir les sommaires des différents medias en ligne. L’un d’eux attira mon attention. Il parlait de mon Université.

L’article de Gabon Voice ne couvrait que quatre paragraphes et deux photos : l’une du portail de l’Université Public du Gabon et l’autre de quelques étudiants au sein du campus.

Je me fis une tasse de café et revint m’asseoir devant l’écran. Je parcourus l’intégralité de l’article, pris mon téléphone portable et composai un numéro…

— Allo, bonjour Professeur Monty.

— Comment allez-vous jeune homme?

— Bien. Bien Professeur. Je viens d’apprendre que l’Université organise une session spéciale de soutenance en mai.

— Oui, il y’a trop d’étudiants en attente de soutenance et comme vous le savez on ne peut éternellement repousser les échéances. Le mieux a été de faire ce sacrifice.

— Allez-vous vous en sortir? Il y aura quoi, deux centaines d’étudiants environs?

— Nous n’avons pas d’autres choix. Nous serons en fin d’année et nous n’aurons pas besoin d’interrompre les cours.

— Je vois. Espérons juste que les choses se passent comme prévu.

— Nous l’espérons.

— Alors, en ce qui me concerne puis je vous envoyer la dernière mouture de ma thèse?

— Oui, si vous avez terminé les corrections que je vous ai recommandées, renvoyez-la-moi. J’y jetterai un coup d’œil durant la semaine.

— Merci Professeur Monty. Excellente journée à vous.

— Meilleur à vous Thierry.

Trois mois plus tard.

Trois garçonnets avançaient lentement derrière leur mère, qui les suppliait de marcher plus vite.

Les garçons vivant sur le campus avec leurs parents étudiants, fréquentaient une école primaire loin de leur habitation, et pas facilement accessible. En plus, les embouteillages de Libreville ne prévenaient jamais. Alors, chaque jour, ils se levaient avant six heures, se préparaient, petit-déjeunaient et quittaient le campus avant que sept heures ne sonnent à l’horloge.

Ce matin-là, les choses avaient été différentes, leur mère étudiante en anthropologie était souffrante et leur père, élève infirmier à l’université des sciences de la santé d’Owendo1, avait travaillé de nuit. C’est avec beaucoup de peine que cette maman qui n’avait pas fini de grandir les avait préparés pour l’école. Elle craignait de s’effondrer en chemin, mais tenait bon. Tant que les petits se comportaient bien, il n’y aurait pas de problèmes.

Mais pourquoi étaient-ils aussi lents? Il était déjà huit heures. Ils seraient en retard à coup sûr, mais ce n’était pas une raison pour ne pas se presser.

— Oh! Vous trois, marchez vite. D’ailleurs, passez devant, lança la mère. En se retournant, elle vit le plus grand, Jérémy, accroupi devant Quentin, le benjamin. Qu’est-ce que vous faites là?

— Maman, je veux faire pipi.

— Oh, on est en retard. Range ta gourde dans le sac et va faire pipi là-bas. Elle désigna un bâtiment délabré à quelques mètres d’eux. Accompagne ton frère et regardez bien où vous mettez les pieds, lança-t-elle à l’aîné.

— Oui m’man.

Les garçons s’exécutèrent. Bientôt ils furent aux portes du pavillon inachevé. Elle eut envie de leur hurler de s’arrêter là, mais soudain, les deux petits garçons se mirent à crier. La mère courut instinctivement à leur rencontre, le cœur en feu.

— Y’a quoi? Y’a quoi Jérémy? Qu’est-ce qu’il y a?

Les garçonnets debout à l’entrée avaient les yeux rivés sur l’intérieur du pavillon. La mère s’avança pressée de savoir ce qui accaparait l’attention de ses fils. Brusquement, son cœur se mit à battre très fort. Elle demanda aux garçons d’aller l’attendre plus loin.

Restée près de l’entrée, la jeune mère franchit le seuil du bâtiment en faisant un signe de croix. Elle s’approcha de ce corps gisant au milieu de ce qui aurait dû être un hall d’entrée. C’était le corps d’une femme à la peau très claire couchée à plat ventre.

Judith avança malgré elle, ses jambes étaient aussi molles que du chewing-gum. Une pierre dans l’estomac, elle priait au fond d’elle, en se demandant ce qui avait bien pu arriver à cette fille. Elle avait peut-être été violée. L’idée la fit frissonner.

La mère des trois garçons, le cœur battant, s’approcha, et posa sa main chaude sur le corps inerte. Ses cheveux se dressèrent sur sa nuque. Un courant électrique traversa sa colonne vertébrale. Elle émit un soupir de terreur, mais aucun son ne s’échappa de sa bouche.

Le corps de cette fille était froid comme de la glace.

Judith s’empressa de sortir de cet endroit souillé par la mort et rejoignit le premier passant qu’elle croisa. Elle lui parla assez rapidement, tremblante telle une feuille morte soufflée au vent. Le jeune homme se tourna vers son compagnon. Et les deux hommes avancèrent vers le pavillon.

Quelques minutes plus tard, l’endroit était noir de monde.

Judith, affolée, put rejoindre ses trois garçons. La peur dans le ventre, elle resta immobile sans rien dire. Dans ses yeux, une peur terrible se dessinait.

Repassant la scène dans sa tête, elle n’en croyait pas ses yeux. Elle avait touché un cadavre. Elle leva les mains vers son visage quand son plus jeune garçon tira le pan de sa jupe.

— M’man, elle est morte?

 

*

 

Une foule de curieux s’était réunie aux abords du pavillon G du campus de l’Université Publique du Gabon. Je m’avançai histoire de comprendre pourquoi ce bâtiment était soudainement devenu l’attraction principale de la matinée. D’autant plus que le pavillon G, était un de ces nombreux chantiers inachevés depuis bientôt une décennie. Son histoire était la même que celle de tous les édifices du pays ayant subi le même sort.

Il était une fois, des travaux avaient été financés par l’État avec des budgets qui n’avaient jamais atteint leurs destinations, et s’en étaient allés vers des directions lointaines et inconnues.

Deux soldats du feu passèrent devant moi. Avançant sans se soucier des regards plantés sur eux. On aurait dit des pistolets à visée laser des snipers. Ils transportaient sur une civière un cadavre recouvert d’un linceul d’un blanc très douteux. La vue de ce spectacle me procura une sensation de malaise.

Toutefois, je ne pris pas le temps de m’enrichir des détails. Il était neuf heures, je me rendis immédiatement à un TD d’analyse des politiques publiques où j’assistais le Prof Monty. Après trois semaines d’absence. Je rentrais d’une mission que j’avais effectuée pour le GREPOD, qui m’employait en tant que chercheur associé et qui m’avait confié un poste d’assistant administratif.

J’arrivai à l’amphi au pas de course, le professeur Laurent Monty n’y était pas encore. L’ambiance y était morose. Tous les étudiants parlaient de la découverte macabre de ce matin.

Je rejoignis un siège pour la journée, le bavardage n’étant pas mon fort, j’entrepris de commencer la lecture du livre que j’avais dans mon sac. Le prof arriva, quelques minutes plus tard avec le sourire comme à son habitude. Nous passâmes les trente premières minutes du travail dirigé à commenter l’actualité internationale puis nationale avec les futurs politistes. Nous survolâmes tout ce qui touchait à l’extérieur de nos frontières avec pour but d’explorer des sujets bien plus intéressants chez nous, dont ce meurtre ignoble survenu sur notre campus.

Le premier d’une longue série.

 

Chapitre 3

 

Aux environs de quinze heures, je devais regagner ma chambre et me préparer pour un rendez-vous amoureux à dix-neuf heures. Nous étions le 14 février.

Plusieurs minutes après avoir quitté l’amphi, je franchissais les marches menant au premier étage du pavillon F. Le bâtiment de quatre étages qui abritait ma chambre d’étudiant. Que je devais libérer en fin d’année, car désormais doctorant.

À moitié épuisé, j’avançais dans les couloirs du pavillon quand j’y remarquais une ambiance assez étrange. L’atmosphère au deuxième étage était glaciale un peu comme si un mauvais vent soufflait dans les couloirs. Cette sensation me donna la chair de poule. Je continuai tout de même mon chemin en banalisant les faits.

Je marchais lentement quand je me rendis compte du désert humain qu’il y avait dans le pavillon. Toutes les chambres semblaient vides. Ce qui était assez rare au Pavillon F communément appelé le PF. De mémoire, cela ne s’était jamais produit depuis cinq ans que j’y résidais. Oui! Ce pavillon, bien plus vivant que les autres, était toujours animé. De jour comme de nuit, il était bruyant. Car il abritait en majorité des étudiants étrangers qui savaient réellement égayer l’environnement. C’était à croire que les gens ici ne dormaient jamais. Mais ce jour-là, il n’y avait aucun son, aucun bruit, aucun cri, aucune parole. Aucune musique ne s’échappait des chambres. Il n’y avait aucune âme qui vive dans tout le pavillon alors que nous étions en après-midi et que les cours étaient terminés. Tout n’était que silence.

Au troisième étage, les lumières dans le couloir se mirent à clignoter toutes en même temps, me plongeant dans une ambiance effrayante qui ne manqua pas de réveiller mes peurs. J’avais l’impression que quelqu’un m’observait ou qu’un événement malheureux allait m’arriver.

Au quatrième, où se trouvait ma chambre, j’accélérai le pas. En levant la tête, j’aperçus une silhouette au bout du couloir. Ce fut une bonne chose de n’être pas seul dans cet endroit flippant. Je ralentis alors le pas, en regardant derrière et autour moi. Les lumières clignotaient toujours.

Au bout du couloir de mon étage se tenait une fille. Elle était devant la porte en face de ma chambre. Depuis un an, la chambre en face de la mienne n’avait pas d’occupants.

J’avançais vers la porte en lançant un bref regard à cette fille. Était-ce ma nouvelle voisine? Quand avait-elle emménagé? La femme qui me tournait le dos était un beau petit canon. Une fille svelte au teint très clair. On aurait dit une métisse. Elle avait des formes aguicheuses et portait ce jour-là, une de ces robes moulantes qui semblaient lui faire une seconde peau. La sienne était noire avec des fleurs multicolores et dessinait parfaitement tous les contours de sa belle silhouette. Son dos découvert me permit de remarquer qu’un papillon était tatoué sur son épaule droite.

Sa robe qui s’arrêtait au milieu des cuisses m’offrit la vue plaisante de ses jambes fines et élégantes que chaussait une belle paire de talons aiguille bleu marin. Elle était assortie à son sac à main.

La jeune femme se retourna et me regarda. Sa poitrine, mise en valeur par la coupe décolletée de la robe, était sauvagement attirante. Je lui fis un sourire timide. Quand, je croisai son regard, un frisson me traversa l’échine. Je n’arrivais pas à l’expliquer. Mais quelque chose n’allait pas.

Ma belle voisine me rendit mon sourire, m’offrant la vue de sa denture d’une blancheur immaculée derrière ses lèvres roses et pulpeuses. J’eus une envie inexplicable de l’embrasser. Cette pensée malsaine me fit détourner le regard.

— Bonjour, me dit-elle.

— Salut, lui rendis-je.

Je farfouillai les poches de mon pantalon jean. Très vite, je trouvai mes clés. J’ouvris la porte de ma chambre, le sentiment de malaise était toujours présent. Mon cœur frissonnait. Ce couloir avait un truc que je n’arrivais pas à décrire.

— S’il te plaît, dit derrière moi une voix fluette.

En plus d’être belle, elle a une voix magnifique.

— Oui, lui répondis-je en me retournant.

— Peux-tu me donner un coup de main, s’il te plaît? Je n’arrive pas à ouvrir la porte de ma chambre.

— Bien sûr!

— Je crois que mes clés ne passent plus. Je ne sais pas pourquoi!

La jeune femme me souriait. Elle avait l’air gentil, et je ne sais pas si c’était ma timidité ou autre chose, mais à ce moment-là, j’avais encore plus froid et l’impression que les lumières autour de nous clignotaient plus vite. Pourtant, ma voisine semblait indifférente à tout cela.

Je traversai le couloir, il y avait un parfum dans l’air, un effluve agréable. Ma voisine me remit ses clés que j’inspectai, et me rendit tout de suite compte qu’elles ne correspondaient pas aux serrures. Si ces clés ouvraient bien une porte, ce n’était pas celle-ci. Je m’empressai de lui expliquer.

— Tes clés ne sont pas les bonnes, n’en as-tu pas d’autres? Elle me regarda et sembla réfléchir. Tes clés sont d’une autre marque que la serrure, précisai-je.

— Euh d’accord, je crois que les bonnes sont celles que j’ai laissées dans la voiture, finit-elle par dire. Dis-moi, peux-tu tenir mon sac un instant? Le temps que je descende les chercher. Je remonte dans deux minutes.

— Euh d’accord. Il n’y a aucun problème.

— Merci, tu es un ange.

Ma belle inconnue s’approcha et me fit un baiser sur la joue. Le contact de ses lèvres humides sur ma peau hérissa tous les poils de mon corps. Cette jeune femme était toute froide, comme si elle faisait une hypothermie!

Ma belle voisine tourna les talons et s’en alla en souriant. De belles fossettes enjolivèrent le spectacle. Je ne pus m’empêcher de reluquer sa silhouette vénusienne s’éloigner et disparaître au bout du couloir. Soudain, les lumières arrêtèrent de clignoter. L’air redevint chaud.

J’entrai dans ma chambre et attendis qu’elle réapparaisse, mais une heure plus tard, ma voisine ne fut toujours pas de retour.

 

Chapitre 4

 

En attendant le retour de ma voisine, je pris une douche, et me fis une omelette aux petits pois que j’agrémentai de belles tranches de saucisses. L’idée d’avoir une beauté pareille comme voisine était assez agréable.

J’avais bien envie de la connaître, de savoir depuis quand elle vivait sur le campus et pourquoi je n’avais jamais remarqué sa présence. Elle me semblait sympathique, alors, il me vint à l’idée de lui souhaiter la bienvenue en l’invitant manger. Je n’avais qu’à lui proposer à son retour.

Mon assiette vide, j’ouvrais mon PC portable quand quelqu’un frappa à ma porte.

«Un instant, s’il te plaît!»

J’ouvris la porte et me trouvai face à Jessie, toute souriante.

Jessica Nyingone était la petite amie que je devais retrouver à dix-neuf heures. Non seulement il n’était que seize heures trente, mais nous n’étions pas censés nous voir au campus. Nous avions rendez-vous dans un restaurant de Libreville pour célébrer la Saint-Valentin.

Je remarquai alors qu’elle avait fait des courses. Elle portait des paquets dont je lui ôtai la moitié des bras en lui lançant un regard inquisiteur. Elle me répondit avec un baiser en entrant dans la pièce.

— Je me suis dit qu’un dîner aux chandelles serait mieux qu’un restau. Je viens de passer trois semaines sans toi.

— Seulement?

Je déposai les affaires et revint vers elle. Je la pris par la taille.

— Ouais, trois semaines c’est long.

Jessica s’agrippa à moi pendant que je lui caressais les fesses.

— J’ai envie de cuisiner pour toi. Alors, tu as le choix. Soit un coup vite fait maintenant soit tu attends que je termine.

— D’accord. On attend alors.

— Tu ne le regretteras pas.

Elle se dégagea et je l’accompagnai ranger le reste des courses dans le coin cuisine. Nos chambres d’étudiants quasiment toutes identiques étaient un trois-pièces composé d’un coin-cuisine, d’une douche et d’une pièce centrale suffisamment vaste pour y loger un lit et un mini salon.

— Sinon, comment a été la journée, chérie?

— Bonne, mais trop chargée. On a même une audience en ce moment.

— Et pourquoi tu n’y es pas?

— Je l’ai séchée pour être avec toi.

— T’es pas croyable toi, lui dis-je en riant.

— Sinon de ton côté?

— Une journée bizarre, je me suis tapé deux heures de TD de droit public, répondis-je en riant. Et pour couronner le tout, figure-toi qu’on a retrouvé un corps au pavillon G.

Jessica ouvrit le frigo, prit une bouteille de bissap2 dont elle me faisait dix litres toutes les deux semaines.

— Je l’ai lu sur Facebook. On agresse déjà les étudiants sur le campus! Qu’attends-tu pour quitter cet...

Elle s’arrêta et me lança un regard noir. Je le connaissais bien celui-ci. Qu’avais-je encore fait? Je ne compris pas tout de suite. Mais je me souvins alors que le sac à main de ma voisine était posé sur la table basse du salon.

— Ce n’est pas du tout ce que tu crois… essayais je de dire, quand la jeune femme croisa les bras en me foudroyant du regard derrière ses lunettes à monture fine. Elle avala une gorgée de jus de groseille et continua à me regarder avec insistance.

— Comment sais-tu à quoi je pense? Tu es maintenant devin? Explique-moi juste ce que fait le sac d’une autre femme dans la chambre de mon mec.

— C’est celui de la voisine...

— La voisine hein. Tu n’as pas de voisine, me fit-elle remarquer. En tout cas, si tu as osé me tromper, je vais te couper tes deux boules là!

— Je te jure que c’est vrai.

Avec le temps, j’avais appris à toujours lui dire la vérité. Jessica disait qu’il ne sert à rien de mentir. La vérité est la meilleure des défenses. Que dans un couple, la clé c’est le dialogue, et la serrure est la confiance. Je décidai alors de lui raconter ma rencontre avec ma nouvelle voisine, en prenant toutefois le soin de retirer la séquence du baiser.

Jessica était le genre de femmes émancipées et entêtées par les bouquins de Simone de Beauvoir, de George Sand et toutes ces auteures qui pourrissent les femmes avec des résolutions antisexe-faible. Elle avait obtenu sa maîtrise en Droit privé et attendait son intégration au barreau depuis bientôt trois ans.

— Elle a dû emménager derrière moi. Je l’ai rencontré tout à l’heure.

— OK d’accord. Je l’attendrai alors.

Au même moment, on entendit du bruit dans le couloir. C’était certainement ma voisine. Elle tombait à point nommé pour me tirer d’affaire. Alors, pour prouver à Jess que je ne mentais pas, je m’empressai d’ouvrir la porte et tombai alors sur deux hommes en uniforme de la police. Ces derniers étaient accompagnés par deux étudiants. Frank Nzinzi, que l’on surnommait Capello et Guy Nzong, qui se prenait pour José Mourinho lors des compétitions universitaires. Ces deux jeunes hommes étaient les responsables de notre pavillon, une sorte de concierges que je ne voyais que pour les réunions et les travaux sur le pavillon. Nous aurions pu être amis, mais comme je passais mes journées au laboratoire, je n’avais pas le temps de familiariser avec les autres résidents.

— Mbolo3 Thierry, comment ça va? me lança Capello. Il me salua avec son accent tonique typique des Gabonais originaires du nord du pays.

— Je vais bien. Et toi?

— Un peu secoué par le décès de notre sœur, mais ça va aller. Dieu est là!

Jessica apparut derrière moi et les salua timidement.

— Bonsoir, Monsieur, m’apostropha l’un des officiers. Nous sommes de la Police judiciaire. Nous enquêtons sur la mort, de Rhianne Abessolo, survenue dans la nuit d’hier à aujourd’hui.

— D’accord monsieur l’agent, mais je ne crois pas connaître cette fille. Alors comment puis-je vous aider?

Les deux hommes se regardèrent comme si je venais de sortir la plus grosse des conneries de tous les temps.

— Vous êtes au courant pour le corps retrouvé ce matin? demanda le second policier. Je répondis oui de la tête. C’est assez curieux que vous ne la connaissiez pas, car il s’agit de votre voisine.

Ma voisine?

Je tournai la tête vers Jessica, derrière moi, qui lut dans mon regard que quelque chose clochait. Elle me prit discrètement la main.

— Si je comprends bien, cette étudiante, ma voisine, c’est la fille qui est morte dans la nuit? Les quatre hommes acquiescèrent. Mais pourquoi je ne l’ai jamais vu ici?

— En fait, répondit Mourinho, ça ne fait que deux semaines qu’elle a obtenu cette chambre. Elle l’avait louée pour préparer sa soutenance. Avant-hier elle a soutenu et aujourd’hui elle est morte. La vie est injuste hein.

Je ne dis plus rien, essayant de rassembler mes idées et de faire appel à tous mes sens. Si ça ne faisait que deux semaines que cette fille était sur le campus, il était normal qu’on ne se connaisse pas. J’avais séjourné trois semaines à l’intérieur du pays. Et je n’étais rentré que depuis trois jours. Avant cela, les semaines précédentes avaient été accaparées par les préparatifs de cette mission. Toutefois, là n’était pas le problème. Comment leur dire que j’avais vu cette fille une heure plus tôt? J’essayai, mais je ne trouvai pas les mots. C’est alors que je réalisai que ma belle inconnue ne pouvait pas être celle qui avait loué la chambre vue que cette dernière était morte depuis plusieurs heures.

— Maintenant, je comprends, lançai-je. Que son âme repose en paix.

— Peut-être qu’après ça tu accepteras que l’on vive ensemble. On tue déjà des étudiants sur le campus.

— Rassurez-vous, mademoiselle...

— Madame! rectifia Jessica. Je suis sûr que vous n’accepteriez pas que je vous appelle damoiseau, alors appelez-moi, madame, monsieur l’agent. Mademoiselle, c’est réducteur. Voire insultant.

L’agent fut un peu étonné de la réaction brutale et ferme de Jessica, mais accusa le coup.

— OK euh, excuse-moi madame. Je voulais juste vous informer que la victime n’a pas été tuée sur le campus. L’assassin est juste venu y jeter son corps. D’où la raison de notre présence ici ce matin, madame.

— Dites-nous, avez-vous vu ou entendu quelque chose de suspect dans la nuit d’hier à aujourd’hui?

— Euh non, répondis-je. Je n’y ai vraiment pas fait attention. Comment aurai-je pu? Je ne savais même pas qu’il y avait une nouvelle sur le pavillon, rendis-je, en dissimulant volontairement ma rencontre avec cette fille dont je m’interrogeai désormais sur l’identité.

J’aurais pu leur dire qu’une fille avait essayé de pénétrer dans cette chambre, mais je n’avais pas envie de poursuivre l’interrogatoire au poste avant même de réellement comprendre ce qui se passait.

— Merci pour votre aide.

Capello passa derrière eux et ouvrit la chambre en face. Il me salua et me remercia avant de disparaître dans la pénombre. Je refermai immédiatement la mienne et m’adossai en croisant le regard inquisiteur de Jess, tout aussi perdue que moi.

Maintenant que je venais de lui sortir une histoire qui ne tenait plus la route, elle attendait certainement une explication plus fluide.

Le cœur battant, je me précipitai vers le frigo, pris une bouteille d’eau que je vidai d’une traite. Si l’étudiante qui avait loué cette chambre était morte dans la nuit, alors avec qui avais-je parlé?

Plus curieux encore, ma voisine avait été tuée hors du campus et ses assassins étaient venus déposer son corps à l’université. Pourquoi?

Et si c’était ma belle inconnue qui avait tué ma voisine?

 

Chapitre 5

 

Mon verre vide, je me tournai vers Jessica. La tête que je faisais semblant l’effrayer, elle s’approcha et me caressa les mains avec douceur. Cela ne me calma guère. L’idée que je me sois entretenu avec une complice de meurtre me torturait de l’intérieur. Je ne voyais aucune explication justifiant la présence de cette femme devant la chambre d’une morte.

Jessica m’entraîna vers le lit, et me prit dans ses bras, comme pour me soigner d’un mal qu’elle-même n’avait pas encore décelé. Elle me connaissait assez bien pour comprendre et interpréter le même moindre de mes faits et gestes.

Sentir les battements de son cœur et les bouts de ses seins frêles contre ma poitrine fut très réconfortant.

En tournant la tête, mon regard balaya la pièce et se posa sur le sac à main sur la table basse.

— Jess, je crois que la fille dont je t’ai parlé est liée au meurtre de cette étudiante.

Elle me caressa la tête, avant de me demander de lui expliquer à nouveau toute l’histoire dans les détails. Elle non plus ne comprenait pas. J’eus une légère peine à trouver les mots pour lui faire part de mes inquiétudes, et des questions qui me traversaient l’esprit. Qui était cette Rhianne Abessolo? Pourquoi avait-elle été tuée? Pourquoi avait-on jeté son corps au campus? Et qui était cette femme que j’avais rencontrée? Que cherchait-elle? Pourquoi m’avait-elle remis son sac? Mais surtout, pourquoi n’était-elle pas revenuele récupérer?

Jessica m’écouta religieusement quand une sombre évidence me vint à l’esprit. Et si les preuves de la mort de cette étudiante se trouvaient dans la chambre, et que ma belle inconnue avait voulu les effacer? Mon arrivée avait dû la surprendre et fausser ses plans. Et maintenant que la police s’était rendue dans la chambre qu’allait-il se passer? Reviendrait-elle me voir? Ne fut-ce que pour récupérer son sac?

— Je vois. Mais pour l’instant, nous ne sommes sûrs de rien. On verra comment les choses se présentent. Ne t’inquiète pas mon cœur, repose-toi pendant que je te fais à manger. Je ne veux pas que cette histoire gâche notre Saint-Valentin.

Jessica me donna un baiser si profond que j’en oubliais tous mes maux. Je m’allongeai et m’endormis presque profondément. À mon réveil, Jessica avait tout rangé, la chambre sentait bon la fraise, la table avait été mise et trois bougies éclairaient la pièce plongée dans le noir.

Après avoir mangé, nous nous enlaçâmes un moment sur le lit. Jessica me caressa le torse, l’air songeur. Puis elle m’embrassa langoureusement, m’ôta ma chemise et entreprit d’ôter ses vêtements, mais resta en soutien-gorge.

— Je veux mon rattrapage de trois semaines, me lança-t-elle en plongeant sa langue dans mon oreille.

Sous un feu de désirs, nous fîmes l’amour et nous endormirent l’un dans l’autre. Bercé par son essence corporelle, et satisfait par ses larmes de plaisirs, je me perdis dans le creux de ses bras.

Deux heures plus tard, Jessica se leva, prit sa douche et se rhabillait quand j’émergeais des limbes.

— Tu as aimé? me demanda-t-elle avec ce sourire de femme dont l’appétit venait d’être comblé.

— Oui, comme d’habitude.

— Hum! C’était bon. Ça faisait si longtemps.

— J’suis parti que trois semaines.

— Mais ça faisait sept semaines qu’on n’avait pas fait.

— Tant que ça?

— Oui. Et désormais, je veux ma dose hebdomadaire, dit-elle en riant. Elle s’assit à la table, coiffa ses cheveux en un chignon haut pour libérer sa nuque.

— Au fait, j’ai pensé à un truc sous la douche, me dit-elle en se coiffant.

— Je ne serai pas contre un second round.

Jessica me sourit, puis se redressa, essuya ses lunettes et me proposa de fouiller le sac qu’elle n’arrêtait pas de fixer depuis plusieurs minutes. Elle pensait que son contenu pouvait nous aider à répondre à nos questions. L’idée ne m’enchantait guère. Je refusai immédiatement. Il valait mieux ne rien savoir et ne rien avoir avec cette histoire. Cette fille reviendrait bien récupérer son sac tôt ou tard.

Mais, fidèle à son caractère, Jessica se leva d’un bon et se saisit du sac bleu, l’ouvrit et commença à le dépouiller.

— Ce n’est pas une bonne idée Jess. Qu’est-ce que tu fais?

— Je fais ce qu’il faut. Comment veux-tu assurer ta défenseen cas de pépin?

Jessica tenait fermement le sac arborant les lettres d’une célèbre marque italienne. Elle en sortit un à un chaque objet qu’il contenait.

D’abord, deux liasses de billets de dix-mille francs qu’elle posa sur la table basse. Ensuite, un I phone rose, qu’elle essaya d’allumer, mais celui-ci semblait à plat. Elle retira ensuite un agenda rose avec un logo dessus. Ce logo représentait une sorte de papillon formé par de petits cristaux blancs. Le reste du contenu se limitait à deux enveloppes blanches, un porte-monnaie noir, un set complet de maquillage et un flacon d’eau de parfum.

En poursuivant sa fouille dans une autre poche, elle découvrit un chargeur et me demanda de brancher le portable.

Croisant son regard, je m’aperçus qu’elle n’éprouvait aucune peur. Contrairement à moi qui flippais comme si j’avais quelque chose à me reprocher. Elle trouva en suite un porte-monnaie qu’elle ouvrit et en retira un collier en argent, avec à son bout un papillon identique au logo imprimé sur les enveloppes et l’agenda.

— Red Butterfly… soupira Jessica. Je l’ai déjà entendu quelque part, mais je ne sais plus où.

Elle continua sa fouille quand soudain, elle se retourna lentement vers moi.

— Qu’y’a-t-il?

— Comment elle s’appelle déjà celle qui est morte?

— Abessolo quelque chose.

— Alors... c’est son sac, lança calmement Jessica en nettoyant ses verres.

— Le sac de celle qui est morte?

Jessica acquiesça. Pour seule explication, elle me tendit deux cartes de visite noires parsemées de motifs dorés. Il y était inscrit : Rhianne Abessolo, Manager. Red Butterfly. Agence d’hôtesses.

Ayant terminé, Jessica se redressa.

— Bon, si tu veux avoir mon avis. Je ne pense pas que celle qui te l’a remis ait tué Rhianne Abessolo. On ne peut pas faire d’aussi graves accusations sans preuve. Toutefois, elle doit avoir un lien avec le meurtre. Elle sait sans doute quelque chose. J’imagine qu’elle a voulu remettre le sac d’Abessolo dans sa chambre pour éviter qu’on ne la retrouve avec. Mais comme tu l’as surprise, elle ne pouvait plus le faire. Elle retira ses lunettes qu’elle nettoya encore une fois, et les remit sur son nez.

— J’y ai pensé.

— Ce n’est pas bon signe. Si la police retrouve ce sac avec toi, tu peux te faire accuser du meurtre.

Je regardai Jessica, son visage ne traduisait aucune expression, mais sa théorie tenait la route. Elle était encore plus grave que tout ce que j’avais pu imaginer jusqu’ici.

Jessica se pencha à nouveau pour ouvrir l’une des enveloppes. Elle en lut lentement le contenu. Je ne voyais rien d’où j’étais, mais je comprenais à l’expression de son visage qu’elle venait de faire une étrange découverte.

Son visage devint blême, ses yeux se remplirent de larmes. Ma petite amie se tourna vers moi presque en sanglot. Je ne l’avais pas vu aussi triste depuis longtemps.

— Chéri, elle était enceinte et séropositive. Mais ils l’ont quand même tuée! Comment peut-on assassiner une femme qui attend un bébé de trois mois?