Sonnets de William Shakespeare - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Sonnets de William Shakespeare E-Book

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Les Sonnets de William Shakespeare (1564-1616) ont été publiés en 1609 par le libraire-éditeur Thomas Thorpe, sans doute sans l’autorisation de l’auteur. Il est probable, cependant que, comme presque toute poésie lyrique de cette période, ils aient connu auparavant une circulation manuscrite au sein d’un cercle d’amateurs.

Une fiche de lecture spécialement conçue pour le numérique, pour tout savoir sur Sonnets de William Shakespeare

Chaque fiche de lecture présente une œuvre clé de la littérature ou de la pensée. Cette présentation est couplée avec un article de synthèse sur l’auteur de l’œuvre.

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Seitenzahl: 52

Veröffentlichungsjahr: 2015

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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782852295926

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Monticello/Shutterstock

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Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Sonnets, William Shakespeare (Les Fiches de lecture d'Universalis).

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SONNETS, William Shakespeare (Fiche de lecture)

Les Sonnets de William Shakespeare (1564-1616) ont été publiés en 1609 par le libraire-éditeur Thomas Thorpe, sans doute sans l’autorisation de l’auteur. Il est probable, cependant que, comme presque toute poésie lyrique de cette période, ils aient connu auparavant une circulation manuscrite au sein d’un cercle d’amateurs. Car le sonnet, qui comme pour le reste de l’Europe avait connu un âge d’or en Angleterre dans les années 1580-1590 – avec notamment Sir Thomas Wyatt et Henry Howard, comte de Surrey –, était déjà passé de mode au moment de la publication du livre. En outre, si la poésie était considérée, plus que le théâtre, comme un genre noble, il était de bon ton d’affecter de ne pas imprimer soi-même ses propres œuvres lyriques.

Composé dans les années 1590, ce mince in-quarto, qui contient 154 sonnets et un poème plus long, « A Lover’s Complaint », a fait couler beaucoup d’encre. On a voulu y voir l’œuvre la plus personnelle de Shakespeare, voire son autobiographie poétique. On a aussi beaucoup commenté l’identité des protagonistes : le dédicataire, « Mr. W. H. », à qui semblent s’adresser les 126 premiers sonnets et qui est souvent identifié comme étant Henry Wriothesley, le comte de Southampton – généreux mécène à qui Shakespeare avait déjà dédié son poème narratif Vénus et Adonis (1593) –, et la mystérieuse « Dame brune » à laquelle sont consacrés les sonnets 127 à 152, dont on pense qu’il pourrait s’agir d’Emilia Lanyer. Pourtant, il n’est pas sûr qu’il faille chercher le reflet exact d’un drame autobiographique dans un recueil dont l’ordre reste assez aléatoire sans l’assurance d’une supervision de la part de l’auteur. Son intérêt est ailleurs : c’est d’abord l’œuvre d’un très grand poète qui, d’un genre codifié, le recueil de sonnets d’inspiration pétrarquiste, fait une œuvre intense et complexe. Les Sonnets offrent aussi une perspective différente sur le théâtre de Shakespeare, en formulant autrement, en ce début de sa carrière d’écrivain, des thèmes et des obsessions qui lui sont chers.

• Une peinture de la relation amoureuse

Le recueil adopte une ligne narrative lâche, où on reconnaît les thèmes familiers de la poésie pétrarquiste. Construit comme un diptyque asymétrique, il oppose les figures du jeune homme « blond » ou « beau » (fair youth), qui lui inspire un amour homoérotique, et de la « Dame brune », pour laquelle la passion se fait plus charnelle, voire obsessionnelle. La séquence commence par un ensemble de 17 sonnets assez conventionnels, vraisemblablement de commande, ayant pour thème l’invitation au mariage : le poète commence par encourager un jeune seigneur, manifestement réticent, à se marier pour perpétuer son nom, avant de célébrer le pouvoir qu’a la poésie d’immortaliser son modèle. Thème sur lequel il revient à la fin de la première section, quoique dans une tonalité différente, en mettant symboliquement en scène l’oubli dans lequel tombera le jeune homme coupable de parjure. Les sonnets 18 à 125 marquent une progression dans l’intensité et dessinent toutes les étapes d’une relation amoureuse, du bonheur mutuel à la rupture : là encore, comme dans la poésie néo-pétrarquiste (adressée certes, en principe, à une dame), le poète célèbre la beauté de l’être aimé et son attachement pour le jeune homme ; il alterne entre phases de félicité dans l’amour partagé et de désespoir lorsque s’installent l’incertitude et le doute. Le temps des retrouvailles cède finalement la place à la diatribe. Il revient au sonnet 126 de mettre en scène l’abandon symbolique par le poète du jeune homme au temps qui passe et l’emporte vers la tombe.

La deuxième section, consacrée à la « Dame brune », évoque un amour d’un réalisme presque cru, qui permet à Shakespeare de jouer avec les clichés de la poésie pétrarquiste : « Ma maîtresse a des yeux qui n’ont rien du soleil [...] quand va ma maîtresse, elle a les pieds sur terre » (sonnet 130). Mais le désir peut aussi se faire violent, lorsqu’il est associé au mensonge mutuel et à l’abjection de soi. Shakespeare trouve alors des accents d’une modernité extraordinaire : « Ardeur qui se gaspille en honte ruineuse/ Est la luxure en acte, et tant qu’elle n’agit,/ Parjure, meurtrière, excessive, odieuse,/ Sanglante, violente, et sans foi ni merci ;/ Aussitôt assouvie, aussitôt méprisée » (sonnet 129). De parjures en trahisons, le poète en arrive à l’affirmation paradoxale d’un amour fondé sur le renversement des valeurs, qui l’amène à décréter beaux et justes le péché et la luxure.

• Une critique du modèle néo-platonicien

S’il est impossible de faire une lecture narrative ou autobiographique totalement satisfaisante du recueil, on peut dégager un axe de lecture symbolique qui renvoie à deux des grandes problématiques du théâtre de Shakespeare : l’impuissance du langage à dire le vrai, et la dichotomie entre l’apparence et l’essence, qui sonne le glas du mythe néo-platonicien. En effet, l’amour pour le jeune homme est exprimé dans la première section comme un amour néo-platonicien pour un objet supposé incarner l’union, au cœur de la triade platonicienne, du beau, du bon et du vrai. Les sonnets montrent alors la faillite d’une approche qui prétendrait postuler la fusion de l’ontologie, de l’éthique et de l’esthétique : comme Troilus dans Troilus and Cressida