Sophrologie - Lise Cothel - E-Book

Sophrologie E-Book

Lise Cothel

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Beschreibung

La Sophrologie : thérapie efficace ou arnaque ?
Cette technique de relaxation et d’activation du corps et de l’esprit connait aujourd’hui un véritable essor et fédère de très nombreux adeptes, en France et dans le monde. Près de 11 millions de Français ont déjà pratiqué la Sophrologie.
Une pratique reconnue et appréciée donc, mais qui présente pourtant de bien sombres aspects.
Entre désillusions, mensonges et marchandisation du bien-être, Lise Cothel, ex-sophrologue, emmène le lecteur dans l’envers du décor peu reluisant de la Sophrologie et démontre que cette méthode « aux bienfaits innombrables », comme l’affirment certains, est loin d’être aussi performante que ses promoteurs le prétendent.
Pratiquer la Sophrologie pour gagner en sérénité, bonne ou mauvaise idée ? Décryptage d’une pratique controversée.

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© La Boîte à Pandore

Paris

http ://www.laboiteapandore.fr

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ISBN : 978-2-39009-491-3 – EAN : 9782390094913

Toute reproduction ou adaptation d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, est interdite sans autorisation écrite de l’éditeur.

LISE COTHEL

SophrologieLa face cachée

À l’homme de ma vie, qui a su m’encourager à écrire ce livre et en a été le premier lecteur. Ses remarques judicieuses et ses conseils avisés m’ont été d’une aide précieuse.

À mes filles, présentes dans mon cœur à chaque instant.

POURQUOI CE LIVRE

Les guides à l’installation regorgeant de conseils pour devenir sophrologue en toute sérénité et les incitations à embrasser une carrière dans le milieu du bien-être sont actuellement légion. Par conséquent, le titre de ce livre pourrait surprendre, déranger ou même choquer plus d’une personne. Je ne suis pas une pourfendeuse des techniques de bien-être tous azimuts ni une détractrice de la sophrologie qui se permettrait de donner son avis sans rien y connaître. Je suis tout simplement une ex-sophrologue repentie, qui a vécu les choses de l’intérieur et qui offre une analyse fondée sur son expérience.

Pour rappel, la sophrologie est considérée comme une méthode thérapeutique brève qui prend en compte l’être dans sa globalité et dont la finalité est de retrouver une interaction harmonieuse entre le corps, le mental et l’émotionnel. Elle contribuerait ainsi à améliorer le bien-être et la qualité de vie de chacun en permettant de développer son potentiel, de mieux se connaître ou encore d’élargir sa conscience en activant ses ressources et en stimulant ses capacités.

Comme de nombreuses personnes, j’ai un jour envisagé une reconversion professionnelle dans le secteur du bien-être, un milieu qui m’avait toujours attirée. Après une découverte un peu fortuite de la sophrologie dans la Maison pour Tous de ma commune et une pratique régulière en groupe, j’ai décidé de franchir le pas et d’entamer une formation pour en faire mon métier. Les séances représentaient un moment agréable, calme et apaisant, une petite parenthèse de tranquillité dans un emploi du temps bien rempli, même si les effets bénéfiques se dissipaient rapidement. Rien de transcendant ni de révolutionnaire, pas de changement ni de transformation majeure, mais une pratique plaisante et conviviale et qui, sur l’instant, me procurait une éphémère sensation de bien-être.

Dans un secteur a priori porteur et en pleine expansion, la méthode avait le vent en poupe. C’est donc confiante, convaincue de faire le choix raisonnable d’un métier d’avenir et séduite par les promesses alléchantes et habilement médiatisées des promoteurs de la sophrologie que je me suis lancée dans l’aventure. Malgré ma grande motivation et mon investissement dans ce projet, au fil des mois, les doutes, d’abord insidieux puis rapidement omniprésents, sont apparus et m’ont fait perdre mes illusions, tant sur la légitimité de la profession que sur l’efficacité de la méthode.

Mon témoignage permettra peut-être à tous ceux et toutes celles qui s’interrogent sur une possible reconversion (devenir sophrologue est, à de très rares exceptions près, toujours un choix professionnel de deuxième intention) de considérer cette option avec discernement et objectivité. Au lieu de se fier exclusivement et naïvement comme j’ai pu le faire aux sirènes des promoteurs de la sophrologie, les candidats à la formation au métier de sophrologue auront ainsi un point de vue différent pour faire un choix en conscience. Il en va de même pour les clients de pratiques en soins non conventionnelles, qui bénéficieront eux aussi d’un nouvel éclairage sur cette pratique mise à toutes les sauces et dont les bienfaits s’avèrent largement surestimés.

Je ne prétends en aucune façon livrer une étude sociétale ou sociologique sur la formation, le métier de sophrologue ou le marché du bien-être. Ce que vous vous apprêtez à lire est uniquement ma vérité, mon point de vue, mon vécu, le ressenti de ma pratique et de mon expérience professionnelle de sophrologue. Il s’agit d’un témoignage personnel, et par essence forcément subjectif et probablement peu consensuel. Ce récit apporte un éclairage individuel sur un domaine qui a fait partie de mon quotidien pendant quatre ans. Comme tous les témoignages, il ne prouve ni ne démontre rien ; il est simplement le reflet d’une réalité vécue, le fruit de mes observations et analyses.

PREMIÈRE PARTIE : PROFESSION : SOPHROLOGUE

UNE PROFESSION NON RÉGLEMENTÉE

En France, le métier de sophrologue n’est pas réglementé : il n’existe pas de diplôme d’État ni d’ordre professionnel, et toutes les structures d’enseignement de la méthode sont bien évidemment privées. Dans ces conditions, n’importe qui est libre de s’autoproclamer sophrologue du jour au lendemain en s’inscrivant à l’URSSAF1 en tant que microentrepreneur. Nul besoin de certification ou quoi que ce soit d’autre pour poser sa plaque professionnelle. On peut, en toute légalité, se contenter de quelques lectures, d’une vague pratique personnelle ou de s’être formé en autodidacte. Bien sûr, l’immense majorité des sophrologues n’est pas dans cette situation, mais ce cas de figure, bien que rare, voire improbable (du moins, je l’espère !), n’est théoriquement pas impossible.

Les futurs sophrologues viennent d’horizons très différents. Nombreux sont ceux qui sont en reconversion professionnelle suite à un licenciement ou qui, en raison d’une insatisfaction croissante tant au niveau professionnel que personnel, aspirent à exercer un métier plus en accord avec leurs besoins profonds. Quelques-uns sont de fervents pratiquants et connaissent parfaitement la sophrologie ainsi que d’autres méthodes apparentées avant de se lancer dans une formation professionnelle et de transformer ainsi une passion en métier. Cependant, largement plus nombreux sont ceux qui, par opportunisme le plus souvent, s’engouffrent dans le secteur du bien-être et de la relation d’aide, qu’ils imaginent porteur. Certains exercent déjà dans le domaine des pratiques de soins non conventionnelles (art-thérapie, massage, thalassothérapie, jeûne thérapeutique…) et souhaitent étoffer leurs connaissances, ajouter une corde à leur arc afin d’offrir une gamme de techniques toujours plus vaste à leur clientèle. Lorsque j’ai effectué ma formation, j’étais sidérée par la large proportion d’apprentis sophrologues qui étaient arrivés là un peu par hasard et ignoraient absolument tout de la méthode sur laquelle ils avaient jeté leur dévolu. La perspective que l’on puisse envisager devenir sophrologue sans jamais avoir au préalable expérimenté, testé concrètement la méthode que l’on sera censé maîtriser et promouvoir m’a toujours semblé effarante. Un peu comme si vous entriez aux Beaux-Arts sans jamais avoir fait le moindre dessin ! Quoi qu’il en soit, la profession est ouverte à tous. Elle demeure le plus souvent un choix de deuxième intention. En effet, les futurs sophrologues ont, pour la plupart, eu une première vie professionnelle dans un autre domaine avant de se lancer dans une formation de sophrologue. Une exception est toujours possible, mais en réalité, aucun enfant ne rêve de devenir sophrologue. La profession est généralement inconnue de cette tranche d’âge, et il est certain qu’elle ne fait pas le poids à côté des rêves de devenir vétérinaire, astronaute, policier ou danseuse étoile. Même le bachelier qui aspire à se former à ce métier est une espèce particulièrement rare.

Afin de pallier ce manque de reconnaissance officielle, de sérieux et de légitimité, mais également avec la louable intention d’éviter les dérives, les acteurs et promoteurs de la sophrologie se sont efforcés de créer des procédés unificateurs visant à crédibiliser la profession aux yeux des futurs praticiens, prescripteurs, partenaires et clients et, in fine, à augmenter le nombre d’utilisateurs. C’est dans ce but que la certification professionnelle de sophrologue inscrite au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles) a été initiée en 2012. Il s’agit de la seule et unique reconnaissance officielle du métier de sophrologue. Ce n’est pas un diplôme d’État ; seul le niveau de qualification est reconnu par l’État, mais la confusion est assez fréquente. Cette certification est un titre de niveau III, c’est-à-dire qu’il est censé correspondre à un niveau bac + 2 en France. Cela interpelle lorsqu’on sait que de nombreuses écoles sont accessibles sans prérequis. En devenant sophrologue, on peut être promu bac + 2 en quelques mois et moins de deux cents heures d’enseignement, alors que pour un BTS ou un DUT, des diplômes de niveau bac + 2, deux années pleines sont nécessaires. Un même niveau d’étude en théorie, mais en pratique, des réalités bien différentes ! Globalement, la certification permet d’attester que le futur sophrologue maîtrise les techniques sophrologiques et qu’il a acquis le savoir-faire nécessaire à l’exercice du métier de sophrologue.

Ce titre n’est bien sûr pas obligatoire pour exercer. Même s’il fait office de validation de la formation et est vivement conseillé par les écoles, il ne peut être imposé. Nombre de sophrologues pratiquent sans l’avoir décroché, et certains estiment qu’il est superflu et ne leur apporte rien. Si l’on consulte les chiffres d’une enquête menée par Sabine Pernet, sophrologue et hypnothérapeute, et disponible sur son site www.relaxationdynamique.fr, on constate une baisse de l’intérêt porté à la certification RNCP. En 2018, 41,05 % des sophrologues sondés exerçaient sans le titre, contre 43 % en 2019. En 2018, 78,25 % estimaient qu’il était utile ; ils n’étaient plus que 74,6 % un an plus tard.

En outre, chaque école possède son propre référentiel de certification ainsi que sa propre méthode d’évaluation. Le titre de certification de sophrologue enregistré au RNCP recouvre des formations et des conceptions du métier de sophrologue très diverses. Durée de la formation, contenu des programmes, nombre d’intervenants, cours en présentiel ou pas sont quelques-uns des paramètres qui diffèrent notablement d’une école à une autre. Les épreuves de l’examen sont donc également différentes d’une école à l’autre. Dans mon cas, il s’agissait de trois épreuves pratiques : animer un exercice de sophrologie tiré au sort, simuler un entretien d’anamnèse2 et présenter les stages effectués en autonomie auprès de deux volontaires. Pas d’analyse, de synthèse de documents ou de cas inconnus, mais des épreuves essentiellement orales — même si la réalisation des stages avait débouché sur la rédaction d’un rapport d’une trentaine de pages. Chaque épreuve se déroulait face à un juré-sophrologue qui jouait le rôle du client et répondait du tac au tac selon un scénario bien rodé, un peu comme si on se donnait la réplique sur une scène de théâtre. L’ensemble de l’examen, temps de préparation inclus, a duré une heure et dix minutes, une durée jugée suffisante pour valider mes compétences professionnelles. C’est rapide, principalement axé sur la faculté à simuler et restituer du « par cœur » en suivant un déroulement millimétré, réglé comme du papier à musique et en respectant à la lettre un cadre bien précis et des consignes rabâchées. C’était surtout la première fois que je me présentais à un examen en étant autorisée à consulter à loisir le manuel de formation contenant tout le référentiel censé avoir été assimilé pendant le temps dévolu à la préparation. Un cas de figure peu courant et pas trop stressant. De surcroît, chaque centre d’examen fixe lui-même les dates des épreuves, et plusieurs sessions sont organisées chaque année. Les candidats peuvent ainsi choisir de s’inscrire à la date qui leur convient afin d’être évalués quand ils se sentent prêts sans avoir à subir le stress d’une échéance imposée.

Au final, aucun client ne m’a jamais demandé quelles étaient mes qualifications en tant que sophrologue. Chaque fois que je me suis présentée devant un professionnel de santé, un possible commanditaire ou prescripteur ou en introduction d’un atelier-conférence en indiquant que j’étais titulaire de la certification de sophrologue inscrite au RNCP et en explicitant brièvement ce dont il s’agissait, j’ai eu le sentiment que l’on m’écoutait poliment, mais ces précisions s’avéraient en définitive superflues et intéressaient peu mes interlocuteurs.

Si la certification de sophrologue inscrite au RNCP demeure sans aucun doute l’outil le plus ingénieux et le plus efficace pour tenter de réglementer la sophrologie, il existe en parallèle une multitude d’organismes, associations, fédérations, réseaux, syndicats, peu connus du grand public, qui œuvrent à sa reconnaissance et à sa promotion. Certains rassemblent des sophrologues d’horizons et de courants très divers ; d’autres sont davantage dans l’entre-soi et défendent une orientation particulière. La plupart, en plus de publier des articles cherchant à promouvoir la sophrologie pour tous les usages, établissent des codes de déontologie et proposent des annuaires de sophrologues en exercice. Cependant, ces organismes sont assez discrets sur leur nombre d’adhérents, à l’exception de la Chambre syndicale de la sophrologie qui, en acceptant tout le monde, en revendique plus de dix mille. Si elles sont quasi inconnues du grand public, ces structures le sont presque tout autant des sophrologues. Certaines existent depuis plusieurs dizaines d’années. On notera cependant que l’Observatoire national de la sophrologie, association ouverte à tous, a disparu en 2019 après onze années d’existence, fait a priori surprenant dans un secteur considéré comme en pleine expansion. En réalité, cette structure s’est dissoute elle-même, faute d’une mobilisation suffisante et d’une réelle motivation de la part de ses membres. L’individualisme est très présent dans le milieu sophrologique et débouche sur une impossibilité à mener des actions communes. Les rivalités et les dissensions entre centres de formation, fédérations et syndicats sont telles qu’elles conduisent à un cloisonnement et au rejet des orientations considérées comme non compatibles. La prise en compte des différents courants est une tâche ardue et s’apparente souvent à de bonnes intentions qui peinent à se concrétiser.

À l’initiative d’une poignée de syndicats et de structures de formation, les États généraux de la sophrologie ont également été organisés afin de leur donner une image sérieuse. Cependant, ils reposent sur des critères propres à environ un tiers des écoles existantes seulement et ne sont donc absolument pas représentatifs de l’ensemble des centres de formation. Encore une fois, l’application des résolutions votées par ces États généraux de la sophrologie n’est ni reconnue ni observée par une majorité d’écoles. Les critères établis concernent principalement la mise en place d’un tronc commun de formation pour le cycle de base, ainsi que le nombre minimal d’heures d’enseignement dispensées au cours de la formation, à savoir trois cents heures réparties sur vingt-quatre mois. Quant aux formateurs, ils doivent pratiquer depuis au moins trois ans pour être en mesure d’enseigner. Il est évident qu’un certain nombre d’écoles ne remplissent pas du tout ces critères et sont largement en-deçà de ces chiffres. Certaines confondent par exemple nombre d’heures de formation en présence et nombre d’heures de pratique personnelle, ou encore incluent la pause méridienne, temps libre pour déjeuner, dans le temps de formation. Respecter ces critères reviendrait à remettre totalement en question leur organisation, leur fonctionnement et une grande partie de leur pédagogie, ce qui ne les arrangerait certainement pas !

Dernier moyen à ce jour imaginé par les promoteurs de la sophrologie pour valoriser leur méthode et gagner en crédibilité et en fiabilité : le projet de norme AFNOR (Association française de normalisation, qui intervient dans les domaines de la normalisation, certification, l’édition spécialisée et la formation). À la demande de la Chambre syndicale de la sophrologie, une commission de normalisation dédiée à la sophrologie s’est ouverte fin 2018. L’objectif est d’établir une norme AFNOR définissant la qualité de service du métier de sophrologue. Il s’agit de définir la sophrologie, de spécifier les principes de la pratique (compétences requises, formation…) et d’instaurer un cadre, une éthique, une déontologie afin de parvenir à une harmonisation au niveau national, de valoriser les savoir-faire des sophrologues et d’obtenir une meilleure reconnaissance de la profession. Comme les deux autres moyens précédemment évoqués, cette initiative est également destinée à sécuriser les prescripteurs, les partenaires et les clients des sophrologues. Toutes les instances de la sophrologie, écoles, syndicats, associations, ont été invitées à participer à cette commission. Cependant, les dissensions sont telles dans ce secteur qu’il est peu probable que la participation soit unanime et inconditionnelle. En outre, et c’est probablement là que réside la grande faiblesse de ce projet, la norme demandée est dite volontaire, c’est-à-dire qu’elle n’est ni contraignante ni obligatoire et qu’il n’y aura pas de contrôle. Chaque sophrologue fera comme bon lui semble et pourra décider de s’y conformer ou pas. Exit l’unification et la standardisation tant recherchées !

Au final, certification professionnelle de sophrologue inscrite au RNCP, États généraux de la sophrologie ou projet de norme AFNOR sont autant d’expédients, d’efforts, de tentatives plus ou moins disparates pour légitimer, crédibiliser, normaliser la sophrologie et conférer à une pratique professionnelle non réglementée un statut quasi officiel. Aucun de ces moyens n’est jusqu’ici parvenu à cet objectif tant les clivages, l’individualisme, les divisions et les orientations sont marqués dans le secteur. Chacun prêche pour sa paroisse, se démarque des autres, revendique son courant, sa tendance et agit en solo. Unifier, fédérer tous les acteurs de la profession semble un vœu pieux, dans la mesure où aucun des procédés mis en avant n’est contraignant ni imposé. Toutes ces dissensions ne sont pas de nature à rassurer un potentiel futur praticien et donnent l’impression qu’il existe autant de sophrologies que de tendances incarnées par les différentes écoles ou groupements d’écoles. La pluralité de ce secteur, loin d’enrichir les débats, contribue à nourrir une cacophonie futile, largement préjudiciable pour la profession et synonyme de manque de sérieux et d’inefficacité.

1. URSSAF : acronyme qui désigne l’Union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d’allocations familiales. Organisme gouvernemental créé pour collecter les cotisations et les contributions des entreprises au financement de la trésorerie de la Sécurité sociale.

2. Entretien d’anamnèse : du grec « anamnêsis », rappel du souvenir. Correspond en sophrologie à un temps d’échange entre le sophrologue et son client. Il constitue l’essentiel d’une première séance de sophrologie et permet de déterminer l’objectif du client et de collecter toutes les informations indispensables (notamment souvenirs, lieux, événements positifs) à l’élaboration d’un protocole d’accompagnement personnalisé en fonction des besoins et demandes de ce dernier.

DES CLIENTS AUX ABONNÉS ABSENTS

Lorsque je me suis installée en tant que sophrologue après avoir achevé ma formation, mon projet était mûrement réfléchi. Je voulais mettre toutes les chances de mon côté afin de réussir, et j’avais parfaitement conscience que les clients n’allaient pas arriver comme par miracle en restant les bras croisés. J’avais fait le choix de m’établir dans la commune où je résidais, une commune provinciale d’environ six mille cinq cents habitants et à trente-cinq minutes de route d’une grande agglomération. Je n’ai pas envisagé une seconde de m’installer dans cette dernière. En effet, cette option, entre le temps de trajet, un loyer forcément plus élevé et une concurrence accrue, me semblait nettement plus risquée et ne présentait aucune garantie de réussite pour autant. En outre, comme nous allons le voir, il paraîtrait que tout le monde, même au fin fond de l’hexagone, connaît la sophrologie et a envie de pratiquer. En élargissant aux communes environnantes, la clientèle locale potentielle atteignait les dix huit mille personnes environ avec une concurrence minimale.

Il n’y avait à proximité qu’un sophrologue exerçant à son domicile dans une zone relativement isolée. Il n’apparaissait pas dans les Pages Jaunes et ne possédait pas de site Internet dédié à son activité. Une visibilité faible, donc, et une communication quasi inexistante. Une autre sophrologue était établie à moins de dix kilomètres. Elle, en revanche, était présente sur les Pages Jaunes et possédait un site. En consultant celui-ci, j’ai découvert que les dates des derniers stages proposés pour découvrir la sophrologie remontaient à plus de trois ans et qu’il y avait une totale absence de mise à jour, un constat peu rassurant. J’ai tenté de la contacter afin de lui faire part de mon installation et pouvoir échanger de manière confraternelle, mais elle ne m’a jamais répondu. Trois autres sophrologues étaient installées à plus de vingt minutes de route de mon lieu d’exercice ; l’offre semblait donc assez limitée dans le secteur, ce qui me mettait plutôt en confiance. Mon projet me semblait a priori tout à fait raisonnable, dans la mesure où j’étais pour ainsi dire quasiment seule à disposer du « gâteau ».

Après quelques recherches, j’étais parvenue à louer un bureau dans un cabinet paramédical pluridisciplinaire comptant une quinzaine de professionnels, parmi lesquels des dentistes, kinésithérapeutes, ostéopathes, infirmières, audio-prothésistes, orthophonistes… Véritablement le Graal dans le secteur où je résidais et objectivement le meilleur emplacement possible. Exercer parmi des professionnels ayant déjà une patientèle constituée et régulière était la garantie de passages fréquents tout au long de la journée et me conférait assurément une plus grande visibilité. Sans compter qu’une plaque professionnelle au milieu de plusieurs autres est toujours rassurante et donne immanquablement une certaine légitimité.