Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
En 2083, l’humanité mène une existence moribonde sur une Terre vidée de toute biodiversité. Seul rayon de soleil au milieu de la grisaille : les confiseries Sunshine™ et leurs A.R.O.M.E.S, de ravissantes jeunes filles représentant chacune un parfum proposé par la firme. Mais derrière cette image enchanteresse, l’entreprise Sunshine cache de lourds secrets, capables de changer le destin de la planète… Un récit haletant qui mêle mystère, action et vision saisissante de l’avenir.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Inspiré par un marketing personnifiant des parfums de glaces au travers de « Pin-ups », Yoan Sadarnac imagine un roman d’anticipation. Adoptant le récit à la deuxième personne, il propulse son lecteur dans la peau du protagoniste. Cette aventure littéraire donne naissance à l’univers de Sunshine™ : une dystopie sucrée où le destin d’un homme, comme celui du monde entier, peut reposer sur une simple tablette de chocolat…
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 310
Veröffentlichungsjahr: 2025
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Yoan Sadarnac
Sunshine™
Roman
© Lys Bleu Éditions – Yoan Sadarnac
ISBN : 979-10-422-6729-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
2083. District Épicuris, Néo-Paris. 6 h du matin.
La sonnerie du réveil vous tire du lit. Vos paupières, encore engourdies de sommeil, se soulèvent peu à peu ; et votre premier réflexe est de jeter un coup d’œil à travers le vasistas de votre chambre.
Le ciel est gris, comme toujours.
Pourtant, cette nuit encore, vous le rêviez couleur azur, strié de quelques nuages d’un blanc immaculé…
Bah ! Toujours cette même vision de l’ancienne Terre, celle d’avant le Grand Trouble.
Des images rémanentes d’un passé que vous n’avez pas connu, mais qui semble pourtant gravé dans votre inconscient de manière indélébile.
À moins que ce ne soit cette supposée mémoire génétique qui s’exprime au travers de vos songes ? Peut-être ces quarante dernières années n’auront pas encore eu raison du souvenir des 302 040 autres ?
Hélas, c’est bien tout ce qu’il avait fallu : moins d’un siècle de consumérisme effréné pour transformer la jadis planète bleue en désert de grisaille…
Voilà le monde dans lequel vous avez vu le « jour ».
Une terre stérile, où ne poussent plus que des arbres d’acier et de béton : forêts de buildings jointes en labyrinthiques mégalopoles, grouillantes de vos congénères humains ; les derniers êtres « vivants », condamnés à une existence morne et vide de sens, de tout but.
De tout but ?
Non.
Une chose demeure, une seule, qui pousse les gens à vivre…
Vous pénétrez dans votre minuscule salon aux allures de cellule ; puis, tout en vous habillant sans conviction, vous allumez votre TV. Les informations internationales se terminent à peine, et à vrai dire, vous n’aviez aucune intention de les regarder.
Non. Vous attendez la suite…
Et vous n’êtes certainement pas le seul qui patiente ainsi, statique devant son poste.
L’écran devient blanc, marquant la transition entre le journal télévisé et le reste du programme.
Inconsciemment, vous faites le décompte : 3, 2, 1…
Soudain, un arc-en-ciel de couleurs étincelantes apparaît, sur fond de musique rythmée et entraînante. Votre visage se décrispe : voilà le moment que vous attendiez !
Enfin, le fameux nom, qui depuis toujours trouve sa place au plus profond de votre cœur, vient s’incruster tel un message de félicité dans ce tableau coloré : « Sunshine™ ».
Apparaissent alors à l’écran une vingtaine de jeunes filles, toutes plus jolies les unes que les autres, qui lancent à l’unisson un « Bonjour ! » chaleureux.
Transporté de bonheur, vous ne pouvez empêcher vos lèvres de leur murmurer une réponse ; mais qu’importe : seul dans votre appartement, vous êtes libre de vous enthousiasmer à loisir…
Toutes les demoiselles arborent des sourires radieux. Leurs uniformes, composés d’une belle robe à volants, d’un tablier et d’un ruban noué autour du cou, affichent des couleurs aussi chatoyantes que l’univers onirique dans lequel elles évoluent.
Se promenant dans un monde pareil à celui dont vous avez rêvé toute la nuit durant, elles sont accompagnées par une voix douce, qui énonce le discours de la publicité.
Vous l’écoutez avec délice, bien que, pareil à un hymne, vous l’avez appris par cœur depuis fort longtemps :
« Si vous ne supportez plus votre morne quotidien, venez aux confiseries Sunshine ! Venez redécouvrir le bonheur ! »
Le décor change, et montre dorénavant l’intérieur d’une somptueuse boutique.
Sur un espace immense, du sol au plafond, sur tous les murs, s’étalent quantités de douceurs et sucreries. Les charmantes jeunes filles, réunies sous une splendide verrière au centre de cet édifice aux allures de palais, exécutent alors une révérence face à la caméra, et clament en chœur :
« Bienvenue aux confiseries Sunshine ! »
L’une d’elles sort du rang, et vous la reconnaissez immédiatement : il s’agit de Vanille, la plus célèbre de toutes. Sur ses épaules tombe une cascade de boucles blondes, qui rivalisent d’éclat avec sa robe dorée. Même au travers de l’écran, sa beauté est telle que votre cœur commence à s’emballer. Vous laissez faire : c’est devenu si rare de ressentir cela…
« Venez dès à présent découvrir notre vaste gamme de chocolats et friandises, dit-elle de sa voix cristalline. Des saveurs les plus classiques aux plus innovantes, nos sucreries sauront à coup sûr vous surprendre, et vous régaler ! »
Vous soupirez tant vous aimeriez déjà vous trouver dans la boutique : dans ce paradis gourmand et enchanteur, en compagnie de ces superbes jeunes femmes, connues du monde entier sous le sigle « A.R.O.M.E.S™ » (Adorables Représentantes Originales des Mets Emblématiques de Sunshine).
Chacune d’elles est la personnification d’une saveur proposée par la firme : Cerise, aux lèvres d’un rouge acidulé ; Caramelle, belle brune langoureuse ; Amande, dont les yeux savent allumer la passion dans tous les cœurs ; Mûre, à l’aspect aussi sombre que délicat… ou bien sûr Vanille, l’aînée du groupe, la toute première révélée au public ; dont la chevelure solaire est devenue aussi bien le symbole de son parfum que de l’entreprise tout entière !
Car Sunshine est pour ainsi dire l’astre autour duquel gravitent les derniers plaisirs de cette triste vie, et les A.R.O.M.E.S autant de rayons qui réchauffent les cœurs esseulés ; comme le vôtre…
« Aujourd’hui, les maîtres confiseurs de Sunshine sont fiers de vous présenter leur toute dernière création : un nouveau parfum pour nos sucreries ! »
En entendant cette annonce, vous ouvrez des yeux grands comme des soucoupes !
Une nouvelle ligne de produits Sunshine ?
Voilà un événement qui n’était plus arrivé depuis longtemps !
Quelle nouvelle merveille avaient-ils pu imaginer ?
À quoi ressemblera l’ambassadrice de la nouvelle gamme ?
Votre excitation grimpe : la tension en devient presque palpable dans la pièce…
À moins que ce ne soit celle de toute la ville ? De toute la planète !
Rien n’importe plus dans la vie des gens que Sunshine : une nouveauté est toujours accueillie comme un véritable bouleversement pour la société !
Les A.R.O.M.E.S se regroupent maintenant devant un grand rideau rouge, et c’est au tour de Guimauve de s’avancer pour parler aux spectateurs.
Elle arbore de longues tresses roses, et une robe bariolée.
Sa voix est extraordinairement douce, pareille à la préparation qu’elle représente :
« Chers amis ! Nous avons en effet le plaisir d’inaugurer l’apparition d’une nouvelle saveur, dans la palette déjà fabuleuse des goûts proposés par la plus grande entreprise de sucreries du monde ! »
« Et la seule… » pensez-vous, affable.
Rien ni personne ne peut concurrencer Sunshine : il est impossible de faire de meilleurs produits que ceux réalisés par la firme !
« Pour vous, poursuit Guimauve, Sunshine a redécouvert, et réintroduit, un ingrédient perdu depuis le Grand Trouble ! »
Depuis le Grand Trouble ! Il s’agit donc d’une relique du passé !
Le Grand Trouble est la date à laquelle la Terre a définitivement changé : le cataclysme qui modifia la face du monde à jamais.
Depuis ce temps, et la disparition quasi totale de la biodiversité, l’Homme ne subsiste plus que grâce à des nutriments purs, et non plus des aliments…
Plus de « viande », mais un agrégat de protéines et lipides prenant la forme d’une gelée brunâtre que tout le monde, y compris vous, se force à avaler pour rester en vie.
Non pas que son goût soit désagréable, non… bien pire : ça n’a aucun goût !
Même constat pour les féculents, les légumes, les fruits… Ils n’existent plus !
Seulement des pâtées de glucides, de fibres, etc.
Quant aux boissons, seule l’eau traitée demeure potable. Mais là encore : aucune saveur ; hormis peut-être un arrière-goût désastreux dû aux produits chimiques…
C’est pourquoi Sunshine qui, grâce à sa science et son talent, a su recréer les saveurs oubliées de l’Ancien Monde est devenu le dernier repère qui importe dans la vie des gens.
Même l’art de cette époque est lié à Sunshine !
Comment trouver l’inspiration dans cet environnement gris et froid ?
Seules les confiseries de l’enseigne apportent couleur et lumière !
Il est donc logique qu’elles soient au cœur de toutes créations à travers le monde.
Que ce soit la littérature, le cinéma ou encore la musique ; on ne trouve que des œuvres sur Sunshine. Et surtout, pléthore d’histoires mettant en scène les A.R.O.M.E.S : véritables superstars omniprésentes dans tous les milieux culturels.
Et ce matin, les artistes vont découvrir leur nouvelle muse…
« Ainsi, continue Guimauve, après l’arrivée de Pistache et Anis, qui ont rencontré un grand succès auprès du public, je vous prie d’accueillir la nouvelle recrue des A.R.O.M.E.S : Safrane ! »
Le rideau s’ouvre, et votre cœur manque un battement.
Sur la scène, entourée par des montagnes de chocolats et de bonbons, se trouve une ravissante jeune fille, à la crinière flamboyante.
Son uniforme reprend les nuances de sa magnifique chevelure, donnant un ensemble aux couleurs vives, qui s’accorde à merveille avec son visage gracieux.
Quant à ses yeux, ils rayonnent telles deux flammes bleues ; captivant votre regard vers cette apparition angélique.
Elle est si belle ! Peut-être plus belle encore que ses sœurs…
Avec un sourire d’une blancheur éclatante, elle exécute à son tour une révérence devant la caméra, puis déclare d’une voix charmante :
« Bonjour à tous ! Je m’appelle Safrane. Ravie de faire votre connaissance ! Je représente la nouvelle gamme de confiseries de Sunshine, élaborée à base d’un ingrédient novateur : le safran. »
Derrière elle, un immense écran s’allume, projetant l’image d’une jolie petite fleur mauve, d’où dépassent des pistils ayant l’exacte même couleur que les cheveux de la jeune fille.
« Voici un Crocus Sativus, de la famille des Iridaceae. Le safran est une épice extraite de cette fleur. »
La caméra fait alors un zoom sur l’image, montrant l’intérieur du crocus.
« Ces pistils que vous voyez à l’écran sont à la base de la production du safran : c’est en les faisant sécher que l’on obtient l’épice, conditionnée sous forme de poudre. »
Ses explications trouvent leur représentation sur le moniteur, qui montre pas à pas le processus.
« Cette épice est extrêmement délicate à produire ! En effet, avec une fleur de crocus, on ne peut obtenir que six milligrammes de safran sec ! Voilà pourquoi, avant le Grand Trouble, il s’agissait d’un ingrédient valant plus cher que l’or ! »
Toutes ces informations bourdonnent dans votre tête : Sunshine vient de ressusciter un produit qui vaut plus cher que l’or !
Ce n’est pas un événement que vous êtes en train de vivre, c’est une révolution !
Et qui de mieux que la superbe Safrane pour annoncer une telle découverte ?
« Grâce à des recherches acharnées, Sunshine est fier de vous proposer sa nouvelle ligne de chocolats et sucreries à base de safran ! Il s’agit là d’une gamme de luxe, réservée aux plus fins connaisseurs ! Mais par-delà son prix, je pense que vous souhaitez surtout connaître le goût du safran, n’est-ce pas ? » lance-t-elle avec un sourire malicieux.
Vous voici suspendu à ses lèvres : attendant l’évocation de la nouvelle saveur…
« Le safran est une épice au goût unique ! Il ne peut être comparé à nul autre… Alors, si vous souhaitez embarquer pour cette toute nouvelle aventure gustative : il attend que vous veniez le déguster dans une des boutiques des confiseries Sunshine ! Venez vite le découvrir ! À bientôt ! »
Diable ! Vous n’en saurez donc pas plus sur cet ingrédient mystérieux !
Mais déjà connaissez-vous au moins sa représentante : elle s’appelle Safrane, et elle est absolument sublime !
Vous gardez vos yeux rivés sur la jeune femme, tandis qu’elle rejoint ses camarades pour saluer la caméra.
Le flash publicitaire se termine alors, ouvrant sur un nouvel aplat irisé.
Et apparaît pour la dernière fois le nom de la marque :
« SunshineTM».
Vous avez mis le pied gauche sur la rainure de cuivre, et vous vous engouffrez dans le wagon du tramway. D’un geste souple, vous déposez votre attaché-case dans le compartiment réservé, et vous asseyez en dessous. Aujourd’hui, le temps vous semble plus léger ; pure impression bien sûr, car il est toujours aussi lourd et pesant…
Ce n’est pas la chaleur ; mais un sentiment perpétuel d’asphyxie, identique à celui ressenti en altitude. Le ciel, couleur de plomb, est pareil à un immense couvercle d’autoclave ; emprisonnant la myriade d’êtres humains sur cette Terre, et les faisant mijoter dans un air gras, presque huileux.
Peut-être est-ce le manque d’oxygène ? Peut-être est-ce la surcharge en dioxyde de carbone ?
Voilà longtemps que l’on a cessé de se poser la question…
Mais pour vous, aujourd’hui : cette vapeur infâme s’apparenterait presque à un air frais, pur et vivifiant, charriant des parfums exquis !
Même le wagon gris filant à travers la capitale n’est plus aussi terne. Les gens assis là affichent un grand sourire, qui tranche en tout point avec la mine abattue et découragée exposée d’ordinaire.
Ils ont l’air… heureux.
Vous vous détendez, et vos pensées s’envolent doucement vers ce qui vient d’embellir votre journée ; ou plutôt vers « celle »…
« Vu votre air, vous avez découvert Safrane vous aussi ! » vous dit un homme corpulent au visage jovial, assis en face de vous.
Avant même que vous n’ayez nommé dans votre esprit la charmante jeune fille, elle vous est à nouveau rappelée ; comme si sa venue annonçait un nouvel espoir pour le monde entier !
« Qui a pu la manquer ? répondez-vous, allègre.
Un coup d’œil sur le journal numérique que tient ce sympathique bonhomme, et vous découvrez sur la une Safrane, tout sourire.
Un soupir vous échappe : partout, ses magnifiques yeux semblent vous scruter ; et c’est un sentiment assez accablant pour le célibataire trentenaire que vous êtes…
C’est alors qu’un bandeau rouge apparaît sur la couverture, avec la mention « Flash spécial ! » ; et la photographie de la nouvelle A.R.O.M.E.S laisse place à celle d’un homme âgé, aux cheveux blancs coiffés en arrière. D’épais sourcils broussailleux encadrent une paire de lunettes fines, juchées sur un nez aquilin et surplombant une belle moustache soigneusement taillée.
Il porte un costume de velours brun, ainsi qu’une longue écharpe, au nœud de laquelle brille une broche d’or représentant un soleil.
Vous reconnaissez bien sûr l’homme le plus célèbre du monde : Armand Sunshine, fondateur et directeur de la société Sunshine !
En dessous de son portrait, le tabloïd annonce : « Concours exceptionnel ! »
« Excusez-moi, pourriez-vous me dire de quoi parle l’article ? demandez-vous à l’homme avec qui vous avez engagé la conversation.
Dépliant son appareil, il tapote brièvement l’écran pour accéder aux dernières nouvelles ; et l’expression affable de son visage devient de plus en plus solennelle, tandis que des « Incroyable ! » et des « C’est dingue ! » commencent à retentir çà et là dans le tram…
« Alors là, c’est quelque chose ! vous dit-il enfin. Écoutez ça ! »
Il se racle la gorge, puis commence à lire à voix haute :
« Pour célébrer l’arrivée de Safrane parmi les A.R.O.M.E.S : Sunshine organise un grand concours ! L’heureux gagnant aura l’immense privilège de visiter l’usine NO 1 de la firme, le saint des saints de la sucrerie, située ici : à Néo-Paris !
Abasourdi par la nouvelle, vous avez du mal à trouver vos mots. Seul vous échappe un faible : « Hallucinant…
Votre interlocuteur prend quelques secondes pour chercher l’information dans son journal.
« Des milliers ? pensez-vous. Des millions, oui ! »
C’est un concours mondial, toute l’Humanité sera en compétition ! C’est une opération marketing de premier ordre. L’entreprise doit avoir prévu des réserves considérables…
Mais combien de temps tiendront-elles face à la ruée ? Un mois ? Une semaine ? Trois jours ?
Les gens vont se jeter dessus, dépenser sans compter !
Et la carte peut se trouver dans n’importe quelle tablette, n’importe où dans le monde !
Bon, se donner le tournis avec de tels chiffres ne vous avancera à rien…
De toute manière, vous voici à votre arrêt. Vous vous levez et ramassez votre bagage.
« Eh bien, merci pour l’information, dites-vous à votre voisin d’en face. Et bonne chance pour le concours !
Voilà des encouragements bienvenus, car il ne sera certainement pas aisé de marier l’excitation procurée par le concours avec la morosité de votre job de conseiller en assurance…
Vous préféreriez d’ores et déjà vous rendre directement en boutique pour acheter une tablette de chocolat au safran ! Mais le prix : trente crédits ! Presque votre budget hebdomadaire de sucreries ! Autant que cinq tablettes classiques ou huit sachets de guimauves…
Combien de fois pourrez-vous tenter votre chance ? En rognant sur votre part de rations nutritives, peut-être trois fois ? Mais ces tentatives devront être espacées ; et la carte sera sûrement trouvée avant… Quel dilemme !
Vous savez que malgré vos efforts, vous allez passer toute la journée à y réfléchir…
Vous arrivez à votre agence : un bloc de béton ajourné de quelques fenêtres, pur produit de la créativité architecturale contemporaine.
Vous engageant dans ce temple de la vacuité, vos collègues vous saluent d’un :
« Eh ! Tu connais la nouvelle ?
À quoi vous répondez :
Sunshine s’était prémuni très tôt d’un habile service de sûreté afin de sécuriser ses sites de production, ses cargaisons et ses boutiques.
En effet, l’entreprise avait par le passé été victime de son succès, et essuyé nombre d’attaques et de cambriolages. C’est pourquoi le rôle de chef de la sécurité était dorénavant primordial, au même titre que celui de responsable du département scientifique.
Ces deux personnalités étaient donc les plus influentes de la firme ; après M. Sunshine lui-même bien sûr.
Avant le Grand Trouble, Sunshine n’était qu’une petite affaire familiale française, créée par un jeune artisan-confiseur. Lorsque l’écosystème de la planète a montré de graves signes d’épuisement, les gouvernements ont réduit progressivement l’exploitation des ressources naturelles, provoquant une flambée des prix ; notamment pour les denrées alimentaires.
Face à la crise, M. Sunshine décida, avec le concours de quelques amis scientifiques, d’effectuer des recherches sur la préservation des arômes employés en confiserie.
Mais plutôt que d’utiliser des dérivés chimiques, ils parvinrent à recréer fidèlement in vitro les saveurs et ingrédients voulus, et purent devancer la concurrence sur l’approvisionnement.
Même les géants de l’agroalimentaire ne furent pas en mesure d’égaler cette réussite technique, dès lors jalousement gardée.
Tandis que les dépôts de bilan se comptaient par milliers : Sunshine affichait une croissance exponentielle de ses ventes, et de ses bénéfices ; pour à terme devenir leader du marché.
Finalement, les derniers ingrédients naturels furent épuisés, les fabriques de rations nutritives nationalisées ; et Sunshine demeura la seule entreprise alimentaire privée au monde.
Armand Sunshine, alors âgé d’une quarantaine d’années, était devenu l’homme le plus influent de la planète. Une réussite professionnelle aussi fulgurante avait de quoi laisser rêveur !
Partir de rien et arriver au sommet à la seule sueur de son front…
Sunshine avait emporté la partie car il s’appuyait sur les dernières espérances de l’Humanité : il avait combiné ces songes épars en une ultime fantaisie, un dernier bastion de la foi face au désespoir. Son titre de « Pape de la confiserie » était finalement des plus équivoques…
D’aussi loin que vos souvenirs remontent, il avait toujours guidé votre vie et celle de vos semblables ; tel un père universel veillant avec soin sur son abondante progéniture.
Et chacune des A.R.O.M.E.S était un nouveau miracle : une étape de plus dans l’avènement d’une nouvelle genèse.
Voilà pourquoi ce concours ressemble pour vous à un événement providentiel !
L’on aurait pu vous proposer une visite du Paradis en pension complète, et avec saint Pierre pour guide ; que cela vous aurait moins séduit. Mais après tout, soyons honnêtes : si respectable soit l’apôtre, il n’est pas en mesure de rivaliser avec le charme de Safrane…
Non, cela ressemble plus aux anciennes croyances nordiques : après avoir vaillamment combattu (et nul doute que pour obtenir la carte de platine, il vous faudra triompher de maintes épreuves), voici qu’une superbe valkyrie vous conduit au Valhalla, pour prendre place au banquet d’Odin. Mais y sert-on seulement des confiseries ? Épineuse question…
L’idée d’installer une ligne d’approvisionnement directe entre Sunshine et les divers édens de chaque religion occupe votre esprit pendant de longues minutes ; et après avoir convenu que Charon pourrait avantageusement remplacer son obole par un rouleau de réglisse, vous avez fini de classer vos dossiers.
La valse des clients peut débuter ; tout comme votre calvaire…
C’est une demi-douzaine de personnes qui défilent devant vous ce matin, avec un même mot d’ordre :
« Pardonnez-moi, mais je suis pressé(e) : il faut que j’aille tenter ma chance au concours ! Donc si l’on peut faire vite… »
Ah ça ! Si l’on pouvait faire vite !
Si ces gens pouvaient remplir eux-mêmes leurs dossiers plutôt que de venir vous ennuyer !
Ils sont pressés…
Et vous ? Vous qui marnez dans votre bureau sordide depuis des heures à les écouter se plaindre, sans même savoir si vous pourrez vous rendre à temps dans une boutique ; vous ne l’êtes pas, peut-être ?
La pause-déjeuner vous apparaît comme un soulagement ; du moins jusqu’à ce que vous ne dégainiez votre ration du midi…
Entendre le bloc de gelée qui s’écrase avec un chuintement dans votre assiette en plastique vous fait presque monter les larmes aux yeux.
Les conversations entre collègues s’éteignent, laissant chacun au deuil de son appétit.
Les visages se crispent, et les cuillères planent au-dessus de ce spectacle navrant, semblant craindre le contact de la bouillie comme des chats échaudés.
Qui sera le brave qui frappera le premier ?
Votre voisin de droite ; ouvrant le bal d’une manière ô combien classique : coup plongeant dans la masse, remontée du poignet, ouverture de la bouche, basculement de la cuillère, fermeture de l’orifice, grimace de dégoût…
Sur ce modèle, les autres entament leur « repas » ; et après avoir considéré votre chemise plastifiée comme une alternative presque envisageable, vous les rejoignez dans leur misère gustative.
Le combat dure dix minutes. Les rations sont finalement assimilées.
Mais, vos papilles ayant déjà déclaré forfait avant l’engagement, le seul véritable vainqueur de ce duel malheureux est l’écœurement : que l’on peut lire sur tous les visages.
Personne ne semble vouloir s’attarder sur ce tragique épisode du quotidien, et chacun rejoint son bureau le ventre plein, la langue sèche et la mort dans l’âme.
Cependant, alors que vous vous dirigez vers le vôtre, vous apercevez l’un de vos collègues qui, avec un air de conspirateur, fouille dans la doublure de sa veste, et en retire une tige d’Angélique confite.
Il contemple d’abord l’emballage, sur lequel la photo de l’A.R.O.M.E.S éponyme lui adresse un clin d’œil complice ; puis lentement, il ouvre le plastique, se saisit de la friandise, et la croque avec délicatesse, son visage s’illuminant peu à peu d’un sourire de délice…
16 h 55. Vous enclenchez le décompte dans votre tête, et commencez à ranger votre bureau. Si d’ordinaire les journées de travail ne sont pas des plus exaltantes, celle-ci vous a juste paru interminable ! Heureusement que vos années d’expérience se sont muées en une sorte d’automatisme procédurier, vous permettant d’accomplir votre labeur sans vraiment y prêter attention. Sinon, vos contrats d’assurance ressembleraient à un recueil de brèves de comptoir : emplis de doutes, d’espoirs et de calculs générés pêle-mêle par votre cerveau anxieux !
En vérité, vous avez passé cet après-midi à élaborer avec minutie une routine dont vous lancerez l’application dès que retentiront 17 h.
Votre esprit, déjà formaté par ces longues heures de réflexion, n’aura plus qu’à lire la partition réglée comme du papier à musique ; à la manière de ces vieux pianos de western…
Il ne vous manque que le signal.
La trotteuse de votre montre achève lentement sa révolution, alors que vous empoignez votre attaché-case. Elle dépasse le neuvième cran : vous vous levez.
Et la voilà qui rencontre le douzième, tandis que votre pied enjambe déjà le seuil ; et que la sonnerie de la pointeuse retentit.
Fin de journée.
Enfin !
Ce n’est pas sans une certaine fierté que vous jetez un coup d’œil à vos collègues, relevant à peine la tête de leur paperasse, alors que vous vous élancez d’un pas agile vers la sortie.
Ce seront toujours des challengeurs en moins pour une place dans le monorail, dans les tourniquets de la station ; et donc dans la file d’attente de la boutique.
Ah ! Cela peut sembler mesquin de votre part ; mais quand il s’agit de Sunshine, c’est chacun pour soi… Et de toute manière, cette tension que vous procure le concours est source d’une grisante adrénaline, que le morne quotidien aurait bien peu de chance d’engendrer.
Alors, pourquoi ne pas se prendre au jeu ? Cela fait tant de bien de ne plus se sentir désœuvré, mais en quelque sorte investi d’une mission : d’une quête menant vers une formidable récompense !
Il faut bien rêver après tout…
Le temps de cette courte réflexion, vos pas vont ont déjà conduit à la station la plus proche, avant qu’elle ne soit gagnée par le grand rush de début de soirée ; exactement comme vous l’aviez prévu. Vous entendez derrière vous enfler la rumeur, le grondement de centaines de chaussures sur les trottoirs : la marée humaine refluant des bureaux vers le métro.
La devançant de quelques mètres, vous prenez place sur la banquette du wagon, près de la sortie, et resserrez vos jambes alors qu’arrive l’ouragan…
En une poignée de secondes, plusieurs dizaines de personnes se ruent à l’intérieur de la rame, et, propulsées par leur élan, s’aplatissent presque sur les vitres.
Alors que chaque centimètre carré devient l’objet d’une lutte acharnée et silencieuse : où l’on écrase le pied de son voisin sans se départir de sa civile impassibilité ; le signal de fermeture des portes sonne la fin du round.
Les battants métalliques, arbitres de la rencontre, viennent séparer les nez des voyageurs dans et hors du wagon ; et ceux restés sur le carreau affichent une grimace de déception, regrettant de n’avoir pu gagner leur place dans la rame bondée à l’atmosphère suffocante.
Le menton posé sur votre mallette, vous attendez patiemment que les stations défilent.
Il vous semble déraisonnable de vous rendre à la boutique principale sur les Champs-Caramélisés : la place du Soleil doit être noire de monde…
Mais bon, l’avantage d’être à Néo-Paris : c’est qu’il y a une boutique Sunshine pour chacun des vingt districts ; et après mûre réflexion, vous décidez de tenter votre chance place Vanille.
Une fois la rame arrivée à destination, vous vous extirpez de la masse inerte : luttant pour que votre bagage ne reste pas entravé dans l’amas de chair, le bras tendu devant vous pour remonter le flot des nouveaux arrivants.
Parvenu aux escalators, vous poussez un soupir de soulagement : le plus dur est fait !
En cette fin d’après-midi, la place Vanille bruisse d’activité.
Les gens vont et viennent sous le regard de la plus célèbre des A.R.O.M.E.S, dont la statue de cuivre toise toute l’esplanade du haut de sa colonne.
Il y a là un nombre incalculable de touristes fraîchement débarqués : certains se contentent de prendre des clichés du lieu, agglutinés pour la plupart autour du monument central ; tandis que d’autres rejoignent leurs chambres au Ritz, reconnaissables à la bedaine rebondie qui déforme leur smoking, signe extérieur d’une certaine aisance sur le budget « sucreries ».
Et ils ne risquent pas de maigrir en venant ici…
Car à quelques minutes à pied se trouve l’une des plus importantes boutiques de Sunshine, qui a remplacé les anciennes Galeries Lafayette.
C’est là votre but, et vous vous dirigez vers l’entrée d’un pas énergique.
Deux vastes portes tambours absorbent le flux de clients sur la gauche, pour en relâcher le même nombre sur la droite, tel un gigantesque aspirateur.
Encadrant ces issues, des agents de sécurité veillent à la bonne conduite des visiteurs, les mains croisées derrière le dos, et les rangers rivées au trottoir.
Ils arborent des visages parfaitement impassibles ; mais derrière leurs épaisses lunettes noires, vous sentez un regard inquisiteur qui se darde en tous sens : à la recherche de la moindre infraction. Toutefois, cela ne vous dérange pas : un honnête citoyen n’a rien à craindre.
À l’époque, les boutiques n’avaient que quelques vigiles pour empêcher les tentatives de vols. Dorénavant, il s’agit de brigades entières d’agents de la firme, entraînés et équipés pour répondre à toutes les situations de crise. Leur nombre a connu une nette augmentation depuis que Christopher Jod a pris ses fonctions, voilà plus de cinq ans.
En tant que chef de la sécurité, il a fait des hommes sous ses ordres une organisation ultra-performante ; rendant parfaitement caduque une quelconque présence policière à proximité des établissements gardés. Ce travail exceptionnel lui a valu une grande popularité auprès des masses : l’érigeant en véritable champion du paisible consommateur contre le dangereux hooligan.
En jouant quelque peu des coudes, vous vous immergez dans la foule ; et êtes avalé par la porte qui, pareille à un sas, vous fait pénétrer dans un tout autre univers…
À la froide grisaille du ciel succède la lumière éclatante de milliers d’ampoules, qui se reflètent dans l’extraordinaire coupole en verre du plafond ; emblématique de ce lieu qui abritait jadis les « Grands Magasins ». Les rudes pavés de la rue se sont mués en un moelleux tapis couleur vermeille, changeant les claquements de talons en de petits pas feutrés.
Malgré l’affluence, vous vous sentez comme chez vous, dans un écrin de douceur et de détente.
Cette boutique était pour ainsi dire l’ancienne capitale de Sunshine, avant l’ouverture de leur nouvelle unité sur la plus célèbre avenue du Monde. C’est une sorte de bibliothèque de la Gourmandise, où règnent le calme et la tranquillité ; là où son homologue des Champs-Caramélisés est un formidable centre de créativité et de dynamisme.
Le bâtiment est un gigantesque dôme s’élevant sur cinq étages ; et tout le long de son périmètre, sur des balcons finement ouvragés, de nombreux espaces proposent dans leurs rayons les différentes saveurs de la firme.
Chacun est aménagé selon la thématique de leur A.R.O.M.E.S respective : rose et blanc pour Guimauve, avec une abondance de coussins et de poufs moelleux ; noir de jais et fauteuils apparence cuir pour Réglisse ; orange acidulé et mobilier tout en rondeur pour Clémentine, etc.
Bien entendu : le plus important d’entre eux demeure l’espace Vanille.
Ses rayonnages dorés brillent tant qu’ils éblouissent les clients pendant quelques secondes, avant qu’ils ne puissent les distinguer clairement.
Votre ami Alain vous avait dit que l’on ressentait la même chose lorsque l’on regardait directement le Soleil autrefois ; avant que le Grand Trouble ne le change en une lueur ténue, filtrant au travers de lourds nuages opaques…
Âgé d’une soixantaine d’années, Alain était de l’ancienne génération qui avait connu la Terre d’avant le cataclysme ; ce qui représentait pour lui une véritable malédiction, car comme il disait si bien : « On ne peut regretter que ce que l’on a perdu… »
Il avait été témoin de l’effondrement de la société : de l’Humanité luttant désespérément pour sa survie sur une planète qui lui était devenue hostile… et, au milieu de cet indescriptible chaos, de l’émergence de Sunshine ; porteuse d’espérance pour cette civilisation à l’agonie.
Aussi chérissait-il l’entreprise, tout en prenant soin de faire perdurer la mémoire de l’Ancien Monde en conservant livres, films, magazines… bref, tous fragments de la culture d’antan qu’il parvenait à dénicher sur son temps libre de retraité.
C’est cette étrange passion qui vous avez conduit à approcher cet homme, que beaucoup qualifiaient de « marginal » ; posant ainsi les bases d’une belle amitié.
Étant en quelque sorte son seul « disciple », il adorait converser avec vous du temps jadis : des arts et des lettres, de « jardinage », de « randonnée » ou « d’ornithologie »… autant de termes étranges, mais que vous trouviez captivants. Il en parlait avec une telle flamme qu’il parvenait à vous faire presque entrevoir toutes ces merveilles disparues avant même votre naissance.
Cela vous changeait de vos contemporains, avec lesquels les seules discussions passionnées ne concernent bien évidemment que Sunshine…
Mais si resplendissante soit la vitrine de l’espace Vanille, ce n’est pas là votre but.
Vous poursuivez donc votre route au milieu de cet éden gourmand ; jusqu’à ce qu’une nouvelle fois, vos yeux soient aveuglés par une intense lumière.
Vanille à nouveau ? Mais vous connaissez l’établissement comme votre poche !
Ce n’est pas possible…
Et en effet, vos pas vous ont bel et bien mené à votre objectif : car en place de l’habituelle teinte dorée, vous découvrez un étonnant camaïeu rouge orangé.
Une douce chaleur semble émaner de l’endroit, comme une voluptueuse invitation…
Votre cœur s’emballe : vous y êtes, le rêve de votre journée se réalise enfin !
C’est un véritable voyage en terre inconnue que vous offre Sunshine ! Car, hier encore, vous n’aviez jamais entendu parler du safran… (Alain, si prolixe fût-il, ne pouvait vous avoir montré tous les prodiges de l’Ancien Monde.) Mais aujourd’hui, vous allez découvrir une saveur inédite ; et surtout : l’espace d’une nouvelle A.R.O.M.E.S ! Une nouvelle lueur d’espoir dans votre morne vie ! Alors, fébrile mais empreint d’une détermination décuplée, vous entrez dans cet éblouissant sanctuaire :
« Bienvenue à l’espace Safrane ! »
Tout de suite sur votre droite, une vendeuse vient de s’incliner à votre passage.
Elle arbore la tenue réglementaire des boutiques Sunshine : tailleur, chemisier, et tablier ; le tout aux couleurs de son A.R.O.M.E.S.
C’est une très jolie jeune femme, ce qui ne vous surprend guère : la sélection pour travailler dans le magasin place Vanille étant des plus drastiques…
Vous appelant par votre nom, elle vous demande si elle peut vous aider.
Bien sûr, c’est la première fois qu’elle vous voit ; mais Sunshine tient particulièrement à ce que la réception de ses clients soit la plus personnalisée et chaleureuse possible.
C’est pourquoi, dès lors que vous possédez une carte client, les portiques placés à l’entrée de chaque espace signalent votre arrivée par l’intermédiaire d’oreillettes aux vendeuses et chefs de rayon. Vous acceptez son invitation, puis lui demandez :
« Je suis venu pour le concours : j’aimerais savoir comment l’on peut y participer ?
Lui emboîtant le pas, vous vous dirigez ensemble vers le centre de la boutique.