Tchécoslovaquie - Encyclopaedia Universalis - E-Book

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L'État tchécoslovaque était issu de la Première Guerre mondiale et de l'effondrement de l'Empire multinational des Habsbourg. Il réunissait les comitats du nord de la Hongrie sous le nouveau nom de Slovaquie, et les pays tchèques : Bohême, Moravie et Silésie morave, et la Ruthénie ou Ukraine ...

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À PROPOS DES GRANDS ARTICLES D’UNIVERSALIS

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Veröffentlichungsjahr: 2017

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ISBN : 9782341001236

© Encyclopædia Universalis France, 2017. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Manczurov/Shutterstock

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Tchécoslovaquie (Les Grands Articles d’Universalis)

Introduction

L’État tchécoslovaque était issu de la Première Guerre mondiale et de l’effondrement de l’Empire multinational des Habsbourg. Il réunissait les comitats du nord de la Hongrie sous le nouveau nom de Slovaquie, et les pays tchèques : Bohême, Moravie et Silésie morave, et la Ruthénie ou Ukraine subcarpathique. Il se voulait l’État de la « nation tchécoslovaque » et postulait l’unité ethnique et culturelle des 6 850 000 Tchèques et des 1 910 000 Slovaques séparés par l’histoire. Il comptait plus d’un tiers de « minorités allogènes », avec 3 123 000 Allemands, la majorité en Bohême et en Moravie, 745 000 Hongrois en Slovaquie, 461 000 Ruthènes, Ukrainiens et Russes en Russie subcarpathique, 180 000 Juifs, 75 000 Polonais (chiffres du recensement de 1921). Les langues officielles étaient le tchèque et le slovaque, égaux en droits, mais les minorités avaient le droit d’user de leur langue maternelle dans leurs relations avec l’administration là où le nombre de leurs ressortissants atteignait 20 p. 100. La création du nouvel État avait donc combiné des principes de droit historique, un principe ethnique, une vision de l’histoire nationale et des considérations de géopolitique sécuritaire. La Tchécoslovaquie de Masaryk et de Beneš fut, jusqu’aux accords de Munich par lesquels Hitler annexa les régions des Sudètes, le seul pays démocratique non conservateur de l’Europe centrale. Après l’asservissement du pays par l’Allemagne hitlérienne, la république reformée en 1945 expulsa ses minorités allemandes et se tourna vers l’U.R.S.S. Le coup de Prague de février 1948 installa un régime communisme. La déstalinisation fut tardive. La chape de plomb desserrée au début des années 1960 se referma pour vingt années de « normalisation » après l’échec du Printemps de Prague de 1968. La révolution de velours de novembre 1989 réinstalla la démocratie libérale et l’économie de marché. Le 1er janvier 1993, la Tchécoslovaquie se dissocia en deux nouveaux États, la République tchèque et la Slovaquie.

Marie-Elizabeth DUCREUX

1. De la création de l’État à la Seconde Guerre mondiale

• Formation du nouvel État (1914-1919)

L’idée d’un État rassemblant Tchèques et Slovaques commençait à peine à s’affirmer dans les premières années du XXe siècle. La Première Guerre mondiale la fit progresser à grands pas et en permit la réalisation. Si les modérés n’envisagent encore rien de mieux que l’autonomie dans le cadre d’une Autriche-Hongrie réellement fédérale, de plus hardis songent déjà à l’indépendance, notamment dans la bourgeoisie libérale et russophile. Mais la répression s’abat sur eux : Karel Kramář et Alois Rašín sont emprisonnés, la presse est bâillonnée, l’association patriotique de gymnastique des Sokols est interdite. La résistance intérieure ne peut être que passive, parfois teintée d’humour comme celle que pratique dans l’armée le célèbre héros de Jaroslav Hašek, le « brave soldat Švejk ». Aussi les patriotes mènent-ils leur action hors de l’Empire ; pour faire connaître et accepter leur cause, ils reçoivent l’aide d’intellectuels, tels les slavistes français Louis Leger et Ernest Denis. Tomáš Garrigue Masaryk et ses collaborateurs (le Tchèque Edvard Beneš, le Slovaque Milan Štefánik) constituent en France le Conseil national tchécoslovaque (1916) ; ils mènent en Amérique une intense propagande auprès de leurs compatriotes émigrés.

L’affaiblissement de l’Autriche-Hongrie, l’intervention des États-Unis, les révolutions russes de 1917 facilitent leur tâche. Recrutées parmi les prisonniers de guerre et les émigrés d’avant la guerre, des « brigades tchécoslovaques » participent aux offensives russes de Galicie (bataille de Zborov en juillet 1917) ; c’est le noyau des Légions tchécoslovaques qui se battront sur les fronts italien, français et russe et dont l’une se trouvera engagée dans la guerre civile en Sibérie avant d’être rapatriée à la fin de 1918. À l’intérieur, l’agitation peut alors reprendre : manifeste des écrivains (mai 1917), grèves dans les centres industriels, libération des prisonniers politiques, « déclaration du jour des Rois » (le 6 janvier 1918, les députés revendiquent l’indépendance), « serment de Prague » (13 avril) et défilé du 1er mai, unification décidée par les Slovaques le 24 mai, création d’un Comité national en juillet et d’un Conseil socialiste en septembre. L’indépendance, que Masaryk annonce le 18 octobre de Washington où il a convaincu Wilson, est confirmée le 28 octobre par le Comité national tchèque, le 30 par le Conseil national slovaque. L’Assemblée nationale provisoire, formée sur la base de la situation de 1911, proclame la République le 14 novembre, avec Masaryk comme président (il fut confirmé dans ses fonctions en 1920).

La délicate question des frontières fut débattue à la Conférence de la paix ; la délégation tchécoslovaque signa les traités de Saint-Germain et de Trianon. Pour des motifs d’ordre historique, économique et stratégique à la fois, le nouvel État engloba les régions septentrionales habitées surtout par des Allemands des Sudètes, qui tentèrent parfois de s’y opposer (soulèvement à Liberec-Reichenberg en mars 1919). Le territoire de Těšín (Teschen, Cieszyn) fut, après plébiscite, partagé entre la Tchécoslovaquie et la Pologne dans des conditions qui les mécontentèrent toutes deux (juillet 1920). Du côté slovaque, la frontière sud fixée au Danube incorporait des régions purement magyarophones. À l’est fut annexée la Ruthénie subcarpatique, peuplée essentiellement d’Ukrainiens orthodoxes ou uniates. Au total, Tchèques et Slovaques représentaient à peine les deux tiers des habitants recensés en 1921.

• La Ire République et ses problèmes (1920-1938)

La vie politique et sociale fut caractérisée par l’adoption d’institutions démocratiques, les rivalités de très nombreux partis qui rendirent nécessaire la formation de ministères de coalition peu aptes à faire de grandes réformes (élections législatives de 1920, 1925, 1929, 1935). La Constitution du 29 février 1920, inspirée par la Constitution française de 1875, établissait un régime parlementaire. Masaryk (1850-1937), jouissant d’un prestige personnel considérable, fut réélu en 1927 et 1934 ; il demeura président de la République jusqu’à sa retraite volontaire en décembre 1935 : il fut alors remplacé par Beneš (1884-1948) en faveur duquel s’unirent parlementaires du centre et de la gauche. Dans l’ensemble, les partis tchèques et slovaques tinrent à l’écart les représentants des tendances extrêmes : à droite les nationaux-démocrates (grande bourgeoisie d’affaires), à gauche le Parti communiste (formé en 1921, dirigé par Šmeral, puis, après l’épuration stalinienne de 1929, par Klement Gottwald), et même, jusqu’en 1929, le Parti social-démocrate, affaibli par la sécession des communistes. La clé de voûte de la vie parlementaire fut le Parti agrarien d’Antonín Švehla qui s’efforçait de défendre les intérêts des propriétaires fonciers au prix de compromis négociés avec les catholiques populaires de Mgr Šrámek (provenant de toutes les couches sociales) et les socialistes-nationaux de Beneš (peu nombreux, mais influents dans la bourgeoisie intellectuelle et administrative).

La question agraire se posait de façon aiguë : les très grands propriétaires (moins de 2 000 familles) possédaient près de 30 p. 100 de la surface totale, alors que la moitié des paysans n’avaient même pas un demi-hectare. Le Parlement provisoire adopta, dès avril 1919,